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mardi 30 avril 2024

L'ABDICATION DE BAYONNE EN LABOURD AU PAYS BASQUE EN MAI 1808

L'ABDICATION DE BAYONNE EN 1808.


L'abdication de Bayonne ou entrevue de Bayonne a lieu le 30 avril 1808 entre Napoléon 1er, Charles IV d'Espagne, Ferdinand VII et Manuel Godoy.



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ENTREVUE DE BAYONNE MAI 1808
PAYS BASQUE D'ANTAN


L'empereur français a été sollicité par les deux prétendants légitimes au trône d'Espagne (Charles IV, roi couronné, et Ferdinand VII, son fils proclamé) pour trouver une issue profitable à tous concernant la querelle des 2 souverains, menaçant de tourner à la guerre civile. Napoléon décide de priver les 2 Espagnols de leurs espérances en obtenant de choisir son propre candidat, Joseph Bonaparte, son frère aîné pour le trône espagnol.



Le contexte :



Le traité de Fontainebleau signé en 1807 par l'empereur des Français Napoléon 1er et Manuel Godoy, chancelier du roi Charles IV d'Espagne (et amant de la reine Marie-Louise) dont la finalité est l'invasion et le démembrement du Portugal, permet aux troupes françaises de pénétrer en Espagne.




Celles-ci, outrepassant leurs droits, en viennent à investir un grand nombre de villes et à contrôler les routes et chemins espagnols. Craignant le mécontentement général, soumis à l'amant de sa femme, le roi (suivi de sa cour) se réfugie à Aranjuez tout en songeant à s'exiler dans leurs colonies d'Amérique du Sud.



Le 17 mars 1808, un soulèvement populaire fomenté par le jeune prince des Asturies les en empêche. Il prend le pouvoir sous le nom de Ferdinand VII et fait arrêter le premier ministre. Le roi abdique en faveur de son fils mais, une guerre civile menaçant, les 2 protagonistes demandent l'arbitrage de leur allié, l'empereur des Français, Napoléon invite la famille royale à Bayonne, au château de Marracq.



Voici ce que rapporta à ce sujet l'hebdomadaire Les Contemporains, le 30 mai 1897, sous la plume 

de P. Tranquille :



"Guet-apens de Bayonne. 



La révolution soudaine d Aranjuez avait surpris l’Empereur et dérangé son plan, qui était, ainsi que nous l’avons dit, d'effrayer la famille impériale et de ramener à s’enfuir  — ce qui aurait permis à Napoléon de déclarer le trône vacant et de s'en emparer.



Mais il eut vile compris, avant même de connaître la protestation de Charles IV, qu’une abdication obtenue et signée pendant une émeute lui fournissait un prétexte d’intervention. Le père avait donné son abdication et n était plus roi. L’Empereur ne reconnaîtrait pas le fils. — Ainsi le trône pouvait encore lui revenir, au moins il le pensait.



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PORTRAIT DU ROI CHARLES IV



Le 27 mars, à la première nouvelle des événements d’Aranjuez, Napoléon écrivit a son frère Louis pour lui offrir la couronne d’Espagne. Il envoya en même temps à Madrid un de ses agents préférés, le général Savary, avec mission d’amener à tout prix Ferdinand à Bayonne, où l’Empereur se rendait lui-même. On annonça alors le prochain voyage de Napoléon à Madrid. Il était en route, il avait passé la frontière, il approchait de la capitale, disait-on. Murat et Savary se mirent alors à presser Ferdinand de témoigner sa déférence à Napoléon en se portant à sa rencontre. — C’était le moyen infaillible de se concilier ses bonnes grâces ; s'il tardait, il serait devancé auprès de Napoléon par Charles IV, qui avait déjà annoncé son départ pour aller au-devant de son bon ami. — Ferdinand et ses conseillers ne crurent pas pouvoir s’empêcher de se porter à la rencontre de l'empereur des Français. — Le 10 avril, le prince espagnol quitta Madrid après avoir constitué un Conseil de régence. — Son voyage fut triomphal et comme la répétition des scènes enthousiastes d’Aranjuez et de Madrid. — Le 12, Ferdinand arriva à Burgos.



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PORTRAIT DE FERDINAND VII D'ESPAGNE
PAR VICENTE LOPEZ



Là, on n'avait aucune nouvelle du voyage de Napoléon. Ferdinand s’en montra fort surpris et assez inquiet. Savary, qui ne le quittait pas, parvint à le rassurer de nouveau et à le décider à s’avancer jusqu’à Vittoria. Napoléon s’y trouverait certainement. — Le 13, Ferdinand arriva à Vittoria. Il apprit que Napoléon était encore à Bordeaux ! — Il résolut de ne pas aller plus loin. — Savary, voyant le prince inébranlable, courut à Bayonne, où l’empereur arrivait enfin ; il était de retour, le 17, porteur d’une lettre perfide de son maître, pleine de protestations vagues d’intérêt à la cause de Ferdinand. —Napoléon se prononcerait pour le prince, s’il était reconnu que l’abdication de Charles IV avait été spontanée et volontaire. Savary devait "ajouter les paroles captieuses dont il était prodigue". — Mais il fallait prévoir le cas où Ferdinand VII résisterait à toutes ces embûches.



Ce cas survenant, dit Thiers, Napoléon, n’entendait pas s’arrêter à mi-chemin. Il décida donc que la force serait employée. Il ordonna sur-le-champ à Murat et au maréchal Bessières de ne pas hésiter, et, sur un simple avis de Savary, de faire arrêter Ferdinand VII en publiant en même temps la protestation de Charles IV, en déclarant que celui-ci régnait seul, et que son fils n’était qu'un usurpateur qui avait provoqué la révolution d’Aranjuez pour s’emparer du trône.



