LES INONDATIONS DE DÉBUT JUIN 1895.
Au début du mois de juin 1895, de très fortes précipitations ont lieu au Pays Basque, entraînant des inondations.
LES BAINS DU PORT VIEUX BIARRITZ 1890 PAYS BASQUE D 'ANTAN |
Voici ce qu'en rapporta la Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-Luz, dans son édition
du 6 juin 1895, sous la plume d'E. Seitz :
"Les inondations.
Les pluies considérables et incessantes qui sont tombées depuis Dimanche ont eu, dans le sud-ouest du département et sur le versant opposé de la frontière, des conséquences très graves qu’il faut attribuer principalement aux trombes d’eau qui sont tombées, avec une force et un fracas inouïs, dans la nuit de Lundi à Mardi.
Cette chute d’eau a d’ailleurs été fortement sentie à Bayonne et à Biarritz. Pendant qu'il frappait en avalanche, mélangée de gros grêlons, le tonnerre éclatait aussi, et la foudre est tombée six fois au moins à Biarritz et à Anglet, à l’usine d’électricité de Biarritz, près de Minerva, à Quesnel, etc..., toujours sur des paratonnerres.
Les champs entre Bayonne et Anglet, les terrains des Allées-Marines ont été quelque peu inondés. Des rues ont été profondément ravinées, notamment la rue Peyroloubill.
Mais tout cela n’est rien auprès des terribles désastres occasionnés par les crues subites de la Nivelle et de ses affluents.
Les vallées d’Aïnhoa, St-Pée-sur-Nivelle, Sare, Ascain, ont eu le plus à souffrir.
PONT OUTSALIA ST PEE SUR NIVELLE PAYS BASQUE D'ANTAN |
Les eaux des rivières, débordant subitement, avec une force et une intensité incroyables, ont tout renversé et saccagé. Toutes les routes de ces vallées sont détruites, presque tous les ponts ont croulé. Un grand nombre de constructions légères, servant de remises, étables, porcheries, ont été arrachées, et, chose de beaucoup la plus grave, les terres arables ont été balayées de telle façon qu’il ne reste plus que le sol de sable ou de pierre, impropre à toute culture. On nous a affirmé que dix années ne seraient pas de trop pour reconstituer et rendre à l’agriculture le sol ainsi saccagé. Il va sans dire que les ensemencements et les récoltes sont perdus.
Pendant toute la journée de mardi, la Nivelle a charrié et emporté vers la haute mer quantité d’instruments aratoires, des bestiaux morts, des futailles, des embarcations et même des charrettes chargées.
ST JEAN DE LUZ - DONIBANE LOHIZUNE 1890 PAYS BASQUE D'ANTAN |
Tous les bateaux des pêcheurs d’Ascain ont ainsi été enlevés et sont probablement perdus.
PORTUA ASCAIN - AZKAINE PAYS BASQUE D'ANTAN |
Des charrettes chargées de ballots de laine, à raison d’une cinquantaine de quintaux, ont été soulevées et déplacées par la force des eaux.
Sur la route du "Camp de St-Ignace", de Saint-Jean-de-Luz à Sare, par la montagne, M. Petit, adjoint de Saint-Jean-de-Luz, a compté quatre éboulements considérables ; le passage est impraticable aux voitures.
A Sare, tous les ponts, sauf deux ( une dizaine), ont été arrachés. L’un, entre autres, enlevé par le flot, a contourné la maison Aussiartia, appartenant à Mme Dutournier, après avoir détruit une partie du mur de façade tout en pierres de taille et colonnes de fonte. Dans cette maison, l'eau a emporté nombre de meubles et, en particulier, un grand billard massif.
VIEUX PONT SARE - SARA PAYS BASQUE D'ANTAN |
Le rez-de-chaussée de l’habitation du juge de paix d’Espelette a été saccagée. Une grande quantité de barriques vides ou pleines et d’autres objets ont été emportés, et, phénomène curieux, une barrique de cidre, contenant environ 600 litres, y a été déposée — en compensation.
Une autre barrique d’égale contenance a été trouvée dans un champ, près de St-Pée.
On peut juger, par ces détails, de la grandeur du désastre. Pour donner une idée de la hauteur qui fut atteinte presque subitement par les eaux, disons que MM. Leremboure et Carlos Petit, parcourant, à cheval, une route située à 4 mètres au moins au-dessus du niveau habituel de la rivière, pouvaient voir, aux branches des arbres au-dessus de leurs têtes, les traces d’herbes et de foin laissées par le flot. Cela permet d’évaluer à sept ou huit mètres la hauteur atteinte par la crue.
Malgré l’étendue du malheur, on n’a jusqu’ici enregistré aucune mort d’homme, malgré les bruits qui en ont couru.
Quant aux dégâts, ils n’atteindront peut-être guère moins d’un million.
Car la vallée de l’Unxin, d’Olette à Socoa, a été, elle aussi, fortement éprouvée.
D’autre part, les communications avec la grande ligne de chemins de fer de l’Espagne sont interrompues. Des éboulements de rochers et des glissements de terre glaise ont obstrué les voies ferrées en deçà et au delà de Tolosa, et vers Zumarraga.
TRAMWAY ELECTRIQUE DE ST SEBASTIEN A TOLOSA PAYS BASQUE D'ANTAN |
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire