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lundi 16 juillet 2018

UN MAKILA POUR LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE SADI CARNOT AU PAYS BASQUE EN MAI 1891

UN MAKILA POUR LE PRÉSIDENT SADI CARNOT EN 1891.


A partir du 25 avril 1888 et jusqu'au 8 octobre 1892, le Président de la République française Sadi Carnot effectue de nombreux déplacements dans toute la France.



pays basque autrefois
SADI CARNOT
PRESIDENT REPUBLIQUE FRANCAISE 1887


Du 17 au 25 mai 1891, Sadi Carnot visite la Haute-Vienne, le Tarn-et-Garonne, la Haute-

Garonne, les Hautes-Pyrénées, les Basses-Pyrénées et les Landes.



Voici ce que relata  ce sujet la presse nationale, régionale  et locale :


  • L'Univers, dans son édition du 15 mai 1891 :

"Il paraît qu'une souscription a été ou verte dans l'arrondissement de Mauléon pour offrir au président de la République un makila, qui est, pour ainsi dire, le bâton national des Basques. Le Temps, qui nous dit cela, ajoute que, suivant le désir des organisateurs de la souscription, ce sont surtout les petites sommes, les souscriptions à deux et à cinq sous, que l'on a recueillies. Il ajoute cette description du makila qui sera remis à M. Carnot : 

Le bois choisi est un magnifique morceau de néflier ; la pomme en or portera en émail les armes de la ville de Mauléon ; au-dessous, sur une garniture en argent de quinze centimètres de longueur, ornée d'arabesques repoussées, on lira : 


Hommage de l'arrondissement de Mauléon à Monsieur Carnot Président de la République Mai 1891.


Au bas du makila, sur une garniture d'or de dix centimètres, figureront, en émail, les armes des villes de Saint-Palais et de Saint-Jean-Pied-de-Port


Le makila sera contenu dans un écrin garni de satin rouge et recouvert de maroquin vert foncé ; sur le couvercle en lettres d'or : 


Hommage du Pays Basque Soule et Basse-Navarre à Monsieur le Président de la République.


Ce sont les maires de l'arrondissement qui remettront eux-mêmes ce cadeau à M. Carnot, au château de Pau, avec un magnifique album contenant le nom de tous les souscripteurs. Mais nous ne supposons pas qu'en faisant cela au château de Pau, les maires courtisans de l'arrondissement de Mauléon aillent jusqu'à prétendre faire naître la moindre comparaison entre M. l'ingénieur Carnot et Henri IV."


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SADI CARNOT 1891
PRESIDENT REPUBLIQUE FRANCAISE

  • L'Univers, dans son édition du 24 mai 1891 :

"Le voyage de M. Carnot.


Il serait superflu de revenir sur les derniers incidents qui ont marqué le séjour de M. Carnot à Tarbes ; nous avons signalé la remise de la jument Turlurette, destinée à Mme Carnot, qui, paraît-il, n'en usera guère, car elle ne monte pas à cheval. Un autre incident fait un certain bruit dans les feuilles républicaines : le Temps le raconte ainsi : 


"On a arrêté l'anarchiste Besque, qui, à dix heures, s'est précipité vers la voiture du président, voulant lui parler, bien qu'on lui eût dit que c'était complètement impossible. C'est une sorte d'illuminé qu'on surveillait depuis deux jours. 


L'anarchiste arrêté est un habitant de Tarbes, qui, avant l'arrivée de M. Carnot, avait tapissé sa maison d'affiches portant : "Vive la société! Vive Carnot! A mort Constans !" 


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ERNEST CONSTANS
MINISTRE DE L'INTERIEUR 1891

Il avait demandé au préfet de transmettre une demande d'audience à M. Carnot. Bien entendu, sa demande n'avait pas été accordée; il était surexcité. 


Le matin, voulant absolument parler au président au moment où il quittait l'asile des vieillards, il s'élança sur le marchepied de sa voiture ; il fut arrêté sans difficulté et sera relâché. 


