ARMAND DAVID NATURALISTE ET MISSIONNAIRE BASQUE D'ESPELETTE EN LABOURD AU PAYS BASQUE (troisième et dernière partie)

 

ARMAND DAVID NATURALISTE ET MISSIONNAIRE D'ESPELETTE.

Armand David (ou Père David), né le 7 septembre 1826 à Espelette (Basses-Pyrénées) et mort le 10 novembre 1900 à Paris, est un missionnaire lazariste français, zoologiste et botaniste éminent.

ARMAND DAVID

Voici ce que rapporta à son sujet le Bulletin N° 3 de la Société des Sciences, Lettres et Arts de 

Bayonne, le 1er janvier 1929 :

"Un grand naturaliste Basque.

Armand David.

... En 1877, M. David publia, en collaboration avec M. E. Oustalet, son splendide ouvrage intitulé Les Oiseaux de la Chine, avec un atlas de cent vingt-quatre planches coloriées. Plus de huit cents espèces d'oiseaux y sont décrites.

LIVRE LES OISEAUX DE LA CHINE
PAR L'ABBE ARMAND DAVID ET E OUSTALET

OISEAU DE CHINE 
PAR ARMAND DAVID

En 1881, M. David parcourut la Tunisie, comme naturaliste, et en août 1883, il était à Constantinople, à l'église du Collège de St Benoît, tenu par les Lazaristes, au sacre de Mgr Lazare Mladenoff, prêtre de la Mission, du rite bulgare, nommé par Léon XIII évêque titulaire de Satala et vicaire apostolique de la Macédoine pour les Bulgares unis.

... La spécialité de M. Armand David était la zoologie ; mais il était aussi très versé dans la connaissance de la botanique, de la minéralogie et de la géologie, comme le prouvent le bel ouvrage Plantae Davidianae ex Sinorum imperio (1890) et les intéressantes notes concernant ces sciences, disséminées dans les comptes rendus de ses voyages en Chine.

LIVRE PLANTAE DAVIDIANAE EX SINARUM IMPERIO
PAR M. A. FRANCHET

Sa riche collection d'Histoire naturelle, faite dans le Céleste-Empire et dans les lieux circonvoisins du Thibet, est la propriété du muséum d'Histoire naturelle.

M. David avait organisé trois autres collections importantes ou Musées d'Histoire naturelle. L'un à Pékin : il est la propriété de l'empereur du Céleste-Empire ; un autre à Savone, en Italie, où il avait été professeur ; ce second Musée est devenu la propriété de la ville de Savone ; enfin, un troisième  a été créé par lui à Paris, à la maison-mère de la Congrégation des Lazaristes, qui l'ont donné à l'Institut Catholique.

M. David a laissé au Muséum de Bayonne deux faisans, l'un doré, l'autre argenté, beaux spécimens qu'il avait rapportés de Chine, et peut-être quelques autres oiseaux ; mais, faute de mention, on ne peut déterminer ceux-ci. Le visiteur y admire aussi volontiers Les Oiseaux de la Chine (texte et atlas), merveilleux poème ailé de M. David, offert au Muséum par Madame Léon Moynac.

Le Musée du Petit Séminaire de Larressore était justement fier de posséder un faisan doré, don de M. A. David, qui le tenait lui-même du baron de Rothschild.

COUR PRINCIPALE SEMINAIRE LARRESSORE
PAYS BASQUE D'ANTAN

Durant les dernières années de sa vie, l'illustre explorateur, dont la santé était usée, mais dont la vive intelligence et l'amabilité sont conservées jusqu'à la fin, vivait retiré à la maison-mère de la Congrégation, s'occupant avec un zèle édifiant du ministère religieux, et enseignant aux jeunes étudiants de sa communauté les sciences naturelles auxquelles il ne cessa de s'intéresser.

Avant de mourir cependant, il fit un dernier voyage à Espelette, son village natal. Le souvenir de ce passage suprême s'y consacre encore, telle une vision légendaire, surtout auprès des personnes qui eurent l'honneur d'approcher le savant naturaliste. D'une part, on le sait M. A. David était séduisant par sa rare modestie, la simplicité extrême de son commerce, une bonhomie charmante à raconter ses explorations asiatiques, à donner les détails ornithologiques les plus curieux : il se détectait visiblement sur ces sujets. D'autre part, et ceci est impérissable dans l'esprit de ceux qui en ont été témoins, M. David avait porté avec lui une araignée, grosse comme le poing, tout à fait apprivoisée ; volontiers il la caressait, la tenait d'ordinaire sur sa main ou à portée de main. La petite bête se laissait faire avec une docilité marquée. Lui en donnait-il le signal, l'araignée partait pour parcourir, du sol au plafond, tout l'appartement, happant les mouches avec une extrême rapidité, et revenait à son point de départ. En pleine chasse d'ailleurs, un rappel du maître était obéi instantanément et ramenait l'araignée au même point de départ.

