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samedi 1 juin 2019

LE SPORT NATIONAL AU PAYS BASQUE EN DÉCEMBRE 1903 (première partie)


LE SPORT NATIONAL AU PAYS BASQUE EN 1903.


La pelote Basque est le sport national du Pays Basque, depuis de très nombreuses années.



pays basque 1900
LA PELOTE BASQUE A NEUILLY


En effet, ce sport existe depuis des centaines d'années.


Je vous ai déjà parlé de ce sport en 1903, dans un article précédent.



Voici ce que rapporta La Petite Gironde, dans son édition du 27 novembre 1903, sous la plume 

de C. Béguin :



"Le sport national du Pays Basque.

De tous les traits qui concourent à donner au peuple basque cet individualisme si marqué, cette physionomie si spéciale qui frappent l’observateur, la passion du jeu de paume est, à coup sûr, l'un des plus caractéristiques et des plus curieux. Dans toute la région comprise entre l’Adour et la Bidassoa et, au delà des monts, sur le versant espagnol des Pyrénées habité par des populations de même race, — de cette race euskarienne dont l'âge est incalculable et dont les origines sont enveloppées de mystère, — on ne rencontrerait pas un village, pas un hameau si petit qu’il soit qui n’ait sa place de pelote. Celle-ci, le plus souvent, est située près de l'église, et cette réunion symbolise à merveille la vie sociale d’un groupement basque qui, aujourd’hui encore, se résume en ces deux choses : la foi religieuse et le jeu national. 



pays basque pelote
AFFICHE PUBLICITAIRE BIARRITZ ET PELOTE BASQUE
PAYS BASQUE D'ANTAN



Un grand mur lisse dont la hauteur varie entre sept et dix mètres, la largeur entre quinze et vingt mètres, arrondi au milieu en forme de dôme et précédé d’une vaste esplanade en terre battue, voilà de quoi se compose une place de pelote. Par un beau soleil, rien n’est pittoresque comme ces places qu’ombragent des chênes et que dominent les cimes pyrénéennes. De chaque côté de la piste, dans les localités importantes, s’étagent de longues rangées de gradins en bois ou en pierre où se presse, aux jours de fête, une foule enthousiaste venue pour applaudir les forts et les agiles de la contrée. Quant au jeu lui-même, il se réduit à lancer contre le mur, soit avec la paume de la main, soit avec un gant d’osier, une petite balle très dure désignée sous le nom de pelote, et à la recevoir à son retour pour la lancer de nouveau. Il semble, au premier abord, que cet exercice doive présenter pour le spectateur une certaine monotonie ; il n’en est rien, cependant, car il donne lieu à des combinaisons si diverses, il exige de ceux qui s’y livrent une telle agilité, une telle vigueur, en même temps qu’une telle précision de coup d’œil, qu’on s'explique bien vite l'intérêt passionné qu’il excite parmi toute une race. Demandez à un enfant basque ce qui lui causerait le plus de plaisir, et, généralement, il vous demandera de lui donner une pelote. Allez à la place du Jeu-de-Paume après la sortie de l’école, vous y trouverez réunis tous les gamins du village occupés à leur distraction favorite ; ils jouent déjà, ces bambins, avec le sérieux et la gravité des hommes. En vertu d’une tolérance qui ne souffre que de rares exceptions, tout mur, en pays basque, est exposé à se transformer en cible pour les joueurs ; de là cette inscription que l’on relève parfois sur les édifices municipaux et sur les églises : Il est défendu de jouer à la pelote ; ou bien, en Espagne : Se prohibe jugar à la pelota



pais vasco antes
INAUGURATION TRINQUET RAMUNCHO IRUN 1926
PAYS BASQUE D'ANTAN


C’est le dimanche qu’ont lieu habituellement les parties sérieuses entre hommes. A la sortie de l’église, des groupes se forment, des combinaisons se préparent, et bientôt entrent en lice les jeunes hommes réputés dans le village pour leur adresse. Au milieu d’eux, il n'est pas rare de voir figurer le vicaire de la paroisse. Les ecclésiastiques basques — c’est une particularité qu’on ne saurait passer sous silence — ont toujours manifesté un goût très vif pour le jeu de paume. Le petit séminaire de Laressore, près de Cambo, où se recrute presque exclusivement le clergé basque, a été de tout temps réputé comme une pépinière d’amateurs de première force. De l’autre côté de la frontière, chez les Basques d’Espagne, le clergé n’est pas moins ardent. Il y aurait, du reste, tout un chapitre à écrire sur les curés amateurs de paume. L’autorité épiscopale s’est parfois émue de l’exemple donné par certains prêtres qui délaissaient volontiers leurs devoirs spirituels sous l’influence d’un goût excessif pour le jeu de pelote. C’est ainsi que l’évêque de Pampelune vers 1880, crut devoir, par une lettre pastorale, interdire au clergé de son diocèse de participer aux parties dans lesquelles des paris d’argent seraient engagés. Cette mesure d’une efficacité douteuse fut provoquée par certain curé d’une petite localité de la Navarre, joueur d’une force remarquable, qui, si l’on en croit la chronique, abusait de sa supériorité pour vider sans ménagements la bourse de ses paroissiens. 


PAYS BASQUE AUTREFOIS
GRANDES FÊTES BASQUES AGUILERA BIARRITZ
PAYS BASQUE D'ANTAN


A ce propos, il convient de signaler qu’un homme pratique, le Basque aime à ajouter à l’attrait de l’exercice celui du gain et que, la plupart du temps, lorsqu’il se mesure avec un adversaire, il engage un enjeu d’argent. C’est là un très ancien usage qui a disparu de nos sports modernes, mais qui était fort répandu jadis, et dont nous retrouvons encore le souvenir dans les dispositions de notre Code civil relatives aux jeux qui "tiennent à l’adresse ou à l’exercice du corps". On connaît le mot d’Henri IV venant de jouer une partie de paume d’où il était sorti vainqueur : "Voilà au moins des écus qui ne passeront pas par les mains de mes trésoriers !"


pelote basque
GRANDE SEMAINE DE SPORTS BASQUES
PAYS BASQUE D'ANTAN


Le jeu de pelote, sous la forme où il est pratiqué aujourd’hui, constitue une innovation récente et diffère complètement de l’exercice en honneur autrefois. Aussi, quand on veut remonter aux origines de la pelote, faut-il étudier le rebot, qui, pendant des siècles, a été pour les Basques des deux versants des Pyrénées le jeu classique et traditionnel par excellence. Le rebot est maintenant entièrement délaissé, et seuls, ou à peu près, quelques anciens joueurs sont suffisamment familiarisés avec ses règles pour être en mesure de le pratiquer. Encore ces manifestations, lorsqu’elles se produisent, sont-elles dépourvues d’intérêt parce que les corps ont perdu la souplesse et la vigueur d’antan. A Sare, qui est considéré, dans notre pays basque français, comme le centre où les anciennes coutumes se sont le mieux conservées, les tentatives faites pour remettre en honneur le jeu du rebot sont demeurées sans résultat, et, même là, on ne trouverait plus, parmi les jeunes gens, les éléments nécessaires pour organiser une partie. C’est grand dommage, car le rebot est bien l’un des plus beaux jeux que l’on puisse voir, et ceux qui ont assisté aux parties jouées, il y a une quinzaine d'an nées, par les Cillar, les Yats, les Irun et les Manco de Villabona ne me démentiront point. Dans un prochain article, j’examinerai les origines du jeu de rebot, ainsi que les causes de l’évolution qui a abouti à la naissance du professionnalisme et à l’exploitation commerciale du jeu de paume en Espagne et dans les Républiques sud-américaines."






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