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lundi 9 juillet 2018

LE MYSTÈRE DES BASQUES EN NOVEMBRE 1935

LE MYSTÈRE DES BASQUES EN 1935.


L'origine du peuple Basque et de sa langue est encore aujourd'hui un grand mystère.

pays basque autrefois
TYPES BASQUES PAR LEGAT
PAYS BASQUE D'ANTAN



Voici ce que rapporta à ce sujet le journal La Petite Gironde, dans son édition du 4 novembre 

1935, sous la plume de François Duhourcau :

"L'Etoffe Basque.




L'expression est de Jean Samazeuilh à propos du récent triomphe, au championnat français de tennis, de la jeune Bayonnaise Simone Iribarne. "Elle a l'étoffe basque. Nous savons que c'est une étoffe fameuse avec laquelle on fait des champions." 



pays basque autrefois
TENNISWOMAN SIMONE IRIBARNE LAFARGUE
PAYS BASQUE D'ANTAN

De quels fils, au juste, est issue cette étoffe ? Quelle en est la contexture ? — On la reconnaît pareille en tous les ordres où elle brille et habille le succès. Depuis une trentaine d'années, c'est particulièrement dans les sports et les arts. Dans les sports avec Simone Iribarne, Jean Borotra, Chiquito, Urruty, Paolino Urtazun et l'Aviron Bayonnais. Dans les arts avec le grand Zuloaga et son école ibérique, trop peu connue, où se distingue en France Ramiro Arrue, avec Bonnat enfin et son école bayonnaise, Gabriel Deluc, Georges-Bergès, Denis Etcheverry, Pierre Labrouche, Perrico Ribera, J.-P. Tillac et René Choquet, etc... Je n'aurai garde d’oublier le grand artiste (que doublait un fier et brûlant citoyen), hier si prématurément disparu : Paul Iribe. Et en musique, derrière Ravel, que de noms nous pourrions citer, surtout guipuzcoans et navarrais ! 



pays basque autrefois
TENNISMAN BOROTRA
PAYS BASQUE D'ANTAN





pais vasco antes
BOXEUR PAOLINO
PAYS BASQUE D'ANTAN




pais vasco antes
PEINTRE IGNACIO ZULOAGA
PAYS BASQUE D'ANTAN



pays basque autrefois
PEINTRE LEON BONNAT
PAYS BASQUE D'ANTAN


pays basque autrefois
PAUL IRIBE
PAYS BASQUE D'ANTAN

Si nous considérons le passé, nous voyons nombre de soldats et de marins, aventureux et originaux, quelques-uns notoires, tels un amiral Jauréguiberry, un maréchal Harispe, un Pelot, un Renaud d'Elissagaray, un Sébastien del Cano, compagnon de Christophe Colomb, qui, du pont de sa caravelle, en avant-garde, aperçut le premier le Nouveau-Monde, comme il sera le premier plus tard à faire le tour du monde. Et je n’oublie certes pas le grand perceur d’isthmes Ferdinand de Lesseps. Mais où l'étoffe basque s'est révélée hors de pair, c’est dans le domaine religieux, avec Ignace de Loyola, François de Xavier et Duvergier de Hauranne, l'animateur de Port-Royal, père spirituel de Pascal et de Racine ; plus récemment avec un Lavigerie, un Garicoïts et un Etchecopar. 



pays basque autrefois
JUAN SEBASTIAN ELCANO
PAYS BASQUE D'ANTAN




bayonne autrefois
CARDINAL LAVIGERIE
PAYS BASQUE D'ANTAN



pays basque autrefois
MICHEL GARICOÏTS
PAYS BASQUE D'ANTAN

Ce grand fait d’expérience livre la clé qui décèle la qualité majeure de l'Euskarie. 




Le génie basque est grave, sérieux, concentré sur le fondamental duquel vous ne le déracinerez pas. En tous domaines, le Basque se révèle l'homme de la Loi, le fidèle du Décalogue. Il a conservé le sens quasi biblique et primitif du divin de la Création, de son caractère auguste et souverain. C'est peut-être le seul peuple que vous pouvez voir encore aujourd'hui, aux champs, au foirail ou au fronton, se découvrir et se signer quand sonne l’Angélus. La peinture fameuse de Millet y est tableau courant. Le Basque est un Antique : il ne barguigne point avec Dieu, seigneur et maître des hommes et du monde, dont il reconnaît l’autorité manifeste, ni avec les principes de base et les règles élémentaires. Dans tous les domaines, il reste le mainteneur de la Constitution essentielle de l'humanité, ainsi que disait Le Play. Si vous voulez le connaître dans son fonds, considérez le type humain étudié et reconstitué par Fustel de Coulanges dans la "Cité Antique". Bref, le Basque est demeuré tel qu'un Romain des premiers Ages. Grave, sérieux, d'ailleurs, n'impliquent point austère, renfrogné, voire sévère. Le Basque aime à rire, plaisanter, se réjouir, sauter, danser, crier (ohé ! l'irrintzina !) : il a de l’étincelle à revendre. L’idée directrice qui mène sa race l’a fait semblable au pays où, après une longue migration, il s'est enfin arrêté : grave certes, mais frais et riant aussi, vert et brun, à coups de soleil sur fonds de sépia. Les plus admirables brisants du monde argentent le pied de ses falaises et de ses monts, sous la plus jeune des lumières et dans le vent le plus tonique et vivifiant qui soit. Ses maisons blanches éclatent de gaieté sur l’horizon des landes et des prés et des champs et des bois. Mais la dominante de la race, connue du pays, est la note robuste. Sainement, fortement humain, le Basque ne plaisante plus dès qu’il s’agit des choses sérieuses sur quoi repose la vie avec ses constructions salutaires. Tel on le retrouve à la guerre et aux jeux, à la maison, à l’église et à l'atelier. On peut vérifier cette loi du sang dans tous les talents ou génies divers cités plus haut. Que vantent précisément les chroniqueurs sportifs chez la jeune Simone Iribarne qui vient de se révéler ? Sa simplicité, sa netteté de jeu, la force invincible de son coup droit. Pas de fioritures ni de roueries; mais, dans le train normal et direct, le sérieux triomphant de l'énergie et de l’application.




Tout cela doit avoir son explication. 




Il me souvient du temps, assez lointain déjà, où je connus les Basques pour la première fois. Ce qui me frappa, parmi les singulières beautés au paysage, des mœurs et de la race, ce fut la dignité simple, la naturelle fierté de ce peuple, qu’il s’agisse du pelotari au fronton, du bouvier maniant son aiguillon ou marchant, de son pas lent et cadencé, à la tête de son attelage, du laboureur à sa charrue ou de la ménagère, matrone réservée et hospitalière, faisant les honneurs de sa cuisine, sous le toit allongé de la maison aux volets bruns. Nul peuple ne me rappelait mieux par révélation impérieuse et fulguration irrécusable les antiques Romains. 




Aussi, lorsque m'informant de leur provenance mystérieuse, on me dit, à la mode d’alors : les Basques, descendants des anciens Ibères, sont des Sémites, j'éclatai de rire. C’est impossible, disais-je. Regardez-les donc : ils crient l'aryanisme, ces gens, par leur allure, leurs gestes, leurs moeurs et leur esprit ! Très positifs, c'est vrai, très installés dans la vie et croyant dur comme fer (et ils ont raison) à la réalité du monde créé (ils ignorent certes l’absurdité kantienne, ces réalistes simples aux yeux bien ouverts). Ce n’est point une raison pour les croire sémites, comme des enfants de la Phénicie ou de la Judée. A ce compte, que de juifs, sinon d’israélites, dans le vaste univers !... Depuis lors, les savants ont peu à peu rectifié cette erreur initiale par des études convergentes : le Basque est bien l'ancien Ibère, mais l'ibère japhétique du Caucase dont on avait naguère peu souci. 




Enfant de l'Ibérie asiatique, terre de peuplement de Tubal, l'un des fils de Japhet, précisait la Bible, où coulaient l'Ebre et l'Araxe - aujourd'hui la Géorgie - pays fameux par ses richesses de toutes natures, et minérales et végétales, si bien que beaucoup d'anciens y plaçaient le Paradis terrestre; contrée des premiers grands essaimages humains où furent trouvées les fondamentales notions de la culture et du dressage, lieu d'exil de Prométhée que les dieux, pour les punir de ses trouvailles, enchaînèrent sur un sommet du Caucase, Eden merveilleux dont l'Europe tient encore nombre de fleurs et de fruits...Or, précisément, par tradition immémoriale, les Basques se transmettent qu'ils sont issus de Tubal, fils de Japhet. L'Ebre et l'Araxe, vous les retrouverez aujourd'hui chez eux. L'un de ces fleuves est assez notoire; l'autre, né en Navarre, conflue dans l'Oria, aux portes de Tolosa, ancienne capitale du Guipuzcoa. Les fleurs et les fruits caucasiens dont les linguistes ne découvrent pas, et pour cause, l'origine des noms dans le sanskrit ni le zend des Indo-Iraniens, les noms basques respectifs vous en livrent les racines...



Les basquisants russes, allemands, hollandais, italiens et espagnols, chacun par sa voie propre, supposent encore que les Ibères émigrèrent du Caucase, les premiers, sous la poussée indo-iranienne sans doute, en longeant la côte septentrionale de l'Asie Mineure et traversant la Méditerranée. Les Etrusques -"aita esukar", pères euskariens - faisaient partie de cette race, l'aînée de l'Occident, et fondèrent un vaste empire en Italie qui s'étendait jusqu'à Naples. Avec quelques autres tribus indo-iraniennes installées après eux en Italie, ils participèrent à la création de Rome dont les premiers rois, chacun l'apprend sur les bancs de l'école, furent étrusques. Si bien que, lorsque pour définir l'étoffe basque on la dit romaine, il serait plus juste de dire que c'est l'antique étoffe romaine - si solide, si résistante, si puissamment  humaine qu'elle a eu le succès mondial que nul n'ignore, et dans le temps et dans l'espace - dont on devrait plutôt dire qu'elle est basque en sa trame première.



C'est une étoffe dont il serait bon de vêtir les coeurs au sein d'une époque qui ne cessera de réclamer de plus en plus, pour éviter les pires naufrages, du sérieux, de l'énergie et de la plus allègre vertu : celle-ci afin de durer autant que les formidables combats à prévoir et de sauvegarder l'espérance et la foi jusqu'à l'heure où luira un ciel enfin déblayé d'orages."




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