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samedi 18 mai 2019

UN NOUVEAU PORT DE PÊCHE À SOCOA EN LABOURD AU PAYS BASQUE EN JUILLET 1920


UN NOUVEAU PORT DE PÊCHE À SOCOA EN 1920.


En 1920, est imaginé un projet de port de pêche, dans le quartier de Socoa.

pays basque 1920
FORT DE SOCOA 1920
PAYS BASQUE D'ANTAN

 Voici ce que rapporta la Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-Luz, dans son édition 

du 13 juillet 1920, sous la plume de L. Chavanon :



"Un nouveau port de pêche au Socoa.



Sous ce litre, nous lisons l'étude suivante sur la baie de St-Jean-de-Luz dans le Journal de la Marine Marchande. Il est dû à la plume d’un envoyé spécial de ce magazine qui toutes les semaines donne des études si intéressantes et documentées sur tout ce qui touche les questions maritimes : 



"Saint-Jean-de-Luz. —- L’administrateur des Entreprises maritimes basques qui doit me conduire aux chantiers de la Société où s’effectue aujourd'hui le lancement de trois sardiniers-thoniers à moteurs, est du pays même. Après avoir, de longues années, construit des chemins de fer en Chine, il était revenu vers la terre natale, pour y vivre en sage. 




L'initiative de M. Ernest Plisson, gérant des Chargeurs français, l’a fait sortir de sa quiétude. Il s'est passionné pour l’œuvre persévérante qui, en deux années, a su créer, dans ce coin, une grande poissonnerie moderne, de vastes chantiers de construction, une splendide usine de conserves et une cité ouvrière confortable et charmante. 


AVANT PAYS BASQUE
E.M.B. SOCOA
PAYS BASQUE D'ANTAN



Le canot sur lequel nous nous sommes embarqués dans le petit port envasé de Saint-Jean-de-Luz, au pied de la vieille demeure où Louis XIV rencontra Marie-Thérèse, stoppe au débouché de la Nivelle.




— "Il faut, dit mon guide, que vous vous rendiez compte des ressources merveilleuses de cette baie." 




Devant nous, elle s’étend en effet féerique comme un vaste cirque marin. 




Au fond, vers l'Océan, se découpent les digues du Socoa, une passe, puis la digue de l’Artha, une nouvelle passe, enfin la digue de Sainte-Barbe. 



socoa autrefois
DIGUE DE SOCOA
PAYS BASQUE D'ANTAN


saint jean de luz autrefois
DIGUE DE L'ARTHA ST JEAN DE LUZ
PAYS BASQUE D'ANTAN


Dans son plus grand axe, la haie a deux kilomètres et sa flèche, de l’Artha au seuil de garantie qui protège la ville, ne mesure pas moins de 1 200 m. 

socoa autrefois
FORT DE SOCOA
PAYS BASQUE D'ANTAN


Comme je regarde, au loin, les crinières blanches des vagues se briser sur le blocs des digues, mon interlocuteur explique : 



socoa autrefois
DIGUE DE SOCOA
PAYS BASQUE D'ANTAN

 "Ces travaux de protection ont sauvé le pays. Les raz de marée successifs ont,  avant que la baie fut protégée, dévoré progressivement la côte. J’ai moi-même, ajoute-t-il en souriant, des terres familiales sous 3 ou 4 mètres d’eau. 



Je paie encore quelques francs d’impôt pour ces propriétés invisibles. A mon retour de Chine, comme je voulais cesser d’acquitter ces impôts un peu rétrospectifs, notre percepteur, qui est un bon fonctionnaire et un esprit très fin, m’a fait observer : "Si vous cessez de payer, vous abandonnez vos droits de propriété pour le cas où la mer se retirerait..." 




J’ai récompensé tant d’ingéniosité en continuant de verser ma dîme dans les caisses de l'Etat. 




L'Artha et ses voisines étaient donc indispensables pour sauver Saint-Jean-de-Luz, mais qui est incompréhensible, c’est qu'on n’ait pas songé jusqu'ici à tirer parti de ces travaux herculéens pour la navigation et la pèche. 




Il a fallu la guerre pour qu’on s'avisât que Saint-Jean-de-Luz était, depuis la frontière espagnole jusqu’au Verdon, la seule baie sûre. 



pays basque 1900
FORT DE SOCOA ET BAIE DE ST JEAN DE LUZ
PAYS BASQUE D'ANTAN



Les marins de l'Etat ont su d’ailleurs admirablement tirer parti de cette rade sans égale. Tous les convois au départ du Portugal et de l’Espagne venaient s’y former et partaient ensuite vers le Nord sous la protection des patrouilleurs. 




