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vendredi 3 août 2018

LA QUESTION DE L'EAU À SAINT-JEAN-DE-LUZ ET CIBOURE EN LABOURD AU PAYS BASQUE EN 1922 (première partie)

LA QUESTION DE L'EAU À SAINT-JEAN-DE-LUZ ET CIBOURE EN 1922.


Avant leurs grandes voisines du Labourd, les deux cités soeurs du pays des corsaires : Ciboure et Saint-Jean-de-Luz, se préoccupent de leur alimentation en eau.


ciboure autrefois
AMENAGEMENT DE LA CITE FUTURE DE CIBOURE
PAYS BASQUE D'ANTAN

Je vous ai déjà parlé des problèmes en alimentation d'eau des communes de Hendaye en 

1928,  de Biarritz en 1931d'Anglet en 1932 et de Bayonne en 1937, je vais aujourd'hui vous 

raconter les soucis d'alimentation en eau de Ciboure et de Saint-Jean-de-Luz en 1921 et 1922.

 

Voici ce que rapporta à ce sujet la Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-Luz, dans son 

édition du 4 octobre 1922 :


"La Question de l’Eau à Saint-Jean-de-Luz.


 La solution du problème en collaboration avec Ciboure.


Le principe de cette collaboration a été adopté par Saint-Jean-de-Luz.



saint jean de luz autrefois
MAISON LOUIS XIV ST JEAN DE LUZ 1922
PAYS BASQUE D'ANTAN

"Toutes les solutions ont été étudiées de façon à satisfaire les besoins des deux communes en eau potable." (Rapport de la Commission des sources). 



Cette question de l’eau potable, qui préoccupait m vivement tous ceux qui ont à cœur les intérêts de Saint-Jean-de-Luz, et que nous avons eu l'occasion de traiter ici, va pouvoir être résolue en collaboration avec, sa voisine : Ciboure



Le Conseil municipal, dans sa dernière séance, a en effet voté, à l’unanimité le principe de cette collaboration sur les bases du rapport de la Commission des sources, et voté l’adjudication proposée. 



Ce rapport, présenté par M. Dop, est des plus intéressants à faire connaître à nos lecteurs habitants de Saint-Jean-de-Luz, de Ciboure et de la région, et aussi à leurs hôtes habituels. 



ciboure autrefois
BORDAGAIN CIBOURE 1922
PAYS BASQUE D'ANTAN


Nous en reproduisons aujourd’hui la première partie : 



Rapport de la Commission des Sources.



A la séance du 18 décembre 1921, nous avons présenté un avant-projet établi par MM. les ingénieurs Basiaux et Régnier, document composé de deux parties, la première se rapportant aux améliorations à apporter à l'adduction existante des eaux potables de la Ville, la seconde comprenant l'étude de nouveaux captages sur la Rhune, d'une nouvelle adduction, et de la construction d’un nouveau réservoir à une cote susceptible de desservir les points les plus élevés du territoire de la commune. 


saint jean de luz autrefois
FANDANGO APRES PARTIE DE PELOTE SAINT JEAN DE LUZ 1922
PAYS BASQUE D'ANTAN


La première partie seulement fut retenue par vous, dans la même séance, pour une étude définitive, et l’exécution des travaux qu'elle concernait a été votée le 23 mars 1922. Sans me permettre de préjuger les conclusions de la Commission spéciale qui sera nommée pour la réception des travaux, nous ne croyons pas nous avancer en vous disant que le résultat de ces travaux répond d’une façon très satisfaisante aux prévisions formées, et au but demandé.



D’après les derniers jaugeages effectués par M. l’ingénieur Gassan. la source d’Handiénia, dont la conduite n’amenait antérieurement qu'un litre 5 par seconde, fournit maintenant au bassin de réception, 4 lit. 81, soit un supplément de 3 litres 76. L’apport de la source d’Amourousenia est de 3 lit. 17. C'est donc une augmentation de fourniture d’environ 7 litres par seconde, qui est due aux travaux d’amélioration. 



