26 AVRIL 1937 : LE BOMBARDEMENT DE GUERNICA.
Tous les ans, le 26 avril, je vous parle du bombardement de Guernica et du massacre de sa population civile.
Je vous en ai déjà parlé à 5 reprises le 26/04/2017, le 26/04/2018, le 26/04/2020, le 26/04/22 et le
26/04/23.
Voici ce que rapporta à ce sujet le quotidien L'Humanité, le 12 mai 1937 :
"L'émouvante enquête de Paul Vaillant-Couturier.
Avec les héros et les martyrs d'Euzkadi.
Guernica, ville cobaye.
Bilbao comptait, il y a un an, 300 000 âmes. Aujourd'hui, je l'ai déjà dit, il y a 600 000 bouches à nourrir à Bilbao. De Guipuzcoa et de Biscaye, 300 000 Basques se sont réfugiés dans la ville.
Ils se sont entassés dans cette longue rue maritime, l'estuaire, qui s'étend sur des kilomètres entre les falaises des montagnes de fer, formant la plus visible et la plus dense des cibles...
Je n'ai jamais vu tant d'enfants dans les rues qu'à Bilbao, sauf en Chine.
Ils grouillent parmi les sacs à terre, dans les abris, sur l'asphalte, sur le pas des portes, sur les routes...
Et toute cette chair innocente, toute cette chair à bombes, qui attend de nouvelles torpilles est déjà, pour plus de moitié, composée de petits rescapés...
Enfants de Bilbao, enfants de Durango, enfants de Guernica, autant de petits non-combattants d'autant de batailles livrées par les avions allemands aux berceaux basques. Avec chaque fois 700, 800, 1 000 morts...
J'ai vu ces enfants, les uns hébétés et qui ne jouent plus. D'autres qui font des crises nerveuses au moindre bruit. J'ai vu leurs courses soudaines vers les abris ou vers les bras de leur mère, pour un son un peu prolongé de klaxson, pour un moteur de camion qui s'emballe, pour une voiture qui monte une côte en chuintant, ou même simplement pour une porte qui claque. J'ai interrogé beaucoup d'entre eux et j'ai causé avec leurs parents...
BILBAO REGARDS 27 MAI 1927 |
Au dossier du crime de Guernica, crime qui annonce le sort que les tueurs fascistes de l'Espagne entendent réserver à Bilbao et que Paris doit méditer j'apporte ici témoignages inédits les dépositions de huit rescapés de Guernica. Et je les apporte dans leur nudité sténographique.
Demain, vous entendrez ici Maria Olabarria, veuve Gorteil, de Guernica, qui a eu ses deux filles tuées à côté d'elles par les Junkers, Maria Dolorès Ribas, jeune fille catholique nationaliste basque de Guernica, Candido Odriozola, cultivateur, Raphaël Bastérechéa, cultivateur, tous d'eux du hameau de Luño, faubourg de Guernica, Domingo Onaindia, industriel à Guernica, Estanislao Basabé, menuisier à Guernica, Florentino Bastarechea, charron à Guernica, et José Labauria, capitaine de la marine marchande, maire nationaliste basque de Guernica...
Leur témoignage qui vient s'ajouter à ceux de multiples personnalités du journalisme et de l'Eglise vient achever de ruiner — s'il en était besoin l'affreuse légende de "Guernica détruite par les rouges" lancée par la propagande nazie et accueillie ici — pour leur honte — par les journaux fascistes.
De leurs déclarations concordantes, et que j'ai recueillies séparément, il résulte que le crime de Guernica est le résultat d'une expérience scientifique qui porte la marque indélébile de l'état-major allemand des rebelles.
Le crime se ramène à la solution d'un problème élémentaire pour école nazi.
Etant donné une ville de tant de circonférence, faite de tant de milliers de mètres cubes de maçonnerie et de charpentes en bois, habitée par tant d'hommes, de femmes et d'enfants, étant donné l'emploi de tant d'avions de bombardement et de chasse, de tant de torpilles de tant de kilos, de tant de bombes incendiaires, et de tant de bandes de mitrailleuses, combien de temps faut-il pour l'anéantir ?
