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mardi 16 juillet 2019

CARÊME AU PAYS BASQUE EN FÉVRIER 1923


CARÊME 1923 AU PAYS BASQUE.


Pour les catholiques, le Carême est une période de dévotion associée à une alternance de jours de jeûne complet et de jours d'abstinence d'une durée de quarante jours, en préparation de la fête de Pâques.


pays basque autrefois
CARÊME 1909 SAINT JEAN DE LUZ
PAYS BASQUE D'ANTAN



Voici ce que rapporta la Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-Luz, dans son édition du 

17 février 1923 :


"D'une semaine à l'autre au Pays Basque.



Nous voici donc entrés dans le Carême, période des jours maigres. Sans doute est-ce à cette circonstance que nous devons l'indigence des sujets qui s'offrent cette semaine au chroniqueur. C'est, devant lui, le vide et presque la famine. On dirait que M. Chéron est passé par là. Je sais qu'il me resterait un plat de résistance : la question de la palissade de l'Exposition de Bayonne et de Biarritz. Mais je me garderai bien de l'attaquer, non pas seulement parce qu’il reste assez de gens pour vouloir y mordre, mais encore parce qu'il s’agit là d’une question qui est amplement et depuis plusieurs jours traitée dans les colonnes de la Gazette elle-même. 



Force m'est donc de me rabattre sur le Carnaval, pendant qu'il est encore d'actualité. On vous l’a dit : les journaux, un peu partout, à Paris et en province, ont, cette année encore, entonné un De profundis à son intention. Ainsi l'enterre-t-on chaque dimanche et mardi gras que font les dieux. Mais nous le voyons reparaître l'année suivante avec sa face de carême-prenant, ses grelots à demi éteints et ses galons un peu plus défraîchis. Pourtant il semble bien, en effet, qu'il ait, comme on dit, du plomb dans l'aile. Il fut, cette année, bien pâle, bien anémié. On a beau vouloir s’étourdir pour oublier sa misère, il arrive quand même un moment où on ne le peut plus. Et vraiment aux temps où nous sommes et au prix où est la vie, quand l’Allemagne continue de nous faire tirer la langue et que l'Etat ajoute de nouveaux moëllons à la charge qui nous écrase, sous la forme d’impôts et de taxes, nous n’avons guère plus ni l’envie ni la force de rire. 


carnaval pays basque autrefois
CARNAVAL CARÊME 1929
PAYS BASQUE D'ANTAN

Et voilà pourquoi le Carnaval manque désormais de gaîté. On vous rappelait, l'autre jour, les joyeuses après-midi et les folles soirées où l'on se battait...à coups de serpentins dans les rues de Bayonne, où les voitures circulaient tout le jour, chargées de masques. Ce n'est plus qu'un souvenir. Et le seul bruit qu'on entende la nuit, à part quelques masques qui, à trois ou quatre heures du matin se trouvent attardés, c'est celui d'un coup de revolver qui éclate dans le silence parce que trois ou quatre pauvres  hères, parés (?) d'oripeaux, se sont lugubrement "amusés".



Pourtant, il sied d'être juste ; si la journée et même la soirée fut très terne à Bayonne, on constata par contre, à Biarritz, une assez grande animation et le bal du Casino Municipal, ainsi qu'il vous fut rapporté, fut brillant.


fêtes carrnaval labourd autrefois
CARNAVAL DE BIARRITZ
PAYS BASQUE D'ANTAN


Mais une hirondelle ne fait pas le printemps, ni une sauterie la joie de tout un peuple.



Ce pauvre Carnaval est décidément malade, bien malade et je redoute qu'il ne trépasse quelque jour si on ne lui infuse un sang nouveau.



Il pourrait objecter il est vrai : "mais voyez donc San Pançar !"



San Pançar, c’est un fait, nous revient chaque année. C'est un phénix merveilleux : on le brûle, on disperse ses cendres dans l’air et dans la rivière et l'année suivante, nous le voyons reparaître le chapeau sur le coin de l'oreille, la mine florissante, un peu plus gras encore de saucisse et de boudin. 



