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samedi 4 mai 2019

NAPOLÉON AU CHÂTEAU DE MARRACQ À BAYONNE EN LABOURD AU PAYS BASQUE EN 1808 (première partie)


NAPOLÉON À BAYONNE EN 1808.


En avril 1808, Napoléon rencontre à Bayonne Charles IV d'Espagne, Ferdinand VII et Manuel Godoy y Alvarez de Faria.

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CHÂTEAU DE MARRACQ BAYONNE
PAYS BASQUE D'ANTAN

Cette rencontre est appelée "l'entrevue de Bayonne". L'empereur français fut sollicité par les 

deux prétendants légitimes au trône d'Espagne Charles IV et Ferdinand VII pour trouver une 

issue profitable à tous concernant la querelle des deux souverains, menaçant de tourner à la 

guerre civile.

Napoléon décida de priver les deux Espagnols de leurs espérances en obtenant de choisir son 

propre candidat, Joseph Bonaparte, son frère aîné, pour le trône espagnol.




Voici ce que rapporta la Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-Luz, dans plusieurs 

éditions :



  • le 4 octobre 1933 :


"Variétés d'Histoire locale.




Une aventure amoureuse de Napoléon au château de Marracq. Par M. René Cuzacq.



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MARRACQ BAYONNE
PAYS BASQUE D'ANTAN





Le château de Marracq ! L'entrevue avec les Bourbons d’Espagne ! La proclamation de Joseph comme roi d'Espagne ! Que d'épisodes retracés à l'envi par les historiens : la guerre d'Espagne ne va-t-elle pas en sortir, qui sera le tombeau de l'Empire ? 






Mais derrière le drame politique, un autre drame se déroule, non moins grave, s’il est plus secret, plus poignant peut être : au petit château de Marracq, la question du divorce avec sa femme Joséphine se pose plus que jamais devant l’Empereur. 








Jeune officier corse, il a épousé la veuve du général de Beauharnais ; la beauté de cette créole a fait sur lui la plus vive impression. Sa nonchalance comme son charme, sa voix douce et chantante, l'art profond et tout féminin de son costume et de sa toilette, tout a contribué à rendre fou d'amour le petit Corse bouillonnant d'ardeur et de génie. Ô surprise : coquette et légère, ruineuse et gaspilleuse, elle a cru trouver en des temps difficiles le protecteur nécessaire qui lui permettrait de vivre sa vie ; la Martinique l’a marquée à jamais de son empreinte, cette fille de nos lointaines et brûlantes colonies ; mais ne voilà-t-il pas que ce maigre capitaine, que l'on faisait enrager avec tant de plaisir parfois, se révèle un homme de génie? Joséphine croyait beaucoup plus à l'avenir de Barras qu'à celui de son mari. Et voici que ce dernier se révèle comme le vainqueur immortel de la campagne d'Italie, le héros digne des antiques Césars, le régénérateur prochain du pays, le destructeur du régime pourri du Directoire. Bah ! avec une perversité parfaite, elle fait la connaissance de Monsieur Charles, pendant que lui ronge ses poings de colère et de rage dans les palais de marbre où il entre en triomphateur. Une seconde fois, il lui a fallu pardonner : au retour d'Egypte, elle est venue en pleurant heurter à sa porte close ; il a fini par ouvrir. Cette femme, elle est à elle seule le souvenir de son obscure jeunesse et de ses pénibles débuts. Il en a fait une impératrice : fine mouche, elle est allée révéler au Pape, la veille de son couronnement, que leur mariage fut jadis purement civil : en grande hâte, il a fallu procéder au mariage religieux, au mariage indissoluble. Car elle sait quelle n’a plus à espérer d’enfants, elle laisse croire même à l’Empereur, d’accord avec le médecin Corvisart, que la faute en revient à lui et non à elle. Mais il n'a pas encore quarante ans ; pourtant, si jamais une balle le frappait sur quelque champ de bataille, à qui irait l’Empire ? Le regard de Joséphine se pose avec complaisance sur son fils Eugène de Beauharnais, droit et loyal, qui a su gagner le cœur de l’Empereur. Mais tout le clan des Bonaparte trépigne de rage et de colère: que l’Empereur divorce et se remarie ! Qu’il ait un fils ! Tout, plutôt qu’un Beauharnais sur le trône ! 