Il ne fut pas nécessaire d’en venir à la violence. Ferdinand se laissa séduire par Savary, et le 19, au matin, les voilures royales furent attelées pour se rendre à Bayonne.



Une foule de paysans armés, qui, depuis plusieurs jours, couchaient à terre, soit devant la porte, soit dans l’intérieur de la demeure royale, manifestèrent l'intention de s’opposer au voyage. L’un d'eux, armé d’une faucille, coupa les traits des voitures et détela les mules qui furent ramenées aux écuries.


Il fallut que le duc de l’Infantado, qui jouissait d’une grande considération, haranguât la foule pour la décider à respecter les volontés royales. Le peuple s'apaisa plus par respect que par conviction. Ferdinand VII monta en voiture en saluant la foule qui lui rendit son salut par des acclamations à travers lesquelles perçaient quelques cris de colère et de pitié. Les superbes escadrons de la garde impériale, s’ébranlant au galop, entourèrent aussitôt les voitures royales, comme pour rendre hommage à celui qu’elles emmenaient prisonnier.



Le lendemain, 20 avril, Ferdinand et son cortège traversèrent la Bidassoa ; à 10 heures, ils arrivèrent à Bayonne. Ils étaient désormais aux mains de leur ennemi. Napoléon accourut, à cheval, faire à Ferdinand la première visite. Pour le soir, l'Empereur l'engagea à dîner chez lui. Tout s’y passa avec politesse, mais avec une réserve extrême quant à ce qui touchait à la politique, Ferdinand était à peine rentré dans sa demeure, que Savary s’y présenta. Il venait signifier au prince la volonté de son maître : La famille de Bourbon avait cessé de régner en Espagne !



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ENTREVUE DE BAYONNE MAI 1808
PAYS BASQUE D'ANTAN



Le 30 avril, Charles IV et la reine arrivaient, à leur tour, à Bayonne. Napoléon les traitait en souverains ; toutes les troupes étaient sous les armes. Murat avait communiqué à la régence de Madrid la protestation de Charles IV. Le plan de l’Empereur se révélait avec évidence. Il voulait remettre un instant la couronne sur la tète de Charles IV pour se la faire donner à lui-même. — Ferdinand, craignant de perdre même ses droits d’héritier présomptif, vint s'humilier devant son père et baiser sa main. Mais quand il voulut suivre son père dans ses appartements, le vieux roi l’arrêta : Malheureux ! n'as-tu pas assez déshonoré mes cheveux blancs ? respecte au moins mon repos.



Charles IV et la reine avaient retrouvé leur cher Emmanuel auprès de Napoléon. Un seul désir semblait les animer, celui de voir finir le règne de Ferdinand. Dès le lendemain de son arrivée, Charles IV écrivit à son fils pour lui demander son abdication. Ferdinand déploya dans ces pénibles circonstances un courage malheureusement trop rare dans sa vie. Il offrit de faire son abdication, à Madrid, devant les Cortès assemblées. Donnée à Bayonne, disait-il avec raison, elle paraitrait imposée par la violence, et dès lors, serait considérée comme nulle et sans valeur. Ni Napoléon ni Charles IV ne parvenaient à triompher de l’obstination du prince ; ils ne savaient à quel moyen recourir pour en avoir raison, lorsque, le 5 mai, vers les 5 heures du soir, arrivèrent des lettres de Murat annonçant l’insurrection du 2 mai, à Madrid, contre les Français. Napoléon y vit sur-le-champ le moyen de produire la secousse dont il avait besoin pour emporter l'abdication. Il courut auprès de Charles IV, la dépêche de Murat à la main, et se livra à un de ses accès de colère habituels dans les grandes circonstances. Le vieux roi, épouvanté, manda son fils.



Voilà donc ton ouvrage ! lui dit-il, le sang de mes sujets a coulé ; celui des soldats de mon allié, de mon ami, le grand Napoléon, a coulé aussi... Tu as déchaîné le peuple, et personne n’en est plus maître aujourd’hui. Rends, rends cette couronne trop pesante pour toi.




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ENTREVUE DE BAYONNE MAI 1808
PAYS BASQUE D'ANTAN



La reine fut plus violente encore. Ferdinand se tenait immobile, sans proférer une parole.



Te voilà bien tel que tu as toujours été ! lui criait sa mère. Lorsque ton père ou moi voulions t'adresser quelques exhortations dans ton intérêt même, tu te taisais, en ne répondant à nos conseils que par le silence et la haine... Mais réponds donc à ton père, à ta mère, à notre ami, à notre protecteur, le grand Napoléon.



Ferdinand se contenta de protester que, étant réellement prisonnier à Bayonne et sans communication avec l’Espagne, il n’était pour rien dans les événements du 2 mai. Napoléon, en se retirant, déclara froidement que si, le soir même, le prince n’avait pas résigné la couronne à son père, il serait traité en fils rebelle. C’était l’abdication ou la mort.


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ENTREVUE DE BAYONNE MAI 1808
PAYS BASQUE D'ANTAN


Le lendemain, 6 mai, Ferdinand signa l’acte d’abdication suivant en faveur de son père.


Mon père vénéré et sire, 


Le 1er courant, je remis dans les mains royales de Votre Majesté la renonciation de ma couronne en votre faveur. J’ai cru de mon devoir de la rédiger avec les réserves convenables à l’honneur de Votre Majesté, à la tranquillité de mes royaumes et à la conservation de ma propre considération.


