CARTES POSTALES , PHOTOS ET VIDEOS ANCIENNES DU PAYS BASQUE. Entre 1800 et 1980 environ.
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mercredi 20 novembre 2024
jeudi 24 octobre 2024
LA CONTREBANDE AU PAYS BASQUE EN 1932 (deuxième partie)
LA CONTREBANDE AU PAYS BASQUE EN 1932.
En 1932, le journaliste Arthur Hérisson-Laroche fait un reportage sur la contrebande au Pays Basque.
Voici ce que rapporta à ce sujet le quotidien La France de Bordeaux et du Sud-Ouest, dans
plusieurs éditions :
- le 17 juillet 1932 :
"La vie audacieuse et périlleuse des contrebandiers basques.
Grand reportage par A. Hérisson-Laroche.
Après dîner, Cochequin, qui savait mes préférences, m'avait servi une large rasade de cet anis liquoreux, de tout premier ordre, que l'on fabrique de l'autre côté de la frontière.
— Dis-moi, Quin-Quin, je crois que nous pouvons trinquer à la santé de la douane, car ton pinard et ta liqueur...
—... viennent de là-bas. Et puis ? tout le monde ici vit à peu près grâce à nous. Tout le monde, y compris les douaniers.
— Hein ?
— Comprends-moi bien. Je ne parle pas de la grosse affaire : l'alcool, le bétail. Tout cela, c'est notre grand rayon, et tu devines que les gabelous, les nôtres, ne sont jamais nos complices. Ils nous traquent, nous pourchassent, parfois même ils réussissent des prises. Non, je voulais dire qu'ils profitent, comme les autres de toutes ces bagatelles qui sont indispensables à leur ménage. C'est que, vois-tu, la vie est pour rien, de l'autre côté de l'eau. Alors on en use et ça aide.
Le véritable contrebandier n'a pas de haine : les gabelous font leur métier et nous faisons le nôtre. La nuit, nous sommes comme chiens et chats, mais dans la journée, tout s'apaise et je ne vois pas pourquoi nous laisserions crever de faim leurs femmes et leurs gosses. Sais-tu combien vaut un gabelou moyen, et encore un type ayant au moins cinq ans de service ?
— Non, je n'en ai aucune idée.
— 750 francs par mois, ni un sou de plus, ni un sou de moins. Et n'oublie pas qu'ils doivent se loger, se nourrir et s'habiller. Les célibataires qui n'ont pas de grands goûts arrivent à s'en tirer, mais les autres ?
— Il est tout de même ahurissant de songer que l'Etat laisse aux délinquants, c'est-à-dire à toi et à tes copains, le soin de venir en aide à ses représentants.
— Tout ça, c'est des mots. C'est de la théorie. La vérité, c'est que nous formons ici une petite communauté et qu'il faut s'aider les uns les autres. Tiens, fais une simple expérience. Va trouver un douanier quelconque du poste et parle lui de Okéra. Je te parie ce que tu voudras que le gabelou te répondra aussitôt : "Okéra était un homme bon et loyal, aimé de tous, dont la mort nous a causé beaucoup de peine."
— Okéra ?
— En basque, cela veut dire : "le borgne". C'était le surnom que nous avions donné au plus fort et au plus puissant contrebandier de Biriatou. Il y a déjà sept ans qu'il est mort, ou plutôt qu'on l'a tué. Pauvre Okéra.
— Tué ?
— Oui, c'est un carabinier espagnol qui a fait le coup, un matin, vers les cinq heures. On a longtemps caché la vérité, mais je peux aujourd'hui te la confier. Okéra était aimé d'une jeune Espagnole que courtisait vainement l'autre.
— L'assassin ?
— Exactement. Dans la nuit du crime, Okéra avait réussi à passer un fort troupeau de vaches. L'opération avait été délicate, car tu sais que ce bétail n'est guère maniable.
Une fois la frontière franchie, du côté montagneux, non loin de l'endroit où j'ai l'intention de le conduire tout à l'heure, Okéra avait laissé à son frère, que j'ai, depuis, enrôlé dans mon équipe, la direction de ses hommes. En parfait récidiviste qu'il était, il voulait éviter, en cas d'alerte des gabelous, une forte amende, et, peut-être même, une condamnation de prison. C'est que l'affaire était grosse. Il avait donc décidé de regagner tranquillement Biriatou par la rivière, à un endroit qu'il savait libre de toute surveillance.
Il s'était jeté à l'eau tout habillé et avait franchi la Bidassoa à la nage. Au moment même où il atteignait la berge, un coup de feu retenti. Le carabinier, qui l'avait suivi et qui le guettait, avait pu viser à loisir. La balle, qui l'avait traversé de part en part, avait perforé les intestins. Okéra eut l'énergie et la force de se traîner sur la route. Ce bandit de carabinier avait compté sur une mort foudroyante. Il est certain que tout autre, à la place de Okéra, qui était doué d'une force et d'une énergie surhumaines, aurait immédiatement lâché prise. C'était alors la chute inévitable dans la rivière et jamais personne n'aurait rien su de cette tragique disparition. Ce n'est que deux heures plus tard, que son frère, inquiet de ne pas l'avoir trouvé à la maison, le découvrit étendu sur le bord de la route. Il mourut dans ses bras, après lui avoir tout fait comprendre et après lui avoir recommandé, à travers son délire, de bien s'occuper des vaches.
— Mais comment diable ce carabinier avait-il su que Okéra serait, cette nuit-là, à sa merci ?
— Comment ? C'était bien facile. Tu vas comprendre. Dans les grosses affaires de ce genre nous ne pouvons pas nous passer des carabiniers. Cela t'étonne ? Il nous faut d'abord acheter leur silence. Et puis, ils nous sont précieux pour nous aider à repérer la position de nos gabelous qui patrouillent chaque nuit dans telle ou telle direction. Nos douaniers sont naturellement obligés de changer chaque jour leur itinéraire et leurs heures de sortie. Mais, ne t'en fais pas, d'une manière ou d'une autre, nous arrivons presque toujours à savoir. Tu vois maintenant comment et par qui le criminel était renseigné.
— Qu'est devenu ce "carabinier" ?
— Deux jours après le crime, il avait disparu. On a dû le déplacer. Quant à nous, nous ne pouvions rien contre lui, et le misérable le savait bien.
"Okéra, qui ne refusait jamais à personne, fut, comme je te disais tout à l'heure, regretté par toute la population. Les douaniers eux-mêmes suivirent respectueusement son cercueil et deux cents messes furent célébrées à l'église du village pour le repos de son âme."
A suivre...
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mardi 24 septembre 2024
LA CONTREBANDE AU PAYS BASQUE EN 1932 (première partie)
LA CONTREBANDE AU PAYS BASQUE EN 1932.
En 1932, le journaliste Arthur Hérisson-Laroche fait un reportage sur la contrebande au Pays Basque.
Voici ce que rapporta à ce sujet le quotidien La France de Bordeaux et du Sud-Ouest, dans
plusieurs éditions :
- le 15 juillet 1932 :
"La vie audacieuse et périlleuse des contrebandiers basques.
Grand reportage par A. Hérisson-Laroche.
Mon vieil ami Cochequin, autrement dit Joseph-Joachim m'avait confié le mois dernier :
"Si tu es libre un de ces soirs, monte chez nous. Tu rencontreras là-haut quelques camarades et tu nous feras plaisir".
Cochequin, Basque de vieille souche, est un contrebandier de choix. Il avait douze ans à peine lorsque son frère, paysan robuste et intrépide, décida de l'initier au dur et périlleux labeur des ancêtres. Et, une nuit, à l'heure où ses camarades de classe sommeillaient paisiblement, il l'avait entraîné à sa suite à travers les sentes montagneuses que suivent, avec mille précautions, des groupes d'hommes audacieux, chargés de lourds bidons d'alcool. Dès lors, l'instituteur du village, en dépit de pressantes démarches, ne revit plus le visage éveillé et narquois du jeune Cochequin.
Aujourd'hui, à défait d'une peau d'âne, pieusement encadrée et conservée, notre homme qui est à la tête d'une équipe de dix gars solides, la plus importante du pays, possède un joli magot. Comme tous ceux qui représentent une certaine puissance, il est craint, respecté et parfaitement heureux.
J'arrivai à Béhobie un peu avant quatre heures. De nombreuses voitures plus somptueuses les unes que les autres, encombraient l'entrée du pont international. La douane française et les services de gendarmerie examinaient rapidement et scrutaient avec bienveillance. Il s'agissait d'étrangers connus qui, comme chaque jour, se rendaient à Biarritz, capitale du luxe et de la gaieté, pour y passer une soirée joyeuse.
Laissant derrière moi la frontière officielle et obliquant à gauche, je pris la route qui mène à Biriatou. C'est une promenade délicieuse qu'il convient de faire à pied.
La route, jusqu'au bout, suit le cours de la Bidassoa, rivière franco espagnole, dont elle épouse les méandres. Du côté français, d'immenses carrières de pierre en forme de cirque, où travaillent quelques hommes. Sur la rive opposée, de nombreux "carabiñeros", l'arme à la bretelle, surveillent l'eau paisible, à l'abri de leurs guérites de briques roses.
Au fur et au mesure que l'on approche de Biriatou, le décor gagne en grandeur. Les collines verdoyantes et plantées d'arbres, coiffées de-ci, de-là, d'allègres maisonnettes au toit incliné, font place à des massifs rocheux au flanc desquels s'accrochent les premiers troupeaux de brebis. Plus loin encore, les monts espagnols, adossés à l'horizon, dominent tout le paysage et trônent dans un halo d'ombre au reflet bleuté.
Perché sur un roc en forme d'éperon, dont la pointe extrême est constituée par sa très vieille église ceinte d'un cimetière en miniature, le village de Biriatou comprend une vingtaine de maisons agglutinées les unes aux autres. Le seul espace libre est un étroit couloir qui, de façon assez inattendue, coupe le village en deux tronçons égaux. A chaque extrémité de ce passage, s'élève un mur qui, chaque dimanche à l'issue de la grand'messe sert de fronton aux amateurs de pelote.
C'est à deux pas de là qu'habite Cochequin. La façade de sa demeure est parée de ce crépit, d'un blanc laiteux, que les maisons voisines ont également adopté. Seule, se détache au-dessus de la porte d'entrée une inscription basque, tout imprégnée de philosophie souriante : "Uste Cabea", "Sans y penser".
Cochequin ne m'attendait pas. Je fus reçu par sa fille qui m'apprit que son père était occupé à soigner quelques brebis malades.
"Venez avec moi, nous allons descendre à l'étable. Papa aura, pour sûr, une grande surprise".
Pressées les unes contre les autres, les brebis, une trentaine environ, attendaient leur tour. L'imagination aidant, on pouvait se croire à une consultation d'indigents. Assis sur le seuil de l'étable, face à la lumière, Cochequin opérait sans relâche. Aidé de son berger qui renversait et maintenait la bête blessée au sol, il s'emparait de la patte malade, ouvrait l'abcès rapidement d'un coup de canif, nettoyait la plaie et troussait un pansement imparable. L'habileté opératoire de Cochequin n'avait d'égale que l'absolue placidité de ses patientes.
"Excuse-moi. Je ne comptais pas sur toi aujourd'hui, mais tu as très bien fait de venir. J'arrive. Ganichou va me remplacer."
Et, tandis que le berger mettait à nu la lame de son couteau, Cochequin, qui s'était rapproché de moi, me glissait à l'oreille :
"Si tu es en forme, et si tu ne crains pas de passer une nuit blanche, je te montrerai ce soir quelque chose d'intéressant. En attendant, nous allons dîner. A la fortune du pot, comme vous dites à la ville. Si tu aimes la cochonaille, tu vas te régaler. Nous avons tué la semaine dernière deux de ces messieurs."
La femme de mon ami est une cuisinière remarquable. Elle avait improvisé un repas de campagne, d'une haute tenue, que nous avions accompagné d'un vin d'Espagne, lui-même une véritable merveille."
A suivre...
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jeudi 19 septembre 2024
LES TROUBLES AUX ALDUDES EN BASSE-NAVARRE AU PAYS BASQUE EN 1830 (deuxième et dernière partie)
TROUBLES AUX ALDUDES EN 1830.
En 1830, la commune des Aldudes est peuplée d'environ 2 300 habitants et est administrée par le Maire M. Charles Schmarzow.
Voici ce que rapporta à ce sujet le quotidien Messager des Chambres, le 9 juillet 1830 :
"Sur les troubles aux Aldudes.
La gazette qui s'imprime en langue espagnole à Bayonne contenait dans un de ses derniers numéros un article sous la rubrique de Pampelune, le 11 juin dernier, portant en substance qu'à la sollicitation du vice-roi de Navarre, et grâces à sa persévérance, il était parvenu, par l'intermédiaire de l'ambassadeur d'Espagne à Paris, à obtenir du gouvernement français l'ordre par le préfet des Basses-Pyrénées de faire exécuter le traité signé en 1785 entre les commissaires des deux puissances, Caro et Ornano, relatif à la délimitation ridicule du pays Quint ou indivis. Voici quelques particularité sur la conduite que tint M. le commissaire du roi de France dans cette opération :
M. Ornano avait épousé une demoiselle d'Echaux, tante de Mme la comtesse Harispe, née d'Echaux. Il devint créancier de cette maison pour une somme considérable. A la mort de M. le vicomte d'Echaux, frère aîné de Mme Ornano, sa succession se trouva tellement obérée que M. Ornano perdit sa créance presque en même temps que son épouse. C'est après ces malheurs qu'il sollicita et obtint du roi cette mission de haute confiance pour la délimitation du pays Quint, afin de concilier les intérêts de la vallée de Baïgorry avec ceux des vallées espagnoles. M. Ornano, très indisposé contre la maison d'Echaux, à son arrivée à Baïgorry, descendit chez M. le curé et se rendit ensuite près de M. le général Caro, commissaire de la cour de Madrid, qui se tenait tantôt à Bastan, tantôt chez les chanoines de Roncevaux. Il ne fut pas difficile aux Baïgorriens de s'apercevoir que leurs intérêts devaient être sacrifiés par ce commissaire, et qu'ils avaient encouru son animadversion.
