MEURTRE À ANGLET EN 1895.
En 1895, Anglet va connaître un fait divers tragique.
MAISON DES EPOUX LALAURETTE ANGLET 1895 PAYS BASQUE D'ANTAN |
Voici ce que rapporta sur ce faits divers sordide la presse locale, La Gazette de Biarritz-
Bayonne et Saint-Jean-de-Luz, dans son édition du 15 novembre 1895 :
"L’assassinat d'Anglet. Le théâtre du crime.
Connaissez-vous le hameau de Hardoy ? c’est un délicieux fouillis de fermes attrayantes et de profonde verdure, un nid de paisibles rentiers ou d’amoureux amis de la belle et calme nature, adorable surtout à cette saison d’automne avec l’infinie variété de tons que donnent au paysage les feuilles jaunissantes ou rougeoyantes, mêlées à celles qui, par faveur spéciale, n’ont pas encore perdu leurs vertes et jeunes couleurs. Comment croire que ce joli coin de terre serait ensanglanté par un horrible crime ?
Pour ceux qui ne connaissant pas l'endroit, disons que Hardoy se trouve dans le voisinage du château Sans, dans le prolongement de la route qui relie le chemin des Capucins à la teinturerie Cazalis. Il fait partie du quartier dit des Pontots.
PONTOTS ANGLET BAYONNE PAYSBASQUE D'ANTAN |
A l’entrée du hameau se trouve la belle maison de campagne d’un négociant de Bayonne, M. Jorlis.
C’est un peu plus haut, à gauche, que se trouve la maison dite Maisonnave, appartenant à M. Cassou, où s’est accompli le crime.
MAISON MAISONNAVE ANGLET 1895 PAYS BASQUE D'ANTAN |
Cette maison est située an milieu d’un vaste en clos rectangulaire clôturé tantôt par un mur surmonté d’une grille jadis de belle apparence, aujourd’hui mangée de rouille, tantôt par une haie d’arbustes on par une simple muraille de 2 mètres environ revêtue d’un chapeau en tuiles.
VILLA CAMPBELL ANGLET PAYS BASQUE D'ANTAN |
Au demeurant, l’apparence de toute la propriété est plutôt riant et respire l’aisance. La maison, formée de deux corps de bâtiments d’inégale hauteur est, d’extérieur propret avec ses volets verts qui tranchent sur la muraille blanche. De très curieuses fenêtres ogivales donnent un air de chapelle à l’un des côtés de la maison.
L’entrée des immeubles est du côté opposé à la grande route ; nous devrions dire les entrées car deux portes donnent de la maison Cassou sur le jardin. En face de l’une d’elles, à 3 on 4 pas à peine se trouve un petit banc de bois derrière lequel s’élève un hêtre au tronc énorme, sous lequel la victime avait coutume de se reposer.
CHAMBRE D'AMOUR ANGLET PAYS BASQUE D'ANTAN |
L’enclos de la propriété est limité an nord par le chemin de Hardoy, à l’est par un chemin d’intérêt privé qui dessert diverses maisons de campagne et à gauche duquel, à 150 mètres, se trouve la maison Larribau, construction basse et d’assez chétive apparence habitée par la famille Lalaurette ; à l’est par un sentier assez mal tracé. De ce côté, se trouve, à l’autre coin de la route et du sentier la maison Labarraque habitée par une famille de cultivateurs, les Jorlis, qui tiennent eu même temps débit de vins et restaurant à l’occasion.
MAISON LABARAQUE ANGLET 1895 PAYS BASQUE D'ANTAN |
- La victime.
La maison Maisonnave était confiée à la garde d’un vieux jardinier, Jean Dachary, âgé de 84 ans, originaire de Came, qui, pour entretenir la propriété, recevait 1 franc par jour et disposait du produit d’un jardinet et de la serre. Jean Dachary, qu’on appelait familièrement Yann Cassou, habitait une chambre, au 1er étage ; il avait habité longtemps avec une de ses nièces, mais après une brouille, il s’était décidé à vivre seul. Il était d’ailleurs dans une situation plus qu’aisée et aurait pu vivre dans l’abondance.