Je n’ai pas vu sans une extrême surprise l’indignation qu’ont produite dans le royal esprit de Votre Majesté quelques modifications dictées par la prudence et exigées par l’amour que je dois à mes sujets. Sans autre motif cependant, Votre Majesté a cru pouvoir m’outrager en présence de ma mère vénérée et de l’Empereur dans les termes les plus humiliants ; en outre, vous exigez de moi que je rédige ma renonciation sans réserves ni conditions, sous peine, pour moi et pour ceux de ma suite, d’être traités comme coupables de conspiration. Dans un tel état de choses, je fais la renonciation que Votre Majesté m’ordonne, afin que le gouvernement d’Espagne soit rétabli dans l’état où il était le 19 mars, quand Votre Majesté fit l'abdication spontanée de sa couronne en ma faveur. Dieu garde la précieuse vie de Votre Majesté les nombreuses années que le désire, prosterné aux pieds royaux de Votre Majesté, son très aimant et soumis fils.



Déjà, la veille au soir, Charles IV avait résigné tous ses droits à Napoléon. Celui-ci était parvenu à ses fins. Mais c'était le commencement de ses malheurs et le principe de sa ruine. L’Europe ne vit pas sans effroi le successeur de Charles-Quint détrôné et prisonnier. Tous les princes se mirent à trembler pour eux-mêmes. Quant à l'Espagne, dont Napoléon croyait pouvoir disposer à son gré et dont il faisait cadeau à son frère Joseph, elle se leva tout entière contre le dominateur de l’Europe. Napoléon sacrifiera inutilement cinq cent mille de ses soldats contre un peuple héroïque, résolu à défendre son indépendance."


(Source : Wikipédia)










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lundi 5 février 2024

LES "PROVINCES VASCONGADES" ET LE ROYAUME DE NAVARRE EN 1808 (cinquième et dernière partie)

 

LES "PROVINCES VASCONGADAS" ET LE ROYAUME DE NAVARRE EN 1808.


Les "provinces Vascongades" désignent trois territoires du Pays Basque Sud : l'Alava, la Biscaye et le Guipuscoa.




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PROVINCES VASCONGADES ILLUSTREES
PAYS BASQUE D'ANTAN



Voici ce que rapporta à ce sujet le quotidien la Gazette Nationale ou Le Moniteur Universel, le 8 

octobre 1808 :


"Détails géographiques et statistiques sur les trois provinces dites Vascongades, savoir, de la Guipouscoa, de la Biscaye et de l'Alava, ainsi que sur le royaume de Navarre. — Fin. (Voyez le numéro d'hier.



... Le royaume de Navarre ou des Pyrénées, a eu des limites différentes, selon la fortune diverse des monarques qui l'ont possédé. A certaines époques, ils se sont agrandis aux dépens des rois de Castille et d’Aragon ; à d’autres, leurs frontières ont été resserrées par les conquêtes de ces monarques. Aujourd’hui, la Navarre renferme cinq mairies, celle de Pampelune, celle d’Estella, celle de Tudela, celle de Sanguesa et celle d'OIite. La sixième, qui est celle de Saint-Jean-Pied-de-Port, resta aux rois de Navarre après la conquête de ce royaume par les armes de Ferdinand-le-Catholique ; Charles V l’abandonna vers l’an 1530, et elle fut réunie à la France lors de l’avènement de Henri IV au trône. 


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BLASON DU ROYAUME DE NAVARRE
DE 1234 A 1580



La Navarre est bornée au nord par la France ; à l’ouest par la Guipouscoa, au sud par Alava et Castille, et à l’est par Aragon. Elle est située entra le 15e degré 22 minutes et le 16e degré 42 minutes de longitude de l'île de Fer, entre le 42e degré 17 minutes et le 43e degré 15 minutes de latitude. Sa plus grande longueur est de 23 lieues sur 19 de largeur ; on peut évaluer sa surface à 437 lieues carrées. 



Outre l’Ebre qui arrose cette province dans sa partie méridionale, elle est fécondée par plusieurs ruisseaux et rivières qui prennent naissance dans les montagnes voisines. Les rivières les plus considérables de la Navarre sont l’Aragon, l'Arga et l'Ega. 




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PONT DE LA ROCHAPEA SUR FLEUVE ARGA
PAMPELUNE
NAVARRE D'ANTAN



Une grande partie du sol est montueuse ; et dans les montagnes, le blé, l'huile et le vin sont fort rares ; en revanche, la plaine en produit en abondance, spécialement les terres riveraines de l’Ebre. Le vin de Tudela et celui de Peralta sont des meilleurs vins de liqueur d’Espagne, et je m'étonne qu’on n’ait pas songé en France à les substituer à ceux de Malaga et de Xerèz dont le transport est si dispendieux en temps de guerre, tandis que les vins de Navarre sont à la portée de la France en tout temps. C’est une spéculation qui ne peut manquer d’enrichir les premiers qui l’entreprendront. 



La Bardena réal est une plaine très étendue sur la rive gauche de l’Ebre, qu’on laisse sans culture, et qui, bien cultivée, pourrait fournir de blé la province entière. 



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MASSIF DE LA PISQUERA BARDENAS REALES
NAVARRE D'ANTAN



Les pâturages sont très abondants dans cette province, où les pluies sont aussi fréquentes qu'elles sont rares dans le midi de l'Espagne ; c’est pourquoi le bétail y est nombreux.



Les principaux produits de l’agriculture en Navarre sont le froment, le vin, l’huile d’olive et le lin. Il y a quelques mûriers, mais la récolte de soie est loin d'égaler ce qu'on pourrait attendre d'un climat si propre à l'éducation des vers. Il y a des mines de fer et de cuivre, des salines, et la célèbre mine de sel fossile de Valtierra, décrite par Bowles. La galerie principale de cette mine a plus de 1 200 pieds de long ; il y en a plusieurs autres de chaque côté de 240 à 300 pieds de longueur, soutenues par des piliers de sel. 