J'ai voulu conserver des documents photographiques de cette utilisation ininterrompue pendant quatre ans, car c’est la condamnation la plus formelle de la non utilisation de notre baie. Regardez vous-même."




Il me tend des films panoramiques. Ils sont tous impressionnants. Il y a eu jusqu’à 40 vaisseaux de toutes tailles dans la rade et jamais, malgré les plus gros temps, il n’y eut le moindre incident. 




"C’est ainsi que le groupe des Chargeurs français, poursuit mon interlocuteur, entreprit de mettre à profit tous les avantages du pays pour créer une entreprise moderne de pêcherie. 




Le canot se dirige sur l’entrée du petit port actuel des pont et chaussées, le port du Socoa qui, en basque, veut dire "le coin sur". 


pays basque autrefois
ATTELAGE FORT DE SOCOA
PAYS BASQUE D'ANTAN


"Ce port, explique mon guide, ne servait qu'à lancer les blocs destinés à l’entretien des digues de protection. 




Cela va changer. Il conservera son utilisation actuelle, mais sera dévasé à — 4 mètres de façon que les chalutiers de 3 m. 50 puissent y travailler de jour et de nuit par toutes les marées.




L'essor de Socoa est certain. Déjà, avec les moyens de fortune dont nous disposons, nous mettons de 20 à 25 tonnes de poisson par semaine sur le marché. Et pourtant il faut, à l’heure actuelle, que toutes nos opérations — déchargement du poisson, embarquement du charbon, de la glace et des vivres — se fassent par chalands, en rade, dans des conditions particulièrement onéreuses pour nous ! 


socoa autrefois
PORT DE SOCOA
PAYS BASQUE D'ANTAN


Nous avons cependant obtenu quelques succès qui nous touchent particulièrement. 




Avant la création des Entreprises maritimes basques, les pêcheurs espagnols nous envoyaient des bateaux porteurs qui, malgré la douane, venaient vendre le poisson des chalutiers de Pasajes sur le marché de Saint-Jean-de-Luz. Depuis que nous sommés ici, ils ont d'abord renoncé à la concurrence, mais nous avons fait mieux. 




Nous expédions, maintenant 1 500 à 2 000 kilos de poisson fin par semaine à Barcelone et Madrid. Nos soles payées en pesetas contribuent à faire remonter le change français dans la péninsule. N’est-ce pas bien ? 




— C’est excessivement encourageant, en effet.  


— Nous ferons mieux, quand le port approfondi, outillé d’une façon moderne, pourvu d’un éclairage rendant possible le travail de jour et de nuit, nous permettra, ainsi qu'aux autres armateurs présents ou futurs — car la fonction crée l’organe — d’envisager un vaste programme d’expédition de marée fraîche et de fabrication de conserves. 




A ce moment-là, termine mon interlocuteur, la baie de Saint-Jean-de-Luz aura une première utilisation rationnelle. Le vieux port de la Nivelle va être amélioré lui aussi dans la mesure du possible. Il continuera de recevoir les petits chalutiers de faible tirant d’eau et les sardiniers nombreux dans la région. Le Socoa, de son côté, pourra, à 1 500 mètres dans l’ouest de la baie, se charger des opérations des grands chalutiers de haute mer. 




Tout ce pays basque si intéressant en sera profondément transformé.




— Mais l'Etat aura-t-il l'argent nécessaire à l'accomplissement de ce programme ? 


— D’abord, remarquez que les travaux du Socoa ne dépasseront guère 1 200 000 francs et je crois savoir que des concours particuliers lui ont été offerts. 


La loi des 200 millions pour la pêche a non seulement voté cet énorme crédit de principe, mais elle permet surtout — ce qui est peut-être plus fécond encore — la collaboration industrielle du Trésor, avec les particuliers...". 




Mais nous accostons. Le petit village du Socoa est en fête. Les chantiers des Entreprises maritimes basques sont pavoisés. Spécialisés dans la construction des bateaux de pèche à moteur de 27 et de 15 mères de longueur, ils lancent aujourd’hui les sardiniers de 15 tonneaux à moteur à pétrole : Gissés, Louis-Cardon, Louis-Maurice. 




Les bateaux ont pris la mer et les pêcheurs basques qui en montent déjà de semblables admirent de leurs regards profonds ces barques fines qui tiennent, disent-ils, si merveilleusement les grandes houles du golfe de Gascogne..."








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