Dans son voyage de Tarbes à Pau, M. le Président de la République s'est arrêté à Ossun et à Lourdes. Il paraît qu'on se demandait comment M. Carnot serait accueillie dans cette dernière ville, qui est '"cléricale". 


On était assez curieux de voir quel accueil les habitants de Lourdes feraient au président de la République, Cet accueil a été excessivement chaleureux. Les quais de la gare étaient noirs de monde, les femmes en cheveux ou en béret, comme les hommes. Un bouquet a été offert au président de la République, et des jeunes filles lui ont remis un coffret pour Mme Carnot. Le clergé s'est abstenu et n'a pas pris part aux présentations qui ont eu lieu sur le quai de la gare. 


Le Temps a une note analogue. L'Agence et le journal officieux ne se doutent pas que leurs appréhensions sont la condamnation de la politique dont M. Carnot se fait le si complaisant exécuteur. Qu'aurait à craindre des "cléricaux" ce dernier, s'il avait été à l 'égard des catholiques et de l'Eglise simplement juste et tolérant ? 


Nous passons sur l'arrivée à Pau, pour mentionner seulement l'installation de M. Carnot et de sa suite au château de Henri IV : 


Le président de la République, M. Constans et ceux qui les accompagnent sont descendus au château de Pau, où des appartements leur ont été réservés. C'est la chambre de Jeanne d'Albret qui a été réservée à M. Carnot : il couchera dans ce lit qui est daté de 1562, dont tous ceux qui ont visité Pau connaissent les riches sculptures. 



bearn autrefois
CHAMBRE JEANNE D'ALBRET
CHÂTEAU DE PAU

La général Brugère est installé dans la chambre d'Henri IV, où se trouve le lit qui provient de la chambre à coucher d'Abd-el-Kader. 


Le général Brugère ne rappelle certainement ni Henri IV, ni même Abd-el-Kader, et il aurait été bien inspiré en évitant un semblable rapprochement. 

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LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE FRANCAISE
SADI CARNOT

A Pau était venue, pour complimenter le président de la République, une députation d'officiers espagnols à la tête de laquelle était le général Ryan. Après les présentations, le discours suivant a été adressé à M. Carnot : 


Monsieur le président, Sa Majesté la reine-régente d'Espagne, au nom de son fils Alphonse XIII, informée de l'arrivée de Votre Excellence aux départements voisins du royaume, a bien voulu, d'accord avec son conseil des ministres, m'honorer de la mission de saluer en son nom et de souhaiter la bienvenue à Votre Excellence, de lui présenter le témoignage de ses sentiments de sympathie et d'amitié, ainsi que de faire connaître ses vœux bien sincères pour le bonheur et la prospérité de ce beau pays et pour le maintien de l'harmonie parfaite entre la France et l'Espagne. 


M. Carnot a remercié :


Mon désir le plus cher, a-t-il ajouté, est également que les rapports de nos deux pays soient dans l'avenir aussi cordiaux qu'ils le sont aujourd'hui. 



L'Espagne et la France auront bientôt à se concerter en vue de l'exécution de grands travaux qui sont d'un intérêt commun pour les deux nations. Je puis vous assurer qu'ils seront étudiés dans un excellent esprit et dans l'espoir de les voir promptement aboutir. 



Je vous prie de vouloir bien transmettre l'assurance de ma respectueuse sympathie à Sa Majesté la reine d'Espagne, et me félicitant de ce qu'elle vous ait choisi pour accomplir la mission dont vous vous acquittez auprès de moi, je suis persuadé que vous serez auprès d'elle mon interprète le plus élevé. 



C'est l'Agence Havas qui donne ces discours ; le Journal officiel se borne à un résumé très sec. Nous avons oublié de dire, qu'il ne mentionnait même pas l'arrêt à Lourdes. 



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SADI CARNOT TARBES 1891

Les discours des autorités ont été nombreux ; ils ne sont pas sortis des banalités ordinaires, le président non plus. Le Journal officiel, de toutes les réponses de M. Carnot, ne publie que celle qui a été adressée au président du conseil général ; il trouve sans doute que les autres ne méritent pas les honneurs de la reproduction. Décidément l'historiographe officiel est plus fort que celui dont il enregistre, pour la postérité, les faits et gestes. 


