LE PEUPLE BASQUE EN EXIL EN AOÛT 1938.
Pendant la Guerre Civile Espagnole des dizaines de milliers de Basques ont été exilés.
REFUGIES BASQUES EN EXIL |
Voici ce que raconta La Petite Gironde, dans son édition du 30 août 1938 :
"Un peuple en exil par Pierre Dumas.
C’est dans les épreuves que les individus, les peuples et les gouvernements donnent leur mesure.
Or bien rares dans l’Histoire sont les groupements humains qui aient offert de plus beaux exemples de solidarité et d’esprit d'organisation que les Basques obligés d’abandonner leurs provinces espagnoles. On peut dire que jamais on ne vit un "exil mieux organisé".
Dès que les revers militaires eurent commencé et, avec eux, les bombardements systématiques des villes et des villages, le gouvernement d'Euskadi n’eut qu’une idée : sauver les non-combattants, en commençant par les vies les plus précieuses, celles des enfants, puis celles des femmes, et enfin des vieillards.
Au fur et à mesure que les événement pressaient, on évacua les populations valides, puis les soldats, et enfin le gouvernement qui partit avec les derniers.
Si, pendant le gros afflux, il y eut embouteillage dans les ports français, le début de l’exode se fit avec méthode. Au commencement, surtout, des délégués du Pays Basque vinrent en France pour y louer des établissements inutilisés et y installer les fugitifs.
Le Gouvernement.
Voici prés d’un an que l'émigration des 200 000 Basques est faite et que le gouvernement d’Euskadi est à l'étranger.
Le siège de ce gouvernement — qui demeure autonome — est à Barcelone. Les Basques avaient jusqu'au dernier remaniement ministériel un délégué, M. Irujo, au sein du gouvernement républicain, mais leur ministère était totalement indépendant.
M. Aguirre, président de l’Etat d'Euskadi, se considère comme le représentant de tous les Basques espagnols, où qu’ils se trouvent, et il est effectivement reconnu par la quasi-unanimité de ses compatriotes.
Certes, ses sujets sont effroyablement dispersés et placés dans des positions bien diverses. En effet, le gouvernement d’Euskadi s'occupe des 130 000 Basques émigrés dans la région de Barcelone : combattants, ouvriers agricoles ou familles ; puis il s'occupe des 70 000 émigrés qui se trouvent en France, Belgique, Angleterre, Suisse, Scandinavie, Russie, etc..., et aussi de ceux - très nombreux, hélas ! - qui se sont réfugiés dans les Républiques sud-américaines. Enfin, bien que n'ayant presque pas de rapports avec la zone de Franco, le gouvernement d'Euskadi considère comme étant ses sujets ceux qui vivent — suivant son expression — en captivité.
Et ne croyez pas que l’autorité du gouvernement d’Euskadi soit seulement théorique et de principe. Comme tous les gouvernements, il s'occupe de l'orientation, du travail, de la répartition de ses ressortissants, de leurs démêlés avec les administrations des pays où ils vivent. Il a organisé des centres de triage ou d'hébergement dans lesquels les arrivants ou les récupérés attendent qu'on leur désigne un lieu de séjour adapté à leurs besoins ou à leurs aptitudes.
Il a créé des colonies d'enfants, des orphelinats, des ateliers d'apprentissage.
Le ministre de l'instruction publique répartit, partout où existent des colonies basques (en zone gouvernementale ou à l'étranger), des instituteurs et institutrices pour l'Instruction primaire, des prêtres pour l'organisation du culte, des professeurs pour les centres Intellectuels.
Les ministres du ravitaillement, de l'agriculture, de la justice, ont chacun leurs attributions qui ne sont pas des sinécures.
Enfin, le ministre des finances n’a pas la tâche la moins ardue. Il gère les biens du gouvernement qu’on a pu emporter — et la fortune est considérable. Il sollicite et reçoit les dons généreux des Basques à qui leur situation privilégiée ou leur travail permettent de secourir leurs frères malheureux. La solidarité basque n'est pas un vain mot. En voici un exemple entre cent; Un Basque, depuis long temps émigré en Amérique, et lui-même sujet américain, a adopté une cinquantaine d'enfants que, par ses seules ressources, il loge, nourrit, instruit et élève... tout le temps qu’il faudra. Sa générosité est trop discrète pour que je me permette de citer son nom. Mais son exemple n'est-il pas caractéristique ?
Le ministre des finances, s’il reçoit et gère la fortune du gouvernement, est aussi légalement —- et dans une mesure égale — un répartiteur.
Si les Basques exilés ont accepté et acceptent encore l'aide de comités, ils entendent ne rien demander aux gouvernements des pays dans lesquels ils vivent. Ce sont les Basques qui font, avec leurs propres ressources, vivre leurs oeuvres et secourent leurs "nationaux". En un temps où tant d’émigrés subsistent aux dépens des pays d'accueil, il était bon, n'est-ce pas, de souligner cette dignité.
La Roseraie.
LA ROSERAIE BIDART - BIDARTE PAYS BASQUE D'ANTAN |
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