Le 15 août 1785, trois principaux propriétaires de la vallée de Baïgorry, MM. Harismendi, Ernautone et Minhondo, furent envoyés comme députés à M. Ornano, qui se trouvait aux Aldudes à l'occasion de la fête locale de cette commune ; mais à leur arrivée il les fit arrêter par la maréchaussée et conduire à la citadelle de St-Jean-Pied-de-Port. M. Harismendi demeura près de deux mois dans un cachot, à ce que nous a rapporté l'un de ces députés, M. Minhondo, qui est encore vivant. C'est à cette occasion que des plaintes et des déclamations s'élevèrent spontanément contre M. Ornano et contre ses opérations iniques. Les bornes qu'il fit poser depuis le col d'Ispeguy jusqu'au col d'Ibañeta, et que les espagnols payèrent, furent arrachées le lendemain de leur plantation. Celles qui furent posées d'après le traité de 1703 existent encore. Les Espagnols et les Français les respectent, et dans ce moment les troupeaux des vallées françaises et espagnoles jouissent du pacage de ce territoire.
Si l'article de la gazette espagnole est exact, M. le préfet des Basses-Pyrénées a une mission délicate, difficile et même dangereuse ; heureusement que n'étant pas tenu à l'obéissance passive, il lui reste la ressource des représentations fondée sur le droit incontestable qu'ont les Aldudiens et les Baïgorriens de défendre leurs propriétés sous la protection des lois. Personne en France ne saurait les violer impunément, surtout lorsqu'elles attaquent les propriétaires d'une localité aussi digne du nom français.
De petites causes ont souvent produit de grands effets. On serait curieux de savoir si c'est M. le baron ou M. le comte de Damas qui, dans le deuxième trimestre de 1815, se présenta à Baïgorry, venant de la vallée de Bastan ; s'il n'y fut pas arrêté, et conduit en vertu d'ordres supérieurs jusqu'à l'extrême frontière ; s'il n'y fut pas surpris par un orage qui l'obligea à passer la nuit à écrire dans la maison d'Ubanietta où il se réfugia, et qui est située entre la commune de Baïgorry et le col d'Ispegui (limite entre France et l'Espagne) : le rapport que M. de Damas dut faire sur sa mésaventure à Baïgorry, n'aurait-il pas été produit ou rappelé à l'occasion de la décision rendue en 1827, pour faire exécuter un traité inique et repoussé par Louis XVI.
ANGE HYACINTHE MAXENCE, BARON DE DAMAS PAR GEORGE DAWE |
Enfin cette oeuvre d'Ornano a pu être l'effet d'une récrimination, ne serait-il pas possible que la décision ministérielle eût la même empreinte ?
Le traité de 1703 a constamment été la règle de conduite entre les habitans des vallées espagnoles et françaises. Depuis 1785 jusqu'au commencement de la révolution ce traité a toujours existé, et celui de Caro et Ornano ne fut jamais exécuté. Depuis 1789 jusqu'en 1827, le traité de 1703 a été exécuté sans interruption ; c'est donc en 1826, à l'occasion d'une contestation insignifiante entre quelques habitans de la vallée d'Erro et des ouvriers de la fonderie de Banca, que le ministère, par une susceptibilité déplacée ou par d'autres motifs peut-être plus blâmables, prononça une décision dénuée de toute équité et de justice. La population de Baïgorry et des Aldudes est une avant-garde nationale et une barrière redoutable. Il n'en est point, sur la frontière des Pyrénées, de plus dévouée ni de plus capable de défendre son territoire. Le gouvernement ne saurait trop apprécier ses belles qualités de patriotisme et de fidélité.
