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mardi 30 avril 2024

L'ABDICATION DE BAYONNE EN LABOURD AU PAYS BASQUE EN MAI 1808

L'ABDICATION DE BAYONNE EN 1808.


L'abdication de Bayonne ou entrevue de Bayonne a lieu le 30 avril 1808 entre Napoléon 1er, Charles IV d'Espagne, Ferdinand VII et Manuel Godoy.



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ENTREVUE DE BAYONNE MAI 1808
PAYS BASQUE D'ANTAN


L'empereur français a été sollicité par les deux prétendants légitimes au trône d'Espagne (Charles IV, roi couronné, et Ferdinand VII, son fils proclamé) pour trouver une issue profitable à tous concernant la querelle des 2 souverains, menaçant de tourner à la guerre civile. Napoléon décide de priver les 2 Espagnols de leurs espérances en obtenant de choisir son propre candidat, Joseph Bonaparte, son frère aîné pour le trône espagnol.



Le contexte :



Le traité de Fontainebleau signé en 1807 par l'empereur des Français Napoléon 1er et Manuel Godoy, chancelier du roi Charles IV d'Espagne (et amant de la reine Marie-Louise) dont la finalité est l'invasion et le démembrement du Portugal, permet aux troupes françaises de pénétrer en Espagne.




Celles-ci, outrepassant leurs droits, en viennent à investir un grand nombre de villes et à contrôler les routes et chemins espagnols. Craignant le mécontentement général, soumis à l'amant de sa femme, le roi (suivi de sa cour) se réfugie à Aranjuez tout en songeant à s'exiler dans leurs colonies d'Amérique du Sud.



Le 17 mars 1808, un soulèvement populaire fomenté par le jeune prince des Asturies les en empêche. Il prend le pouvoir sous le nom de Ferdinand VII et fait arrêter le premier ministre. Le roi abdique en faveur de son fils mais, une guerre civile menaçant, les 2 protagonistes demandent l'arbitrage de leur allié, l'empereur des Français, Napoléon invite la famille royale à Bayonne, au château de Marracq.



Voici ce que rapporta à ce sujet l'hebdomadaire Les Contemporains, le 30 mai 1897, sous la plume 

de P. Tranquille :



"Guet-apens de Bayonne. 



La révolution soudaine d Aranjuez avait surpris l’Empereur et dérangé son plan, qui était, ainsi que nous l’avons dit, d'effrayer la famille impériale et de ramener à s’enfuir  — ce qui aurait permis à Napoléon de déclarer le trône vacant et de s'en emparer.



Mais il eut vile compris, avant même de connaître la protestation de Charles IV, qu’une abdication obtenue et signée pendant une émeute lui fournissait un prétexte d’intervention. Le père avait donné son abdication et n était plus roi. L’Empereur ne reconnaîtrait pas le fils. — Ainsi le trône pouvait encore lui revenir, au moins il le pensait.



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PORTRAIT DU ROI CHARLES IV



Le 27 mars, à la première nouvelle des événements d’Aranjuez, Napoléon écrivit a son frère Louis pour lui offrir la couronne d’Espagne. Il envoya en même temps à Madrid un de ses agents préférés, le général Savary, avec mission d’amener à tout prix Ferdinand à Bayonne, où l’Empereur se rendait lui-même. On annonça alors le prochain voyage de Napoléon à Madrid. Il était en route, il avait passé la frontière, il approchait de la capitale, disait-on. Murat et Savary se mirent alors à presser Ferdinand de témoigner sa déférence à Napoléon en se portant à sa rencontre. — C’était le moyen infaillible de se concilier ses bonnes grâces ; s'il tardait, il serait devancé auprès de Napoléon par Charles IV, qui avait déjà annoncé son départ pour aller au-devant de son bon ami. — Ferdinand et ses conseillers ne crurent pas pouvoir s’empêcher de se porter à la rencontre de l'empereur des Français. — Le 10 avril, le prince espagnol quitta Madrid après avoir constitué un Conseil de régence. — Son voyage fut triomphal et comme la répétition des scènes enthousiastes d’Aranjuez et de Madrid. — Le 12, Ferdinand arriva à Burgos.



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PORTRAIT DE FERDINAND VII D'ESPAGNE
PAR VICENTE LOPEZ



Là, on n'avait aucune nouvelle du voyage de Napoléon. Ferdinand s’en montra fort surpris et assez inquiet. Savary, qui ne le quittait pas, parvint à le rassurer de nouveau et à le décider à s’avancer jusqu’à Vittoria. Napoléon s’y trouverait certainement. — Le 13, Ferdinand arriva à Vittoria. Il apprit que Napoléon était encore à Bordeaux ! — Il résolut de ne pas aller plus loin. — Savary, voyant le prince inébranlable, courut à Bayonne, où l’empereur arrivait enfin ; il était de retour, le 17, porteur d’une lettre perfide de son maître, pleine de protestations vagues d’intérêt à la cause de Ferdinand. —Napoléon se prononcerait pour le prince, s’il était reconnu que l’abdication de Charles IV avait été spontanée et volontaire. Savary devait "ajouter les paroles captieuses dont il était prodigue". — Mais il fallait prévoir le cas où Ferdinand VII résisterait à toutes ces embûches.



Ce cas survenant, dit Thiers, Napoléon, n’entendait pas s’arrêter à mi-chemin. Il décida donc que la force serait employée. Il ordonna sur-le-champ à Murat et au maréchal Bessières de ne pas hésiter, et, sur un simple avis de Savary, de faire arrêter Ferdinand VII en publiant en même temps la protestation de Charles IV, en déclarant que celui-ci régnait seul, et que son fils n’était qu'un usurpateur qui avait provoqué la révolution d’Aranjuez pour s’emparer du trône.



Il ne fut pas nécessaire d’en venir à la violence. Ferdinand se laissa séduire par Savary, et le 19, au matin, les voilures royales furent attelées pour se rendre à Bayonne.



Une foule de paysans armés, qui, depuis plusieurs jours, couchaient à terre, soit devant la porte, soit dans l’intérieur de la demeure royale, manifestèrent l'intention de s’opposer au voyage. L’un d'eux, armé d’une faucille, coupa les traits des voitures et détela les mules qui furent ramenées aux écuries.


Il fallut que le duc de l’Infantado, qui jouissait d’une grande considération, haranguât la foule pour la décider à respecter les volontés royales. Le peuple s'apaisa plus par respect que par conviction. Ferdinand VII monta en voiture en saluant la foule qui lui rendit son salut par des acclamations à travers lesquelles perçaient quelques cris de colère et de pitié. Les superbes escadrons de la garde impériale, s’ébranlant au galop, entourèrent aussitôt les voitures royales, comme pour rendre hommage à celui qu’elles emmenaient prisonnier.



Le lendemain, 20 avril, Ferdinand et son cortège traversèrent la Bidassoa ; à 10 heures, ils arrivèrent à Bayonne. Ils étaient désormais aux mains de leur ennemi. Napoléon accourut, à cheval, faire à Ferdinand la première visite. Pour le soir, l'Empereur l'engagea à dîner chez lui. Tout s’y passa avec politesse, mais avec une réserve extrême quant à ce qui touchait à la politique, Ferdinand était à peine rentré dans sa demeure, que Savary s’y présenta. Il venait signifier au prince la volonté de son maître : La famille de Bourbon avait cessé de régner en Espagne !



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ENTREVUE DE BAYONNE MAI 1808
PAYS BASQUE D'ANTAN



Le 30 avril, Charles IV et la reine arrivaient, à leur tour, à Bayonne. Napoléon les traitait en souverains ; toutes les troupes étaient sous les armes. Murat avait communiqué à la régence de Madrid la protestation de Charles IV. Le plan de l’Empereur se révélait avec évidence. Il voulait remettre un instant la couronne sur la tète de Charles IV pour se la faire donner à lui-même. — Ferdinand, craignant de perdre même ses droits d’héritier présomptif, vint s'humilier devant son père et baiser sa main. Mais quand il voulut suivre son père dans ses appartements, le vieux roi l’arrêta : Malheureux ! n'as-tu pas assez déshonoré mes cheveux blancs ? respecte au moins mon repos.



Charles IV et la reine avaient retrouvé leur cher Emmanuel auprès de Napoléon. Un seul désir semblait les animer, celui de voir finir le règne de Ferdinand. Dès le lendemain de son arrivée, Charles IV écrivit à son fils pour lui demander son abdication. Ferdinand déploya dans ces pénibles circonstances un courage malheureusement trop rare dans sa vie. Il offrit de faire son abdication, à Madrid, devant les Cortès assemblées. Donnée à Bayonne, disait-il avec raison, elle paraitrait imposée par la violence, et dès lors, serait considérée comme nulle et sans valeur. Ni Napoléon ni Charles IV ne parvenaient à triompher de l’obstination du prince ; ils ne savaient à quel moyen recourir pour en avoir raison, lorsque, le 5 mai, vers les 5 heures du soir, arrivèrent des lettres de Murat annonçant l’insurrection du 2 mai, à Madrid, contre les Français. Napoléon y vit sur-le-champ le moyen de produire la secousse dont il avait besoin pour emporter l'abdication. Il courut auprès de Charles IV, la dépêche de Murat à la main, et se livra à un de ses accès de colère habituels dans les grandes circonstances. Le vieux roi, épouvanté, manda son fils.



Voilà donc ton ouvrage ! lui dit-il, le sang de mes sujets a coulé ; celui des soldats de mon allié, de mon ami, le grand Napoléon, a coulé aussi... Tu as déchaîné le peuple, et personne n’en est plus maître aujourd’hui. Rends, rends cette couronne trop pesante pour toi.




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ENTREVUE DE BAYONNE MAI 1808
PAYS BASQUE D'ANTAN



La reine fut plus violente encore. Ferdinand se tenait immobile, sans proférer une parole.



Te voilà bien tel que tu as toujours été ! lui criait sa mère. Lorsque ton père ou moi voulions t'adresser quelques exhortations dans ton intérêt même, tu te taisais, en ne répondant à nos conseils que par le silence et la haine... Mais réponds donc à ton père, à ta mère, à notre ami, à notre protecteur, le grand Napoléon.



Ferdinand se contenta de protester que, étant réellement prisonnier à Bayonne et sans communication avec l’Espagne, il n’était pour rien dans les événements du 2 mai. Napoléon, en se retirant, déclara froidement que si, le soir même, le prince n’avait pas résigné la couronne à son père, il serait traité en fils rebelle. C’était l’abdication ou la mort.


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ENTREVUE DE BAYONNE MAI 1808
PAYS BASQUE D'ANTAN


Le lendemain, 6 mai, Ferdinand signa l’acte d’abdication suivant en faveur de son père.


Mon père vénéré et sire, 


Le 1er courant, je remis dans les mains royales de Votre Majesté la renonciation de ma couronne en votre faveur. J’ai cru de mon devoir de la rédiger avec les réserves convenables à l’honneur de Votre Majesté, à la tranquillité de mes royaumes et à la conservation de ma propre considération.


Je n’ai pas vu sans une extrême surprise l’indignation qu’ont produite dans le royal esprit de Votre Majesté quelques modifications dictées par la prudence et exigées par l’amour que je dois à mes sujets. Sans autre motif cependant, Votre Majesté a cru pouvoir m’outrager en présence de ma mère vénérée et de l’Empereur dans les termes les plus humiliants ; en outre, vous exigez de moi que je rédige ma renonciation sans réserves ni conditions, sous peine, pour moi et pour ceux de ma suite, d’être traités comme coupables de conspiration. Dans un tel état de choses, je fais la renonciation que Votre Majesté m’ordonne, afin que le gouvernement d’Espagne soit rétabli dans l’état où il était le 19 mars, quand Votre Majesté fit l'abdication spontanée de sa couronne en ma faveur. Dieu garde la précieuse vie de Votre Majesté les nombreuses années que le désire, prosterné aux pieds royaux de Votre Majesté, son très aimant et soumis fils.



Déjà, la veille au soir, Charles IV avait résigné tous ses droits à Napoléon. Celui-ci était parvenu à ses fins. Mais c'était le commencement de ses malheurs et le principe de sa ruine. L’Europe ne vit pas sans effroi le successeur de Charles-Quint détrôné et prisonnier. Tous les princes se mirent à trembler pour eux-mêmes. Quant à l'Espagne, dont Napoléon croyait pouvoir disposer à son gré et dont il faisait cadeau à son frère Joseph, elle se leva tout entière contre le dominateur de l’Europe. Napoléon sacrifiera inutilement cinq cent mille de ses soldats contre un peuple héroïque, résolu à défendre son indépendance."


(Source : Wikipédia)










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