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lundi 1 juillet 2019

LE SPORT NATIONAL AU PAYS BASQUE EN DÉCEMBRE 1903 (deuxième partie)


LE SPORT NATIONAL AU PAYS BASQUE EN 1903.


La pelote Basque est le sport national du Pays Basque, depuis de très nombreuses années.



pays basque 1900
LA PELOTE BASQUE A NEUILLY


En effet, ce sport existe depuis des centaines d'années.



Je vous ai déjà parlé de ce sport, en 1903, dans un article précédent.




Voici ce que rapporta La Petite Gironde, dans son édition du 12 décembre 1903, sous la plume 

de C. Béguin :


"Le sport national du Pays Basque II.



Dans un précédent article, je disais que le jeu de pelote, sous la forme où il est pratiqué aujourd’hui, diffère complètement du rebot qui, pendant des siècles, a été pour les Basques des deux versants des Pyrénées, le jeu classique et traditionnel par excellence. 




Par l’exposé succinct des règles du rebot, on verra à quel point celui-ci se distingue de l’exercice auquel se livrent les pelotaris actuels. Dans le rebot, les joueurs sont au nombre de dix, cinq contre cinq. Deux d’entre eux se placent au pied du mur de rebot, deux autres du camp adverse à l’extrémité opposée de la place, c’est-à-dire à une centaine de mètres, et les trois joueurs restants de chaque camp le long d’une ligne tracée sur le sol parallèlement au mur et distante de celui-ci d’environ trente mètres. Le point est engagé par le buteur qui, après avoir fait rebondir la pelote sur une sorte de trépied terminé en billot placé sur la ligne précitée, la lance avec la paume de la main au mur du rebot occupé par les refileurs du camp opposé et en s’efforçant de la faire tomber à pic, à la jonction du mur et du sol. Ceux-ci, s’ils parviennent à reprendre la balle, après qu’elle a frappé le mur, c’est-à-dire à la reboter, la projettent de façon à lui faire franchir la raie du butoir et de telle sorte qu’il soit le plus difficile possible pour les retourneurs postés à l’autre extrémité de la relancer. Quant aux rechasseurs de chaque camp, qui se tiennent à droite et à gauche du butoir, leur rôle, une fois le point engagé, consiste à arrêter la balle à son passage pour la projeter dans le camp de l’adversaire et à faire des chasses. De là, leur nom de chacha hari, qui signifie faiseur de chasses. 



pelote pays basque autrefois
PELOTE BASQUE REBOT
PAYS BASQUE D'ANTAN

De quelle époque date le rebot et d’où vient-il ? Il n’est pas douteux qu'il existe depuis des temps immémoriaux, car des documents historiques très anciens relatifs aux Basques le mentionnent. Mais il est facile d’en déterminer l’origine. Le rebot est, en effet, sous un nom différent, notre ancien jeu de paume, issu de la parpaste romaine et dont la vogue, dès le moyen-âge, était déjà si grande dans toute la France. Du reste, le mot rebot vient évidemment de ce verbe du vieux français reboter que l'on trouve employé dans les anciens ouvrages sur la paume. Quant au terme pelote, on sait qu’il était employé anciennement pour désigner une balle. La façon de compter est la même dans les deux jeux ; et, à ce propos, il est curieux d'observer qu'il n’a jamais été d’usage au rebot de compter en basque et que l’on emploie toujours les termes quinze, trente, quarante, eu se bornant à les basquiner par la terminaison (quintzè, trenta, etc.). J’ajoute que certaines expressions comme faire un quinze pour faire un point et à deux, pour indiquer que les joueurs sont égaux, se retrouvent à la fois dans la paume française et dans le rebot. 



Sur la communauté d’origine de ces jeux, il ne saurait donc exister aucun doute. Mais tandis que partout ailleurs on adoptait la raquette, les Basques s’en tinrent au jeu primitif pratiqué avec la main et, plus tard, lors qu’ils éprouvèrent le besoin d’obtenir une puissance plus grande de projection, tout en ménageant leur épiderme, ils adoptèrent le gant de cuir qui, lui-même, a donné naissance à la chistera d’osier actuelle. Jadis, en effet, on jouait partout avec la main. Etienne Pasquier, place dans la bouche d’un vieux joueur de paume les paroles suivantes : En ce temps, disait le vieillard, dont les souvenirs remontaient aux dernières années de Charles VIII, "le déduit des joueurs était tout autre, parce qu’ils jouaient seulement de la main... et lors, les uns jouaient à mains découvertes, et les autres, pour se faire moins de mal, y apportaient des gants doublés. Quelques-uns depuis, pour se donner quelque avantage sur leurs compagnons, y mirent des cordes et tendons, afin de jeter mieux et avec moins de peine la balle". Au seizième siècle, un Espagnol revenant de Paris écrit : raro luditur palma, ce qui indique que la raquette l’avait définitivement emporté. 



pelote cure pays basque
CURE PELOTATRI
PAYS BASQUE D'ANTAN

En somme, ce qui est original dans la paume des Basques et ce qui la distingue principalement des jeux du même genre pratiqués ailleurs, c’est le mode de lancement de la balle. 




Quelle qu’ait été jadis en France la popularité du jeu de paume et elle dût être grande, car Francesco Gregory d’ierni, qui accompagne à Paris le légat du pape en 1596, constate qu’il se trouve dans cette ville "deux cent cinquante jeux de paume très beaux et très bien installés, qui font vivre jusqu’à sept mille personnes", il est permis cependant de supposer que cet exercice n’entra nulle part aussi profondément dans les mœurs que dans la région basque et n’y prît au même degré le caractère d’un divertissement national. La tradition nous a conservé les noms des joueurs qui furent célèbres aux temps passé, tel ce Perkain, du village des Aldudes, qui vivait à la fin du dix-huitième siècle et dont l’adversaire le plus redoutable était un adolescent de Cambo, précurseur de Chiquito, connu sous le nom d’Azantza. Azantza avait lui même une sœur réputée comme buteur incomparable. A la même époque, se distinguèrent le buteur gaucher Kurutchet, le refileur Domingo, d’Ezpelette ; Betiri, de Souraïde, et le terrible Soutoun, d’Itsatsou, qui se retire à la Trappe le lendemain d’une victoire remportée par lui au jeu de rebot. Ignace de Loyola n’avait pas agi autrement ; on rapporte, en effet, qu’il assista à une partie de paume à Azpeitia, la veille du jour où il quitta le monde. On ne peut que regretter, en passant, que la passion du jeu de paume n’ait pas absorbé toutes les facultés de ce gentilhomme espagnol ; l’humanité y eût certainement gagné. 




labourd pelote autrefois
PELOTE JEU DE PAUME ST JEAN DE LUZ
PAYS BASQUE D'ANTAN

On citerait par centaines les anecdotes les plus significatives sur l’enthousiasme que provoquait alors le jeu de pelote parmi les Basques. En voici deux des plus curieuses et dont l’authenticité n’est pas contestée. Pendant la Révolution, le joueur Perkain avait été obligé de se réfugier en Espagne. Un jour on l’informe qu’un de ses rivaux, Kurutchet, doit venir jouer dans son village. En dépit du danger auquel il s’expose, il n’hésite pas à franchir la frontière, joue la partie, la gagne et retourne à son asile en Espagne, acclamé et protégé par plus de six mille spectateurs. 


basse navarre pelote autrefois
PERKAIN PELOTARI DES ALDUDES
PAYS BASQUE D'ANTAN

Sous le premier empire, quelques soldats basques d’un régiment stationné sur les bords du Rhin apprirent qu’une grande partie se préparait à Saint-Etienne-de-Baïgorry. Ils partirent aussitôt, sans congé, traversèrent la France, participèrent à la partie et rejoignirent leur corps juste à temps pour se battre à Austerlitz. Lavigne cite le cas de soldats, originaires de Bassussari, qui ont déserté des bords du Danube, poussés par un motif semblable. Peut-être ces exemples prédisposeront-ils à l’indulgence les chefs de corps qui ont sous leurs ordres des militaires provenant du recrutement basque."








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1 commentaire:

  1. Petit détail étymologique: quand les deux camps sont à égalité 15 partout, le chanteur de points annonce "kintzia bedera" soit 15 chacun. Mais en cas d'égalité à 30, il dit "trente ados" car le jeu est à deux (a dos) points de se terminer. Vous auriez pu également évoquer la "chasse", une sorte de coup-franc qui se joue lorsque le camp du refill commet une faute dans son aire de jeu. Et cette équipe qui "va à chasse", perd sa place, et on change de camp. D'où l'expression qui n'a rien à voir avec le gibier !

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