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dimanche 16 février 2020

LES SÉJOURS DE L'IMPÉRATRICE EUGÉNIE À BIARRITZ EN LABOURD AU PAYS BASQUE (sixième partie)


LES SÉJOURS DE L'IMPÉRATRICE EUGÉNIE.


Maria Eugenia Ignacia Agustina de Palafox y Kirkpatrick, 19ème comtesse de Teba - dite Eugénie de Montijo - va connaître Biarritz, dès 1834, fuyant avec sa mère les remous des guerres carlistes.

imperatrice france napoleon
IMPERATRICE EUGENIE

Voici ce que rapporta la Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-Luz, dans son édition 

du 17 novembre 1932, sous la plume de René Cuzacq :



"Biarritz à sa naissance.

Les séjours de l’Impératrice — III 

— Si près de la frontière, on rencontre l’écho des merveilleuses histoires de contrebandiers. Cette grotte de Sare, aux si curieuses stalactites, n’a-t-elle pas une mystérieuse entrée en Espagne ? Naturellement, on ira la visiter. Mais l’Impératrice tient à faire ample connaissance avec Messieurs les Contrebandiers : au Pas-de-Roland, M. Michel, tout apparenté qu’il est aux meilleures familles de Bayonne, est l’un des rois de la montagne. Prévenu, il attend, d'un sourire un peu goguenard, ses illustres visiteurs. Ceux-ci admirent la gorge, le paysage, "le torrent mugissant" : il paraît même qu’ils trouvent du marbre. Joyeusement, à dos de cheval, s’arrêtant çà et là pour cueillir des gentianes, tout le monde gagne la grotte immense, ou qui le paraît du moins ; à la lueur des torches on examine les fantastiques dentelures, on recherche les asiles sûrs, les repaires de l’anfractuosité. Par les étages supérieurs, des Basques sont venus d’Espagne, à la sortie, de douces "musiques", des danses aimées attendent l’impératrice : Eugénie ne se contient plus de joie : le fandango succède à la "jota". Toute son enfance revit devant elle ; par delà ces claires notes, l’Espagne tout entière s’évoque, langoureuse et vibrante, avec son ardeur brûlante et romanesque, son andalouse gaieté. Eugénie ne résiste plus au plaisir qui l’entraîne : sous la jupe de velours noir et la toque à pompons de l’autre côté de la montagne, faisant claquer les castagnettes au bout de ses bras relevés, Eugénie danse, danse éperdument comme au temps heureux où elle avait 20 ans. De quel cœur léger elle rentrera à Biarritz — à une heure du matin ! 



grotte pays basque autrefois
GROTTE DE SARE
PAYS BASQUE D'ANTAN

Non moins agréables sont les promenades en mer. De Brest l'Empereur fait venir La Mouette, Le Pélican. Il a aussi son yacht impérial, L’Aigle. Que diriez-vous, Mesdames, d’une promenade à Fontarabie ? Si la mer est un peu agitée, le voyage n’en sera que plus délicieux. Ni Miss Vaughan, ni Mme Walewska, ni Mme de la Bédoyère ne redoutent le mal de mer. Le mal de mer ! Pensez-donc. Comment oserait-il troubler une si agréable promenade. Sur le canot qui conduit à l’aviso, les amples crinolines voisinent tant bien que mal avec les redingotes des Messieurs. De la main, on dit adieu à l’Empereur et au petit prince impérial qui, légèrement enroué a dû rester à terre. L'embarquement s’avère difficile ; une vague inonde d’eau Mme de La Bédoyère qui monte, ruisselante, sur le pont ; Miss Vaughan se foule la cheville. Qu’importe : la mer est superbe aujourd’hui ! Mais le tangage s’agrémente du roulis. Après une résistance héroïque, le comte Hoyos, le premier, s’esquive vers le bastingage ; il en revient en hoquetant, le teint verdi. Bientôt le pont du bateau n’est plus qu’un immense hôpital ambulant d’où le respect humain est exclu. L’affreux mal de mer épargne seulement Mmes Walewska et Metternich, et naturellement l’Impératrice ; seule elle fait au goûter l’honneur qu’il mérite et met les bouchées doublés. Tout près d’elle, couchée sur le pont, Mme de La Bédoyère, incapable d’une parole, convulse des yeux mourants : Soudain l’orage gronde, — le vent soulève l’onde, — le commandant crie : — Ouvrez vos parapluies. — Madame de La Bédoyère — est étendue à terre. — On lui offre un coussin — mais elle ne répond rien ! 

princesse imperatrice eugenie
COMTESSE DE LA BEDOYERE

princesse imperatrice eugenie
MARIE WALEWSKA


princesse imperatrice eugenie
PRINCESSE METTERNICH


A Fontarabie impossible d’accoster. On met le cap sur Biarritz. On va donc enfin quitter ce bateau de malheur ! Mais que signifient ces fusées s’élevant sur la plage ? Ballotté par les vagues, un canot vient en hâte porter un pli. L’Empereur défend de débarquer, le péril est trop grand. De 8 heures du soir à 2 heures du matin le bateau-hôpital erre au large ; ce ne sont que traits tirés, mouchoirs jaunis, visages au teint olive, yeux révulsés. Mme de la Bédoyère croit sa fin venue: "Va-t-on nous emmener en Cochinchine ?", demande-t-elle entre deux hoquets. A deux heures du matin, l’Impératrice trouve que la plaisanterie a assez duré : elle donne l’ordre à l’aviso de franchir la Barre. Le commandant excipe du danger : il doit s’incliner. Enfin l’estuaire de l’Adour est heureusement franchi, le bateau atteint des eaux calmes ; sur la rive du fleuve, on peut débarquer. L’Empereur est là, blême de colère et de peur ; au galop de son cheval, le long du rivage, il n’a cessé de suivre les mouvements du bateau, il a suivi les feux-signaux, courant au Nord, deviné l'imprudence qui se prépare. Tout le monde monte en voiture. Voici la villa Eugénie : discrètement, un soupir de soulagement s’échappe de la poitrine de tous. "Pardon, mes amis, vous allez souper", dit l’Impératrice implacable. Quel repas de spectres blêmes et de dames encore hoquetantes à la lueur des bougies ! Le spectacle est si drôle que l’Empereur lui-même se déride. A quatre heures du matin, l’Impératrice permet enfin à ses malheureux invités d'aller se coucher. 





D’habitude cependant, la mer est plus clémente. On peut alors débarquer à Fontarabie et y manger les mauvais gâteaux de la Posada du senor Melchior Sagarzassou. Ou bien, accostant à St-Sébastien, on va à Zumaya et de là à Loyola à la maison de saint Ignace ; l’Empereur conduit lui-même une mauvaise carriole. Çà et là une "multitude en haillons" se pressait autour des illustres voyageurs."


A suivre...






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