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lundi 15 juillet 2019

QUAND LES BASQUES HARPONNAIENT LA BALEINE DANS LE GOLFE DE GASCOGNE (deuxième et dernière partie)


LA PÊCHE À LA BALEINE PAR LES BASQUES.


Pendant des centaines d'années, les Basques ont chassé la baleine.




pêche chasse baleine
CHASSE A LA BALEINE


Je vous ai déjà parlé de la chasse (pêche) à la baleine, dans plusieurs articles : le 3/03/17 , le 

22/04/19  et le 14/06/2019.




Voici ce que rapporta à ce sujet le journal La Petite Gironde, dans son édition du 19 septembre 

1941, sous la plume de Fernand Lot :



"...Découverte de Terre-Neuve et de ses bancs de morues.




Ils en vécurent et y vécurent un peu trop ! La chasse intensive finit par avoir pour résultat le dépeuplement du golfe de Gascogne. Les Basques se mirent à poursuivre les baleines tout le long de la côte espagnole. D’abord, ils ne dépassèrent pas le cap Finisterre. Mais l’invention de la boussole et de la balestrille leur permit de se lancer en plein Atlantique. Et ces Basques contradictoires, qui savent allier l’esprit de conservation le plus prononcé qui soit dans le monde au goût du voyage et de l’aventure, s’y lancèrent si bien que, quelque 120 ans avant que Christophe Colomb eût découvert les Antilles, ils découvraient, eux, Terre-Neuve, — Terre-Neuve et ses miraculeux bancs de morues ! 




Ces morues, ils commencèrent à les pêcher pour leur consommation sur place, puis, ayant eu l’idée de les saler, ils les rapportèrent en France. Dès lors, on installa à Terre-Neuve des séchoirs, et, à chaque saison de pêche, toute une colonie basque se transporta dans l'île, qu’elle occupait pendant plusieurs mois. Bien des noms euskariens, demeurés attachés à la géographie de l'île, témoignent de l’importance de ces séjours, et une île du Saint-Laurent s’appelle encore "l'Île aux Basques". 



terre neuve morues basques
L'ÎLE AUX BASQUES



Vers le milieu du XVIe siècle, les Basques passaient pour rapporter les plus belles morues. Le navire qu’ils utilisaient ? Probablement la caravelle. Plus tard, ce sera le flibot. Ces navires emportaient avec eux deux tonneaux et demi de sel pour mille morues, des vivres pour neuf mots, et toutes munitions et ustensiles de pêche nécessaires. 



pêche baleine pays basque autrefois
FLIBOT
PAYS BASQUE D'ANTAN



Une tragique histoire de sorcières... 




A l’histoire de la pêche à Terre-Neuve se rattache un extraordinaire épisode qui eut pour théâtre le pays basque maritime, à la fin du XVIe siècle. 