GUERNICA - GERNIKA 26 AVRIL 1937 PAYS BASQUE D'ANTAN |
Réponse : Trois heures et demie.
A condition, bien entendu, qu'il n'y ait pas d'avions ni d'artillerie antiaérienne pour la défendre. Cette dernière condition c'est le Comité de non-intervention de Londres, qui l'a accordée à l'état-major allemand.
De sorte que l'expérience elle-même, barbare, lâche et bête, ne prouve rien d'autre en définitive que la monstruosité au blocus à sens unique de l'Espagne."
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Marcel Cachin rajouta dans le même journal du 12 mai 1937 :
"Un devoir d'humanité.
Le Rassemblement universel poux la paix appelle ce soir le peuple parisien à une puissante démonstration de Front uni international en faveur des Espagnols, des Catalans et des Basques qui défendent leur sol, leurs libertés, leurs républiques et la paix du monde contre le fascisme international.
AFFICHE RASSEMBLEMENT UNIVERSEL POUR LA PAIX 7 NOVEMBRE 1937 |
Tous les partis du Front populaire seront représentés par leurs délégués qualifiés. Tous sans exception ! Et, à côté d'eux, parleront des anciens combattants, des protestants, des catholiques, des savants éminents, des chefs du syndicalisme. Des Belges, des Anglais, des Basques, des Espagnols, des Français, des jeunes, des femmes prendront aussi la parole !
Les événements de Guernica, de Bilbao et des pays basques préoccupent aujourd'hui tous les esprits des hommes et des femmes civilisés. De toutes les nations libres s'élèvent des protestations indignées contre les crimes, les incendies, les assassinats d'enfants accomplis avec la barbarie la plus honteuse par les fascistes allemands, italiens, espagnols. Des Etats-Unis, de Grande-Bretagne, de Belgique, des Pays Scandinaves parviennent les témoignages d'une indignation violente contre les coupables et les responsables de telles horreurs. Chacun comprend en outre que ce qui se passe à Bilbao et sur tous les fronts d'Espagne n'est qu'une préface et un avertissement pour tous les pacifiques de l'univers. Toutes les nations sont menacées des mêmes invasions, des mêmes massacres par les chefs fascistes qui, dans la péninsule, portent depuis dix mois la désolation, la ruine, la mort.
Pour mettre un terme à la guerre en Espagne et pour empêcher l'extension du fléau à toute l'Europe, le Rassemblement universel propose que la Société des nations se saisisse enfin du conflit qui ensanglante la péninsule ! Les peuples ont éprouvé beaucoup de déceptions du côté de Genève. Mais dans l'état présent des choses, nul ne peut se refuser à aucune tentative pour rétablir la paix. Les peuples s'associent donc à la demande du R.U.P. de soumettre la question espagnole à la prochaine session de la Société des nations qui se tient à Genève dans quelques jours.
Dans leur esprit, les dirigeants des nations, grandes et petites, ne peuvent sans les plus graves périls se désintéresser : des événements abominables qui »e déroulent en Espagne. D'après eux, il faut agir contre le bombardement barbare des villes ouvertes et contre l'occupation d'un pays par les armées régulières de deux gouvernements qui veulent imposer par les armes leur politique à des populations malgré elles.
Il est des Français prétendus nationaux qui osent reprocher à cette heure même aux gouvernements de Paris et de Londres de favoriser l'exode et le salut des femmes et des enfants basques. Il est des journaux comme le Flambeau qui, sous la signature d'un Saint-Brice et avec l'adhésion d'un La Rocque et du Basque Ybarnegaray, protestent contre cette décision d'humanité élémentaire. Les patriotes de l'espèce du colonel de La Rocque et du P. S. F. s'élèvent impudemment contre le fait que l'opinion française et anglaise a imposé aux dirigeants de mettre à l'abri des obus et de la famine des milliers de victimes innocentes.
YBARNEGARAY EN 1932 PAYS BASQUE D'ANTAN |
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