La population de la Navarre s’accroît assez rapidement, comme celle de toutes les provinces frontières ou maritimes de l’Espagne. En 1725 , on n’y comptait que 34 715 familles, et en 1777 on en dénombra 43 220, dont 6 623 nobles. Enfin le recensement fait en 1797 donna 226 467 habitants, dont 64 446 hommes et 58 007 femmes célibataires ; 84 825 hommes et femmes mariés, 5 303 veufs, 9 148 veuves ; 4 739 prêtres, moines et religieuses. De sorte que, sur chaque lieue carrée, il y a un peu plus de 518 habitants ; mais comme il n’y a guère que le quart du sol susceptible de culture, on doit compter 2 077 personnes par lieue carrée de terrain fécond. 



En 1786, l’exportation des produits ruraux et industriels de la Navarre s’éleva à près de deux millions de francs. Les objets de cette exportation furent l’eau-de-vie, légumes, sel, lin, herbes de jardinage et fruits, fromage, froment, laine sale, peaux, charbons, cochons, cercles de tonneau, orge, fer, amadou ; parchemin, garance, agneaux, chocolat, peignes, laine mérina et vin. 



Les objets importés s’élevèrent à une valeur de 3 500 000 francs, ils consistaient en toute sorte d’étoffes de laine, de soie, de coton et de toiles de lin, en peaux tannées, papier, bas et mouchoirs, chapeaux, bouteilles, vitres de fenêtres, soufre, fil, sucre, cacao, cannelle, poivre, riz, cire, fer-blanc, étain, cuivre, clincaillerie, faïence, fil de fer, verre, drogues, etc. 



Pampelune, capitale du royaume est située au centre de la Navarre, sur l'Arga qui fait presque le tour de la ville. Elle est bâtie dans une plaine, et enfermée par de hautes montagnes. Sa population est de 2 818 familles, composées de 14 054 personnes, habitant 1632 maisons. 



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SIEGE DE PAMPELUNE 1813
GRAVURE DE 1840



La police s’occupe avec soin de la propreté des rues ; mais à ses règlements utiles, elle en ajoute d’autres gênants et ridicules ; comme d’empêcher que les cafés communiquent à plusieurs rues, que les hommes puissent y mener des femmes après le coucher du soleil, et autres minuties non moins puériles. Cette sorte de règlements, très communs en Espagne, donnent à ce royaume l’air d’un vaste couvent, où chaque habitant, semblable à un cénobite, est astreint aux règles les plus sévères. Misérable législation, qui étouffe dans les âmes tout principe d’activité ! 



L’industrie manufacturière est très languissante à Pampelune ; mais la terre est cultivée avec soin. Les manufactures de cette ville ne méritent pas que nous nous y arrêtions elles se bornent à la fabrication de quelques draps grossiers qu’on fait à l’hospice, ou dans quelques ateliers de la ville ; à celle d’un peu de fayence commune et au blanchissage de la cire qu’on importe du dehors.



Les terres des environs de Pampelune sont bien fumées, et la méthode fatale des jachères y est presque inconnue. Les récoltes alternent généralement dans l’ordre suivant :


Première année, froment ; deuxième, fèves ; troisième, froment ; quatrième, maïs. 


La quatrième année, on laboure les terres avec la laya, que nous avons déjà décrite ; les années intermédiaires, on se contente du labourage des bœufs. 



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LAYA MUSEE BASQUE BAYONNE
PAYS BASQUE D'ANTAN



L’instruction publique à Pampelune est très vicieuse ; ce sont des religieuses qui savent à peine épeler l’espagnol, qui se chargent de celle des filles, et qui leur inculquent, dès leur enfance, les plus absurdes préjugés ; celle des garçons n'est guère mieux soignée. 



Pampelune contient une église cathédrale et trois autres paroisses ; elle est le siège d’un évêché suffragant de la métropole de Burgos. Il y a aussi dans cette ville neuf couvents de moines et deux de religieuses ; nombre qui est prodigieux, eu égard à sa faible population. 



La seconde ville de la Navarre est Tudela, dont la population s'élève à 7 295 habitants. Cette ville est, depuis 1788, le siège d'un évêché érigé à cette époque par Charles III ; fondation dont le pays n’a retiré aucun profit. 





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TUDELA SUR EBRE 
NAVARRE D'ANTAN



Tudela est située au confluent de l'Ebre et du Oueyles ; elle est entourée de belles promenades, et ses environs offrent un coup d'oeil très pittoresque. Nous avons déjà parlé de l’excellence des vins de son territoire ; on y récolte aussi du froment en abondance, de l’orge, des fèves, des haricots, des olives, du chanvre et des fruits d’un goût exquis. On évalue à 7 000 les agneaux qu’on y élève tous les ans. 



Les manufactures de draps sont ici moins languissantes que dans les autres villes de la Navarre ; elles fleuriraient encore plus sans les règlements gênants de jurandes et maîtrises, qui y sont en vigueur depuis qu’en 1438, Jean II et Blanche de Navarre sanctionnèrent les ordonnances de la confrérie des fabricants de draps. 



On compte à Tudela six fabriques de savon, et quelques-unes de tuiles, de briques et de poterie. 



Corella, ville de près de 4 000 habitants, est remarquable par sa manufacture de jus de réglisse, qu’on extrait, du bois de cet arbre, et qu'on réduit en pâte. On en exporte beaucoup pour l’Europe septentrionale. 



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MULTIVUES DE CORELLA-KOREILA NAVARRE
PAYS BASQUE D'ANTAN



C’est avec le raisin qu’on appelle berbès, que l'on fabrique le vin délicieux de Peralta, qui rivalise les meilleurs vins de l’Andalousie. Sa couleur est un peu foncée comme celle du vin cuit de Xerez.



