CIBOURE ET SAINT-JEAN-DE-LUZ EN 1923.
Ciboure et Saint-Jean-de-Luz, les cités des deux côtés du pont, connaissent en 1923 un développement mondain et touristique important.
Voici ce que rapporta le journal Le Petit Parisien, dans son édition du 19 août 1923, sous la
signature de Raymond de Nys :
"Le Petit Parisien en vacances.
Ciboure et Saint-Jean-de-Luz.
Saint-Jean-de-Luz.... août.
Entre Ciboure et Saint-Jean-de-Luz, il y a la Nivelle, une petite rivière joyeuse et claire, qui forme à son embouchure le port de pêche de Saint-Jean. Elle délimitait autrefois les domaines respectifs des touristes— qui se réservaient Saint-Jean - et des pêcheurs qui étaient, au delà de la passerelle et du pont, dans leur petit Ciboure. Village coquet, d'ailleurs, que celui-ci : il offrait en bordure du bassin, où se berçaient les barques, un quai tout blanc, baigné de soleil, au pied d'un coteau d'une étonnante fraîcheur. Mais la mode était de rester à Saint-Jean.
BORDAGAIN CIBOURE 1922 PAYS BASQUE D'ANTAN |
Cette année, Ciboure est devenu le coin chic de la côte basque. Comment la révolution qui vient de s'accomplir a-t-elle pu se faire ? Il a fallu sans doute bien des efforts pour démontrer aux Basques qu'ils commettaient vis-à-vis de leurs frères de Ciboure une flagrante injustice ?... Nullement. Il a suffi qu'un artiste, ait le courage de monter à Ciboure.
M. Jean-Gabriel Domergue avait remarqué, de la digue de Saint-Jean-de-Luz, une petite terrasse qui surplombait la mer. Il y alla en exploration. Cette terrasse dépendait d'un estaminet où des pêcheurs venaient boire un verre d'iroulégui. Jean-Gabriel Domergue y but un porto qui lui coûta quarante centimes, et il put à loisir admirer le plus beau panorama de la côte : presque à ses pieds, Socoa et son fort à demi démoli, la digue, la baie bornée au loin par la pointe Sainte-Anne et la plus merveilleuse ceinture de villas... Il revint là avec des amis; et, cette année, l'humble bistro, "la Réserve", est devenu un somptueux glacier auquel est annexé, sur une plage naturelle grande comme un mouchoir de poche qui se trouve au pied même de la terrasse, un établissement de bains pourvu des derniers perfectionnements. A la place même où, hier, des Cascarots jouaient à la manille, on a vu s'asseoir, le jour de l'inauguration récente, les ambassadeurs à Madrid de la Chine, des Etats-Unis et du Japon et une élite a applaudi Lucien Boyer, avant de danser au rythme, d'un jazz-band frénétique. Alphonse XIII n'a pas dédaigné de s'y montrer, depuis lors, avec l'infant don Rameiro : et le plus populaire des Basques, le plus parlementaire des pelotaris, M. Ybarnegaray, député des Basses-Pyrénées, est un habitué, ainsi que la Barrientos, M. Pierre Lafitte, M. Brieux, Mme Jane Catulle Mendès, etc...
LE PEINTRE JEAN GABRIEL DOMERGUE PAYS BASQUE D'ANTAN |
TABLEAU UNE FEMME DANS UNE RUE DE CIBOURE DE DOMERGUE PAYS BASQUE D'ANTAN |
MARIA BARRIENTOS CANTATRICE |
EUGENE BRIEUX ACADEMIE FRANCAISE 1923 |
JANE CATULLE MENDES 1909 |
Mais la Réserve, son nom l'indique, n'est point pour tout le monde. Et l'ascension de Ciboure ne saurait expliquer à elle seule le succès de Saint-Jean-de-Luz, cette saison. Tous les hôtels refusent du monde ; on y couche jusque dans les salles de bains. Les baigneurs qui avaient loué pour le mois d'août renoncent, dès maintenant, à repartir avant la fin de septembre.
LA RESERVE CIBOURE 1930 PAYS BASQUE D'ANTAN |
A l'heure du bain, il y a tant de monde dans l'eau que la mer monte sans que la marée y soit pour rien.
- Quel film j'aurais pu faire, s'écriait l'autre matin M. Raincy, le chasseur de fauves qui a tourné en Afrique le Trou d'eau - un petit étang autour duquel de nombreuses bêtes féroces sont en train de boire- quel film, si j'avais eu cette figuration dans ma petite mare !...
Oui, mais voilà : les lions et les rhinocéros auraient-ils osé approcher ?...
C'est que Saint-Jean-de-Luz est, grâce à un seul homme, l'une des plages de France où la natation est le plus en honneur. On y admire, depuis trois ou quatre jours, le plongeoir le plus moderne, avec tremplin et plates-formes diversement étagées. Le maître nageur, c'est le professeur Villepion : physionomie très populaire. il a fondé le "Club des Canards et des Dauphins", ceux qui barbotent et ceux qui nagent. La centaine d'adhérents qu'il a tout de suite rassemblés ne forme déjà plus qu'une section : les dauphins, tant l'enseignement de M. Villepion est rationnel et efficace. Chaque jour, on voit la troupe des tritons et des ondines effectuer sur la terre ferme les mouvements de la gymnastique suédoise et ceux de la méthode Hébert. Puis, c'est la leçon de nage proprement dite : M. Villepion enseigne aux élèves le crawl, la nage indienne difficile mais rapide, qu'il a jadis vu pratiquer dans les torrents de Californie, pays qu'il habitait avant la guerre. Du côté féminin, des soirées de gala permettent les nécessaires rivalités d'élégances. C'est tantôt un gala des Cerises, qui réunit sous les lumières de la Pergola des toilettes dans tous les tons de rouge ; et, la semaine suivante, c'est un gala des Perroquets, où tous les verts se donnent rendez-vous et où des aras, perchés dans les arbres, essaient en vain de caqueter mieux que des femmes...
GUY TASSIN DE VILLEPION ST JEAN DE LUZ PAYS BASQUE D'ANTAN |
PLAGE ET PLONGEOIRS ST JEAN DE LUZ PAYS BASQUE D'ANTAN |
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