SUR LES CHEMINS DE ST-JACQUES DE COMPOSTELLE.
Le pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle a été créé et instauré au début du 9ème siècle.
Le pèlerinage de Compostelle est un pèlerinage catholique dont le but est d'atteindre
le tombeau attribué à l'apôtre Saint Jacques le Majeur, situé dans la crypte de la cathédrale de
Saint-Jacques-de-Compostelle, en Galice, en Espagne.
Deux itinéraires passent par le Pays Basque.
Voici ce que rapporta à ce sujet le quotidien la Gazette de Bayonne, de Biarritz et du Pays basque,
le 22 février 1938, sous la plume de René Cuzacq :
"Un célèbre pèlerinage du Moyen-Age.
Sur les chemins de Saint-Jacques de Compostelle.
Que Saint-Jacques de Compostelle ait vu fleurir, au temps de la lutte contre les Maures, le geste des merveilleux exploits de l’apôtre ; que le pèlerinage de Saint-Jacques soit de suite devenu l'un des grands pèlerinages de la chrétienté entière avec Rome et Jérusalem ; que les nombreux chemins de Saint-Jacques soient passés à travers nos régions : nos lecteurs n’en sont point à apprendre ces nouvelles.
CARTE DES CHEMINS DE SAINT-JACQUES-DE-COMPOSTELLE |
Il est toutefois possible d'apporter quelques précisions. L’occasion nous en est fournie par la réédition du Guide du Pèlerin de Saint-Jacques, texte latin du XIle siècle, avec traduction française, par Mlle Vielliard. Œuvre de débutante, sans doute, où l'analyse et l'annotation restent souvent superficielles ; où le travail essentiel de M. Nicolai, vieux d’environ cinquante ans, demeure ignoré, non moins que son essentielle bibliographie. Mais le travail de Mlle Vielliard n’en offre pas moins l'inappréciable avantage de mettre à notre portée un texte fameux, dont la première publication complète, due au Père Fita et vulgarisée par le bascologue Vinson, était à peu près introuvable depuis un demi-siècle.
LIVRE LE GUIDE DU PELERIN DE SAINT-JACQUES-DE-COMPOSTELLE DE JEANNE VIEILLIARD |
A travers les différents manuscrits, le Liber Sancti Jacobi, rédigé vers 1150, comprend cinq parties : hymnes et sermons ; livre des miracles ; Saint-Jacques en Espagne ; histoire de Charlemagne et de Turpin ; le guide du Pèlerin. C’est cette dernière partie qui nous intéresse et est heureusement rééditée. En ce qui la concerne, elle est l'œuvre d'Aymery Picaud, prêtre poitevin de Parthenay-le-Vieux, à ce qu'il paraît.
LIVRE LIBER SANCTI JACOBI |
Tout au long des chemins, en France comme en Espagne, s'égrenaient les souvenirs les plus divers ; les légendes pieuses surgissaient aux côtés des refuges, des hôpitaux, des monastères ou des sanctuaires fameux. Nombreux étaient les chemins secondaires où s’égaillaient les pèlerins ; ils rejoignaient de la sorte les Saint-Jacques ou Saint-Yaguen jaillis, çà et là, avec l'expansion de la vie merveilleuse du grand saint de la reconquête. Celui-là même dont M. le Professeur Albert Dufourcq, au tome V. d’une magistrale histoire de l’Eglise, indique les origines historiques.
LIVRE HISTOIRE MODERNE DE L'EGLISE PAR ALBERT DUFOURCQ |
Mais notre pèlerin cite les quatre grandes routes du XIle siècle et du Moyen-Age : Montpellier, Toulouse, le Somport, en premier lieu ; Le Puy, Conques, Moissac, Toulouse, en second lieu ; Vézelay, Saint-Léonard-en-Limousin, Périgueux, en troisième lieu ; Tours, Poitiers, Saint-Jean-d’Angély, Saintes, Bordeaux. Ces deux dernières se réunissaient à Ostabat puis, par le col de Cize, gagnaient Pampelune, comme les deux premières par le Somport. Plus exactement, c’est à Puente de la Reina. aux portes de Pampelune, qu’aboutissaient nos chemins de Saint-Jacques. De là, en 13 étapes, on parvenait à Compostelle par un chemin unique. L’on verra ces différents tracés dans le livre de Mlle Vielliard.
TOUR PANNESAC 43 LE PUY |
Héritier de la vieille voie romaine d'imus Pvrœneus. c'est le secteur Dax-Sordes-Ostabat-Saint-Jean-Pied-de-Port, le col de Cize-Roncevaux qui nous intéresse.
C’est à Ostabat — "ad Hostavallam", ce qui nous livre l'ancienne forme du nom analogue à celui du village basque d’Osta — que se rencontraient les chemins précédents.
MAISON AGUERRE OSTABAT-ASME BASSE-NAVARRE PAYS BASQUE D'ANTAN |
Avec ses vieilles maisons, ses débris successifs de remparts (où la présence même d'un vieux temple protestant au temps de Jeanne d’Albret, la reine Jeanne de chez nous), ses linteaux à inscriptions, ses ruelles tortueuses et ses jardins fleuris, le petit bourg d’Ostabat, au pays d’Ostabarret, laisse une étrange impression. Il s’accroche au flanc de la colline pour dominer le vaste horizon. Toujours en bordure, mais assez à l’écart du chemin, se dissimule un curieux château de plaine, bien conservé une certaine distance du village, bien connu par ailleurs.
OSTABAT BASSE-NAVARRE PAYS BASQUE D'ANTAN |
Utilisant ainsi la vieille voie romaine, le passage ouvert par un ancien parcours d'une ancêtre, d’une rivière unissant Nive-Bidouze, et laissant la place à une large vallée morte, notre chemin de Saint-Jacques laissait les difficiles défilés de la Nive où s'éloignait encore davantage de Bayonne sur le grand Adour.
Quelles étaient donc les impressions d’un touriste de nos régions, vers l’an de grâce 1150 ? Voici d'abord les Landes : "C'est un pays désolé, où l'on manque de tout : il n’y a ni pain ; ni vin. ni viande, ni poisson, ni eau, ni sources ; les villages sont rares dans cette plaine sablonneuse qui abonde en grain et gruau, millet, panis et en porcs. Si, par hasard, on traverse les Landes en été. il faut prendre soin de préserver le visage de mouches énormes qui foisonnent là-bas et qu'on appelle guêpes ou taons. Et si tu ne regardes pas à tes pieds avec précaution, tu t'enfonceras rapidement jusqu’au genou dans le sable marin qui abonde". Fort de l'autorité du Dictionnaire réputé de Du Cange, sur le bas-latin, nous ne saurions, en effet, traduire par "envahir", le verbe "abundare". Mais à part l'origine supposée marine du sable intérieur des Landes, ce tableau n'a cessé d'être vrai.
LIVRE DICTIONNAIRE DE DU CANGE |
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