LES SÉJOURS DE L'IMPÉRATRICE EUGÉNIE.
Maria Eugenia Ignacia Agustina de Palafox y Kirkpatrick, 19ème comtesse de Teba - dite Eugénie de Montijo - va connaître Biarritz, dès 1834, fuyant avec sa mère les remous des guerres carlistes.
IMPERATRICE EUGENIE |
Voici ce que rapporta la Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-Luz, dans son édition
du 5 novembre 1932, sous la plume de René Cuzacq :
"Biarritz à sa naissance.
Les séjours de l'impératrice.
Conscient du précieux fardeau qu’il transporte, le train impérial marche à une vitesse modérée. Il comprend huit wagons aménagés en chambre à coucher, salon, compartiment à bagages, etc., qui communiquent tous entre eux. De crainte de l'incendie, le fumoir est construit entièrement en fer. Né en 1856, le prince impérial a une voiture qui lui est réservée : Loulou, tel est le surnom familier du jeune Louis dont la mélancolique destinée brisa net les chevaleresques dévouements nés sur son passage. Le train impérial ne transporte que quelques intimes : Mesdames de Richemont, de Lourmel, de Brancion, de La Bédoyère, M. Tascher, le docteur Barthez, médecin de la famille impériale. Il est capitonné de cuir brun et vert, orné de tapis, éclairé de lampes Carcel.
A Bordeaux, tout le monde descend et secoue la fatigue du voyage ; on se restaure rapidement ; puis le train impérial s’engage à travers les Landes : mornes étendues de bruyères, misérables troupeaux de moutons, humbles cabanes chétives, çà et là une forêt de pins sombres, tout frappe le regard des voyageurs, jusqu'au pâtre juché sur ses échasses, "sorte de héron malade", comme dit Monsieur Taine. L’Empereur se demande comment il pourrait bien régénérer ce pays stérile. Aime de La Bédoyère s’in forme comment les gens ne meurent point de faim dans un pareil désert. M. Barthez s'attend, de minute en minute, à voir surgir le dernier des Mohicans. L’Impératrice songe, elle, à ces vastitudes des prairies américaines que décrivit si bien M. de Chateaubriand.
Le train entre en gare de Bayonne. Il arrive à Leurs Majestés d’y descendre pour gagner en landaus découvert la plage où joyeusement les attire le repos ardemment désiré. Cette cité bayonnaise n'est-elle point "charmante" et n'offre-t-elle pas des points de vue "délicieux"? Drapeaux et oriflammes claquent au vent ; les hourras crépitent, l'artillerie tire du haut de la citadelle. Un maire réalisateur, Jules Labat, accueille les illustres voyageurs : ne transforme-t-il pas sa ville aussi bien que M. Haussmann transforme Paris ?
GARE BAYONNE PAYS BASQUE D'ANTAN |
Certes, la popularité de l’Empereur est grande ; nous autres, contemporains, nous en jugeons au lendemain de Sedan et de 1870, nous sommes portés à exagérer la force de l’opposition et de ses manifestations. En tout cas, Bayonne et les contrées environnantes étaient ardemment impérialistes : la venue de l’Empereur révélait Biarritz aux habitants eux-mêmes du pays de l'Adour tout entier. La curiosité était générale — et aussi le besoin qu’à tout Français d’acclamer le chef de sa patrie.
La chaleur de cet accueil bayonnais laissait tout surpris le docteur Barthez lui-même. On arrivait enfin à Biarritz : au gré de certains, le pays manquait un peu d'arbres, mais le site était d’une incomparable beauté : le petit village "s’étageant en amphithéâtre" jusqu’au devant de Saint-Martin, le phare, les rochers sculptés ! Par dessus tout la mer était si belle ! Toute la Cour se précipite sur la plage lorsqu’il y a tempête : sans parapluie, naturellement. Puis, trempé d’eau de pluie, tout le monde rentre à la Villa Eugénie pour "se changer".
VILLA EUGENIE BIARRITZ PAYS BASQUE D'ANTAN |
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