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jeudi 12 juillet 2018

CONTREBANDE ET SÉPARATISME AU PAYS BASQUE EN 1931

CONTREBANDE ET SÉPARATISME AU PAYS BASQUE EN 1931.


Les élections municipales espagnoles d'avril 1931 entraînent la proclamation de la Seconde République Espagnole le 14 avril 1931.

CONTRBANDE
PAYS BASQUE D'ANTAN

Ces élections sont interprétées comme une défaite du régime monarchiste.


Voici ce que rapporta à ce sujet le journal La Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-

Luz, dans son édition du 13 octobre 1931, sous la plume de Gaston Bénac :


"Avec les contrebandiers pyrénéens et les séparatistes basques espagnols, tels que vient de les voir Gaston Bénac à St-Sébastien.




Notre confrère et ami Gaston Bénac, envoyé spécial du "Paris-Midi" à Saint-Sébastien, adresse à ce journal la correspondance que nous reproduisons ci-dessous


La denrée humaine entre facilement en Espagne par les ponts frontières sur la Bidassoa, mais elle en sort bien plus difficilement. Hommes et femmes doivent passer par le petit confessionnal où douanier ou douanière, suivant le sexe du voyageur, vous tâtent sur toutes les coutures et vous fouillent consciencieusement ouvrant toutes les cases de votre portefeuille :



 — Combien emportez vous de pesetas ? N'en cachez-vous pas dans les doublures, ni dans les souliers, ni dans le chapeau ? 



La fouille des femmes est encore plus sévère... 




FRONTIERE IBARDIN URRUGNE
PAYS BASQUE D'ANTAN

Mais ce n’est pas par la grand'route que passent les fortunes qui fuient l’Espagne républicaine et socialiste. 



— Il est passé par ici quelque 500 millions de pesetas, me disaient à la fois un Espagnol d’Irun et un Français d'Hendaye, et une minime partie seulement est tombée dans les mains des douaniers. Mais par les champs... 


CARABINIERS COL D'IBARDIN  URRUGNE
PAYS BASQUE D'ANTAN



Où passent les pesetas ?



On ignore souvent, en effet, l’intensité du trafic clandestin entre les deux pays par les sentiers montagneux lorsque la nuit pèse sur le Pays Basque. Tout un monde laborieux en apparence le jour s'éveille, se groupe et s'égaille. Les positions sont repérées, on sait ce que fait tel douanier ce soir-là, où va tel autre, quels sont les projets d’un troisième et à deux heures du matin on passe ce que l'on veut : 


— Tenez, me disait il y a quelques jours à Sare, le joli petit village basque qui vit de contrebande, en pêcheur endurci, vous avez remarqué combien le petit ruisseau où hier nous pêchions la truite est encaissé. Eh ! bien, par ce ruisseau, il y a quatre jours, sont passés de France en Espagne 2 000 moutons sans que les douaniers aient aperçu la moindre touffe de laine. Et à huit les contrebandiers se sont partagés 35 000 francs. Un joli denier... 



sare autrefois
SARE - SARA
PAYS BASQUE D'ANTAN



Le lendemain deux personnages discutaient gravement à voix basse dans un petit café de village des bords de la frontière. Et le soir, je connus par l’ami de l’un d’eux la raison de ce dialogue secret : 



— Il s’agit de passer d’Espagne en France, 5 millions de pesetas. Un contrebandier accepte de les passer, moyennant un pour cent, mais l'intermédiaire espagnol hésite, car le contrebandier n’offre guère de garantie. Et comment réclamer, en effet, s’il ne restitue pas la somme? Aussi cherche t-on un Basque très pieux qui fera un serment sur la Vierge. 





Calme complet .



Quelques jours après, à Saint-Sébastien, pendant que des amis français pillaient pesetas en mains les marchands de chaussures espagnols qui offrent de véritables occasions, un Espagnol me confiait : 


— La semaine prochaine, plus de 100 millions de pesetas passeront la frontière par la Bidassoa ou la montagne, par la montagne surtout... 



Et pourtant l’Espagne, le Pays Basque espagnol du moins semble vivre dans le calme le plus complet. A peine si la crise des affaires et le soleil d’octobre ont rendu un peu plus paresseux les Espagnols du Guipuzcoa et de la Navarre. Le gouvernement a changé. Qu’importe, les habitudes restent les mêmes. On continue à parier sur les matches de pelote du fronton Uruméa, à applaudir les durs rameurs des "trainières", à pêcher le chipiron dans la baie de Zumaya, et à boire du cidre nouveau en discutant sur la fragilité des mains d’Atano III. 



pais vascoa antes
ATAÑO III
PAYS BASQUE D'ANTAN



pais vasco antes
REGATES TRAINIERES 1924
PAYS BASQUE D'ANTAN


— Mais le mouvement séparatiste basque ? 




Pas de séparatisme absolu.



Cette question posée vingt fois dans les milieux les plus différents était éludée chaque fois en employant toutes sortes de formes. Enfin, un Espagnol de Zarauz me prenant à part m’expliqua : 



— Nous sommes tous Basques avant d’être Espagnols, mais personne ne songe à constituer une république indépendante. Nous ne demandons qu’une chose qui nous a été formellement promise : une large autonomie régionale sous le contrôle de Madrid. Mais nous voulons conserver nos traditions et vivre librement en Basques dans un Etat espagnol. 




— Mais pourtant, les manifestations de Bilbao ? — Elles étaient le fait de Basques extrémistes ou agissant. On réclame beau coup pour obtenir le maintien de ce que l’on a. Voilà notre politique. 



vizcaya antes
PROCLAMATION SECONDE REPUBLIQUE BILBAO 1931
PAYS BASQUE D'ANTAN



J’eus l'occasion de voir deux jours plus tard le chef du mouvement basque, le député Aguirre, maire d’une petite commune près de Bilbao. Ce jeune politicien de 27 ans, excellent orateur, audacieux et entreprenant, a le don de convaincre les foules et, tout en se montrant fougueux et téméraire, de savoir présenter les revendications des Basques espagnols avec infiniment de doigté et beau coup d’adresse. 



pais vasco antes lehendakari guerra civil pnv
JOSE ANTONIO AGUIRRE Y LESCUBE
PAYS BASQUE D'ANTAN



Mais ce chef ne s’illusionne guère. S’il veut conserver les traditions de son pays, il ne croit guère à la possibilité de constitution d’un Etat autonome."




Merci ami(e) lecteur (lectrice) de m'avoir suivi dans cet article.

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