LA RÉSIDENCE IMPÉRIALE DE MARRAC EN 1910.
Le domaine de Marrac se situe sur la commune de Bayonne et comprend les ruines du château construit au 18ème siècle par Marie-Anne de Neubourg, reine d'Espagne en exil.
Voici ce que rapporta à ce sujet le Bulletin de la Société des Sciences et Arts de Bayonne, le
1er janvier 1910 :
"Le Domaine et la Résidence Impériale de Marrac.
Le Domaine de Marrac.
... Le domaine devint la propriété des frères Marcqfoy, pour leur avoir été adjugé à la chaleur des enchères, tenues au Tribunal de 1re instance de Bayonne le 23 Pluviôse An IX, par jugement collationné, signé à l'expédition, Ducasse, greffier, qui retire la minute enregistrée le 6 Ventôse suivant par Mercadier ; la dite enchère ouverte à suite de l'expropriation forcée poursuivie par les Marcqfoy frères, et Cardozo, contre les héritiers de feu Michel Rubin de Céliz et Joséphe Pilles sa veuve, commune en biens et co-héritière.
En septembre 1803, Marrac retentit de piaffement de chevaux et du cliquetis des armes. C'est Augereau, commandant en chef le "Corps d'Observation de la Gironde" et son état-major qui viennent prendre possession du Château.
De nombreux officiers de toutes armes, des employés de tous services s'installent à Bayonne et 12 Escadrons ou bataillons sont casernés au Réduit, la Citadelle, au Château-Vieux, ou logés chez l'habitant.
Ce rassemblement de troupes était une charge et une grande gêne pour la population ; le Maire, M. de Ravignan s'était fait l'interprète, auprès du Général en chef, des doléances et de ses administrés.
Dans ses visites aux diverses autorités de la Ville, le Général Augereau se plaisait à raconter qu'il devait une partie de sa fortune militaire à la quatrième demi-brigade composée de basques et béarnais ; il accueillit, avec une extrême bienveillance les réclamations de notre premier magistrat et promit de prendre les mesures nécessaires pour remédier à cette situation.
PORTRAIT DE MARECHAL PIERRE AUGEREAU PAR ROBERT LEFEVRE |
A cet effet le général Donzelot, chef d'Etat-Major écrivait au Commandant d'Armes la lettre ci-après :
Armée sous Bayonne.
Liberté Egalité
Au Quartier Général de Marrac près Bayonne
Le 13 Vendémiaire, An 12 de la République.
Le général de brigade, chef d'état-major, au général Ducos, commandant d'armes de Bayonne.
Le Maire de Bayonne fait des réclamations sur le nombre des troupes logées chez les habitants. Je vous prie, Citoyen Général, de m'envoyer un état sommaire :
1° des troupes logées dans les bâtiments militaires ;
2° de celles logées chez les habitants ;
3° du nombre de troupes qu'on pourrait loger chez les habitants sans trop les gêner. Combien pourriez-vous loger d'hommes à Biarritz ?
J'ai l'honneur de vous saluer.
"Donzelot".
GENERAL DONZELOT |
La mise en route pour Bordeaux le 15 Brumaire, du 1er Bataillon des 44e et 63e Régiments d'Infanterie destinés à former là garnison des chaloupes de la flottille nationale en armement dans cette ville et aussi la dislocation du "Corps d'Observation" et le départ des troupes pour le camp de Montreuil, (le premier Consul préparait son projet de descente en Angleterre), apportait un véritable soulagement à la population.
Les évènements politiques qui amenèrent Napoléon à Bayonne sont connus ; ils appartiennent à l'histoire ; nous ne nous occuperons point dans cette étude, nous rappellerons simplement que l'Empereur fit son entrée à Bayonne le 14 Avril 1808 ; à 9 heures du soir.
Une partie du service et des équipages était arrivée dans la journée. L'Empereur voyageant d'habitude avec une suite nombreuse ; il fallait plus de Cent chevaux pour son service personnel et pour les Ministres et fonctionnaires qui l'accompagnaient.
Le convoi impérial se divisait en 3 services :
Le premier service partait la veille au soir, marchait toute la nuit et arrivé à destination, s'occupait du logement. Au moment du voyage à Bayonne, ce service comprenait un écuyer, le Préfet du Palais, M. de Beausset un chambellan, de Ségur, fourrier du Palais ; et des employés d'appartement et de bouche.
A ce premier départ était jointe une section des équipages et du service particulier de l'Empereur, composé d'un valet-de-chambre et d'un garçon de garde-robe. La voiture du valet-de-chambre portait un lit de campagne et un nécessaire de linge et des vêtements de rechange. Une autre voiture était destinée au service de bouche et transportait une cave de vin de Chambertin dont l'Empereur faisait habituellement usage ; (même pendant l'expédition d'Egypte, il n'en manqua jamais). Sous la bâche se trouvait un fourneau portatif et des accessoires de cuisine. Dans l'intérieur prenaient place un maitre d'hôtel et un garçon de fourneau. Il y avait en outre, dans les trains des équipages impériaux, un fourgon chargé de provisions de toutes sortes.
Quand l'Empereur descendait de voiture, ceux qui l'avaient précédé remettaient le service à ceux qui voyageaient avec S. M.
PORTRAIT DE MICHEL DUROC DUC DE FRIOUL 1805 PAR ANTOINE-JEAN GROS |
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