Le sol de Tafalla est remarquable par sa fécondité, et le climat de cette ville par sa salubrité. On assure que les maladies épidémiques y ont toujours été inconnues."



(Source : Wikipédia)




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jeudi 4 janvier 2024

LES "PROVINCES VASCONGADES" ET LE ROYAUME DE NAVARRE EN 1808 (quatrième partie)

 

LES "PROVINCES VASCONGADAS" ET LE ROYAUME DE NAVARRE EN 1808.


Les "provinces Vascongades" désignent trois territoires du Pays Basque Sud : l'Alava, la Biscaye et le Guipuscoa.




pais vasco antes vascongadas provincias navarra
PROVINCES VASCONGADES ILLUSTREES
PAYS BASQUE D'ANTAN



Voici ce que rapporta à ce sujet le quotidien la Gazette Nationale ou Le Moniteur Universel, le 8 

octobre 1808 :


"Détails géographiques et statistiques sur les trois provinces dites Vascongades, savoir, de la Guipouscoa, de la Biscaye et de l'Alava, ainsi que sur le royaume de Navarre. — Fin. (Voyez le numéro d'hier.) 


La province d’Alava, quoique très montueuse, l’est bien moins que les deux autres dont nous venons de parler ; elle est aussi beaucoup plus fertile. Sa situation est entre la Biscaye, la Guipouscoa, la Navarre et la Vieille-Castille ; elle a dix-huit lieues de longueur, et quinze dans sa grande largeur. Alava est bornée au nord par la Biscaye et la Guipouscoa ; à l’est, par le royaume de Navarre ; au sud et à l’ouest, par la Vieille-Castille. 



Cette province est entourée de trois grandes cordillères de montagnes qui partent des Pyrénées, avec lesquelles elles forment une chaîne non interrompue. La première et la plus haute est celle qui la ceint du côté du septentrion, depuis la vallée de Llodio, et en suivant les confins de la Guipouscoa et de la Navarre ; ici se trouve le rocher d’Alogua ; c’est un roc de marbre de couleur cendrée. La seconde cordillère s’étend du nord au Sud, et projette plusieurs branches de différentes hauteurs, qui pénètrent jusque dans le centre de la province. Enfin, la troisième sépare de la Navarre la partie orientale d'Alava. Toutes ces montagnes produisent du bois en abondance ; les chênes propres à la construction des vaisseaux y sont très communs ; les chantiers de la marine espagnole s'en fournissent en grande partie. On y trouve aussi des carrières de marbre et des mines de fer et de cuivre. 



La portion la plus unie et la plus fertile de l’Alava est celle désignée sous le nom de rioja alavesa, et qui est à Alava ce que l’infanzonado est à la Biscaye. Cependant, même dans ce district, les terres sont inférieures à celles de la Vieille-Castille. 



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RIOJA ALAVESA
PAYS BASQUE



L’Alava est arrosée par un grand nombre de ruisseaux, de torrents et de petites rivières, qui prennent naissance dans ces montagnes. Les rivières sont très poissonneuses, surtout la Zadorra, la plus considérable de toutes celles de la province. 



LAC ZADORRA ALAVA
PAYS BASQUE D'ANTAN



Le grand nombre de villages et de riantes maisons de campagne qui se touchent les unes les autres, font que le chemin de Vitoria à Vergara ressemble plutôt à une longue rue qu'à une grande route. La beauté de celle-ci, la vue délicieuse de la Zadorra, qui semble se plaire à couler dans ce pays, et qui serpente en mille détours sans s’éloigner du chemin ; l’air d’aisance que les villageois respirent, la propreté et la bonne tenue des auberges, tout enchante le voyageur qui parcourt cette terre de féerie. 



Malgré le peu d'étendue d'Alava, sa population s’élève à plus de soixante-dix mille habitants, répartis en une ville, soixante-douze bourgs et trois cent cinquante-sept villages ou hameaux.



Depuis 1567, la province est divisée en six quadrilles, lesquelles comprennent cinquante-sept confrairies ou hermandades. Les quadrilles sont celles de Vitoria, de Salvatierra, d’Ayala, de la Guardia, de Zuya et de Mendoza. La première renferme dix-huit hermandades, la seconde six, la troisième cinq, la quatrième trois, la cinquième cinq, et la dernière douze. 



Il y a dans la province d’Alava une église collégiale, dont le chapitre est composé de seize chanoines ; quatre cent trente-quatre paroisses desservies par huit cent neuf prêtres, sept couvents de moines, et neuf de religieuses. 



La ville de Vitoria, que l'on regarde ordinairement comme la capitale de la province, parce qu’elle est la plus peuplée et la plus considérable de toutes ses communes, a six mille cinq cents habitants, qui occupent mille dix huit maisons, dont cent soixante-neuf dans les faubourgs. On prétend que la population de cette ville était plus nombreuse au 14e siècle et au commencement du 15e ; mais les assertions des historiens espagnols sur l’ancienne population de la presqu’île et de ses différentes provinces, méritent rarement la confiance d’un critique sensé. Salvatierra dit qu’en 1423 la ville ne voulut pas payer 48 000 maravédis au roi Jean II, ayant allégué que sa population était réduite de plus de dix mille habitants à quatre cents. "Le nombre d’hommes mariés, ajouta la ville, lorsqu’on imposa sur elle cette capitation, était de huit mille, dont deux mille veufs ou célibataires ; et maintenant les habitants ne vont pas au-delà de quatre cents." Il est impossible de croire à cette diminution soudaine, et l’on ne voit pas d’ailleurs comment le nombre d’hommes mariés pouvait être quadruple de celui des célibataires ou veufs. Soixante-treize ans après, en 1496, Alexandre VI dit, dans une bulle pour la translation de l’église collégiale d’Armentia à Vitoria, qu’il y avait dans cette dernière deux mille maisons habitées. Voilà un nouvel et rapide accroissement, aussi difficile à concevoir que la dépopulation soudaine qui l’avait précédé. 



