LA FÊTE-DIEU À FONTARRABIE EN 1928.
La Fête-Dieu apparaît dans le monde catholique au 12ème siècle, bien que l'Eglise ne l'institue officiellement qu'en 1264.
FONTARRABIE VUE DE LA GARE DE HENDAYE PAYS BASQUE D'ANTAN |
Cette fête, centrale dans la symbolique catholique, célèbre le printemps de l'Eucharistie,
le jeudi suivant la Pentecôte.
Voici ce que raconta Le Petit Journal, dans son édition du 11 juin 1928, sous la plume de Roger
Dutilh :
"Impressions D'Espagne.
La Fête-Dieu à Fontarabie. Juin 1928.
Un Basque au visage fermé, le béret de laine avançant en pointe sur ses yeux, me prit à Hendaye dans sa barque et, godillant d'un bras musclé, me transporta jusqu'à la jetée de Fontarabie où les carabiniers espagnols, en costume d'opérette, bicorne de cuir, plastron rouge et baudrier jaune, montent une garde sévère. Mon passeur, qui dut être contrebandier au temps où il était possible de l'être encore, sans trop de risques, détourna la regard. Je lus sur son visage de la colère et du mépris, mais il ne daigna pas m'expliquer pourquoi ses compagnons et lui-même ne passent plus par la montagne.
Toutes les cloches de Fontarabie, l'antique forteresse dont la gloire sommeille à l'abri de remparts calcinés, percés de brèches, où le soleil couchant avive le sang de larges blessures, cassaient le silence à coups de battants clairs...Sur la mer dansante les "trelus" du soleil plaquaient de scintillantes chamarrures.
Les carabiniers, gantés de blanc, veillaient, au port d'armes. Des guirlandes de roses festonnaient le sommet de la puerta Santa Maria où l'on voit, en écusson, des anges de pierre adorant l'image de Notre Dame de Guadalupe, patronne de la ville qui, jadis, résista aux furieux assauts de Condé...
... Toute l'Espagne s'enchante de la Fête-Dieu. Pendant huit jours, les offices vont se succéder, les processions parcourir les rues des villes et des bourgades, entre les balustrades des tètes inclinées, parmi les génuflexions et les signes de croix, aux chants des cantiques et des fanfares, tandis que survolant les toits criblés de rayons, glisseront, dans la lumière, les carillons enivrés.
Fontarabie, dès la prime aube, a dépouillé ses jardins, De jeunes Espagnoles aux cheveux courts déploient jusqu'aux trottoirs une épaisse verdure. Sur la verte fondrée, de vieilles femmes aux mains noires étalent avec soin un tapis étroit. Il est formé ici d'un drap plié, là d'une pièce d'étoffe brochée ou de carrés de velours qu'on ajuste bout à, bout, chacun offrant pour que les foulent les pieds des fidèles, ses parures les plus précieuses.
Tandis que s'achève la décoration de la ville, dans l'église aux statues dorées, la houle des têtes sur qui voltigent les mantilles légères se courbe aux gestes du prêtre qui dit l'office devant le maître-autel orné de flammes, s'élevant en pyramide jusqu'à l'arrondi de la voûte. Les fastueux ornements, offerte jadis par Charles Quint, parent d'argent poli les épaules de l'officiant et des diacres, et la Madone, du creux de sa niche, resplendit, vêtue de drap d'or, le cou pris dans la fraise tuyautée, Entre les montants du campanile, les cloches aériennes, lancées à toute volée, dans un va-et-vient endiablé, ajoutent les sons aigus aux sons graves et, de leurs gosiers de bronze que rien n'irrite ni ne fatigue, tombe la joyeuse chanson qui porte à tous les échos l'annonce de la Fête-Dieu.
EGLISE FONTARRABIE - HONDARRIBIA PAYS BASQUE D'ANTAN |
EGLISE FONTARRABIE - HONDARRIBIA PAYS BASQUE D'ANTAN |
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