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lundi 6 décembre 2021

LA VENTE DE LA VILLA EUGÉNIE À BIARRITZ EN LABOURD AU PAYS BASQUE EN 1892

LA VENTE DE LA VILLA EUGÉNIE À BIARRITZ EN 1892.


Napoléon III fait construire, à Biarritz, en 1854-1855 une villa pour sa femme, la future Impératrice Eugénie.





pays basque autrefois villa imperatrice
VILLA EUGENIE BIARRITZ 1862
PAYS BASQUE D'ANTAN





Voici ce que rapporta à ce sujet le journal Le Gaulois, le 7 août 1892 :





"La Villa Eugénie à Biarritz.



On vient de vendre, encore une fois, l'ancienne villa de l'impératrice Eugénie, à Biarritz.



L'Impératrice l'avait vendue en 1881, pour la somme de trois millions, à la Banque parisienne. On en a fait un casino, un hôtel rien n'a réussi, et la villa impériale restait déserte, abandonnée depuis plusieurs années. La Banque parisienne avait successivement vendu des parcelles du parc où s'élèvent maintenant de nombreux chalets mais le lot principal, la villa n'a été vendue que ces jours-ci et sur une mise à prix de 400 000 francs, et n'y a eu qu'une seule surenchère de cent francs.



C'est peu pour une construction qui a coûté fort cher mais éloignée du centre de Biarritz, la villa Eugénie ne se prête guère à l'installation d'un hôtel.



Aussi l'intention des nouveaux acquéreurs est-elle, dit-on, d'abattre la villa, pour lotir le terrain.



Que de souvenirs pourtant, dans ce domaine ! L'Impératrice avait le désir bien naturel de se rapprocher de l'Espagne et, dès 1854, elle avait passé avec l'Empereur un mois entier au château du duc de Gramont, au pied des Pyrénées.


pays basque autrefois villa imperatrice
VILLA EUGENIE BIARRITZ 1860
PAYS BASQUE D'ANTAN



pays basque autrefois villa imperatrice
VILLA EUGENIE BIARRITZ 1873
PAYS BASQUE D'ANTAN




pays basque autrefois villa imperatrice
VILLA EUGENIE BIARRITZ 1860
PAYS BASQUE D'ANTAN

pays basque autrefois villa imperatrice
VILLA EUGENIE BIARRITZ 1862
PAYS BASQUE D'ANTAN



C'est pendant ce séjour que l'Empereur acheta un terrain à Biarritz, et fit commencer la construction de la villa, dont il voulait faire hommage à l'Impératrice.



On sait que la villa est située au bord de la mer, à l'extrémité de la plage des Fous, près de la falaise que dominent le phare et la villa de la marquise de Nadaillac.



Construite en briques et pierres, sur les rochers, sa terrasse domine le flot à une hauteur de quelques mètres, et sa façade s'étend sur une largeur de quarante mètres. En retour vers les terres, deux ailes s'avancent, formant la cour d'honneur.



Le parc n'a jamais été qu'un jardin anglais, avec de belles pelouses et de beaux massifs de fleurs mais les arbres étaient rares, le pin maritime résistant seul au terrain sablonneux et aux vents de mer.



On entrait par la cour d'honneur dans le vestibule central, où le grand escalier se développait à droite. A gauche, la salle des Cent-Gardes ; en face, l'entrée du petit salon qui formait le centre de ta façade sur la mer. 



A gauche de ce petit salon, un immense salon orné de tapisseries des Gobelins et, plus loin, la grande salle à manger, à l'angle gauche de la façade. A droite du petit salon, le cabinet de travail de l'Empereur, sa chambre, communiquant par un couloir avec son cabinet de toilette, sur la cour. Puis la salle de bains de l'Impératrice et sa chambre, formant l'angle droit de la façade.



En arrière, dans l'aile droite, le cabinet de toilette de l'Impératrice, le cabinet de travail du Prince impérial et des chambres de service. 



Dans l'aile gauche on a installé, depuis quelques années, faisant suite à la salle à manger, une chapelle orthodoxe, pour la colonie russe, souvent nombreuse à Biarritz. On sait que les grands-ducs y vont presque tous les ans. 



Au premier étage, le Prince Impérial avait sa chambre au-dessus de la chambre de l'Impératrice, et la chambre de la duchesse d'Albe, abandonnée depuis sa mort, était à l'autre angle, au-dessus de la salle à manger.



Les autres pièces, en tout soixante-dix chambres, étaient occupées par la suite de l'Empereur et de l'Impératrice : dames du palais, aides de camp, chambellans et écuyers. 



L'Empereur et l'Impératrice passaient le mois de septembre à Biarritz, le plus beau mois de l'année dans cet admirable pays. La vie y était des plus simples et des plus familiales. L'Impératrice y recevait volontiers ses anciens amis d'Espagne et ne manquait jamais d'aller faire une excursion sur le territoire espagnol, jusqu'à Passages ou Saint-Sébastien. L'Empereur raccompagnait presque toujours, et c'était l'Aigle qui servait à ces promenades par mer. 



Une fois l'Impératrice et le Prince impérial étaient seuls ils faillirent périr.



Voulant descendre à terre à Saint-Jean-de-Luz, alors qu'il faisait déjà nuit, et que la mer était forte, l'officier qui tenait la barre du canot ne reconnut pas l'entrée du port et dirigea l'embarcation sur les rochers de Ciboure. Un matelot du pays, voyant le danger, ne dit pas un mot, et simplement, sans hésitation, il se jeta à l'eau, à l'avant de la barque, pour amortir le choc sur les rochers.



Il eut la poitrine écrasée.



En souvenir de ce péril et de ce dévouement, l'Impératrice fit placer dans l'église de Saint-Jean-de-Luz un bateau minuscule en ex-voto, qui se balance encore dans la grande nef de bois peint, et elle fit élever à ses frais, jusqu'en 1870, le fils du matelot.



Sur les pelouses de ta villa Eugénie on voyait le prince impérial jouer avec ses jeunes amis, le fils Conneau, les Errazu et d'autres encore.




La reine Isabelle fut reçue, en 1867, à Biarritz, par l'Empereur et l'Impératrice, pendant une journée, et ce fut à peu près la seule fête officielle qu'ait connue la villa Eugénie. Mais un autre souvenir politique s'attache à Biarritz. C'est là que M. de Bismarck, alors ministre de Prusse à Paris, venait causer avec l'Empereur du remaniement de la carte d'Europe. Ces conversations n'avaient rien d'officiel ni de régulier.



C'était, de ci, de là, une appréciation, une pensée, une prévision, rien de plus, et M. de Bismarck qui n'habitait pas la villa, n'y venait qu'une ou deux fois par semaine. Son grand plaisir était la pêche, à l'extrémité des rochers du phare, et certain jour, sans l'avertissement charitable d'un Français qui était là en spectateur, M. de Bismarck eût été enlevé par une de ces lames de fond qui arrivent à l'improviste et arrachent parfois des rochers.



Le mobilier de la villa, à part les tapisseries, était des plus simples : lits de cuivre, cretonnes, meubles d'acajou. Seule, la salle de bains de l'Impératrice avait un certain cachet, avec l'alcôve, l'estrade, la balustrade et les peintures.



Peu de tableaux, et surtout de bons tableaux. C'était, le plus souvent, quelque souvenir, quelque hommage d'un artiste secondaire.



Tout le mobilier a disparu depuis longtemps, et maintenant la pioche des démolisseurs va faire disparaître jusqu'aux derniers vestiges de cette maison où tant de bonheur a passé, suivi de tant de larmes."




 




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