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RENCONTRE DE NAPOLEON BONAPARTE AVEC SON FRERE JOSEPH 1ER
VITORIA ALAVA 5 NOVEMBRE 1808



Vitoria présente tous les symptômes de l’aisance, qui suppose toujours une population croissante. Les maisons des particuliers sont commodes et bien bâties ; la police s'occupe avec un zèle soutenu de tout ce qui peut contribuer à la salubrité ; les habitants sont sains et robustes. On ne souffre pas de mendiants dans la ville ; ordonnance de police d'autant plus aisée à faire observer, que l’indigence, si commune dans la Castille, est inconnue à Vitoria. Il y a un hospice on l’on entretient cent cinquante personnes qui y ont pris demeure sans y être forcées ; les ordonnances de cet établissement pieux n'ont rien de gênant ; les pensionnaires peuvent entrer et sortir à l’heure qu'ils le jugent à propos, quand ils ont fait l’ouvrage qui leur est assigné tous les jours, et qui n’est jamais très pénible. Les enfants y apprennent à lire, à écrire, et le catéchisme. 



Vitoria a une église collégiale, quatre autres paroisses, trois couvents de moines, trois de religieuses, et cinq chapelles. La municipalité qui administre la ville et son district se compose d'un alcade, un substitut ou second alcade, deux regidors, dix députés de la ville, et deux des villages, un syndic, deux députés de ta communauté, un alguasil major, deux alcades de la hermandad et un greffier. Il y a dans chaque village un ou deux hommes qui exercent des fonctions analogues à celles de nos maires et nos juges de paix collectivement, et que l’on nomme fiales. Tous ces officiers sont choisis pour un an, à la fin de décembre, par une assemblée composée de leurs prédécesseurs. 




pais vasco alava iglesia
EGLISE SAN MIGUEL VITORIA ALAVA
PAYS BASQUE D'ANTAN



L’agriculture à Vitoria est très florissante ; mais la froidure du climat empêche la culture des fruits qui exigent un certain degré de chaleur. Il parait qu'on remarque un refroidissement progressif dans l’atmosphère qui rend tous les jours certaines cultures moins productives. 



L’industrie et le commerce ont une très grande activité dans cette ville ; on y trafique en fer brut et ouvrage ; en denrées coloniales, dont Vitoria est l’entrepôt pour une grande partie de la Navarre et de la Vieille-Castille, en laine, draps, toile, soie, cuir tanné, chaises de paille, batterie de cuisine en fer, chapeaux, souliers, poterie grossière, tanneries, nappes et serviettes, etc. 



A sept lieues de Vitoria est Salinas d’Agnana ; ici sont des salines inépuisables ; on y fabrique tous les ans 60 000 fanègues de sel marin, et on en pourrait fabriquer dix fois autant sans craindre d'épuiser l’eau salée, qui se rend dans les bassins de trois sources très copieuses, provenant d’un immense lac d’eau salée, situé dans une colline au sud de Salinas. 





pays basque alava salines
SALINAS DE AÑANA ALVA



Avant de passer à la description du royaume de Navarre, nous dirons un mot sur Ognate et les Encartaciones : celles-ci font partie de la Biscaye, elles s'étendent l'espace de deux lieues le long de la côte ; leur plus grande longueur est de sept lieues, sur trois et demie de largeur. Quoique le sol soit très montueux, on y trouve de gras pâturages, les forêts y sont fort touffues. C’est dans le territoire des Encartaciones, que sont situées les célèbres mines de Somorrostro, dont on tire 800 000 quintaux de minerai tous les ans, et qui fournissent en grande partie les forges de Biscaye, de Guipouscoa, d'Alava, de Navarre, de la Vieille-Castille et des Asturies. 



pais vasco antes minas vizcaya
MINES DE SOMORROSTRO BISCAYE 
PAYS BASQUE D'ANTAN



Le comté d’Ognate, quoique enclavé dans la Guipouscoa, n'est pas censé faire partie de cette province. Le bourg d’Ognate comprend dans sa juridiction deux ante-iglesias et treize barrios ; la population de la ville s’élève à 2 073 personnes qui habitent 295 maisons. La plupart sont des ouvriers en fer, en draps communs et autres étoffes de grosse laine, et en toile de lin."



A suivre...



(Source : GUERRE D’INDÉPENDANCE ESPAGNOLE : RENCONTRE ENTRE NAPOLÉON ET SON FRÈRE JOSEPH IER À VITORIA (5 NOVEMBRE 1808) (batalladetrafalgar.com))




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lundi 4 décembre 2023

LES "PROVINCES VASCONGADES" ET LE ROYAUME DE NAVARRE EN 1808 (troisième partie)

LES "PROVINCES VASCONGADAS" ET LE ROYAUME DE NAVARRE EN 1808.


Les "provinces Vascongades" désignent trois territoires du Pays Basque Sud : l'Alava, la Biscaye et le Guipuscoa.




pais vasco antes vascongadas provincias navarra
PROVINCES VASCONGADES ILLUSTREES
PAYS BASQUE D'ANTAN



Voici ce que rapporta à ce sujet le quotidien la Gazette Nationale ou Le Moniteur Universel, le 8 

octobre 1808 :


"Détails géographiques et statistiques sur les trois provinces dites Vascongades, savoir, de la Guipouscoa, de la Biscaye et de l'Alava, ainsi que sur le royaume de Navarre. — Fin. (Voyez le numéro d'hier.) 



