MEURTRE À ANGLET EN 1895.
En 1895, Anglet va connaître un fait divers tragique.
MAISON MAISONNAVE ANGLET 1895
PAYS BASQUE D'ANTAN
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Je vous ai parlé dans un article précédent de ce meurtre commis en 1895 à Anglet.
Voici ce que rapporta sur ce faits divers sordide la presse locale, La Gazette de Biarritz-
Bayonne et Saint-Jean-de-Luz, dans son édition du 15 novembre 1895 :
"L’assassinat d'Anglet. Le théâtre du crime.
L’enquête.
Tout d'abord, la justice ne sut sur qui porter ses soupçons. Aucun témoin n’avait rien vu ; aucun témoin n’avait rien entendu, sauf le coup de fusil dont nous avons parlé ; personne n’osait émettre de présomption. Les premières recherches dans l’enclos firent découvrir, à une soixantaine de mètres de la maison d’habitation, près du mur de clôture, qui semblait avoir été escaladé à cet endroit, à peu près en face la métairie Larribau, une sacoche en cuir, éventrée, une boite en fer blanc fermée à clef et des portefeuilles dont les papiers étaient disséminés. Dans la maison de Dachary, on trouva une armoire fracturée et une autre tout ouverte, et l’on constata que le vol avait été le mobile du crime et que les clefs avaient été emportées. Il ressortait clairement que l’assassin ou les assassins connaissaient parfaitement les lieux et les habitudes du vieillard.
Comment le crime a-t-il pu être commis ? On ne peut que se livrer à de vagues conjectures. L’hypothèse la plus probable semble être celle-ci : l’assassin aurait appelé Dachary au moment où il se couchait et, sous un prétexte quelconque, lui aurait fait ouvrir la porte ou même l’aurait fait sortir dans le jardin. Le vieillard, à l’appel d’une voix connue, serait venu et, traîtreusement, aurait été frappé d’un premier coup, qui aurait occasionné les contusions de l’épaule. Dachary, ayant son fusil avec lui, comme toujours, aurait tiré un coup de son arme, tandis qu’un second coup de barre, asséné avec une violence inouïe, lui brisait le crâne et le laissait sur le terrain.
Pendant que la justice informait, les gendarmes de la brigade de Biarritz, laissés sur le lieu du crime, commençaient une enquête personnelle, avec une initiative si intelligente — ce dont nous les félicitons chaudement — que des présomptions très graves furent réunies contre un ancien domestique de la ferme Jorlis, le nommé Pierre Péhau.
Péhau, après deux ans de service chez M. Jorlis avait quitté son patron le 23 Octobre dernier, deux semaines seulement avant le crime, et avait dû aller à Came, près Bidache, dans sa famille, avant de rejoindre, à La Rochelle, le 123e de ligne, où il devait être incorporé le 12 Novembre.
Plusieurs personnes, à Hardoy, se sont étonnées de revoir cet homme rôdant dans les environs, le lundi et le mardi avant le crime. Le soir de ce dernier jour, les enfants de Lalaurette l’ont rencontré dans les champs et lui ont causé. En outre, Péhau s’était vanté, à maintes reprises, d’avoir de l’argent en assez grande quantité pour faire gaiement son service et même pour s’acheter une propriété chez lui. Enfin, après deux ans de séjour dans le voisinage immédiat de la victime, qu’il fréquentait quotidiennement, ce garçon devait être parfaitement au courant de tout. Les soupçons peu à peu prirent corps et un mandat d’amener fut décerné contre l’assassin présumé, qui fut arrêté le jeudi soir à Bidache, au moment où il rentrait de Bayonne par bateau.
BÂTEAU DE BIDACHE A BAYONNE PAYS BASQUE D'ANTAN |
L’instruction.
L’instruction, habilement menée, croyons-nous, par M. Lespès, est tenue le plus secrète possible, pas assez cependant pour que nous ne puissions en révéler quelques points. On a recueilli de nombreux témoignages prouvant que Péhau, avant le crime et plus encore après, s’était vanté d’avoir des sommes relativement importantes, qu’il prétendait tenir d’opérations de contrebande. On sait que Péhau fit la "noce" pendant la journée de mercredi et la nuit suivante à Bayonne, en compagnie de trois ouvriers boulangers. Il manifesta, dans la journée, l’intention de télégraphier à sa famille son retour pour le soir ; mais, cédant aux sollicitations de ses camarades, il se décida à rester et télégraphia chez lui qu’on ne l’attendit pas. Malgré cela, vers 7 heures, Péhau s’en allait par le bateau de Bidache. Dans l’après-midi, il avait acheté au Bazar Central un porte-monnaie, et une valise à la maison Gabriel, rue Port-Neuf ; il avait confié cette valise à un nommé Suhubiette, pour qu’on la lui gardât à l’hôtel de France. En confiant cette valise, Péhau avait d’abord déclaré qu’elle ne contenait rien, puis que quatre mille francs s’y trouvaient. Cependant Péhau arrivant à Came n’y faisait qu’une très courte station, le temps de changer de linge et de vêtements. De bon matin il revint avec le bateau à Bayonne. Il alla à l’hôtel de France prendre sa valise à Suhubiette qui probablement refusait de la garder davantage et il la porta à l’auberge Hanré, rue Bourg-Neuf, en disant qu’il viendrait la reprendre le soir. Ce jour-là Péhau semble se dissimuler, notamment en passant devant l’auberge Ducassou, rue Pannecau, où il avait mangé la veille ; et il repart de bonne heure pour Bidache sans qu’il soit possible de s’expliquer la raison de ces allées et venues qui semblent absurdes. A ce dernier voyage, Péhau fut arrêté par ordre du parquet au moment où le bateau arrivait à destination ; ramené aussitôt par les gendarmes, il était écroué à la prison de Bayonne.
BÂTEAU ECLAIR BIDACHE PAYS BASQUE D'ANTAN |
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