Un détachement de troupes françaises occupe aujourd'hui les Aldudes. Il est temps que le gouvernement prononce s'il y est pour soutenir les prétextes du cabinet espagnol ou pour défendre l'intégrité du territoire français, afin de faire cesser toute incertitude à cet égard. M. le préfet est parfaitement instruit de ce qui se passe et de ce qui a été exposé dans les deux articles précédents publiés dans ce journal. Les états de Navarre et le parlement de Pau se firent entendre au pie du trône de Louis XVI, en demandant justice pour les Baïgorriens. Il faut espérer que Charles X, son auguste frère, daignera écouter, sur le même objet, la voix de cette population digne d'un meilleur sort, et que M. le préfet des Basses-Pyrénées, seul intermédiaire entre S. M. et ce franc et malheureux peuple, ne négligera aucun moyen pour faire cesser cet état de choses. Le canton de Baïgorry a payé indûment 49 mille francs pour le pacage de ses troupeaux. Une indemnité lui est due en toute justice."
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dimanche 21 juillet 2024
LA CONTREBANDE AU PAYS BASQUE EN 1929 (troisième et dernière partie)
LA CONTREBANDE AU PAYS BASQUE EN 1929.
Je vous ai parlé à plusieurs reprises de douaniers et contrebandiers, des douaniers en 1931, voici aujourd'hui un article sur les contrebandiers en 1929.
vendredi 19 juillet 2024
LE TRAITÉ D'ELIZONDO EN NAVARRE AU PAYS BASQUE EN 1785 (deuxième et dernière partie)
LE TRAITÉ D'ELIZONDO EN 1785.
Au cours de l'histoire, plusieurs traités ont été signés entre l'Espagne et la France, pour délimiter la frontière entre les deux pays.
Je vous ai déjà parlé de ce traité dans un article précédent.
... D’un point de vue méthodologique, les directeurs de la brigade, avec l’approbation de Caro et d’Ornano, ont conçu un plan de travail qui, à certains égards, est extrêmement ambitieux et original, et qui s’est reflété dans certains croquis et plans à usage interne. Au premier niveau, et comme nous l’avons déjà mentionné, cinq ingénieurs ont été chargés d’effectuer les calculs trigonométriques nécessaires (c’est-à-dire la préparation des canevas de travail géométriques), tandis que les autres étaient chargés des opérations de levé topographique. Dans un second temps, afin d’effectuer le relevé topographique lui-même (ou "détail du terrain"), les directeurs de la brigade, suivant les instructions générales déjà indiquées, organiseront les ingénieurs en binômes mixtes (chacun composé d’un ingénieur espagnol et d’un ingénieur français) et les répartiront selon une grille qui marque la surface de travail assignée à chacun d’eux.
... Les documents relatifs aux campagnes de 1786 et 1787 prouvent qu’il y avait des ingénieurs français travaillant du côté espagnol de la frontière, et vice versa, circonstance très inhabituelle à l’époque, compte tenu de la grande importance géostratégique d’une région comme celle-ci et des restrictions qui, pour des raisons de sécurité, accompagnaient généralement les opérations cartographiques effectuées à cette échelle de détail. Certaines tâches et plans, à la fois trigonométriques et topographiques, ont été exécutés par des binômes ou des groupes d’ingénieurs des deux nationalités.
Mais, comme nous le savons par une lettre de Don Antonio Zara, à partir de 1791, les ingénieurs espagnols et français travaillèrent séparément, étant donné les difficultés rencontrées par les uns et les autres pour pouvoir franchir les frontières dans le contexte politique dérivé du développement de la Révolution. La manière dont le travail était organisé annuellement à partir de cette campagne fut résumée par Zara dans un mémoire adressé à Floridablanca au début de 1792. Selon elle, les deux parties passaient généralement la fin du printemps et les mois d’été à travailler sur le terrain, opérant en bandes symétriques dans le but de couvrir le même tronçon de chaque côté de la ligne de démarcation.
CARTE GENERALE FRONTIERE PYRENEENNE |
... Au cours des mois d’automne et d’hiver, chacune des parties a procédé séparément, dans son pays respectif, à l’élaboration dans ses bureaux de la carte de la zone travaillée cette année-là, les deux délégations se réunissant au début du printemps de l’année suivante pour comparer et partager les résultats obtenus, échanger des copies des cartes établies entre elles. Dresser la carte des rencontres des deux volets et préparer la conception de la nouvelle campagne annuelle. La cordialité semble avoir présidé aux relations entre les ingénieurs des deux pays, "se traitant mutuellement avec l’harmonie et l’amitié qui sont d’un grand intérêt pour la Commission, mais sans aucune préoccupation qui la perturbe".