pêche terre neuve
PLACENTIA TERRE-NEUVE


Il advint que les Bohémiens — les Agôts et Cascarots — installés dans la région furent accusés de sorcellerie par la superstition populaire. Les autorités durent intervenir. Le bailli du Labourd commit à l'enquête son lieutenant de Lasse. Mais avec de Lasse, hélas ! Celui-ci s’empressa de brûler quelques pauvres diables d’Agots et de Cascarots, et, par surcroît, se mit en devoir de poursuivre les femmes du pays soupçonnées de participer à d’abominables sabbats sur la montagne... Le Parlement de Bordeaux s’en émut, un parlement s’émouvant quelquefois. Il dépêcha le conseiller de Lancre, afin que fussent réprimés ces crimes. Mais ce furent les seuls crimes imaginaires que le vertueux conseiller entendait châtier ; il s’agissait d’exterminer les suppôts de Satan, et il en découvrait partout... Muni des pouvoirs les plus étendus, il parcourut le pays avec son redoutable tribunal, condamnant et brûlant avec sérénité au nom de la foi. Sur de simples dénonciations d’enfants, des malheureuses souffrirent les horreurs sans nom de la question et expièrent dans les tourments. Une d’elles, une fillette, l’avait vu, de ses yeux vu, sautant du sommet de la Rhune sur la plage d’Hendaye ! Il lui en coûta la vie. Cette atroce inquisition se prolongeait. Une sorte d’égarement collectif s’emparait de toutes les têtes faibles. Des femmes affolées se dénonçaient mutuellement. D'autres se proclamaient sorcières. Il en était qui prétendaient, au sortir du sabbat nocturne, s’être envolées jusqu’à Terre-Neuve et, "là estant, perchées sur le haut du mast du navire, n’osant entrer dedans parce qu’il estoit bénict", elle avaient jeté des poudres "et infesté de poison tout ce que les mariniers avaient mis à sécher au bord de la mer". Car c’était à l’époque où les marins étaient au loin, pêchant la baleine et la morue, que se passaient ces événements dans le Labourd et plus particulièrement à Saint-Jean-de-Luz. Quand ils en furent informés (des habitants terrorisés s’enfuyaient de toutes parts, et certains fugitifs avaient gagné Terre-Neuve), les pêcheurs, au nombre de cinq à six mille, s’en revinrent en toute hâte et en grande fureur, deux mois plus tôt que de coutume, - avec leurs harpons meurtriers. Beaucoup de leurs familles se trouvaient compromises et menacées. Bien des leurs comptaient déjà au nombre des victimes. Leur retour provoqua de graves désordres, notamment lors de l’exécution d’une certaine Marie Bonne, "sorcière insigne", dont les délations délirantes allaient vouer à la mort de nombreux innocents. Ils se précipitèrent, armés, au milieu de la foule des regardants, culbutèrent milices, jurats, huissiers, trompette, sergents, bourreau, se saisirent de Marie Bonne et de ses compagnes, et, le couteau sur la gorge, les forcèrent à se rétracter publiquement. De vieilles haines, cependant, se rallumaient entre les gens de Saint-Jean-de-Luz et ceux de Ciboure et une véritable guerre civile s’ensuivit... 



CASCAROTS AGOTS
LES CASCAROTS
PAYS BASQUE D'ANTAN



sorcieres sabbat pays basque
SABBAT AVEC SORCIERES




De Lancre mit le comble à ses cruautés en livrant aux flammes, comme sorcier, le curé d’Ascain, vénérable vieillard de 71 ans. L’évêque de Bayonne obtint alors de Henri IV l’annulation des procédures engagées et de Lancre, rappelé, fut remplacé par le sage conseiller de Gourgue. qui apaisa enfin les esprits.




Le déclin.




Les Basques détinrent longtemps le monopole de la pêche à la baleine dans les mers d’Islande et sur les côtes du Groenland. Mais, instruits par leurs soins, Hollandais et Anglais s’y livrèrent à leur tour avec succès et les Anglais, s’arrogeant le privilège exclusif de pèche, interdirent aux Basques de descendre sur les côtes pour y faire fondre le lard. Le capitaine Soulite, de Ciboure eut beau passer outre en construisant ingénieusement à bord de son navire un fourneau spécial permettant de pratiquer au large cette longue opération, ce fut peu à peu le déclin. Les Basques abandonnèrent la partie. Quant à la fructueuse pêche à la morue qui avait atteint son apogée au temps du ministère de Colbert, la guerre avec l’Angleterre lui porta aussi un coup fatal : en 1754 tous les navires qui s’y consacraient étaient capturés par la marine anglaise.




Aujourd’hui...




Aujourd’hui, les pêcheurs de Saint-Jean-de-Luz et de Ciboure ne s'adonnent plus qu’à la petite pêche. Mais, pour être qualifié de petite, celle-ci n’en est pas moins fort importante, et lorsqu’il s’en reviennent au port, chargés d'anchois ou de sardines, ils sont plus que jamais applaudis, ces petits bateaux luziens bleus ou verts que le pinceau des peintres a déjà tant de fois célébrés."





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