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jeudi 9 juin 2022

LE TRINQUET TTIKI À CIBOURE EN LABOURD AU PAYS BASQUE AUTREFOIS

LE TRINQUET TTIKI À CIBOURE.


Ce trinquet a fait partie de notre enfance, en particulier lors des fêtes de Bixintxo à Ciboure.




pays basque autrefois trinquet
PLACE DU JEU DE PAUME CIBOURE
PAYS BASQUE D'ANTAN



Voici ce que rapporta à ce sujet Ciboure magazine en décembre 2012, sous la plume de Guy 

Lalanne :


"L'étonnante histoire du trinquet Ttiki.



L'histoire du trinquet Ttiki est liée à celle de la route d'Espagne, actuelle avenue Jean Jaurès, ex-route nationale 10.



En 1824, l'Administration des Ponts et Chaussées décida de modifier le tracé de la route d'Espagne afin d'éviter l'étroite rue Agorette, malgré l'avis des habitants de Ciboure qui craignaient un isolement de la partie urbanisée de la commune.



Le projet fut néanmoins retenu et mis en chantier tout d'abord de Kechiloa à la rue de l'Escalier, puis vers le feu amont. Cela nécessita le remblaiement d'une vaste zone marécageuse baignée par les eaux de la Nivelle, appelée le marais Costa. Il fallut attendre 1845 pour assister à l'ouverture de la nouvelle route nationale (Royale à l'époque). En 1848, elle fut reliée, côté rivière, au nouveau pont à 8 piles adossé au sud des terres du couvent des Récollets et ainsi à Saint-Jean-de-Luz, dont le raccordement direct ne put se faire qu'en 1885, lors de l'inauguration du tout nouveau boulevard Victor Hugo.



Parallèlement à la route, les travaux de remblaiement nécessaires à la création de la voie de chemin de fer furent terminés en 1865. Il restait donc à aménager la partie centrale, inondable, entre la route et le chemin de fer. Ciboure allait étendre ses zones constructibles et déplacer son centre vers la voie ferrée et au-delà, avec la création des usines, dans le marais.



La route d'Espagne prit le nom de route Neuve avant de porter celui de d'avenue Jean Jaurès (et même d'avenue Philippe Pétain pendant les années de guerre !). Le petit chemin de Lourçebaita fut élargi et appelé route d'Ascain puis rue Aristide Bourousse, nom d'un bienfaiteur de la commune. Les premières maisons s'élevèrent le long de la route principale côté mairie à la fin du 19ème siècle ainsi qu'au bord de la route d'Ascain. Au carrefour principal, une belle maison à 3 niveaux fut édifiée semble-t-il par la famille Derrey, des rentiers cibouriens, et prit le nom de Derreybaita  puis d'Herri Alde (près du village). 



Entre le feu amont et cette maison, jusqu'en 1910, il n' y avait que des jardins et l'eau de la Nivelle, endiguée sommairement et soumise aux marées. 



Les années 1920/1930 virent les constructions se multiplier avec l'endiguement complet de la rivière et le remblai des dernières terres inondables. On était alors bien loin du moulin à marée qui existait au 19ème siècle rue de l'escalier Vicendoritz. En 1930, M. Jean Duhart, commerçant de Saint-Jean-de-Luz, qui avait acquis la belle maison au carrefour des routes d'Ascain et d'Espagne, décida de faire édifier un trinquet dans son jardin, entre sa maison et une maison récemment construite route d'Espagne. Le permis de construire déposé en mairie pour "un petit trinquet" donne une idée précise de ses dimensions initiales : longueur de jeu : 17m, largeur : 5m, hauteur : 9m ; sas d'entrée sur la route d'Espagne : 5m x 3,90m.




pays basque autrefois labourd rue
RUE DE L'ESCALIER CIBOURE
PAYS BASQUE D'ANTAN





pays basque autrefois fronton place
PLACE DU JEU DE PAUME CIBOURE
PAYS BASQUE D'ANTAN



Un pan coupé existait à droite du mur intérieur de face de jeu ainsi que le xilo. La façade extérieure côté route possédait à son sommet un fronton comportant une croix basque dextrogyre mais angulaire, comme c'était la mode en cette période Art déco. Le petit jardin situé entre la route et la maison dut être couvert pour y accueillir les vestiaires des sportifs et le bar.



Dès son ouverture, fin 1930, la gestion du trinquet fut confiée au Cibourien Joseph Bareits, garçon de café à Saint-Jean-de-Luz, qui acheta le fonds de commerce grâce au soutien d'Henri Mintegui, négociant en vins.



Joseph et son épouse Gracie tinrent le bar et le trinquet jusqu'en 1968. Ils habitèrent rue du Docteur Micé jusqu'en 1938, et, après cette date, dans la maison attenante au trinquet, au premier étage. Ils eurent deux enfants, Bernard et Pierre, qui firent leurs premiers pas au trinquet, vite baptisé "Ttiki" en raison de ses modestes dimensions. Les frères Bareits devinrent des pelotaris célèbres et eurent une immense carrière internationale.



La deuxième Guerre mondiale fut marquée par l'installation des troupes allemandes dans la commune notamment face au trinquet, dans l'Hostellerie de Ciboure où logeaient des officiers. En 1968, la famille Hirigoyen succéda à Gracie Bareits. La commune de Ciboure a racheté ensuite le trinquet en 2007, pour une utilisation régulière par le club de pelote local et les enfants des écoles de Ciboure en trinquet éducatif."



pays basque autrefois hostellerie
HOSTELLERIE DE CIBOURE
PAYS BASQUE D'ANTAN







Voici aussi ce que rapporta au sujet du trinque Ttiki, la presse locale, la Gazette de Bayonne, de 

Biarritz et du Pays basquele 3 août 1939 :



"... Le trinquet Ttiki est, de plus en plus le rendez-vous des apprentis pelotaris de notre colonie d'estivants. Ils sont gentils comme tout ces apprentis. Ils courent, ils sautent, ils frappent la balle et plus souvent le mur ou le vide. Ils se donnent un mal inouï, bien que la pelote ironise volontiers et glisse entre eux comme anguille entre les doigts. 



Un vieux pécheur regardait hier ces débutants. Il souriait dans sa barbe mais sans malice. A plusieurs reprises, il laissa échapper une appréciation ou un conseil : "Reculez... Avancez maintenant... La petite, elle joue mieux que le gros, là-bas". La petite avait en effet quelques dispositions ; celle qui était déplorable, c'était la moyenne, celle qui semblait prise de terreur panique quand la balle frôlait son dos ou se dirigeait vers lui. 



A l'approche du soir, les apprentis sc dispersèrent ; ils étalent rouges, exténués. Je suivis un groupe qui rentrait clopin-clopant ; Mlle Mérilhon avait le cheveu hagard et le bas du dos endolori ; Mlle C. Bourdet et M. Vallée étaient assez gaillards, mais n’avaient disaient les autres, pas arrêté une pelote ; M. Mony avait joué avec courage et vigueur, mais il n'avait plus de peau sous les pieds ! C’est un rude métier que celui de pelotari en herbe..."







Merci ami(e) lecteur (lectrice) de m'avoir suivi dans cet article.

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