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samedi 16 novembre 2019

LES SÉJOURS DE L'IMPÉRATRICE EUGÉNIE À BIARRITZ EN LABOURD AU PAYS BASQUE (troisième partie)


LES SÉJOURS DE L'IMPÉRATRICE EUGÉNIE.


Maria Eugenia Ignacia Agustina de Palafox y Kirkpatrick, 19ème comtesse de Teba - dite Eugénie de Montijo - va connaître Biarritz, dès 1834, fuyant avec sa mère les remous des guerres carlistes.

imperatrice france
IMPERATRICE EUGENIE

Voici ce que rapporta la Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-Luz, dans son édition 

du 5 novembre 1932, sous la plume de René Cuzacq :



"Biarritz à sa naissance.




Les séjours de l'impératrice.




Conscient du précieux fardeau qu’il transporte, le train impérial marche à une vitesse modérée. Il comprend huit wagons aménagés en chambre à coucher, salon, compartiment à bagages, etc., qui communiquent tous entre eux. De crainte de l'incendie, le fumoir est construit entièrement en fer. Né en 1856, le prince impérial a une voiture qui lui est réservée : Loulou, tel est le surnom familier du jeune Louis dont la mélancolique destinée brisa net les chevaleresques dévouements nés sur son passage. Le train impérial ne transporte que quelques intimes : Mesdames de Richemont, de Lourmel, de Brancion, de La Bédoyère, M. Tascher, le docteur Barthez, médecin de la famille impériale. Il est capitonné de cuir brun et vert, orné de tapis, éclairé de lampes Carcel. 




A Bordeaux, tout le monde descend et secoue la fatigue du voyage ; on se restaure rapidement ; puis le train impérial s’engage à travers les Landes : mornes étendues de bruyères, misérables troupeaux de moutons, humbles cabanes chétives, çà et là une forêt de pins sombres, tout frappe le regard des voyageurs, jusqu'au pâtre juché sur ses échasses, "sorte de héron malade", comme dit Monsieur Taine. L’Empereur se demande comment il pourrait bien régénérer ce pays stérile. Aime de La Bédoyère s’in forme comment les gens ne meurent point de faim dans un pareil désert. M. Barthez s'attend, de minute en minute, à voir surgir le dernier des Mohicans. L’Impératrice songe, elle, à ces vastitudes des prairies américaines que décrivit si bien M. de Chateaubriand. 




Le train entre en gare de Bayonne. Il arrive à Leurs Majestés d’y descendre pour gagner en landaus découvert la plage où joyeusement les attire le repos ardemment désiré. Cette cité bayonnaise n'est-elle point "charmante" et n'offre-t-elle pas des points de vue "délicieux"? Drapeaux et oriflammes claquent au vent ; les hourras crépitent, l'artillerie tire du haut de la citadelle. Un maire réalisateur, Jules Labat, accueille les illustres voyageurs : ne transforme-t-il pas sa ville aussi bien que M. Haussmann transforme Paris ? 

labourd train autrefois
GARE BAYONNE
PAYS BASQUE D'ANTAN

Certes, la popularité de l’Empereur est grande ; nous autres, contemporains, nous en jugeons au lendemain de Sedan et de 1870, nous sommes portés à exagérer la force de l’opposition et de ses manifestations. En tout cas, Bayonne et les contrées environnantes étaient ardemment impérialistes : la venue de l’Empereur révélait Biarritz aux habitants eux-mêmes du pays de l'Adour tout entier. La curiosité était générale — et aussi le besoin qu’à tout Français d’acclamer le chef de sa patrie. 




La chaleur de cet accueil bayonnais laissait tout surpris le docteur Barthez lui-même. On arrivait enfin à Biarritz : au gré de certains, le pays manquait un peu d'arbres, mais le site était d’une incomparable beauté : le petit village "s’étageant en amphithéâtre" jusqu’au devant de Saint-Martin, le phare, les rochers sculptés ! Par dessus tout la mer était si belle ! Toute la Cour se précipite sur la plage lorsqu’il y a tempête : sans parapluie, naturellement. Puis, trempé d’eau de pluie, tout le monde rentre à la Villa Eugénie pour "se changer". 



pays basque autrefois
VILLA EUGENIE BIARRITZ
PAYS BASQUE D'ANTAN

La villa Eugénie est un bâtiment de briques et de pierre, surmonté d’un étage, offrant dans ses trois corps de bâtiments disposés en équerre la classique régularité de ses colonnes, de ses frontons et de ses fenêtres : l’Hôtel du Palais en conserve d’ailleurs la disposition générale. "C’est moitié une gare, moitié un établissement thermal", s’exclament quelques grincheux. En réalité, la villa Eugénie est fort loin d’être aussi disgracieuse qu’on veut bien le dire. Son intérieur s’enrichit de meubles d’acajou, de flambeaux dorés, de cheminées et de pendules de marbre. Des tapisseries de Perse à ramages décorent les murs, bientôt remplacés par des Gobelins qui retracent l’histoire de Don Quichotte. Chaque bureau offre ses plumes d’oie et de fer, son canif, sa pelote à épingles, sa poudre à sécher. Un petit bois de sapins jette sur le parc sa note noire. A marée haute, avec un peu de bonne volonté, la villa paraît une sorte de presqu’île que l’eau entoure de trois côtés. L’Empereur décide de grandes transformations : on appelle des ouvriers, on apporte du sable, on trace des chemins. Le long de la grande plage, une jetée-promenade doit courir. Mais la mer dérange ces doux projets, emporte la chaussée qui s'esquisse. Tout entêté, Napoléon III s’obstine et fait reprendre les travaux. 





Près de la place Sainte-Eugénie se dresse une misérable chapelle ; il serait temps de la faire restaurer : ne pourrait-on aussi enlever des centaines de mètres cubes et dégager les falaises qui, de ce côté, viennent surplomber la mer ? L'Adour est un fleuve capricieux : des ingénieurs éminents, MM. Viennois ou Daguenet voudront bien s'occuper de la Barre. Biarritz ne pourrait-il devenir port de refuge ? Une digue s'ébauche à partir du Rocher de la Vierge. 




A Capbreton, le Couf reste inutilisé : allons sur place nous rendre compte ! Quelle occasion d’ailleurs pour les dames d'errer par les sentiers embaumés ; au retour, Saint Esprit accueille Leurs Majestés d’une illumination improvisée (1859). Le relèvement du pays landais appelle la bonne volonté de l’Empereur : ne devient-il pas possible grâce au chemin de fer ? Au nord de Morcenx, l'Empereur lui-même achète des landes immenses et vides et pare d’un nom de victoire ce domaine de Solférino. Victor Duruy veut bien devenir président du Conseil général, créer le Lycée de Mont-de-Marsan, y établir les premiers cours d'enseignement spécial, c’est-à-dire d’enseignement secondaire sans latin. Fils du premier des Napoléon et d’une Polonaise, le ministre des Affaires étrangères comte Walewski, dessèche l’étang d’Orx, s’y livre à des essais plus ou moins heureux d'agriculture. Par dessus tout, la grande loi de 1857 assure la mise en valeur des landes de Gascogne."


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