La seigneurie de Biscaye s’étend de l’ouest à l’est, depuis le 14e degré 11 minutes de longitude de l’île de Fer ; et du sud au nord depuis 42 degrés 52 minutes jusqu’à 43 - 28 minutes ; sa surface comprend cent quatre-vingt lieues carrées. Elle est bornée au nord par la mer Cantabrique et les montagnes de Santander, à l’est par la Guipouscoa, ou sud par l'Alava et la Castille, et à l’ouest par cette dernière province. 



La Biscaye compte dans son enceinte une ville, vingt bourgs, soixante-dix ante-iglesias et dix vallées, dans chacune desquelles sont renfermés plusieurs villages. La population totale de la seigneurie est de 112 371 habitants, dont plus de la moitié sont dispersés dans des hameaux isolés.



Le pays est très montueux ; il abonde en carrières de marbre et en mines de fer ; les principales rivières qui l’arrosent, sont le Nerva et le Cadagua, sans compter un très grand nombre d’autres plus petites, presque toutes fort poissonneuses. 



Il y a, dans la Biscaye, 180 usines qui fournissent annuellement 80 000 quintaux de fer. Les mines de ce métal, les plus renommées dans la province, sont celles de Sorromostro.



Les terres de la Biscaye sont en général argileuses ; aussi les cultivateurs font usage de la chaux pour engrais. Cependant presque tout le terrain est de si mauvaise qualité, que ce n'est qu'à force de travail et de dépenses qu’on réussit à le rendre productif. On pourra se former une idée des travaux ruraux des Biscayens, d’après la description abrégée que nous allons en donner. 



Ils commencent par labourer les terres avec la laya, instrument qui ressemble à une fourchette de fer à deux pointes parallèles d’un pied et demi de long, et distantes d’un demi-pied l’une de l'autre. Ces deux pointes s'emmanchent dans une barre transversale, à l’une des extrémités de laquelle vient aboutir un manche de bois qui continue la ligne formée par l’une des pointes. Les laboureurs, au nombre de deux, trois ou plus s'assemblent pour le labourage ; chacun porte deux de ces layas qu’ils fichent dans la terre, grimpant ensuite sur la barre, afin que la laya s’enfonce plus bas. Cela fait, ils ramènent les deux layas en avant et en arrière tout-à-la-fois, et arrachent une grosse motte de terre qu’ils ont soin de retourner ; c'est ce qu'on appelle layar. Derrière eux un homme coupe les grosses racines, ensuite on brise les mottes avec la bêche, et on laisse la terre dans cet état jusqu’au printemps. On y passe alors une herse hérissée de pointes aiguës que traînent des bœufs, et ensuite une autre garnie de plaques en forme de cœur, pour achever de briser et bien retourner les mottes. Si celles-ci ne sont pas encore assez atténuées, on les bat avec des massues de bois. Alors on fait avec la bêche des trous larges et peu profonds, à deux pieds de distance l'un de l’autre, et l'on met dans chacun trois ou quatre graines de maïs avec quelques pépins de courge, ou quelques haricots. On remplit le trou de fumier, et on le recouvre de terre. Peu de jours après que le maïs a poussé, on bêche tout le champ à l’entour des nouvelles plantes ; et, dès que celles-ci ont fleuri, on coupe la partie de la tige au-dessus de l’épi, qu’on fait sécher pour servir de nourriture aux bœufs qui en sont très friands. Le maïs mûrit vers la fin de septembre ou au commencement d'octobre ; on coupe les tiges à ras de terre : les racines, en se pourrissant, deviennent un bon engrais ; les feuilles sont mangées par le bétail, et la tige foulée par celui-ci sert encore d’engrais. La récolte du maïs faite, on sème immédiatement le blé sur le même terrain, sans autre labeur que de le couvrir avec la charrue : l'hiver, on remue légèrement la terre avec de petites bêches étroites et longues, ce qu'ils appellent sallar, et vers le mois de mai ou juin on nettoye les terres des mauvaises herbes qui croissent en abondance. La moisson se fait au mois d'août, et à l'entrée de l'hiver on recommence la série d'opérations que nous venons de décrire. Il n'y a que les meilleures terres et les mieux fumées qui puissent se prêter à cette culture ; on laisse reposer les terres inférieures une année sur trois. 



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LAYAS
MUSEE BASQUE DE BAYONNE



C'est après de si rudes travaux, après des défrichements plus pénibles encore des terres montagneuses, que les Biscayens parviennent à recoller du grain, quoique beaucoup moins qu’il ne leur en faudrait pour suffire a leur consommation. Ils ont aussi d'excellents légumes, et du raisin muscat aussi bon que celui de Frontignan. Malgré la bonté du raisin, le vin qu’on fait en Biscaye est fort mauvais, ce qui est dû à ce que la vendange se fait avant que le raisin ait eu le tems de mûrir, et au peu de soin qu’on met à bien faire le vin ; aussi est-il acide et sans force. Cette négligence des propriétaires des vignes vient de ce que le vin est taxé, et de ce qu’il est défendu d’en vendre à d’autres qu’aux habitants de la commune, dans le territoire de laquelle il a été récolté, de sorte que le propriétaire n’a aucun intérêt à l’améliorer. Cependant le vin du pays ne suffit pas à beaucoup près aux habitants qui en tirent annuellement 200 000 cantaros de la Rioja. 



