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dimanche 16 juin 2019

CÉRÉMONIES ET FÊTES BASQUES EN 1905 (troisième et dernière partie)


CÉRÉMONIES ET FÊTES BASQUES EN 1905.

Les fêtes existent depuis de très nombreuses années au Pays Basque, et en particulier dans la province de Soule.





pays basque autrefois
PASTORALE NAPOLEON
PAYS BASQUE D'ANTAN


Voici ce que rapporta le journal Mercure de France, le 15 mai 1905, sous la plume de 

Paul Lafond, dont j'ai déjà publié deux premiers articles : le  16/04/2019 et le 16/05/019.




..."Cérémonies et fêtes basques.




En traversant le village, le cortège s’arrête un instant devant les demeures des autorités et leur présente ses hommages intéressés qui lui valent force rasades et même maintes pièces blanches. Mais ces stations se font sans que pour cela la danse s’interrompe, chacun exécute alors sur place ses évolutions et entrechats. 




La mascarade se débande alors et ses membres invitent alors les jeunes filles du village à danser avec eux ; une longue farandole s’organise aussitôt et la fête prend alors une autre forme. 




Au centre de la place, que le Cherrero a fait préalablement vider à coups de son terrible bâton à crinière de cheval, le Zamalgaïn de la troupe noble, qui n’a cependant guère cessé de pirouetter, recommence à danser, les maréchaux ferrent sa bête sans qu’il daigne s’arrêter pour si peu, ses entrechats deviennent de plus en plus rapides et plus élevés. Puis arrive le moment de la Gobalet Dantza, la danse du gobelet : autour d’un verre rempli de vin, placé à terre, le Zamalgaïn exécute un pas fort compliqué et fort difficile, réglé et convenu de temps immémorial, dont la dernière figure consiste à poser le pied gauche sur le verre sans le renverser ni lui faire perdre une goutte du liquide qu’il contient, en traçant en même temps un signe de croix dans l’air avec le pied droit ; pour finir il retombe sur ses pieds après un entrechat plus périlleux encore que les autres. 



ZAMALZAIN
PAYS BASQUE D'ANTAN




GOBALET DANTZA
PAYS BASQUE D'ANTAN


Le Joan et l'Anderia ouvrent à leur tour une contredanse avec le Laboraria et la Laborarisa, les autres protagonistes de la mascarade, les Kheristouak, les Kaouterak, les Charrotchak entrent en mouvement, enfin tout le monde s’en mêle. 




MASCARADE DE CAOUTERAK
PAYS BASQUE D'ANTAN

La cérémonie se termine par le fameux Mutchikoak et la fête se clôt par des festins. 




MUTCHIKOAK
PAYS BASQUE D'ANTAN



Quelle est la raison et l’origine de ces mascarades ? Il est bien difficile de le dire ? Il n’est guère plus commode d’élucider la question de leur symbolisme. Ce qui semble admis, c’est qu’elles existaient déjà au XVIe siècle. 




Des différents airs joués par les flûtistes avec accompagnement de tambourin pendant la marche et les arrêts du cortège, quelques-uns semblent spéciaux et particuliers à la région, mais le plus grand nombre sont de véritables pont-neufs : Au clair de la lune — il est vrai que celui-ci étant de Lulli n’est déjà plus très récent — et même, ce qui ne laisse pas d’étonner dans ce recoin des Pyrénées, le fameux Ça ira, de sinistre mémoire. 




Bien entendu, comme dans les tragédies et les mystères, les rôles de femmes sont remplis dans les cavalcades souletines par de jeunes garçons travestis. 



CAVALCADE TARDETS
PAYS BASQUE D'ANTAN


Moins bizarres que les représentations théâtrales et les mascarades, les processions de la Fête-Dieu ne manquent néanmoins ni de caractère ni de pittoresque dans le Pays Basque français. 




Tout en ne différant guère dans leurs grandes lignes, leurs détails varient suivant les localités. Les plus belles et les plus curieuses sont celles qui ont lieu dans les villages les plus éloignés des centres.




Ces processions, et ce n’est pas un de leurs moindres charmes, se déroulent toujours dans un cadre admirable, soit au pied de ces collines basses qui viennent se perdre dans les flots agités de la mer de Biscaye, soit dans ces vallées couvertes de chênes puissants auxquelles servent d’horizon de grands pics altiers couronnés de neiges éternelles. 




La commune, sous la direction du curé, déploie dans ces cérémonies tout le luxe et le faste dont elle est capable. Aucune dépense n’est épargnée en cette occasion. 




