LE PORT DE SAINT-JEAN-DE-LUZ EN 1922.
Depuis plusieurs siècles, il existe à Saint-Jean-de-Luz un port de pêche actif, qui a connu de nombreuses vicissitudes, avec des hauts et des bas, au cours de l'Histoire.
PORT DE SAINT-JEAN-DE-LUZ 1920 PAYS BASQUE D'ANTAN |
Voici ce que rapporta à ce sujet La Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-Luz, dans
son édition du 15 décembre 1922 :
"Saint-Jean-de-Luz, vieux Port des Basques.
Les Bretons toujours plus nombreux !
Saint-Jean-de-Luz ne peut être considéré comme une dépendance de Bayonne. L’Antique "Port des Basques", cependant, mérite mieux qu’un souvenir. Il a été, — avec son annexe actuelle, Ciboure, dont il fut le faubourg, ou la "ville neuve", d'abord, — un port actif et industrieux. Je n’affirme pas, en dépit des traditions, que ses marins, aussi aventureux que les Northmanns, aient traversé l’Atlantique dès le treizième siècle, et abordé, eux aussi, bien avant Colomb, aux rivages qui sont, aujourd’hui, ceux du Maryland ou de la Caroline. Mais, dès cette époque, ils cabotaient avec l’Angleterre, l'Espagne, le Portugal et le Maroc, ainsi que dit M. C. Vergniol, dans un ouvrage sur les ports français, que nous avons déjà cité. Au XVIIIème siècle, ils armaient encore pour la baleine et la morue. Ils ont conduit quantité d’émigrants "aux Amériques".
Saint-Jean-de-Luz pourrait recouvrer une partie de cette activité et de ce trafic. Le Port n’est qu’un petit et mauvais bassin d’échouage, à l’embouchure de la Nivelle. La Baie, élégamment arrondie entre les pointes de Sainte-Barbe et de Socoa, est si mal abritée par les jetées qui prolongent ces pointes et le brise-lames de l’Artha, qu’il a fallu protéger la façade de la vieille ville par une digue. Mais enfin, outre les barques de pêche et les yachts de plaisance, le Port peut recevoir des torpilleurs, et des navires de 150 tonnes. — et, dans les gros temps, qui rendent l’entrée de l’Adour dangereuse sinon impossible, d’assez forts vapeurs cherchent refuge dans la baie.
PORT SAINT-JEAN-DE-LUZ PAYS BASQUE D'ANTAN |
Il serait donc facile de mettre en état la baie et le port. Les travaux entrepris depuis plus de trente ans à la pointe de Socoa, et auxquels on feint d'ajouter quelques pierres de temps en temps, ont été, jusqu'ici, aussi onéreux qu'inutiles. Supposons-les achevés et efficaces, Saint-Jean-de-Luz ne saurait être un véritable port de commerce, assurément, ni faire concurrence à Bayonne, ni lui prêter assistance même.
Mais il pourrait, il devrait devenir ce que Bayonne n’est point : un port de pêche, dont l’aménagement serait beaucoup plus aisé. Pêche de la sardine, dans le golfe de Gascogne ; pêche du thon, sur les côtes du Portugal ; pêche de la langouste, sur les côtes d’Afrique. Cette pêche susciterait ou alimenterait l’industrie. On sait le développement considérable que pêche et conserves ont pris en Espagne ; à Saint-Sébastien et à Pasajes, — et quels véritables rivaux y rencontrent nos fabricants. Bien avant la guerre, déjà, plusieurs maisons françaises, de Bordeaux par exemple, avaient fondé des succursales à Pasajes. D'autres ont suivi, qu’attiraient le bas prix des matériaux, de la main-d’œuvre, des salaires, — et le jeu des tarifs, presque toujours défavorable à la France. Aujourd’hui, c’est le change. Il serait donc à souhaiter que des maisons françaises s’établissent à Saint-Jean-de-Luz ; indépendantes, ou filiales des firmes bretonnes. Aussi y en a-t-il déjà, parmi lesquelles je puis citer Béziers et Rodde. Mais cela ne suffit point.
C. Vergniol.
Professeur au Lycée Mîchelet."
"La Pêche à la Sardine et la colonie bretonne.
La pêche à la sardine est particulièrement fructueuse cette semaine, à Saint-Jean-de-Luz. Mardi, les bateaux ont amené un million six cent mille sardines. Ces jours-ci, quoique moins importante, la pêche fut belle encore.
Les prix se maintiennent ; ils ne sont redescendus au-dessous de 28 francs le mille. Toutes les usines travaillent activement à la mise en conserve. La boite de sardines n'en coûtera pas moins chez l’épicier, car la main-d'œuvre est chère — 1 fr. et 1 fr. 50 l’heure pour les femmes — et l’huile d'olive aussi — 10 fr. le litre en gros.
La colonie bretonne de Saint-Jean-de-Luz se développe. Il y a trois ans, la fabrique Chancerelle, de Ciboure, avait fait venir de Douarnenez quelques Bretonnes habiles à traiter la sardine ; on se retournait en voyant passer les coiffes blanches ; aujourd’hui, les coiffes sont légion. Après celles de Douarnenez, il en est venu de Vannes et de Quimper, j’ai aperçu même quelques Bigoudens : il y a maintenant près d’un millier de Bretons des deux sexes, à Saint-Jean-de-Luz.
USINE CHANCERELLE |
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