Voici la réponse au président du conseil général :


C'est avec une satisfaction bien vive que j'ai entendu vos bonnes paroles, et je vous en remercie bien cordialement. En appréciant, comme vous venez de le faire, le résultat de mes constants efforts pour assurer à notre pays les bienfaits de l'apaisement et de la concorde, vous flattez ma plus chère ambition. Je suis heureux de trouver dans votre beau département cet esprit de tolérance et de libéralisme qui laisse les opinions vivre côte à côte sans se froisser et qui permettra de concentrer les efforts de tous vers un but commun : la prospérité de la France et de la République ! 



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SADI CARNOT TOULOUSE 1891

Signalons, d'après l'Agence Havas, deux incidents; le premier est la réception du président du consistoire protestant d'Orthez : 


Le président du consistoire d'Orthez a fait l'historique du protestantisme béarnais. Il a ajouté : 


"Excusez, monsieur le président, un vieux pasteur huguenot, de rappeler ces souvenirs et de plaider une cause qui, je m'assure, est gagnée à vos yeux. Il se sent très honoré de pouvoir, au nom de ses collègues, de ses frères et amis de la patrie béarnaise, qui n'est qu'une petite portion de la grande patrie, vous saluer et appeler sur vous et sur votre présidence la bénédiction de Dieu. Qu'il lui plaise de vous continuer un pouvoir qui a su faire estimer en France et respecter au dehors le gouvernement de la République." 


Le "vieux pasteur huguenot" en faisant "l'historique du protestantisme béarnais", a-t-il parlé des cruautés de Jeanne d'Albret et de Montgomery contre les catholiques ? A-t-il dit que ce dernier avait froidement fait assassiner des chefs catholiques attirés dans un guet-apens, et que cet odieux massacre avait été une des causes de la Saint-Barthélémy ? A-t-il dit que le culte catholique était resté longtemps proscrit en Béarn et qu'il avait fallu une expédition de Louis XIII pour donner aux catholiques la liberté de conscience ? Ce sont des faits qui ont leur place dans "l'historique du protestantisme béarnais". 


Le deuxième incident est la remise du makila d'honneur offert plus ou moins spontanément par l'arrondissement de Mauléon : 


Lorsque M. Thomas, sous-préfet de Mauléon, a présenté les maires de cet arrondissement, il a remis en leur nom, à M. Carnot, un makila d'honneur. On sait que le makila est l'arme nationale des Basques ; celui qui a été donné au président de la République est le résultat d'une souscription populaire. 


Il est formé d'un magnifique morceau de néflier ; la pomme est en or et porte en émail les armes de la ville de Mauléon. Au-dessous, sur une garniture en argent de 15 centimètres de longueur, ornée d'arabesques repoussées. on lit : "Hommage de l'arrondissement de Mauléon à M. Carnot, président de la République, mai 1891." 


Au bas du makila, sur une garniture d'or de dix centimètres, figurent en émail les armes des villes de Saint-Palais et de Saint-Jean-Pied-de-Port. 


M. Carnot a chaleureusement remercié M. Thomas et les maires de l'arrondissement de Mauléon. Il les a priés de transmettre à leurs administrés l'expression de ses remerciements. 



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CARICATURE DE SADI CARNOT

Terminons sur un incident plus sérieux et meilleur. Le président de la République a visité l'hôpital, où il a remis la croix de la Légion d'honneur à la sœur Desclaux de Latanée, qui est âgée de soixante-treize ans et compte quarante-quatre ans de services. 


Je vous remercie de tout cœur, lui a-t-il dit, de ce que vous faites pour les malheureux; je tiens à décorer devant les enfants celle qui les soigne et qui leur sert de mère. 


C'est bien de parler ainsi ; il serait encore mieux de ne pas se prêter à l'expulsion des religieuses qui "soignent les enfants et leur servent de mère".







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