Après la messe, le dimanche de la Fête-Dieu, à l’issue des vêpres, la procession sort de l’église et la population du village et celle des environs qui n’y figure pas se masse sur la place pour jouir du spectacle.

 

FÊTE DIEU
PAYS BASQUE D'ANTAN

Le porte-croix ouvre la marche suivi immédiatement de sapeurs, au nombre de deux, trois ou quatre et même davantage, suivant l’importance de la paroisse, une hache sur l'épaule, la tête couverte d’un phénoménal et inénarrable bon net à poil qui fait presque complètement disparaître leur face glabre sous sa masse sombre, ceux-ci sont vêtus d'une large blouse blanche tombant presque jusque aux chevilles et ne laissant apercevoir que le bas d’un pantalon également blanc ; sur cette blouse une écharpe bleue traverse la poitrine en sautoir et forme ceinture à la taille pour finir en gros nœud bouffant sur la hanche gauche. Les hommes de la commune, jeunes et vieux, s’avancent ensuite en rangs pressés, le béret à la main, tous portent la veste courte du pays, le col de chemise boulonné sans cravate —- les Basques en ignorent l'usage — les pieds chaussés d’espadrilles ; puis ce sont des fillettes et des enfants en robes blanches, marchant deux par deux, les plus petites les bras croisés, une couronne de fleurs des champs sur la tête, les autres chargées de bannières et d’oriflammes, un long voile cachant la chevelure. 




Autour de cette blanche théorie, aussi bien comme garde d’honneur que comme agents de la force publique, sont échelonnés des personnages dont le costume tient le milieu entre celui du Cherrero et du Zamalgaïn des mascarades souletines ; du premier ils montrent le pantalon blanc agrémenté de bandes de drap et de broderies, du second, la veste chamarrée de galons blancs et la haute tiare ornée de fleurs et de verroterie avec de larges rubans multicolores tombant sur les épaules ; tous tiennent à la main de longues hallebardes enrubannées. 



PROCESSION FÊTE DIEU HASPARREN
PAYS BASQUE D'ANTAN

A quelques pas d’intervalle, trois hommes, costumés de même façon, marchent de front. Ce qui les distingue des précédents, c’est que celui du milieu a dans les mains une baguette flexible — signe de commandement — et que les deux autres portent deux grands drapeaux tricolores dont la hampe disparaît sous des flots de rubans ; derrière eux, les flûtistes et les tambourinaires sans lesquels une fête basque ne serait pas complète, jouent de leurs instruments ; puis vient le Suisse habillé comme dans toutes les campagnes : tunique à épaulette, pantalon blanc, épée au côté soutenue par un baudrier, tricorne ou chapeau à claque sur la tête, hallebarde à la main. Les enfants de chœur en soutane et en surplis, les chantres et les prêtres précèdent immédiatement le dais, porté par les notables du bourg, sous lequel s’avance le curé tenant l’ostensoir. 




De temps en temps, le cortège s’arrête, les enfants de chœur jettent des fleurs à l’officiant, puis s’écartent pour faire place à des jeunes gens, les uns en costume de Cherrero-Zamalgaïn, les autres en béret, en veste bleue et un pantalon blanc, retenu par une ceinture rouge, portant soit de longues oriflammes aux couleurs françaises, soit des makilas ou des épées. Le rôle des premiers consiste à agiter en mesure leurs drapeaux devant l’ostensoir, celui des seconds à exécuter leur plus beau Mutchikoak ou leur plus brillant Ezpata-Dantza  — danse des épées — pour la plus grande gloire de Dieu. 




Le cortège reprend ensuite sa marche. Il est fermé par la foule des femmes du pays : les jeunes filles, l’élégant capulet rouge sur la tête retombant des deux côtés sur les épaules, les femmes mariées ou âgées, le visage à peu près caché sous le capuchon baissé de leurs longues et sombres mantes qui leur descendent presque sur les pieds. 




Tous les figurants de la cérémonie, à part les musiciens et les danseurs du Mukikoak et de l'Ezpata-Dantza, portent, comme dans les représentations théâtrales et les mascarades, des gants de fil blanc, signe de la distinction par excellence. 



EZPATA DANTZA
PAYS BASQUE D'ANTAN

Il convient de remarquer qu’une femme encapuchonnée comme les autres — la benoîte, selon le terme usité — déroule devant les dais d’étroits tapis composés de bandes de toile cousues bout à bout, qu’une autre femme, après le passage du cortège relève pour les porter en avant."





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