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ENTREVUE DE BAYONNE 1808
PAYS BASQUE D'ANTAN



Comme ils détestent cette créole, ces Corses avides et affamés ! Pourtant, il est quelqu’un qui la déteste plus encore : c'est Son Excellence M. Fouché, ministre de la police. L’ancien oratorien a fait du chemin depuis qu’il a jeté son froc aux orties ; il s est révélé comme l'homme indispensable, le découvreur de tous les complots, celui qui manie à sa guise les fils de toutes les conspirations. Comme Talleyrand, il en a assez de la guerre perpétuelle : sous le décor de gloire, et d'une gloire grandissante, il devine la chute fatale, le grand abattement final du système. Que deviendrait-il, lui, ce jour-là ? Errant de Vérone à Milan et de Milan à Hartwel, il y a quelqu'un qui se fait appeler le roi de France, qui, jusque dans son dénuement, maintient autour de lui un semblant de cour et d'étiquette : l’Empereur tombé, dans la grande secousse qui s’ensuivra, le roi Bourbon risque de revenir. Du coup se jouera le sort de la tète de M. Fouché. Ce sceptique froid et désabusé se trouble quand on lui rappelle son vote régicide. "Je ne m'appelle pas Louis XVI, dont vous avez voté la mort", lui lance Napoléon lorsque sa clairvoyance devine quelque louche symptôme de trahison. Pour une fois, Fouché a blêmi ; mais bien vite, il s'est repris : "Sire, c'est le premier service que j'ai eu l’occasion de rendre à Votre Majesté !" 



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ENTREVUE DE BAYONNE 1808
PAYS BASQUE D'ANTAN



Or, voici que Napoléon aime de nouveau ; le vainqueur d'Austerlitz a écrasé et détruit comme en se jouant la Prusse à Iéna et Auerstædt ; les cavaliers de Murat sont entrés à Varsovie ; cet hiver 1806-1807 sera le temps du repos : l'Empereur a besoin de détendre ses nerfs, de se délasser à nouveau, de connaître quelques distractions. Or, c’est un grand amour qui vient. De petite noblesse polonaise, Marie Laczinski a épousé toute jeune, pauvre comme ceux de sa caste, un vieillard de soixante-dix ans, le comte Walewski : elle, elle est sur ses dix-huit ans à peine. Tout un peuple attend la résurrection de la Pologne de la main de Napoléon ; celui-ci l’a remarquée à un bal chez le prince Poniatowski : le soir même, le grand maréchal Duroc lui porte un billet : "Je n’ai vu que vous, je n’ai admiré que vous, je ne désire que vous. Une réponse bien prompte pour calmer l'impatiente ardeur de N." Elle a pleuré, sangloté ; Poniatowski est venu en personne : nouvelle Iphigénie, elle doit se sacrifier ; par elle, la Pologne renaîtra au rang des nations.






