Libellés

mardi 21 juin 2022

LA RÉSIDENCE IMPÉRIALE DE MARRAC À BAYONNE EN LABOURD AU PAYS BASQUE (deuxième partie)

 

LA RÉSIDENCE IMPÉRIALE DE MARRAC EN 1910.


Le domaine de Marrac se situe sur la commune de Bayonne et comprend les ruines du château construit au 18ème siècle par Marie-Anne de Neubourg, reine d'Espagne en exil.





pays basque autrefois château empereur napoléon
LA TOUR DE MARRAC BAYONNE 1901
PAYS BASQUE D'ANTAN





Voici ce que rapporta à ce sujet le Bulletin de la Société des Sciences et Arts de Bayonne, le 

1er janvier 1910 :



"Le Domaine et la Résidence Impériale de Marrac.


Le Domaine de Marrac.



... Le domaine devint la propriété des frères Marcqfoy, pour leur avoir été adjugé à la chaleur des enchères, tenues au Tribunal de 1re instance de Bayonne le 23 Pluviôse An IX, par jugement collationné, signé à l'expédition, Ducasse, greffier, qui retire la minute enregistrée le 6 Ventôse suivant par Mercadier ; la dite enchère ouverte à suite de l'expropriation forcée poursuivie par les Marcqfoy frères, et Cardozo, contre les héritiers de feu Michel Rubin de Céliz et Joséphe Pilles sa veuve, commune en biens et co-héritière.



En septembre 1803, Marrac retentit de piaffement de chevaux et du cliquetis des armes. C'est Augereau, commandant en chef le "Corps d'Observation de la Gironde" et son état-major qui viennent prendre possession du Château.



De nombreux officiers de toutes armes, des employés de tous services s'installent à Bayonne et 12 Escadrons ou bataillons sont casernés au Réduit, la Citadelle, au Château-Vieux, ou logés chez l'habitant.



Ce rassemblement de troupes était une charge et une grande gêne pour la population ; le Maire, M. de Ravignan s'était fait l'interprète, auprès du Général en chef, des doléances et de ses administrés.



Dans ses visites aux diverses autorités de la Ville, le Général Augereau se plaisait à raconter qu'il devait une partie de sa fortune militaire à la quatrième demi-brigade composée de basques et béarnais ; il accueillit, avec une extrême bienveillance les réclamations de notre premier magistrat et promit de prendre les mesures nécessaires pour remédier à cette situation.



histoire napoléon maréchal
PORTRAIT DE MARECHAL PIERRE AUGEREAU
PAR ROBERT LEFEVRE



A cet effet le général Donzelot, chef d'Etat-Major écrivait au Commandant d'Armes la lettre ci-après :

Armée sous Bayonne.

Liberté Egalité

Au Quartier Général de Marrac près Bayonne 

Le 13 Vendémiaire, An 12 de la République.


Le général de brigade, chef d'état-major, au général Ducos, commandant d'armes de Bayonne.



Le Maire de Bayonne fait des réclamations sur le nombre des troupes logées chez les habitants. Je vous prie, Citoyen Général, de m'envoyer un état sommaire :

1° des troupes logées dans les bâtiments militaires ;

2° de celles logées chez les habitants ;

3° du nombre de troupes qu'on pourrait loger chez les habitants sans trop les gêner. Combien pourriez-vous loger d'hommes à Biarritz ?

J'ai l'honneur de vous saluer.

"Donzelot".




histoire napoléon guerre général
GENERAL DONZELOT



La mise en route pour Bordeaux le 15 Brumaire, du 1er Bataillon des 44e et 63e Régiments d'Infanterie destinés à former là garnison des chaloupes de la flottille nationale en armement dans cette ville et aussi la dislocation du "Corps d'Observation" et le départ des troupes pour le camp de Montreuil, (le premier Consul préparait son projet de descente en Angleterre), apportait un véritable soulagement à la population.



Les évènements politiques qui amenèrent Napoléon à Bayonne sont connus ; ils appartiennent à l'histoire ; nous ne nous occuperons point dans cette étude, nous rappellerons simplement que l'Empereur fit son entrée à Bayonne le 14 Avril 1808 ; à 9 heures du soir.



Une partie du service et des équipages était arrivée dans la journée. L'Empereur voyageant d'habitude avec une suite nombreuse ; il fallait plus de Cent chevaux pour son service personnel et pour les Ministres et fonctionnaires qui l'accompagnaient.



Le convoi impérial se divisait en 3 services :

Le premier service partait la veille au soir, marchait toute la nuit et arrivé à destination, s'occupait du logement. Au moment du voyage à Bayonne, ce service comprenait un écuyer, le Préfet du Palais, M. de Beausset un chambellan, de Ségur, fourrier du Palais ; et des employés d'appartement et de bouche.

A ce premier départ était jointe une section des équipages et du service particulier de l'Empereur, composé d'un valet-de-chambre et d'un garçon de garde-robe. La voiture du valet-de-chambre portait un lit de campagne et un nécessaire de linge et des vêtements de rechange. Une autre voiture était destinée au service de bouche et transportait une cave de vin de Chambertin dont l'Empereur faisait habituellement usage ; (même pendant l'expédition d'Egypte, il n'en manqua jamais). Sous la bâche se trouvait un fourneau portatif et des accessoires de cuisine. Dans l'intérieur prenaient place un maitre d'hôtel et un garçon de fourneau. Il y avait en outre, dans les trains des équipages impériaux, un fourgon chargé de provisions de toutes sortes.

Quand l'Empereur descendait de voiture, ceux qui l'avaient précédé remettaient le service à ceux qui voyageaient avec S. M.



histoire napoléon duc frioul
PORTRAIT DE MICHEL DUROC
DUC DE FRIOUL 1805
PAR ANTOINE-JEAN GROS



Le 2e service comprenait 8 voitures, à l'usage de l'Empereur, du duc de Frioul, du grand écuyer général Nansouty, du Chambellan de service, de Tournon, du Secrétaire d'Etat Hugues Maret et enfin du docteur Ivan, chirurgien de l'Empereur.



Le troisième service, de même composition que les autres arrivait le lendemain.



A son arrivée à Bayonne, l'Empereur descendait au Palais du Gouvernement. Bien que l'hôtel, résidence habituelle des états-majors de la place, fut meublé avec élégance par les soins de la municipalité, S. M. s'y trouva mal logée. Elle donna ordre au Grand Maréchal du Palais, duc de Frioul, de rechercher aux environs, une demeure où il pût se trouver plus à l'aise. Le choix du Maréchal s'arrêta sur l'antique Château ayant appartenu à la veuve de Charles II. Le duc de Frioul fit l'acquisition, au nom de l'Empereur, du domaine de Marrac, alors propriété de la famille Marcqfoy.



L'acte d'achat fut passé, le 19 Mai 1808, par devant Me Robert Dhiriart, notaire :


"Etaient présents :

M. Aaron Marcqfoy, négociant, et dame Bella Rachel Clara ; conjoints, et Abraham Marcqfoy, aussi négociant et dame Esther Silva, conjoints, les femmes dûment autorisées par les maris, à l'effet de validité des présentes habitant et demeurant en cette ville. Lesquels ont, par ces présentes, vendu avec garantie de tous troubles, dons, douaires et hypothèques, évictions, aliénations et autres empêchements quelconques.


En faveur et au profit de Napoléon le Grand, Empereur des Français, Roi d'Italie et Protecteur de la Confédération du Rhin, à S. Ex. Mgr. le Grand Maréchal du Palais Duroc, demeurant à Paris, en ce moment en cette Ville ; ici présent et acceptant pour Sa Majesté Impériale et royale, d'après son autorisation du quinze de ce mois, le domaine appelé Marrac, situé hors la porte St-Léon, consistant en une grande maison de maitre, écurie et greniers, logement du jardinier, hangars séparés, logement pour y placer la volaille, chapelle, gazons, bois, terres labourables, vergers, jardins, terrasse, fontaine, ses appartenances et dépendances, le tout d'une étendue superficielle de Sept hectares vingt-cinq ares, trente-cinq centiares, correspondant à Dix-sept arpents cent vingt-cinq perches, ancienne mesure légale. 



