L'HISTOIRE DU CHOCOLAT À BAYONNE.
La fabrication du chocolat existe à Bayonne depuis des siècles.
CHOCOLAT DOMINQUE BAYONNE PAYS BASQUE D'ANTAN |
Voici ce que raconta André Constantin dans le Bulletin du Musée Basque N°5 de 1933 :
"...S'il est une réputation universellement répandue et qui s'est maintenue sans défaillance depuis plusieurs siècles, c'est bien celle du chocolat de Bayonne.
Cette vieille cité a été, en effet, la première en France à travailler avec succès le cacao, produit exotique, et cela s"explique aisément.
Comme on le sait, ce furent les "conquistadores" de Fernand Cortez qui connurent au Mexique le cacaoyer ou cacava, suivant l'appellation du pays. Les indigènes nommaient cacaohalt le fruit de cet arbre et la boisson qu'ils en tiraient portaient le nom de chocolalt.
Dans sa première lettre à Charles-Quint, Cortez mandait à son roi qu'on se servait des fèves du cacao, non seulement comme aliment mais comme monnaie d'échange.
Les graines du cacao formaient, en effet, au Mexique, la monnaie courante, comme encore aujourd'hui la noix de kola chez certaines peuplades d'Afrique et c'est avec cette monnaie que les chefs de province payaient tribut à leur souverain Montezuma. Celui-ci en possédait des réserves immenses...
Ayant mis la main sur ces réserves, les Espagnols comprirent l'intérêt qu'ils avaient à conserver les usages du pays et à se servir de ces amandes, surtout comme monnaie d'échange...
Dès lors, l'usage du chocolat se répandit rapidement dans l'Amérique espagnole et de là dans la métropole. Les Espagnols, établis au Mexique, gardèrent le plus longtemps possible le secret de leur fabrication, se contentant d'envoyer des pâtes préparées ; mais finalement des envois de graines de cacao furent faits à la péninsule et quelques fabriques s'installèrent en Espagne, dès la fin du 16ème siècle.
Le gout du chocolat prit un tel essor en Espagne qu'il provoqua une polémique religieuse, le clergé s'étant inquiété de savoir si le chocolat pouvait être consommé les jours de jeûne. Il fut décidé en haut lieu qu'on pouvait en tout temps absorber le chocolat à l'eau.
Les juifs, encore fixés en Espagne et qui, pour y demeurer, s'étaient convertis - apparemment, du moins - au catholicisme, (d'où leur nom de Nouveaux Chrétiens), connurent ainsi l'usage du chocolat et la façon de le travailler.
Définitivement chassés d'Espagne, puis du Portugal, les Juifs Portugais - suivant leur nouvelle appellation - se réfugièrent dans les pays avec lesquels ils entretenaient des relations commerciales et vinrent nombreux en France, où ils étaient autorisés à s'établir dans certaines villes du royaume, notamment dans le Sud-Ouest, à Bordeaux, Bidache, Peyrehorade, La Bastide-Clairence, et à Bayonne, dans le faubourg Saint-Esprit.
Certains de ces juifs Portugais qui avaient travaillé le chocolat en Espagne et trafiqué avec les Iles occidentales pour le commerce des épices et denrées, des ultramarinos, implantèrent ainsi la fabrication du chocolat à Saint-Esprit, dès le début du 17ème siècle.
...La réputation du chocolat de Bayonne continuait à s'affirmer. Cela tenait surtout à la qualité des cacaos employés et à leur judicieux mélange, suivant les formules apportées d'Espagne par les Portugais.
Longtemps seuls experts dans ce nouveau métier, ainsi que le relate Henry Léon dans son Histoire des Juifs de Bayonne, les Portugais, qui ne pouvaient se livrer au commerce de "détail", allaient fabriquer le chocolat chez les épiciers de Bayonne et de Saint-Esprit et se rendaient même à domicile, chez des particuliers, avec leur outillage.
LIVRE HISTOIRE DES JUIFS DE BAYONNE D'HENRY LEON PAYS BASQUE D'ANTAN |
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire