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dimanche 31 octobre 2021

LE CHÂTEAU DE MARRAC À BAYONNE EN LABOURD AU PAYS BASQUE EN 1845 (première partie)

LE CHÂTEAU DE MARRAC À BAYONNE.


Ce château a été construit, au début du 18ème siècle, par Anne de Neubourg, reine d'Espagne en exil.

Napoléon l'a acheté en mai 1808 aux frères Aaron et Abraham Marqfoy.





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CHÂTEAU DE MARRAC BAYONNE
PAYS BASQUE D'ANTAN


Voici ce que rapporta à ce sujet le journal Le Siècle, dans son édition du 7 octobre 1845 :



"Souvenirs intimes du temps de l'Empire.


Histoire anecdotique et pittoresque des habitations Napoléoniennes hors de Paris. 



Le petit château de Marrac, près de Bayonne. 



Afin qu'on ne pût élever de doute sur l'intention qu'il avait d'arranger les affaires survenues en Espagne à la suite des événements politiques d'Aranjuez, Napoléon, accompagné de Joséphine, partit de Saint-Cloud le 2 avril 1808 pour aller, lui, jusqu'à Burgos, au devant du prince des Asturies, c'est-à-dire de Ferdinand VII. L'impératrice devait s'arrêter à Bayonne. 



Des voitures chargées de meubles de la couronne, des équipages et des employés de la maison impériale étaient déjà entrés en Espagne ; les relais étaient préparés et les logements indiqués sur la route. Cette démonstration de l'empereur vainquit la résistance de Ferdinand VII, qui quitta Madrid le 10 du même mois, accompagné de ses conseillers ordinaires, les ducs de l'Infantado et de San-Carlos, Cevalios et le chanoine Escorquitz, son ancien précepteur.


 

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TOUR DE MARRAC BAYONNE 1900
PAYS BASQUE D'ANTAN


De Bordeaux à Bayonne des populations entières abandonnèrent leurs travaux pour voir au moins une fois l'homme dont le nom retentissait depuis dix ans jusqu'au fond des plus obscurs villages. Napoléon arriva à Bayonne le 14 avril, à neuf heures du soir. Une foule immense s'était précipitée dès le matin sur le chemin. La longue rue Maubec, à Saint-Esprit, la place, les deux ponts, les quais étaient jonchés de verdure et resplendissaient d'illuminations ; ses clochers, malgré l'interdiction du Jeudi-Saint, tintaient à toutes volées ; le canon tonnait sur les remparts, à la citadelle, et mêlait sa voix aux bruyantes acclamations de la foule. 



Les gendarmes d'élite et les lanciers polonais escortaient les voitures impériales, autour desquelles se pressaient un nombreux état-major et des compagnies de garde d'honneur basques. 



Napoléon descendit à l'hôtel du gouvernement que la ville avait fait décorer et meubler avec élégance ; mais il ne tarda pas à choisir le château de Marrac, bâti par la veuve de Charles II ; il l'acheta, ainsi que le domaine de Saint-Michel, d'un négociant de la ville, M. Trastour, moyennant 800 000 francs, et il y fixa sa résidence. Une position riante, des ombrages magnifiques et un vaste emplacement derrière le château, firent donc la fortune et la célébrité de Marrac. Une sorte de ville provisoire y fut créée : des barraques en bois servirent de logement aux bataillons et aux escadrons de la garde qui devaient faire le service du château. Une belle route, construite comme par enchantement, s'ouvrit jusqu'à Bayonne, et cette succursale de la capitale de l'empire, alors brillante et animée, se remplit d'officiers, de fonctionnaires, d'équipages et de curieux. Les travaux étaient suspendus, et la ville tout entière, joyeuse, en habits de fête, se portait chaque jour à Marrac.



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RUINES MARRAC BAYONNE 1902
PAYS BASQUE D'ANTAN


Le château par lui-même ne pouvait être comparé à aucune des résidences impériales, à cause de son peu d'importance relative ; mais sa structure, sa physionomie, les formes un peu lourdes de son ensemble, lui donnaient un caractère de grandeur et de féodalité. Le parc était considérable, les jardins étaient dessinés avec goût, et, du haut de ses monticules chargés de citronniers et d'orangers venus en pleine terre, on voyait couler les flots bleus de la Nive, petite rivière qui charrie dans ses sinueux méandres les stalactites détachés de sa source pyrénéenne. Marrac était donc devenu pour l'homme d'état, pour le philosophe et pour l'historien, un lieu remarquable. C'est, en effet, dans cette résidence que se déroulèrent les premiers actes d'un des plus grands drames des temps modernes, la déchéance des Bourbons d'Espagne.