D’un point de vue technique, la collaboration entre les deux royaumes a impliqué le défi de coordonner un groupe composé de deux délégations qui, au moins au début, ont commencé avec des formations, des méthodes de travail et des instruments différents. Dans une lettre adressée à la Cour après avoir appris la nomination des six premiers ingénieurs qui devaient former la délégation espagnole de la brigade, Caro lui-même exprimait ses doutes sur l’inexpérience de la plupart d’entre eux par rapport à ceux du côté français.
Cependant, au-delà de ces doutes initiaux et des opinions que certains historiens français ont pu exprimer par la suite, la documentation dont nous disposons auprès de la Commission ne permet pas d’en déduire que ces divergences auraient entravé l’avancement des travaux. Il est vrai cependant que la méthode de triangulation et de relevé finalement adoptée (basée sur l’utilisation du graphomètre pour la triangulation et de la petite planchette pour le détail du terrain) est celle proposée par la délégation française ; que ces opérations étaient basées sur le réseau géodésique fourni par la carte de Cassini ; et que les instruments disponibles du côté français, au début, étaient beaucoup plus avancés que ceux possédés par les Espagnols, ce qui a conduit Zara à demander à différentes occasions l’acquisition d’instruments similaires, qui devaient être achetés à Paris et en Angleterre. Ces demandes, ainsi que les factures correspondantes, permettent de reconstituer de manière très détaillée les moyens techniques utilisés pour établir la carte topographique des Pyrénées.
CARTE DE CASSINI DE BAYONNE A HENDAYE |
De même, nous savons par les carnets de terrain de Junker que dans la triangulation géodésique préparatoire de Junker, le cercle répétitif de Borda, conçu en 1784 par Borda et Lenoir, et amené de Paris à Saint-Jean-de-Luz, le point de départ des opérations de la brigade, en avril 1786, a été utilisé comme pionnier. Les possibilités techniques offertes par cette invention en font l’instrument privilégié des campagnes et expéditions géodésiques françaises jusqu’au milieu du XIXe siècle, supplantant le quart de cercle mobile, qui joue un rôle de premier plan depuis le milieu du XVIIe siècle.
CERCLE REPETITEUR DE JEAN-CHARLES DE BORDA ET ETIENNE LENOIR |
En ce qui concerne sa facture et son contenu, la Carte topographique des Pyrénées est un manuscrit à la plume à l’encre noire et enluminé à l’aquarelle en vert, gris, jaune, rouge, terre de Sienne et bleu, qui représente le relief par l’ombrage et qui, outre les principaux fleuves, routes et centres de population et leurs abondantes informations toponymiques, indique des aspects tels que : la ligne de démarcation entre les pays ; les jalons existants (à la fois les anciens et, dans certains secteurs, ceux placés directement par la Commission) ; les lignes de démarcation des vallées (entités administratives traditionnelles) dans lesquelles les Pyrénées navarraises étaient organisées ; les principaux usages du sol, distingués par des tonalités chromatiques en plusieurs catégories (dont au moins cinq sont systématiquement représentées : forêts ; terres labourées ; vignes ; prairies ; pâturages et terres non cultivées) ; la parcelle de base de ces utilisations ; les lignes astronomiques parallèles et méridiennes (cette dernière faisant référence au méridien de l’observatoire de Paris) ; et les altitudes des "montagnes les plus remarquables", calculées en toesas "au-dessus des grandes marées de Fuenterrabía". Comme nous l’avons déjà indiqué, la bande représentée par la carte couvre, approximativement, une bande de 4 lieues de terre françaises de largeur (environ 18 km), deux (environ 9 km) de chaque côté de la frontière.
Suite au traité d'Elizondo, signé le 27 août 1785, la commission de délimitation disparut officiellement fin 1792, un conflit armé ayant éclaté entre les deux parties. Les guerres de la République et du Premier Empire relancèrent les travaux cartographiques, notamment militaires, sur l'ensemble de la chaîne des Pyrénées, mais à chaque fois de façon unilatérale.
(Source : La carte topographique des frontières entre l’Espagne et la France (1786-1792) : méthodologie, procédure technique et contenu. –FIXER DES LIMITES (wordpress.com) et Histoire : les traitésHistoire traités - Bornes et croix frontière des Pyrénées Atlantiques (frontiere-64.fr))
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lundi 15 juillet 2024
SUR LA BIDASSOA AU PAYS BASQUE EN AOÛT 1928
SUR LA BIDASSOA EN AOÛT 1928.