Cette vente est faite, en outre, pour et moyennant Soixante mille francs, que S. E. Mgr. le Grand Maréchal ès nom ; promet de payer aux dits sieurs et dames vendeurs, quinzaine après la transcription du premier acte, au bureau des hypothèques de cette ville.



Fait passé et lu aux parties au dit Bayonne, maison St-Michel le 19 Mai 1808, en présence des Sieurs Pierre Darqué, propriétaire et Michel Larrodé, marchand, domiciliés en cette ville, témoins ci-signés avec les parties et Nous, notaire."



Il achetait en même temps et pour le même prix le domaine de St-Michel ;

"Par devant nous Me Dhiriart, notaire-royal ;

A comparu Jean Pécastaing, commis-négociant, habitant et domicilié dans cette ville. Lequel a par ce présentes vendu, avec garantie de tous troubles, douaires, hypothèques, évictions, aliénation, et autres empêchements quelconques, en faveur et au profit de Napoléon le Grand, Empereur des Français, etc. etc. le domaine de St-Michel, situé hors la porte St-Léon, territoire de Bayonne, consistant en la maison de maître, avec tout l'enclos entouré de murs.

Réservé au vendeur et ne sont pas compris dans la présente, la dite pièce de terre ci-devant Hautin, dépendante du domaine de St-Michel et de la métairie de Lavignotte et terres en dépendant.

Cette vente est faite en outre et moyennant la somme de 60 000 francs."



L'origine de l'héritage de Fosses (plus tard Saint-Michel) est aussi ancienne que celle de Marrac.



Un rapport du 11 Septembre 1533 et un Jugement du 15 Décembre de la même année (signé Lassalin) condamnent Pierre Sonard à donner passage au Sieur Augerat de Fosses afin que ce dernier puisse passer ainsi que sa famille dans son héritage appelé ci-devant Daguerre, appartenant au dit de Fosses.



En 1654, Fosses était la propriété de Pierre d'Issembry, bourgeois de Bayonne. A sa mort, survenue le 16 Août de la même année, sa veuve Catherine de Naguile, (elle avait accepté la succession sous bénéfice d'inventaire) vendit le domaine à Pierre Baraduc, bourgeois et marchand.



Quarante ans plus tard Fosses devenait la propriété de la famille Picot et probablement échut à Pierre Picot, ancien secrétaire d'Aligre, chancelier de France, et commissaire de la Marine au quartier St-Léon. Ce fut lui qui, vraisemblablement loua le domaine à Anne de Neubourg.



A la mort de la Reine Douairière, l'héritage de Fosses ou St-Michel était passé aux mains de J.-B. Picot, écuyer, Secrétaire du Roi, maison, Couronne de France et de ses Finances, qui aliéna, par contrat du 26 Janvier 1767, la maison de plaisance St-Michel à Messire Jean-Baptiste Picot, son fils et à sa bru, Catherine Lafressilière ; ceux-ci cédèrent leur propriété à l'Evêque de Bayonne.



Mis en vente comme bien national, le domaine de St-Michel, consistait en maison de maître avec enclos, de l'étendue de 12 arpens 3/4, de différentes natures de terrain, deux vieilles maison avec prairie, un belvédère, 28 orangers, la vigne de Hantin, fut adjugé le 25 Frimaire An II pour la somme de 44 644 livres au citoyen Pierre Deghen, négociant à Bayonne, qui se libéra, en espèces de cours le 1er Brumaire suivant.



Deghen vend la propriété, le 23 Brumaire an XII (Novembre 1803) au sieur Pécastaing qui la céda (nous l'avons déjà vu) au Maréchal Duroc pour le compte de l'Empereur.



Depuis 1808, Marrac et St-Michel n'ont plus formé qu'une seule et même propriété. Elle passait au domaine extraordinaire par Sénatus-Consulte du 30 Janvier 1813 et au domaine national le 15 Mai 1818 (Art. 95 de la loi des Finances)."



A suivre...



 



Merci ami(e) lecteur (lectrice) de m'avoir suivi dans cet article.

Plus de 4 800 autres articles vous attendent dans mon blog :

https://paysbasqueavant.blogspot.com/


N'hésitez pas à vous abonner à mon blog, à la page Facebook et à la chaîne YouTube, c'est gratuit !!!

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire