LE CHARBON AU PAYS BASQUE EN 1915.
Pendant la première Guerre Mondiale, il y a un grand problème d'approvisionnement en charbon pour l'industrie et pour le chauffage des habitants du Pays Basque, en particulier en 1915.
BATEAU DE CHARBON BAYONNE - BAIONA PAYS BASQUE D'ANTAN |
Voici ce que rapporta La Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-Luz, dans ses éditions
du 3 et 8 décembre 1915 :
- 3 décembre 1915 :
La question du charbon.
— M. le Préfet a adressé aux maires du département, la lettre suivante :
"Pau, le 25 Novembre 1915.
Pour remédier à la hausse des charbons et assurer à des prix normaux les approvisionnements en combustibles dans les villes et les campagnes, le gouvernement, ainsi que je vous l’ai fait savoir à diverses reprises, a pris des mesures destinées à satisfaire aux besoins des populations. Les municipalités pourront être approvisionnées en combustibles, fournis partie par les chemins de fer de l'Etat, partie par les mines françaises qui alimentaient la commune.
J'ai l'honneur de vous prier de m'indiquer dans le plus bref délai, quels sont, par mois, les besoins en charbon de la consommation domestique de votre commune.
Vous voudrez bien, en outre, examiner si, en raison des difficultés que les marchands de charbon éprouvent à recevoir leurs approvisionnements, il n’y aurait pas avantage, dans l'intérêt de la population, à ce que votre municipalité prit l'initiative des commandes à l’administration des chemins de fer de l'Etat, en se chargeant de répartir les charbons entre les marchands de votre commune, après engagement par ceux-ci d'en prendre livraison et de les revendre à un prix déterminé. Je vous fixerai de nouveau à très bref délai sur les prix de vente et les conditions d’expédition par les chemins de fer de l’Etat.
DOCKERS PORT BAYONNE - BAIONA PAYS BASQUE D'ANTAN |
J'attacherais du prix à recevoir votre réponse avant le 1er décembre prochain au plus tard.
Le Préfet, Coggia."
- 8 décembre 2015 :
"Les Charbons.
L'entente presque complète des grands importateurs de charbon est un fait qui domine la situation de ce commerce à Bayonne. A certains signes, il apparaît qu'elle a visé principalement la consommation de Bayonne, du Boucau, et de Biarritz. Ailleurs, et même dans des régions voisines, la concurrence joue d’une façon relative. Mais malheureusement, l’effet de cette concurrence se heurte à la pénurie des wagons, ce qui oblige l'acheteur à se soumettre aux conditions rigoureuses de Bayonne.
MARCHAND DE CHARBON PAU |
Une preuve de cette concurrence nous a été signalée. Un client sérieux, gros industriel de Bidache, menaçait d’ouvrir un dépôt pour lui et pour ses amis, s'il n obtenait pas des conditions avantageuses. Son fournisseur attitré ne consentant aucune réduction, il offrit sa clientèle à un autre négociant qui, du coup, lui abandonna dix francs par tonne. Ainsi, en septembre dernier, on a pu obtenir à Bidache la tonne de charbon à 64 francs, quand à Bayonne on ne la lâchait qu'au prix de 74 francs ! Le fait est significatif et montre que lorsqu’on parle haut et ferme aux charbonniers, il est possible de leur arracher une part de leurs bénéfices.
Ces jours-ci, un boucher de notre ville exposait en termes assez amusants qu’un financier pouvait être un fort mauvais boucher, et il mettait en doute que la réciproque fut possible. Les charbonniers, eux aussi, sont généralement des financiers de premier acabit. Ils savent jeter de la poudre, de la poudre de charbon, sur leurs exploits. Pendant un temps, une maison faisait une réduction de 10 p. 100 aux familles des mobilisés ; une autre accordait de gros rabais aux formations sanitaires.
DOCKERS BOUCAU - BOKALE PAYS BASQUE D'ANTAN |
C’est la part des pauvres. Nous applaudirions au geste, si nous pouvions être bien sûr que le commun des clients ne fasse pas les frais de cette faveur.
Mais les conditions dans lesquelles s’exerce la hausse sont significatives. En août 1914, au moment de la mobilisation, il n’existait pas moins de dix mille tonnes dans les divers dépôts de Bayonne. Sans qu’il y eût de nouveaux arrivages, ni hausse de frêt, instantanément il se produisit une hausse de près de 10 francs par tonne. Du fait de la guerre, les charbonniers avaient réalisé un bénéfice avoisinant les cent mille francs.
DOCKERS BOUCAU - BOKALE PAYS BASQUE D'ANTAN |
A la même époque, on vit à Bayonne un épicier faire monter du jour au lendemain le sucre de 0.80 centimes à 1 fr. 30. Le maire menaça de faire fermer l’épicerie et le sucre retomba à 0 fr. 90.
Pourquoi les charbonniers n’ont-ils pas été rappelés pareillement à des procédés plus convenables ?
Aujourd’hui, quoiqu’il n’y ait pas eu d’importations en novembre, l’augmentation se produit régulière, par gradins successifs, afin de ménager l’opinion.
Et là-dessus, je ne puis que confirmer les justes doléances rapportées par la Gazette d’hier.
Pourquoi les charbonniers s’arrêteraient-ils sur un si beau chemin, si le public se contente de plaintes étouffées et inutiles ?
DOCKERS QUAI LESSEPS BAYONNE - BAIONA PAYS BASQUE D'ANTAN |
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