LE PONT D'IRUN EN GUIPUSCOA AU PAYS BASQUE EN JANVIER 1938

LE PONT D'IRUN EN 1938.

Pendant la Guerre Civile espagnole, du 17 juillet 1936 au 1er avril 1939, le pont d'Irun a été un point de passage stratégique.

FRANQUISTES PONT IRUN
PHOTO OCAÑA

J'ai publié plusieurs articles sur la Guerre Civile espagnole, la plupart pro-républicains mais il 

y eut aussi, pendant la Guerre Civile espagnole, la publication d'autres articles, pro-

franquistes.

Voici ce que rapporta, par exemple,  à ce sujet le journal L'Echo de Paris, dans son édition du 9 

janvier 1938, sous la signature de François Duhourcau :

"Invité par un ami, un docteur français qui, depuis sa jeunesse, habite Saint-Sébastien dans une plaisante villa au flanc du coteau dominant la baie de la Concha (ainsi nommée pour sa forme de conque marine), invité depuis le 14 juillet 1936, quelques jours avant l'espagnole révolution, j'ai voulu, ce mois-ci, revoir le vert et brun Guipuzcoa, pour donner aux lecteurs de L'Echo des impressions vécues sur le pays et le peuple espagnols que j'aime et connais depuis mon adolescence. 

Salamanque et ceux qui tiennent pour l'Espagne nationale en terre de France firent on ne peut plus amicalement les choses. En moins de quarante-huit heures, j'eus par télégramme le visa du G. Q. G. pour entrer en Espagne. Mais, parvenu à Hendaye, j'appris officieusement que la frontière allait être fermée pour un temps sans doute indéfini. Mesure correspondant, au dire de mes amis espagnols, à l'offensive décisive que compte lancer Franco pour en finir, puisque la révolution russe en Espagne n'a point encore désarmé. Je n'entrai donc pas dans ce qui pouvait être une souricière. Il me fut permis, toutefois, d'aller au bout du pont d'Irun voir mon ami qui m'attendait. L'ordre régnait derrière la barricade du pont international, un ordre uni à la cordialité. Rien de rogue ni de nerveux dans les rapports avec douaniers et carabiniers. 

PONT BEHOBIE 1936
PHOTO PIERRE JAMET POM
PAYS BASQUE D'ANTAN

Sur le pont parallèle du chemin de fer, au bord de sa guérite, un requete veillait, enveloppé dans une cape de cadis brun qui évoque à la fois le berger, le moine et le soldat. Son béret coquelicot piquait une note vive sur la bure du manteau. Maigre, olivâtre, éveillé, ardent, c'était un beau type de jeune Navarrais. Par delà ces aspects de mise en garde, la vie apparaissait la même qu'autrefois. 

Les lumières d'Irun fourmillaient, à la brume, dans le paysage hivernal et sa sombre mordorure, tels les mille points d'or d'une aventurine (ce soir-là, on ne redoutait point d'avions venant de France) ; la Bidassoa enroulait les reflets, comme des paillettes, vers la lagune de Hendaye et la mer. Au couchant, où traînait encore la lueur d'un froid soleil orangé, la masse allongée et puissante du Jaïzquibel dressait son écran taciturne, au pied duquel se devinait la monacale Fontarabie. La rumeur lointaine des brisants de la mer de Biscaye emplissait paisiblement cette baie fortunée, l'un des plus beaux cantons du Monde, à la manière d'un coquillage qui a longtemps habité l'Océan. Les Hommes et la Nature semblaient avoir repris leur rythme accoutumé. 

HENDAYE ET FONTARRABIE 1938
PAYS BASQUE D'ANTAN

De mes amis français et espagnols, tout ce que j'en ai pu savoir concordait. Certitude du succès final et très proche de Franco. Cette assurance donne un calme saisissant à tous ceux qui le servent. C'est aussi le calme qui provient de consciences et d'esprits assurés d'être avec lui dans la bonne voie. Non pas seulement celle qui mène au succès, mais à l'ordre, à ce qui est raisonnable, humain, civilisé, et d'ailleurs amélioré par la récente épreuve : un ordre social et politique chrétien. Je n'ai entendu qu'une seule critique, et formulée d'ailleurs avec bienveillance. Franco serait victime de trop de charité. En laissant rentrer dans les provinces basques tous ceux qui n'ont pas de sang sur les mains, il fait courir des risques à ses partisans. 

Les passions flambent toujours dans les cœurs contre les Navarrais que des séparatistes résignés, mais impénitents, accusent d'avoir fait échouer l'indépendance des provinces basques ! Ils les accusent aussi d'avoir eu la main rude, dans la chaleur des combats. C'est le drame qu'a connu jadis notre Vendée. La Navarre a fait payer le crime d'avoir causé le malheur du pays basque et prolongé le désastre espagnol. Des vengeances individuelles s'exerceraient sur de jeunes requetes qui s'en vont, un beau soir, au bras de quelque traîtresse Carmen et qui ne rentrent point au quartier : on les retrouve ensuite égorgés, l'écarlate de leur sang joint à celui de leur béret. Malencontres fatales ! Victimes de la paix pour des dieux ayant soif encore ! Eternelle guérilla ibérique ! 

REQUETES DE NAVARRE
PAYS BASQUE D'ANTAN

Il est certain qu'après la victoire il y aura toute une éducation intellectuelle et morale à faire en Biscaye et en Guipuzcoa. L'esprit devra se dresser face à l'esprit, pour convaincre après avoir vaincu. Il lui faudra faire entendre raison à l'orgueil et à l'anachronisme basques. En voulez-vous une preuve ? Je ne suis point allé, cette année, comme d'habitude passer mon été au pays basque français, trop infesté d'anciens amis guipuzcoans devenus séparatistes. Il me déplaisait de m'échauffer en vain avec eux. En septembre 1936, certains s'étaient réfugiés au Labourd : de riches bourgeois de Saint-Sébastien. Ils avaient avec eux emmené une dizaine de femmes de tous âges et de toutes conditions. Toutes d'un tiers-ordre qui leur faisait dire, à l'aube, leurs matines, sur ma tête, en se promenant dans leur chambre. Puis, elles se rendaient à la première messe et y communiaient. C'était après l'incendie d'Irun, et la prise de Saint-Sébastien, et maintes dévastations et massacres barbares. 

"Puis-je savoir pour qui vous priez avec tant de ferveur ?" demandai-je à ces femmes pieuses. 

— "Pour que Dieu punisse les rebelles !" 

— "Et qui sont les rebelles ?" repris-je. 

— "Franco !" me fut-il répondu avec un regard brillant et dur, équivalant à un poignard. Les Basques, bonnes chrétiennes, sans nul doute, malgré ces rudes sentiments, embrigadées par des prêtres illusionnés qui rêvaient d'une démocratie religieuse, ne pardonnaient point à Franco d'avoir empêché l'instauration en Espagne d'une République basque, dominée par le Christ-Roi !... 

L'intelligence aura autant à faire que l'énergie et le cœur pour rétablir la vraie paix dans l'Euskal-heria espagnole. Nous souhaitons à Franco d'y avoir autant de bonheur qu'en eut Bonaparte avec notre Vendée."

(Source : https://www.theapricity.com/forum/showthread.php?44060-Spanish-Civil-War&styleid=75)

Merci ami(e) lecteur (lectrice) de m'avoir suivi dans cet article.

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