Par simple gravité, le départ d’Ascain est de 10 litres 56 par seconde, ce qui donne 900 mètres cubes environ par jour. Le travail de la moto-pompe élève ce départ de 18 lit. 85. Comme la moto-pompe reste en marche 12 heures par jour, les calculs nous donnent un apport quotidien de plus de 1 200 mètres cubes. 



ascain autrefois
ASCAIN 1922
PAYS BASQUE D'ANTAN

Quant à la seconde partie du projet, vous aviez décidé de ne pas en demander l’étude définitive, le coût des travaux prévus, soit environ 1 200 000 francs, étant hors de proportion avec le débit des sources nouvelles à capter, soit 3,40 litres par seconde, ou par jour 300 mètres cubes, d’après les jaugeages effectués en pleine sécheresse l'année dernière.  Mais vous nous aviez laissé la mission de continuer nos recherches qui, jusqu'alors, s'étaient cantonnées au massif de la Rhune. Au mois de novembre 1921, nous avions visité les ruisseaux de la Rhune et du ravin d'Arola, en compagnie de représentants de la municipalité de Ciboure qui songeait à un projet basé sur leur utilisation. Nous avions constaté que leur débit capté à une altitude suffisante pour obtenir l'adduction par simple gravité, n’assurerait pas assez largement les besoins des deux villes dans l'avenir, aux époques sèches. et aussi les eaux à recueillir après un certain parcours à l'air libre, nous parurent de qualité douteuse. A la suite de cette visite, il nous restait peu d’espoir d'obtenir une solution avec des sources d'un captage facile et de débit abondant.

 

Nous avons songé à l’utilisation des eaux de la Nivelle. Il y a deux façons de l’envisager. La première consiste à réserver les sources de la Rhune déjà captées, pour l’alimentation en eau potable, et à retirer de la rivière celle que l’on destinerait aux autres usages. Mais une pareille solution nécessite et le secours de deux pompes élévatoires, dont l’une pour l’eau potable de façon à desservir les points hauts de la commune. et une seconde canalisation non seulement d’amenée, mais encore de distribution. Ce système est coûteux par l’importance des travaux à effectuer, travaux regardant non seulement la Ville, mais encore les propriétaires des immeubles à desservir, système de fonctionnement onéreux et présentant des risques pour l’hygiène publique. Bien des erreurs et des négligences seraient à craindre dans l’utilisation des eaux de deux qualités distinctes mises à la disposition du public. 


ciboure autrefois
LA NIVELLE CIBOURE
PAYS BASQUE D'ANTAN

La seconde solution consiste à stériliser les eaux fournies par la Nivelle. Nous avons reconnu entre Ascain et St-Pée un point de captation très favorable par la courte distance, environ 4 kilomètres, qui le séparerait du nouveau réservoir, étant donné le lieu où nous envisageons sa construction. Mais une stérilisation bien faite nécessite des établissements fort coûteux, et le fonctionnement serait encore très onéreux. Nos ingénieurs-conseils ne nous ont pas encouragé dans cette voie. Ils considèrent d'ailleurs comme pis-aller tout système faisant appel à des moyens mécaniques d'élévation, lesquels sont fort coûteux comme entretien et dépense de courant électrique, et aussi ne donnent pas toute sécurité au point de vue de la régularité d’un service public.


Nous nous sommes tournés alors vers la recherche des eaux souterraines.



Des indications sur un cours d’eau souterrain alimentant les sources de la Rhune nous ont été données par M. Probst, de Bidart, spécialiste en pareille matière. Mais ce cours d’eau, outre qu’il manquerait d’abondance, nous est signalé à une très grande profondeur. Dans les environs de la Croix des Bouquets, des départ nombreux de sources révèlent également une nappe d'eau souterraine, mais le peu d'altitude des eaux ne nous a pas invités à poursuivre les études de ce côté. D’autres recherches ont été faites dans la région du ravin d’Arola et ont donné des indications plus intéressantes, mais encore très vagues. Leur poursuite demanderait du temps, tout en comportant de nombreux aléas. 



ascain autrefois
CASCADE ZURHUTA ASCAIN
PAYS BASQUE D'ANTAN

Aussi, entre temps, avons-nous prêté attention aux ouvertures qui nous ont été faites par M. J.-B. Haristoy, entrepreneur à Urt, M. Haristoy à la collaboration de Mgr Hourcade-Castagnet, pour la partie géologique. Ce dernier s'est livré depuis longtemps à l’étude de la constitution géologique de notre région, et compte à son actif certains succès dans la recherche des eaux souterraines. M. Haristoy se dit appuyé de capitalistes dont il s’est refusé à nous donner les noms, amis que nous sommes portés à croire résidant dans le pays même. 



