LES SÉJOURS DE L'IMPÉRATRICE EUGÉNIE.
Maria Eugenia Ignacia Agustina de Palafox y Kirkpatrick, 19ème comtesse de Teba - dite Eugénie de Montijo - va connaître Biarritz, dès 1834, fuyant avec sa mère les remous des guerres carlistes.
IMPERATRICE EUGENIE |
Voici ce que rapporta la Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-Luz, dans son édition
du 17 novembre 1932, sous la plume de René Cuzacq :
"Biarritz à sa naissance.
Les séjours de l’Impératrice — III
— Si près de la frontière, on rencontre l’écho des merveilleuses histoires de contrebandiers. Cette grotte de Sare, aux si curieuses stalactites, n’a-t-elle pas une mystérieuse entrée en Espagne ? Naturellement, on ira la visiter. Mais l’Impératrice tient à faire ample connaissance avec Messieurs les Contrebandiers : au Pas-de-Roland, M. Michel, tout apparenté qu’il est aux meilleures familles de Bayonne, est l’un des rois de la montagne. Prévenu, il attend, d'un sourire un peu goguenard, ses illustres visiteurs. Ceux-ci admirent la gorge, le paysage, "le torrent mugissant" : il paraît même qu’ils trouvent du marbre. Joyeusement, à dos de cheval, s’arrêtant çà et là pour cueillir des gentianes, tout le monde gagne la grotte immense, ou qui le paraît du moins ; à la lueur des torches on examine les fantastiques dentelures, on recherche les asiles sûrs, les repaires de l’anfractuosité. Par les étages supérieurs, des Basques sont venus d’Espagne, à la sortie, de douces "musiques", des danses aimées attendent l’impératrice : Eugénie ne se contient plus de joie : le fandango succède à la "jota". Toute son enfance revit devant elle ; par delà ces claires notes, l’Espagne tout entière s’évoque, langoureuse et vibrante, avec son ardeur brûlante et romanesque, son andalouse gaieté. Eugénie ne résiste plus au plaisir qui l’entraîne : sous la jupe de velours noir et la toque à pompons de l’autre côté de la montagne, faisant claquer les castagnettes au bout de ses bras relevés, Eugénie danse, danse éperdument comme au temps heureux où elle avait 20 ans. De quel cœur léger elle rentrera à Biarritz — à une heure du matin !
GROTTE DE SARE PAYS BASQUE D'ANTAN |
Non moins agréables sont les promenades en mer. De Brest l'Empereur fait venir La Mouette, Le Pélican. Il a aussi son yacht impérial, L’Aigle. Que diriez-vous, Mesdames, d’une promenade à Fontarabie ? Si la mer est un peu agitée, le voyage n’en sera que plus délicieux. Ni Miss Vaughan, ni Mme Walewska, ni Mme de la Bédoyère ne redoutent le mal de mer. Le mal de mer ! Pensez-donc. Comment oserait-il troubler une si agréable promenade. Sur le canot qui conduit à l’aviso, les amples crinolines voisinent tant bien que mal avec les redingotes des Messieurs. De la main, on dit adieu à l’Empereur et au petit prince impérial qui, légèrement enroué a dû rester à terre. L'embarquement s’avère difficile ; une vague inonde d’eau Mme de La Bédoyère qui monte, ruisselante, sur le pont ; Miss Vaughan se foule la cheville. Qu’importe : la mer est superbe aujourd’hui ! Mais le tangage s’agrémente du roulis. Après une résistance héroïque, le comte Hoyos, le premier, s’esquive vers le bastingage ; il en revient en hoquetant, le teint verdi. Bientôt le pont du bateau n’est plus qu’un immense hôpital ambulant d’où le respect humain est exclu. L’affreux mal de mer épargne seulement Mmes Walewska et Metternich, et naturellement l’Impératrice ; seule elle fait au goûter l’honneur qu’il mérite et met les bouchées doublés. Tout près d’elle, couchée sur le pont, Mme de La Bédoyère, incapable d’une parole, convulse des yeux mourants : Soudain l’orage gronde, — le vent soulève l’onde, — le commandant crie : — Ouvrez vos parapluies. — Madame de La Bédoyère — est étendue à terre. — On lui offre un coussin — mais elle ne répond rien !
COMTESSE DE LA BEDOYERE |
MARIE WALEWSKA |
PRINCESSE METTERNICH |
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