Par quels efforts prodigieux de douceur et de patience, M. David était-il parvenu à ces résultats ? Peut-être, comme Grétry et le Basque de la Bastille, avait-il eu recours aux séductions de la musique ?

... Musique ou soleil, l'araignée de M. David était à l'abri du "coup de balai" dont parle La Fontaine. Elle fut rapportée à Paris par son illustre protecteur. Il se contenta de laisser à Espelette un magnifique paon vivant et un faisan rouge de toute beauté, le Vénéré, espèce rarissime, dont la chair est réservée en Chine à la table impériale. Ce faisan était empaillé. A l'église de son baptême et de sa première communion il légua une croix précieuse en émail, qu'un prince russe lui avait donné en remerciement d'un merveilleux papillon du Thibet.

FAISAN VENERE

De retour à la maison-mère des Lazaristes, il ne tarda pas à s'éteindre doucement dans la paix et la piété de la vie religieuse, le 10 Novembre 1900.

JARDIN DES PLANTES
MUSEUM D'HISTOIRE NATURELLE DE PARIS

A l'occasion de ce décès, le Directeur de notre grand établissement national d'Histoire naturelle adressa à M. le Supérieur général la lettre suivante :

"Paris, le 14 Novembre 1900,

Mon Révérend Père,

C'est avec le plus profond chagrin que j'apprends la mort du Père Armand David. J'avais eu l'honneur de le connaître, et le savant comme l'homme m'avaient inspiré une profonde admiration. 

S'ils avaient été prévenus à temps, la plupart de mes collègues du Muséum se seraient fait un devoir de venir porter à l'illustre mort et à la Compagnie qui le perdait un dernier hommage de reconnaissance et de respect.

Le devoir n'en est que de plus étroit pour moi, mon Révérend Père, de vous exprimer toute la part que le Muséum prend à votre deuil, on peut dire même tout le deuil qu'il ressent lui-même.

Le Père Armand David avait été l'un des correspondants les plus heureux de notre grand établissement national. Il l'avait enrichi de pièces demeurées uniques. Son nom vivra parmi nous, comme celui de l'un des plus chers et des plus dévoués de nos amis.

Le Directeur du Muséum d'Histoire naturelle.

Edmond Perrier.

Membre de l'Institut."

PHOTO D'EDMOND PERRIER
PAR PIERRE PETIT

M. David était membre correspondant de l'institut de France et du Muséum d'Histoire naturelle de Paris, chevalier de la Légion d'honneur. Sa notoriété était telle que la poste lui remit fidèlement, sans retard aucun, une lettre portant cette seule suscription : Monsieur Armand David, Paris. Un de ses proches la lui avait adressée d'Espelette, pour voir... Deux grandes médailles d'or avaient couronné  ses voyages et ses travaux.

L'activité scientifique de l'abbé-naturaliste est parvenue à édifier une oeuvre immortelle. La Bruyère fournirait l'épigraphe des découvertes aussi nombreuses qu'admirables de M. Armand David : "Tout est grand et admirable dans la nature, il ne s'y voit rien qui ne soit marqué au coin de l'Ouvrier."

Connaître et révéler les secrets de la nature fut pour lui, chanter les bienfaits et la gloire de Dieu.

PHOTO DE L'ABBE ARMAND DAVID
ATELIER NADAR

A la fin de cette biographie, une vue d'ensemble de l'oeuvre scientifique du Père David s'imposait. Mais comment l'établir ? Elle a été sollicitée de la haute bienveillance de M. L. Mangin, Membre de l'Institut, Directeur du Muséum d'Histoire naturelle. Les collections remises ou envoyées à cet Etablissement par l'abbé-naturaliste, ayant été réparties entre les différentes chaires du Muséum, M. le Directeur a bien voulu demander aux Professeurs intéressés la liste des spécimens et échantillons qui sont entrés à leurs laboratoires de géologie, de paléontologie, de botanique, d'entomologie et de zoologie. Grâce au concours empressé des Professeurs de ces divers services, nous sommes en mesure de détailler la riche contribution des matériaux d'Histoire naturelle due aux envois d'Armand David..."

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