Vous avouerais-je, au risque de vous scandaliser, que San Pançar m'agace ? 



D’abord, je m’indigne qu’il aille si mal accoutré et ne pense qu’à manger lorsqu'il pourrait se vêtir un peu plus décemment. Et puis ce gourmand, que dis-je ! ce goinfre, se nourrit de la sueur du peuple. Je ne vais pas jusqu'à dire que la sueur soit un aliment particulièrement délicat, mais il n'en est pas moins certain que ce roi fainéant se prélasse sur son char, tandis que quatre ou cinq malheureux diables le traînent ou le portent sur leurs épaules et qu'un "manant" est chargé de battre, devant lui, une caisse à conserve, pour attirer l’attention des badauds dont on sollicite les aumônes. J'entends bien que les serfs qui le mènent sont seuls à se partager la recette et à boire l’hydromel ou l’amer citron en chemin ; j’entends bien qu’il n’a nulle part à ces libations. Mais, vous on moi, assujettis à une telle tâche et à un tel esclavage, n’aurions-nous pas la gorge sèche à chaque pas ? 




Et puis j’ai de la méfiance pour ce San Pançar qui n'a pas même un état-civil bien certain et en qui je flaire un aventurier. Il semble jouir du don d’ubiquité : on le rencontre dans les rues de Bayonne, mais en même temps on le voit en d’autres lieux, par exemple à Hasparren, où il s’exhibe en matador devant une malheureuse vache qu'on abrutit à lui promener devant le nez, une muleta, alors qu'elle préférerait l’herbe tendre. Il est vrai qu’elle s’est bien vengée. Elle a, de San Pançar, percé la panse d’outre en outre, et c’était bien fait. Mais comment alors que nous le pensions défunt d’avoir perdu tout son son, le retrouvions-nous frais et dispos à Bayonne ? Il y a là, décidément, quelque chose de louche. 




On n'est même pas fixé sur l’orthographe exacte de son nom. Parcourez les colonnes des journaux qui parlèrent de lui ces jours derniers, vous y constaterez qu’on l'appelle  tantôt Saint Pançar, tantôt San Panzar et tantôt encore Simpansar. Quel est cet individu, je vous prie et s’il passa la frontière espagnole, dans les temps anciens, a-t-il au moins accompli les formalités d’usage ? 




San Pançar m’a tout l’air d’être, en effet, d’importation espagnole. Nous sommes trop près de la frontière pour que les coutumes de nos voisins ne nous aient pas un peu envahis. Les poupées dont sont précédés les cortèges de danseurs basques, ainsi qu’on put le voir l'an dernier aux grandes fêtes qui eurent lieu à Aguiléra, doivent avoir la même origine.



Les Espagnols ont d’ailleurs laissé la même tradition dans les Flandres. Ce n’est pas un mince sujet d’étonnement pour les étrangers qui visitent Dunkerque, Hazebrouck, Bailleul, Lille et Douai, non seulement les jours de Carnaval, mais encore aux grandes solennités, que de rencontrer dans les rues d’immenses géants, somptueusement parés (il en est dont la tête atteint le deuxième étage des maisons) qu’on promène avec gravité dans les rues et au son de la musique. Ils ont nom : le Reuss, Phinaert. Lyderic, "Monsieur" et "Madame", Gayant, Bimbin, etc...

nord carnaval autrefois
GEANTS DE DOUAI 1913



C’est là le dernier vestige de l’occupation de ces provinces par les Espagnols. 



Mais ne pensez-vous pas qu’il serait curieux certain jour, et après entente avec les municipalités de ces villes du Nord, de faire venir à Biarritz, pour prendre part à une grande fête estivale, quelques-uns de ces personnages, qui frémiraient d’aise, je n’en puis douter, à humer la brise légère qui, par dessus les Pyrénées, soufflerait du pays de leur ancêtres ?"



(Source : WIKIPEDIA)


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