CÉRÉMONIE PATRIOTIQUE À BAYONNE EN 1907.
Presque cent ans plus tard, une cérémonie a lieu en 1907 pour commémorer le Siège de Bayonne, du 27 février au 5 mai 1814.
SIEGE DE BAYONNE 1814 PAYS BASQUE D'ANTAN |
Voici ce que rapporta à ce sujet la Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-Luz, dans son
édition du 17 août 1907 :
"Cérémonie patriotique.
Dimanche dernier, sur les hauteurs de St-Etienne, à Bayonne, une cérémonie patriotique commémorait les luttes sanglantes de 1814.
Parmi les discours prononcés, nous tenions à reproduire, parce qu’il constitue une superbe page historique, celui de notre compatriote, le général Derrécagaix :
Messieurs et chers Concitoyens,
Vous apprécierez sans doute comme moi, qu’il était de mon devoir de venir rendre un pieux hommage à la mémoire des vaillants soldats qui se sont fait tuer, en 1814, pour la défense de notre ville natale. Ce devoir, j'en suis d'autant plus pénétré, que j’ai moi-même passé ma vie à obéir aux deux mobiles qui leur ont inspiré ce noble sacrifice : la discipline militaire et l’amour de la Patrie.
Deux mobiles que l'on cherche à contester aujourd'hui, mais qui n’en resteront pas moins, pour tous les bons soldats, les véritables guides de leur conduite sous les drapeaux. Et, à ce sujet, qu’il me soit permis de le dire ici hautement, en me rappelant les préceptes d’un de mes chefs : Après une longue expérience des hommes, des crises politiques et des malheurs de l’invasion, ma conviction est restée entière. En dépit des rhéteurs qui soutiennent que l'honneur est un vain mot et la Patrie une chimère surannée, je reste fidèle à une règle qui, dans ma pensée, résume les devoirs du citoyen devenu soldat : sous les armes, la Loi, c’est le commandement des chefs responsables, comme la Patrie, c’est le Drapeau.
MONUMENT COMMEMORATIF BAYONNE 1814 PAYS BASQUE D'ANTAN |
Cette règle, qui a été suivie par les soldats de 1814. est admise chez tous les peuples et elle règne dans toutes les armées, où l'on a soin, pour la maintenir, de ne jamais demander aux troupes un acte qui soit contraire à l’honneur, à la justice ou à la conscience.
Dans ces conditions, je ne reconnais rien de plus beau, de plus digne d’estime que l’obéissance militaire basée sur le patriotisme. Et qu'on ne vienne pas dire qu’une pareille obéissance humilie les hommes, ou abaisse les caractères. C’est le contraire qui est vrai. Tenez, voyez ces soldats dont nous honorons la mémoire. Pour eux, l’obéissance militaire a été une grandeur ; car elle a dicté leur dévouement et le dévouement s'est élevé chez eux, jusqu’au sacrifice de la vie.
Et pourtant n’a-t-on pas été jusqu’à mettre en doute, même la valeur de ce sacrifice. On a dit que leur dernier combat a été livré contrairement au droit des gens, parce qu’à ce moment la guerre était finie.
Permettez-moi de revenir sur les faits, sur les engagements qui ont eu lien en 1813 et 1814 autour de Bayonne, et en particulier sur celui de St-Etienne, qui a marqué la fin du blocus.
Vous savez que le 7 octobre 1813, notre territoire basque fut envahi par une armée ennemie de plus de cent mille hommes, composée d’Anglais, d’Espagnols et de Portugais et commandée par le général Wellington. L’armée du maréchal Soult, plus faible de moitié, et comptant un grand nombre de conscrits, après avoir perdu les combats de la Rhune et d’Ainhoa, résolut d'arrêter son adversaire sur la ligne de la Nivelle.
Mais elle fut assaillie, le 10 novembre, par des forces supérieures et y livra, depuis St-Jean-de-Luz jusqu’à Mondarrain, la bataille de Sare, dans laquelle son centre et sa gauche furent écrasés et forcés de reculer jusqu’à Cambo et Ustaritz. Il fallait alors se rapprocher de Bayonne, qui devint le point d'appui des opérations du maréchal.
Les troupes furent établies autour de la ville, sur la rive gauche de l’Adour, en avant des camps retranchés de Mousserolles, de Marrac et de Beyris.
MONUMENT COMMEMORATIF BAYONNE 1814 PAYS BASQUE D'ANTAN |
Le 9 décembre 1813, les alliés, ayant franchi la Nive à gué, à Cambo, s’emparèrent des hauteurs de Villefranque et de Mouguerre. Le maréchal, les voyant ainsi séparés en deux groupes par la Nive, espéra pouvoir assaillir chacun d’eux en forces. Et dès le lendemain, il fit attaquer leurs positions d’Arcangues et de Baroillet. Malheureusement, ces combats, contrariés par le mauvais temps, restèrent indécis. Sans se décourager, Soult rassembla ce qu’il avait de troupes disponibles et les lança, le 13 décembre, sur les hauteurs d’Horlopo et de Mouguerre. Il livra ainsi à l’ennemi la bataille de St-Pierre d’Irube, dans laquelle son infériorité numérique l’empêcha de vaincre. Le soir de cette journée, ses pertes s’élevaient, avec celles des jours précédents, à 204 officiers et 5 650 hommes hors de combat.
A ce moment, les hôpitaux et les ambulances étaient remplis. On ne savait où loger ces blessés. Les habitants de Bayonne, n’écoutant que leur dévouement, offrirent de s’en charger. On les répartit dans les maisons et ils furent soignés avec une telle sollicitude que l’Empereur fit parvenir ses plus vives félicitations à nos concitoyens.
Cependant, le résultat de la bataille de St-Pierre d’Irube était de compromettre la ligne de retraite du maréchal Soult sur Toulouse. Pour la conserver, il dut se retirer derrière le gave d'Oloron, dans la direction d’Orthez, abandonnant Bayonne avec 12 800 hommes, non compris les marins, sous les ordres du général de division baron Thouvenot.
Wellington, de son côté, détacha un corps de 28 000 hommes, commandé par le général Sir John Hope, pour assiéger la ville.
BAYONNE 1814 PAYS BASQUE D'ANTAN |
Le 19 février 1814, nos concitoyens virent s’éloigner les derniers soldats de Soult, et commencer la période du blocus, qui était déjà effectif sur la rive gauche de l’Adour.
Le départ de Soult permit aux Anglais, déjà maîtres de la mer, de jeter du 23 au 25 février, un pont de bateaux au Boucau et d'occuper la rive droite sans grande résistance de notre part. Ils voulurent aussitôt fermer leur ligne d’investissement, et dans ce but, attaquèrent en forces les hauteurs de St-Etienne, le 27 février. Nos avant-postes, trop faibles pour résister, se retirèrent en combattant sur les redoutes du la citadelle, élevées à 200 mètres du monument et sur la lunette du St-Esprit, située en face du chemin de la citadelle qui débouche sur la route de St-Etienne. Une fois sur ces ouvrages, nos troupes combattirent avec acharnement.
Le général Thouvenot, prévenu, envoya des renforts et se porta lui-même sur les glacis de la citadelle pour diriger la lutte, il y reçut une balle dans la cuisse et eut un officier tué à ses côtés.
BAYONNE 1814 PAR ERNEST FORT |
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