Le parc fut bientôt transformé en un champ de manoeuvres, et c'est là que Napoléon passait en revue les troupes qui entraient successivement en Espagne. On a prétendu que les corps qui s'y rendaient étaient mécontents : c'est une erreur. Berthier, Savary, Duroc, de Champagny, Murat, Talleyrand, et de Pradt, aumônier de l'empereur, quittaient peu le château. Tous furent plus ou moins initiés aux projets du maître sur le sort des princes espagnols, et tous ont attesté dans leurs écrits que jamais l'armée ne montra plus d'enthousiasme et de dévouement à son chef. 



Dès le 10 avril, c'est-à-dire le lendemain de l'arrivée de Napoléon à Marrac, les habitants de Bayonne vinrent, danser la pamperruque (La pamperruque est une danse particulière au pays basque et qu'on n'exécute que dans les circonstances solennelles et devant des personnages illustres. Cette danse est exécutée par treize acteurs, sept hommes et six femmes, au son du tambour de basque et du galoubet. Les costumes des danseurs et des danseuses sont très brillants. La pamperruque est de la famille des danses espagnoles, et notamment du fandango et de la cachucha) devant les fenêtres du château. Les danseurs el les danseuses, costumés magnifiquement, étaient des jeunes gens et de jeunes femmes appartenant aux premières familles bourgeoises de Bayonne. L'empereur s'amusa beaucoup de cette danse, qu'il fit bisser, et donna un témoignage de satisfaction aux danseurs et aux danseuses, en leur faisant remettra par un chambellan sept épingles en diamants et six bracelets d'un travail exquis. 



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RUINES MARRAC BAYONNE
PAYS BASQUE D'ANTAN


La députation portugaise envoyée de Lisbonne pour complimenter l'empereur, l'attendait à Bayonne. Elle lui avait été présentée à l'hôtel du gouvernement quelques heures après son arrivée. Napoléon ne donna pas le temps au comte de Lima, qui eu était le chef, de commencer sa harangue ; il prit lui-même la parole et lui dit d'un ton un peu brusque : 

— Je ne sais pas encore ce que je compte faire de vous : cela dépend de ce qui se passera ici. Etes-vous d'ailleurs dans le cas de faire un peuple ? Vous êtes abandonnés par votre prince, qui s'est fait conduire au Brésil par les Anglais. Il a fait là une grande sottise, votre prince, il s'en repentira, je vous en réponds. 



Puis se retournant vers M. de Pradt, il ajouta d'un ton presque gai :

— Il en est des princes comme des évêques : il faut qu'ils résident.



Puis, s'adressant de nouveau au comte de Lima, il lui demanda quelle était la population du Portugal ; et comme s'il répondait à sa propre question, il ajouta en hochant la tête :

— Deux millions, tout au plus. 

— Sire, plus de trois, répondit le comte. 

— Je ne l'aurais pas cru, répliqua l'empereur. Et à Lisbonne, combien d'habitants ? cent cinquante mille âmes ?... 

— Plus du double, sire, reprit encore le comte. 

— En vérité ! s'écria Napoléon, en faisant un geste d'étonnement ; enfin que vous faut-il à vous autres Portugais ? Voulez-vous être Espagnols ?



A ces mots, le comte de Lima relevant la tête avec fierté, raffermissant dans son attitude et portant la main sur la garde de son épée, répondit d'une voix forte : 

— Non, sire, jamais ! 

— Bravo ! comte de Lima ! s'écria Napoléon, les anciens héros portugais n'eussent pas mieux dit.



Alors l'empereur adressa quelques paroles aux membres les plus influents de la députation, entre autres à l'évêque de Coimbre et à Pereyra de Mello, grand inquisiteur du royaume. La députation se retira et se hâta d'envoyer aux Portugais une adresse pleine de confiance dans les bonnes dispositions de l'empereur. Il est positif que le non si énergiquement prononcé par le comte de Lima avait plu beaucoup à Napoléon.  



Bientôt les visites officielles se succédèrent à Marrac. Les autorités civiles et militaires, les fonctionnaires publics furent présentés à l'empereur, tandis que les dames faisaient leur cour de l'impératrice. Napoléon s'informa auprès de M. d'Etchegarey, maire de Bayonne, des besoins de la cité, et il n'a pas tenu à lui plus lard que les embellissements et les améliorations qu'il avait projetés ne fussent réalisés. On l'a accusé de froisser quelquefois les gens par ha brusquerie ; mais Napoléon n'avait pas l'habitude des lieux communs ; le développement d'une idée était du luxe dont il ne faisait usage que dans l'intimité. Dans la discussion publique, sa parole était toujours brève, mais son esprit supérieur jetait incessamment des éclats de lumière qui éclairaient tout à coup les questions les plus obscures."



A suivre...



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