DOUANE ET CONTREBANDE EN 1919.
Depuis la nuit des temps et tant qu'il y a eu une frontière, il y a eu des contrebandiers et en face des douaniers.
DOUANE BEHOBIA GUIPUSCOA PAYS BASQUE D'ANTAN |
Voici ce que rapporta à ce sujet La Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-Luz, dans
son édition du 17 janvier 1919 :
"Mercantis et Contrebandiers. Frontière et Douane.
On se plaint de ce qu’un grand nombre de gens, la plupart espagnols, à qui la contrebande tient lieu de patente, abusant des frontaliers qu’ils ont réussi à se faire délivrer à l’époque où l’on distribuait des frontaliers, en profitent pour faire un commerce plus ou moins licite, mais en tout cas scandaleux au point de vue de la cherté de la vie.
On se plaint que, en présence de la disette de certaines denrées comestibles, depuis le pain jusqu’aux pâtes alimentaires, aux fruits, aux légumes, depuis le sucre jusqu’au tabac, ces mercantis font payer à la population des villes voisines, Bayonne, Biarritz et même Bordeaux, des prix fantastiques pour tout ce qu’ils apportent.
FRONTIERE ARNEGUY BASSE-NAVARRE PAYS BASQUE D'ANTAN |
On se plaint que de nombreux magasins ou commerces en chambre se soient fondés dans ces villes, où l’on écoule des comestibles amenés d’Espagne et vendus 3, 4, 5 fois leur prix d’origine.
Et l’on estime — les vœux émis par divers groupements commerciaux en font foi — qu’il y a lieu de mettre fin à un tel scandale.
Mais, à notre avis, pour arriver à un tel résultat, il n’y a que deux moyens :
l° Etendre la liberté commerciale et hâter le retour des transports normaux afin que la libre concurrence provoque un redressement des prix.
2° Surveiller étroitement ceux qui pratiquent sur une large échelle la contrebande et l’exploitation dont il est question.
GROUPE D'ESPAGNOLS FRONTIERE PAYS BASQUE D'ANTAN |
Les Pouvoirs publics se sont émus. Ils ont fait une tentative pour apporter remède à la situation. S’il faut les féliciter de leur intention on ne peut que protester sur les moyens, car le remède qu’ils croient avoir apporté est pire que le mal.
Allez voir en effet ce qui se passe à la frontière depuis quelques jours. En vertu d’ordres sévères qu’ils sont obligés de faire exécuter, les agents du service des douanes font subir à tous les voyageurs arrivant d’Espagne une inspection vraiment draconienne. De pauvres gens qui apportent d’Irun 2 kilos de pommes de terre ou un litre de vin pour économiser quelques sous se voient refuser impitoyablement l’entrée de ces articles.
On ne tolère même plus — alors que, depuis trois mois, notre département manque de sucre — que de pauvres gens apportent avec eux le kilo de sucre attendu par des enfants ou des malades et, quand par hasard on laisse passer cette petite quantité de sucre, c’est en exigeant le paiement d’un droit de douane de 0 fr. 80.
FRONTIERE BEHOBIE PAYS BASQUE D'ANTAN |
Même sévérité pour la plupart des denrées.
Les confiscations sont nombreuses, ainsi que les procès-verbaux à l’encontre des personnes qui, s’en rapportant aux anciennes habitudes, passent par la douane sans déclarer le litre de vin contenu dans le "chahacoua" porté en bandoulière. Il y aura bientôt, à la douane, une collection de "chahacouas" suffisante pour équiper une petite armée en campagne.
On aurait bien tort d’incriminer les agents des douanes pour l’accomplissement de ces pratiques ; ils exécutent d'es ordres, et accomplissent une besogne qui, certainement, n’offre pour eux pas plus d’intérêt et d’agrément qu’elle n’en offre au public qui en est victime.
Mais je voudrais qu’un de nos ministres de la République, qu’une des "grosses légumes" du ravitaillement vint assister à ces retours d’Espagne et à ces formalités de douane, et eut l’idée de demander aux exécuteurs de ces vexatoires consignes si, à leur avis, aucun des gros contrebandiers, aucun des mercantis qu’il faut surtout viser se trouvent gênés par ce contrôle. La mesure prise est aussi inopérante vis-à-vis de ceux qu'il faut poursuivre le long des rives de la Bidassoa, vers les sentiers de montagne, dans les défilés de Sare et, en mer, jusqu’aux ports de la côte française, que pénible et cruelle vis-à-vis d’une population digne d’intérêt, parce que soumise à des privations trop nombreuses.
CARABINIERS ESPAGNOLS PAYS BASQUE D'ANTAN |
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