Les Biscayens cultivent avec soin plusieurs arbres fruitiers, leurs pommes sont excellentes ; ils en font de très bon cidre, et il paraît qu'ils en faisaient jadis en bien plus grande quantité. Les cerisiers s'élèvent, en Biscaye, à la hauteur des ormeaux ; les marronniers produisent de très bons marrons, que les Hambourgeois exportent pour les vendre en Allemagne. Les poires doyennées, beurrées, bergamotes et de bon chrétien, sont aussi savoureuses que communes ; les figues sont bien plus douces et meilleures que ne semblerait le comporter la situation trop septentrionale de cette province. Le bois est extrêmement abondant, et les Biscayens s'entendent fort bien à l'aménagement des forêts. 



Les habitants de la côte s'adonnent beaucoup à la pêche, et le poisson de la mer adjacente à cette province et à la Guipouscoa est le meilleur de l'Espagne. 



Les moeurs des Biscayens sont à peu près les mêmes que celles des Guipouscoans ; ils sont gais et polis, mais d’un entêtement au-dessus de toute exagération, et qui est devenu proverbial en Espagne, où l’on dit : entêté comme un Biscayen. Les femmes aident les hommes dans leurs plus rudes travaux, et l'on voit fréquemment des dames du plus haut rang grimper lestement des rochers escarpés, qui effraieraient l’homme le plus intrépide, élevé dans des pays de plaine. 



La Biscaye se divise en terre haute et terre de plaine, ou Infanzonado ; ce dernier, qui forme la plus riche et la meilleure portion de la province, se sous-divise en cinq mairies : Uribe, Busturia, Arratia, Bedia et Marquina. 



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VUE PARTIELLE DE MARQUINA BISCAYE
PAYS BASQUE D'ANTAN



Uribe, la plus considérable de toutes, comprend dans sa juridiction trente-deux ante-iglesias, ou républiques, ayant voix dans l’assemblée générale ; Busturia en contient vingt-six, Arratia sept, Bedia une, et Marquina deux ; total, soixante-huit. Les treize autres forment la montagne ou terre haute, et les encartaciones



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ARRATIA - ARANZAZU BISCAYE
PAYS BASQUE D'ANTAN


Bilbao, la commune la plus populeuse, la plus riche et la plus commerçante de Biscaye, n’a que le titre de bourg. On y compte six cent cinquante maisons, habitées par huit mille cent sept personnes, elles sont hautes, élégamment et solidement bâties. Des aqueducs conduisent l’eau de la rivière dans les plus hautes parties du bourg ; on la lâche pour laver et rafraîchir les rues, qu’on a soin d’entretenir toujours très propres. Le pavé est d’autant mieux entretenu, que les voitures de luxe sont interdites dans l'intérieur du bourg. 



Le climat, quoique humide, est extrêmement sain ; la viande de boucherie, le gibier et le poisson, d'un goût très délicat. 



Bilbao a quatre paroisses, trois couvents de religieuses, une chapelle, et deux hospices. Ce bourg est le lieu où réside le corrégidor de Biscaye. 



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CARTE DE BILBAO BISCAYE 1811
PAYS BASQUE D'ANTAN


Les autres bourgs de la Biscaye sont Munguia, Miravalles, Plencia, Bermeo, Durango, Guernica, Guericaiz, Marquina, Elorrio, Errigoytia, Hernani, Lanestosa, Larrabezua, Lequeitio, Ochandiano, Ondarrua, Valmaseda et Villaro. La seule ville de la province est Ordugna, située à six lieues au sud de Bilbao, et arrosée par le Nerva. On récolte dans le terrain de sa juridiction quatre mille huit cents fanegues de froment, mille quatre de maïs, deux cent cinquante d’orge, cent cinquante de légumes, et six mille cinq cents cantaros de vin. Ce qui peut donner une idée des progrès que fait la richesse dans cette ville, surtout depuis qu'on a construit la grande route de Bilbao, c’est que la douane qui, avant 1772, ne rendait au fisc que 325 000 fr. par cinq ans, rend à présent 1 125 000 fr. par an. 



Les fueros, ou recueil des lois qui régissent aujourd'hui la province de Biscaye, furent rédigés sous le règne de Charles V, et de sa mère Jeanne-la-Folle. Les Biscayens sont attachés à ces lois avec la constance qui est en eux caractéristique ; constance d’autant plus louable dans ce cas, que c’est aux exemptions qu'ils tiennent de leurs privilèges, que la province doit la prospérité toujours croissante dont elle jouit. Sans les franchises de ces provinces, la Biscaye et la Guipouscoa seraient le séjour des ours et des autres bêtes fauves ; c’est à la liberté qu’elles doivent tout, jusqu’à leur population. Le voyageur qui les parcourt est aussi charmé qu’étonné de découvrir, au milieu des sites les plus sauvages, des rochers taillés à pic, une maison élégante ; d'entendre le bruit de l’enclume et les chants de l'homme se mêler au fracas des torrents qui se précipitent des montagnes ; de voir des prairies verdoyantes, des champs ensemencés de blé, dans des endroits dont la nature semblait avoir fait le domaine exclusif des bruyères. J'étais bien jeune quand je visitai ces provinces ; je ne fis que les parcourir très rapidement ; mais il m'est impossible d’exprimer le sentiment profond de satisfaction et de douleur à la fois que j’éprouvai en contemplant le bonheur qui se peignait dans la visage des habitants, en voyant  leur active industrie, l’abondance des marchés, la propreté des villes, la beauté des routes, et en comparant tous ces symptômes d'aisance avec les mines hâves des Castillans que je venais de quitter, leur tristesse concentrée que prennent pour de la gravité ceux qui ne savent pas quelle est leur misère, le manque absolu de tout dans leurs marchés, le délabrement de leurs maisons, tous les signes, en un mot, de l’indigence..."



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CARTE BISCAYE 1762
PAYS BASQUE D'ANTAN



A suivre...



(Source : Layas (musee-basque.com))



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