La Bidassoa est un fleuve côtier, frontalier sur une dizaine de kilomètres entre la France et l'Espagne, au Pays Basque.
Elle prend sa source dans les monts de Navarre et se jette dans le golfe de Gascogne.
Voici ce que rapporta à ce sujet le quotidien Comoedia, le 24 août 1928, sous la plume de Gustave
Fréjaville :
"Sur la Bidassoa.
Impressions franco-espagnoles.
Béhobie, août 1928.
N'attendez pas que j'essaye à mon tour de décrire, une fois de plus, l'enchantement du pays basque. Le roman, le théâtre, le film ont un peu abusé, depuis quelques années, de la facile couleur locale qui se tire des maisons basses, riantes sous leurs toits évasés, des balcons de bois peint, des frontons à l'ombre des églises, des pelotaris tout blancs faisant claquer sous le soleil leur petite sphère bondissante, des soirs légers couleur de pêche et de prune, des montagnes bleues, mauves et roses, découpant avec grâce l'horizon transparent. On a tant dit, et si bien, que je craindrais de redire. Et il y a, dans ce sortilège d'une région où la nature déploie à chaque pas de nouvelles séductions, tant de choses encore à découvrir que je ne saurais aussi par où commencer pour écrire une chronique de proportions raisonnables.
Mais le voisinage de l'Espagne, dont nous ne sommes séparés que par la sinueuse Bidassoa, large ici de quelques dizaines de mètres, m'impose une autre source de pittoresque et me jette en pleine actualité. Jamais l'Espagne et la France n'ont échangé tant de sourires. Les Pyrénées franchies à Canfranc et les politesses navales de Santander ont empli les journaux, de Cadix à Dunkerque, de tant de propos franco-espagnols qu'en regardant seulement, tout près de moi, le pont international de Béhobie, je puis concilier la paresse légitime des vacances et un semblant d'esprit d'à-propos.
Ce pont est situé à quelque deux cents mètres en amont de l'île des Faisans — ou de la Conférence — petit tertre de terre neutre au milieu du courant, où une modeste pyramide, sous un bouquet d'arbres, perpétue le souvenir d'anciens événements diplomatiques dont trois vers ironiques de La Fontaine, mieux, je l'avoue, que tout manuel d'histoire, ont fixé jadis dans ma mémoire le cérémonial. A chaque extrémité du pont, gendarmes et douaniers arrêtent le flot des automobiles qui ne cessent d'aller et venir entre Saint-Sébastien et notre côte basque. Béhobie, au delà du pont, devient Béhobia, et c'est un village espagnol. On s'en aperçoit vite...
BEHOBIE ET BEHOBIA PONT INTERNATIONAL PAYS BASQUE D'ANTAN |
A peine est-on passé sous le regard bienveillant des carabiniers gris et jaunes, on entend s'élever, du seuil des portes, d'inquiètes voix maternelles appelant Pilar ou Pepito. Ceux-ci, pour l'instant, sont confondus parmi le grouillement innombrable d'une marmaille dorée qui court sous le soleil, barbote dans la rivière, et crie Adios ! à votre passage. Tout ce petit monde jacasse, s'interpelle avec des cris d'oiseaux, la langue espagnole, parlée par des voix d'enfants, est d'une fluidité caressante qui surprend l'oreille comme une musique inconnue.
Tout le long des rues, en plein jour, les ampoules électriques, toujours allumées, font de petites taches d'un jaune pâle au coin des maisons ; cette débauche inutile d'éclairage, dans la lumière aveuglante de l'après-midi, a quelque chose d'anormal et vaguement funéraire. Du côté français, et à Hendaye même, nous avons bien vu quelques lampes restées allumées par inadvertance, mais, sitôt la frontière franchie, il semble que ce soit la règle. Nous avons retrouvé ces lampes électriques faisant veilleuse en plein midi, non seulement à Fontarabie et à Irun, mais encore dans tous les jolis villages, de la capricieuse vallée de la Bidassoa supérieure, en remontant vers le col de Velate, et dans tous ceux de la plaine de Pampelune, brûlée par un soleil africain... Ce détail, constant, une fois remarqué, répand on ne sait quelle bizarre impression d'abandon catastrophique ou de fantaisie sacrilège.
Tous ces villages navarrais portent leur nom écrit en espagnol et en basque sur le mur de leur première maison ; les lettres sont bien lisibles de la route, et présentées élégamment dans un rectangle de céramique. C'est une attention charmante pour le voyageur, une politesse de bon aloi, quelque chose comme une présentation courtoise de l'hôte au visiteur. Ainsi on sait chez qui l'on arrive. Le pays basque français cache le nom de ses villages sur des plaques bleues introuvables et effacées, et il faut deviner où l'on passe à grand effort de cartes déployées et de savants repérages.