Dans sa loyauté, elle est allée tout révéler à son mari ; ce vieillard, pris dans un cas de conscience tragique, n'a pas voulu donner son pardon ; mais lui aussi il se sacrifiera à la cause nationale ; il partira pour l'Italie. Au château de Finckenstein, l'amour est venu. Douce et tendre, aimante et pleine de tendresse, Marie apporte à l'Empereur le repos dont il a tant besoin. Avant elle, il a connu quelques toquades ; il y a eu notamment Mademoiselle George, l'orgueilleuse et facile actrice du Consulat. Cette fois, c'est un grand amour caché, un grand amour durable qui naît. "Des yeux immenses bleu foncé, un nez droit, une jolie bouche rose un peu boudeuse, un col délicat et long, des bras fins, de pures épaules encore graciles" : telle est cette blonde beauté slave qui a fait une si forte impression sur le Corse, l’homme du Midi, qui survit en l'Empereur. Mais surtout, elle lui apporte l'asile de tendresse et de bonheur, le nid discret et chaud dont il a besoin, le repos nécessaire loin de la gloire écrasante, des ambitions hautaines et des trahisons renaissantes. Marie vient à Paris, Fouché lui cherche un appartement discret au quartier de la Chaussée d’Antin ; Pauline Borghèse la présente à la Cour. Napoléon sait maintenant que si son mariage esseulé ne connaît point le nécessaire berceau, la faute en est à Joséphine : elle a dû accepter la favorite ; adroitement, elle s'est gardée de protester. Mais quelqu'un est là, qui accable Marie Walewska de prévenances et de politesses. Il a le moyen, maintenant, de sauvegarder l’avenir, Monsieur Fouché : Marie Walewska sera l’Impératrice des Français ; Napoléon achèvera (en épousant cette noble, mais non point une fille de sang royal, ni une plébéienne dont on se moquerait ou dont ne voudrait pas l'amour-propre national). Napoléon achèvera d'apparaître ainsi comme le roi de la Révolution couronnée ; un héritier viendra qui sauvegardera l’Empire, et la situation de Fouché — non moins que la reconnaissance de la nouvelle Impératrice. Comme toute l'aristocratie polonaise, Marie Walewska parle couramment le français : s’il allait la trouver chez elle pour une entrevue celte fois décisive ?






Le soleil de mars jette sur les rues du grand Paris la douceur du printemps parisien. L'Empereur va partir pour Bayonne : son départ aura lieu le 2 avril 1808. Fouché est décidé à abattre son jeu. Joséphine veut, de son côté, suivre son mari à Bayonne ; loin de la favorite, il se laissera bien reprendre. Pour Fouché, c’est Joséphine qui doit rester dans la capitale : Marie continuera à plaider à Bayonne la cause d'une grande Pologne. Elle l'a reçu dans son petit salon de la rue du Houssaye et soudain il a lancé sa grande tirade, prononcé les grands mots : "L’Impératrice des Français, reine d'Italie". La nouvelle Esther — comme dit Poniatowski — s’est levée tremblante de crainte, d’émotion et de surprise. "Vous oubliez, comte — Fouché n’est pas encore duc ! — que je suis catholique, que je suis mariée. L'amour de l’Empereur, la résurrection de ma patrie, je ne cherche ni ne veux rien d'autre." Fouché déclare en souriant que ces obstacles ne sont pas insurmontables; le comte Walewski cédera sa femme à la Pologne ; le Pape, selon l’usage, s’inclinera devant la nécessité des puissants. Que Marie fasse attention : Joséphine est allée chercher la petite Guillemeaux, qu’il est assez facile d’approcher — comme jadis elle était allée chercher la Gazzani : par elle, elle compte reprendre l'Empereur après l’avoir quelque peu distrait. Pâle de colère, Marie réplique : "Cela est bien bas, Monsieur !" Mais Fouché a porté le coup qu’il voulait ; seulement, cette âme de roué ne comprend pas la délicatesse infinie de Marie Walewska : elle ne dira rien à l’Empereur ; il n’y aura pas l’éclat cherché entre lui et l’impératrice ; Marie se contente de mettre au courant le grand-maréchal Duroc ; c’est un balourd sans initiative, qui se récrie aussitôt et déclare l’histoire forgée par Fouché. Il est vrai que pour sa part, l’Empereur refuse d’emmener Joséphine ; il a refusé de même aux sollicitations de Fouché d’emmener Marie : Bayonne est une trop petite ville ; il va recevoir la famille royale d’Espagne ; il ne lui faut pas là-bas de favorite. Mais il écrira à Marie chaque jour. C’est ainsi qu’il s'engage seul vers la cité du grand Adour."


A suivre...






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