Par lettre du 5 mars dernier, M. Haristoy nous fait savoir qu’il peut nous procurer un débit quotidien d’environ 3 000 mètres cubes d’eau potable, qui seraient amenés par simple gravité dans un nouveau bassin à établir vers la côte 30, et se propose à réaliser les travaux utiles à cet effet, soit pour le compte de la Ville. soit à titre de concessionnaires de l’exploitation, mais sans nous fixer sur le chiffre approximatif de l’entreprise, N’ayant aucune chance de nous faire autoriser par l’Administration à traiter de gré à gré pour des travaux de cette importance, nous avons examiné toutes les solutions possibles que nous allons avoir l'honneur de vous exposer. 



saint jean de luz avant
PERGOLA SAINT JEAN DE LUZ 1922
PAYS BASQUE D'ANTAN

Tout d'abord, nous avons demandé à M. Haristoy s’il accepterait de se porter fournisseur d'eau potable pour une quantité déterminée, en d’autres termes, à quelles conditions il nous vendrait de l’eau, l'entreprise devant rester notre propriété au bout de trente ans. M. Haristoy s'est prêté à examiner la question, mais en nous demandant l’autorisation d’envisager également l’alimentation de la commune de Ciboure, avec laquelle il était entré en relations pour le même objet. Ci-dessous les chiffres qu’il nous a présentés le 27 mai dernier : 


Tarifs croissants pour fournitures journalières de 2 000 mètres cubes d’eau potable : 

Première année, 130 000 ; prix du mètre cube, 0,178 ; 

Deuxième année, 140 000 ; prix du mètre cube, 0.,91; 

Troisième année, 150 000 ; prix du mètre cube, 0,205 ; 

Quatrième année, 160 000 ; prix du mètre cube, 0,208 ; 

Cinquième année, 170 000 ; prix du mètre cube, 0,233 ; 

Années suivantes, 170 000. 

Moyennes sur 30 années, 166 000. 


Trouvant ces conditions un peu lourdes, nous avers cherché de quelle façon il serait possible de les alléger, et nous avons pensé a une nouvelle combinaison. La Ville, tout en continuant à exploiter pour son propre compte l’alimentation des quartiers bas, concéderait à M. Haristoy l'exploitation concernant les quartiers hauts : Ste-Barbe, Aïce-Errota, etc..., tous ceux qui, en raison de leur altitude, seraient directement desservis par le nouveau réservoir. 


saint jean de luz autrefois
AICE ERROTA SAINT JEAN DE LUZ 1922
PAYS BASQUE D'ANTAN




labourd autrefois
POINTE DE STE BARBE SAINT JEAN DE LUZ
PAYS BASQUE D'ANTAN

Voici la réponse de MM. Haristoy et Cie, donnée le 6 juillet dernier : 

"Monsieur le Maire,

J'ai à vous dire que réponse équivalente était donnée à la Ville de Ciboure qui lui avait soumis le cas d’une concession entière, en ce qui la concerne. 



Comme suite à la promesse que M. Haristoy nous avait faite, le 27 mai dernier, nous avons très minutieusement étudié l'exploitation mixte de l'alimentation en eau potable de votre Ville, partie par vous et partie par nous. 



Malgré notre très sincère désir d'aboutir à un accord conforme à vos désirs, nous nous déclarons impuissants à arriver à un prix admissible de l'eau vendue, aussi bien à St-Jean-de-Luz qu'à Ciboure. 



pays basque autrefois
BOULEVARD THIERS SAINT JEAN DE LUZ 1922
PAYS BASQUE D'ANTAN


Il faut en effet tenir compte de la grande importance des travaux et fournitures, captages. construction d’un grand réservoir et du développement considérable des conduites nécessaires à l’alimentation de votre Ville et de celle de Ciboure



C'est ainsi que sur le réseau que nous exploiterions, on ne pourrait vendre l'eau à moins de 1,275 le mètre cube qui est un tarif prohibitif. 



Si on unifiait le prix que vous pratiquez actuellement et celui de notre réseau, on obtiendrait un prix moyen de 0,862 qui est encore beaucoup trop élevé, et qui éloignerait grand nombre d’abonnés. 



Encore ne pourrions-nous consentir à cette le combinaison qu’à la condition expresse que vous nous réserveriez une ristourne égale à la différence entre les deux prix de vente et applicable à la totalité de l’eau vendue. 


saint jean de luz autrefois
PLAGE ET PERGOLA SAINT JEAN DE LUZ 1922
PAYS BASQUE D'ANTAN


Nous regrettons bien vivement ce résultat, contraire à vos vues, et nous demeurons à votre disposition pour l’étude de toutes autres solutions susceptibles de permettre la vente de l'eau à des conditions raisonnables." 



Nous publierons demain la fin de ce rapport plus spécialement consacré aux échanges de vue et de correspondance entre la municipalité et le concessionnaire en expectative, puis à la décision prise par la ville en vue de l'exécution des travaux pour le compte de la ville elle-même par voie d’adjudication ; enfin aux modalités de la convention à intervenir avec Ciboure."


Quant à moi, dans un article ultérieur, je vous parlerai aussi de la suite de ce rapport.






Merci ami(e) lecteur (lectrice) de m'avoir suivi dans cet article.

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