Il est vrai que les villages français, souriants au bord de leurs eaux vives, entre des montagnes fourrées de verdure au delà desquelles les hauts sommets baignent dans une brume de pastel, ne ressemblent guère, à première vue, à ceux du versant méridional des Pyrénées : ceux du val de Batsan, resserrés et secrets dans le creux d'une gorge aux flancs abrupts, qui fait songer aux défilés de notre haute Vézère, avec sa rivière maigre coupée de barrages muets et de ponts bossus ; ceux de la torride région de Pampelune, accroupis sur leur sol chauffé à blanc et confondus avec lui, comme ces insectes étranges qui prennent l'aspect des écorces ou des branches sèches sur lesquelles ils vivent accrochés. Ces villages épars dans la campagne brûlée que traverse la route de Roncevaux, sont d'une étonnante couleur d'or roussi, où l'ombre rare cisèle à peine le contour du clocher quadrangulaire, à deux cloches visibles, dépassant de peu, de son toit presque plat, les toits des maisons groupées autour de lui. Dans cette torpeur lumineuse, on est effaré de voir de loin en loin vivre des hommes. Faisant tourner sur l'aire couverte de blé de petits rouleaux de bois montés à pleins poumons cet air de flamme, leurs chemises ouvertes sur des torses d'un bronze presque noir. Je cherche en vain dans mes souvenirs quelque chose qui ressemble à cette aveuglante fournaise, à ces pierres que le soleil a pénétrées et qui rayonnent d'un feu intérieur : peut-être la plaine d'Avignon, à deux heures de l'après-midi, par nos étés les plus implacables ; peut-être, sous le grand soleil d'août, le chaos désertique des Baux et ses cubes de pierre incandescente...
13 LES BAUX DE PROVENCE |
Mais, le souvenir des Baux, je l'ai surtout retrouvé à la "Fonda" du col de Velate, une auberge antique isolée dans la montagne, sous le vol tournant des grands oiseaux de proie qui se bercent en plein azur sur leurs ailes tendues. Là fonctionne encore normalement une de ces cheminées primitives dont on montre aux Baux, comme une curiosité du passé, les vestiges séculaires. Au-dessus d'un feu de grosses bûches qui occupe le milieu de la cuisine, un énorme cône noirci par la fumée s'élève verticalement et va s'ouvrir au-dessus du toit, où des volets mobiles, manoeuvrés par des cordes, permettent de régler le tirage selon la direction du vent !... A côté de ce foyer médiéval, on n'est pas peu surpris de voir briller l'éclairage électrique : car la Fonda solitaire du col de Velate a su s'inspirer des progrès de l'industrie moderne et, utilisant les sources de la montagne, produit elle-même son courant.
Pendant quatre jours, avec une reprise le dimanche suivant, Béhobie a célébré bruyamment sa fête annuelle de Santiago. Les musiciens, avec leurs bérets rouges, étaient venus d'Irun, pour faire danser une foule où les Espagnols étaient en grande majorité. Ces jours-là, des deux côtés du pont international, le meilleur passeport, je pense, est celui qui est inscrit sur un visage familier ; Béhobie et Behobia se fondent fraternellement dans des flots de limonade et de bière et mêlent, avec le plus joyeux entrain, leurs danses et leurs chants. Dans la foule confuse des danseurs, que traverse fantastiquement le rayon lunaire des phares d'automobile, les uniformes des carabiniers coudoient la sobre tenue de toile des gendarmes français ; on danse le fandango basque sur l'air de la jota aragonaise et de jolies Espagnoles, coquettes avec un peu d'excès, brillantes de perles, fardées avec éclat, entourent, en jouant de l'éventail, les manèges dont l'orgue poussif joue des chansons parisiennes du répertoire de Damia ou de Parisys. La différence des langues n'amène que peu de confusion dans la cordialité générale. D'ailleurs tout le monde parle basque.
CHANTEUSE DAMIA EN 1920 |
PARISYS PAR HARCOURT EN 1938 |
Et puis, dans le tramway d'Hendaye, l'autre jour, un monsieur sûr de lui répliquait à son épouse, qui venait de lire à l'enseigne d'un magasin : Fabrica de imperméables, et s'étonnait d'avoir deviné le sens de ces trois mots :
L'espagnol, c'est très facile, que j'te dis, pour toutes les nations qui causent le latin."
(Source : Wikipédia)
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