CHAMBRE D'AMOUR ANGLET PAYS BASQUE D'ANTAN |
La Compagnie Gresham lui servait une importante pension viagère et l’on estimait communément que les économies du vieillard devaient être de 30 à 40 mille francs. Il prêtait à quelques personnes de sa connaissance, et en tirait intérêt. Malgré cela, Yann Cassou vivait assez chichement ; le vieux garde laissé par le parquet à la garde de l’immeuble nous a même raconté que lui et Yann, mangeaient parfois un fricot de rat... pour s’amuser. Dachary était méfiant. Il avait plusieurs armes à feu chez lui et veillait à ce qu’elles fussent toujours en bon état. Au demeurant, très brave homme, affable, aimant assez à lever le coude en compagnie. Il allait souvent, pour boire, causer ou prendre des repas chez les époux Jorlis à la ferme Labarrague. Il faisait la conversation avec les domestiques de cette femme qui passaient fréquemme
- Le crime.
Le mardi Dachary était allé à Bayonne où il avait fait réparer un fusil, il fut vu, à 7 heures, achevant son frugal souper, par M. Jorlis et ses domestiques, qui causèrent un moment avec lui. Dans la nuit, vers 11 heures, une femme habitant la métairie Latappy, à quelques cent mètres de la maison Cassou, crut entendre un coup de feu mais ne s’en inquiéta pas.
VILLA SOFIA ANGLET PAYS BASQUE D'ANTAN |
Le mercredi matin vers 6 heures 1/2, un des domestiques de M. Jorlis, Gaspard Menta, âgé de 19 ans, se rendit au puits de la propriété Cassou pour y puiser de l’eau. Il vit, devant le banc qui faisait face à l’habitation, le cadavre inanimé du vieillard. Le corps avait la rigidité cadavérique. Il était étendu, tout habillé ; la tête décoiffée laissait voir une plaie formée pas la fracture du crâne. Sur le bras droit ployé, était une carabine ; à peu de distance gisait le béret. Le jeune homme épouvanté courut prévenir la famille Jorlis ; la mairie d’Anglet et la gendarmerie de Biarritz furent aussitôt avisées et vers 10 heures, M. Jorlis, conseiller municipal d’Anglet et le docteur Toussaint, de Biarritz, vinrent procéder aux constatations légales. L’examen du médecin permit de conclure non à un suicide par une arme à feu, ni à un accident, comme on l’avait cru tout d’abord, mais à un crime accompli à l’aide d’un instrument contondant.
L'ESTERLOCQ ANGLET PAYS BASQUE D'ANTAN |
Le parquet de Bayonne fut prévenu et se transporta à son tour sur les lieux avec le docteur Blazy, médecin-légiste, qui vint faire sur place l’examen du cadavre.
Nous dirons plus loin que des charges pèsent sur deux individus, incarcérés tous deux, et accusés d’être les auteurs du crime : Pierre Péhau et Lalaurette.
VILLA EMERAUDE ANGLET PAYS BASQUE D'ANTAN |
Ceci dit, pour jeter un jour tout particulier sur ce qui va suivre.
En effet, parmi les curieux venus pour voir la victime, Lalaurette fut remarqué tout d’abord par les gendarmes. Quand le parquet arriva il fit mine de se retirer ; il était très pâle et très ému. Mais le médecin avait besoin d’aide ; un des gendarmes de la brigade de Biarritz appela Lalaurette qui, de très mauvaise grâce d’ailleurs, vint prêter son concours. Il aida à dévêtir Dachary et dut assister, soutenant le cadavre, aux longues opérations faites par le docteur. Celui-ci, en effet, après avoir constaté qu’aucun épanchement sanguin ne s’était produit, dut scier le crâne et reconnut que la mort était due à un violent coup de barre de fer ou de bois très dur qui avait fracassé la boite crânienne vers le sommet de la tête et occasionné une fêlure qui faisait presque cercle jusqu’à l’autre côté. Eu outre on constata une forte contusion à l'épaule et au bras droits. Puis on arrangea le cadavre, on le mit en bière, et Lalaurette toujours tremblant et pâlissant se répandait en exclamations, dont quelques témoins ont gardé le souvenir, comme provoquées par une émotion, qui n’était pas naturelle. Ajoutons que pendant la nuit du mercredi au jeudi, Lalaurette et d’autres voisins gardèrent le cadavre, que Lalaurette, le matin, pleurait abondamment et répondit à un compagnon qui lui demandait s’il avait quelque chose sur le cœur, si c’était lui qui avait tué : "Non ce n'est pas moi, ce que j’ai, je le sais." Le jeudi, eut lieu l’enterrement auquel Lalaurette assista également.
BOULEVARD DE LA BARRE ANGLET PAYS BASQUE D'ANTAN |
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