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jeudi 17 mai 2018

LE PÈLERINAGE DE SAINT-JACQUES AU PAYS BASQUE EN 1930


LE CHEMIN DE SAINT-JACQUES AU PAYS BASQUE EN 1930.


Le pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle  a été créé et instauré  au début du 9ème siècle.

navarra antes
PELERIN DE RONCEVAUX NAVARRE
PAYS BASQUE D'ANTAN

Le pèlerinage de Compostelle est un pèlerinage catholique dont le but est d'atteindre 

le tombeau attribué à l'apôtre Saint Jacques le Majeur, situé dans la crypte de la cathédrale de 

Saint-Jacques-de-Compostelle, en Galice, en Espagne.


Deux itinéraires passent par le Pays Basque.



Voici ce que rapporta Le Figaro, dans son édition du 15 février 1930, sous la plume d'Hubert 

Morand :

"La vie intellectuelle en province.


Sur le Chemin de Saint-Jacques. 


Le rôle des sanctuaires et des pèlerinages dans la formation des chansons de geste a été mis en lumière, d'une façon admirable, par M. Joseph Bèdier, dans son ouvrage sur la formation des légendes épiques, puis dans un volume de l'Histoire de la Nation française. L'éminent historien a montré comment des légendes épiques sont attachées à toutes les étapes des grands pèlerinages, en particulier à celui de Saint-Jacques de Compostelle, en Galice, qui, du onzième au dix-septième siècle, tint le premier rang. 




pays basque autrefois pelerinage soule basse-navarre
LIVRE "HISTOIRE DE LA NATION FRANCAISE" DE JOSEPH BEDIER
PAYS BASQUE D'ANTAN


On a pu établir avec précision les itinéraires que suivaient les pèlerins de Saint-Jacques. Bon nombre d'entre eux passaient par Bordeaux ; de là, deux routes principales s'offraient à eux nous dit M. Joseph Nogaret, conservateur adjoint du Musée basque à Bayonne, dans sa Petite Histoire du pays basque français. C'étaient d'anciennes voies romaines, qui ont été utilisées jusqu'au XIXe siècle comme chemins de grande communication et dont ont trouve encore des traces de nos jours. La plus importante était celle qui reliait Bordeaux à Astorga par Dax, Sordes, Garris, Ostabat, Saint-Jean-Pied-de-Port et Roncevaux. Avant d'entrer dans le pays basque, elle était rejointe par d'autres chemins secondaires. Une seconde voie suivait la côte par Bayonne, Saint-Jean-de-Luz, Ciboure, Hendaye, Irun, Renteria et Pasages. 



pays basque autrefois pelerinage compostelle
LIVRE "PETITE HISTOIRE DU PAYS BASQUE FRANCAIS"
DE JOSEPH NOGARET
PAYS BASQUE D'ANTAN




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OSTABAT
PAYS BASQUE D'ANTAN



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GARRIS
PAYS BASQUE D'ANTAN




renteria antes pais vasco guipuzcoa compostela peregrinacion
RENTERIA GUIPUSCOA
PAYS BASQUE D'ANTAN

Le pèlerinage de Saint-Jacques a laissé des souvenirs très visibles dans le pays basque. Non seulement, en effet, ce pays montagneux était alors couvert de forêts et infesté par les loups, mais encore ses habitants battaient ou volaient les pèlerins. Afin de protéger les pieux voyageurs, une confrérie à la fois religieuse et militaire, l'ordre d'Ibañeta, fut fondée et jalonna le chemin, dans toute l'étendue du pays basque, d'hôtelleries, d'hôpitaux et de lieux de repos : les pèlerins s'y réunissaient et y restaient quelque temps ; puis, quand ils étaient en nombre suffisant, ils cheminaient, sous l'escorte des moines-chevaliers, jusqu'au prochain établissement du même genre. On trouve encore des vestiges de ces maisons, principalement le long du chemin qui mène de la Basse-Navarre à la frontière d'Espagne : c'étaient les maisons de Garris, Ostabat, Uxiat, Harambels, Aphat-Ospital, Arsoritz, Saint-Jean-Pied-de-Port, enfin l'abbaye de Roncevaux, située dans la Haute-Navarre, sur le versant espagnol des Pyrénées, et aménagée pour recevoir un grand nombre de voyageurs. 




M. Nogaret mentionne ensuite, sur la route de la côte, les établissements de Bayonne et de Ciboure, ainsi que le prieuré de Subernoa à Hendaye, et, sur les routes secondaires, la commanderie-hôpital de Bonloc, celle de Souraïde en Labourd, celle de Bidarray, enfin la commanderie de l'Ordre de Malte à Irrisarry en Basse-Navarre. De même, dans la partie orientale du pays basque, la Soule, qui était traversée par les voyageurs venant de Saint-Trophime d'Arles, de Saint-Gilles de Provence et de Saint-Sernin de Toulouse, comptait plusieurs établissements hospitaliers, tels que l'abbave de Sainte-Engrâce, l'hôpital Saint-Blaise, le prieuré de Larrau, la commanderie d'Ordiap, enfin les prieurés-hôpitaux de Pagolle, Osserain, Ainharp et Roquiague. 






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COMMANDERIE IRRISARRY
PAYS BASQUE D'ANTAN





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ORDIARP - URDINARBE
PAYS BASQUE D'ANTAN




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CHÂTEAU OSSERAIN
PAYS BASQUE D'ANTAN



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EGLISE HOPITAL SAINT-BLAISE
PAYS BASQUE D'ANTAN

Ces établissements ont laissé, dans le pays basque, des vestiges qui présentent un grand intérêt pour le touriste, du moins pour celui qui songe à autre chose qu'à "faire de la vitesse". Et les compagnies de voyages n'ont pas encore compris, nous semble-t-il, le parti qu'elles pourraient tirer de ces souvenirs du grand pèlerinage de Galice pour organiser des excursions dont l'itinéraire suivrait le chemin de Saint-Jacques. Si des autocars partaient, pendant la belle saison, de Bordeaux pour suivre cette route jusqu'à Roncevaux, on peut supposer qu'ils emporteraient de nombreux voyageurs. Qui sait même si les modernes pèlerins ne demanderaient pas à pousser jusqu'à Compostelle ? 



Sur la route de Saint-Jacques, les pèlerins priaient ; mais ils chantaient aussi. M. le chanoine J.-B. Daranatz, président de la Société des sciences, lettres et arts de Bayonne, a publié, sur leurs chants, un savant travail dans ses Curiosités du pays basque (librairie Lasserre à Bayonne). Il reproduit et commente un opuscule rarissime intitulé Chansons des pèlerins de Saint-Jacques, qui fut imprimé à Toulouse, chez Henault, imprimeur, rue Tripières, près les Changes, et qui a été trouvé à Hasparren. La brochure ne porte pas de date, mais elle semble remonter à la première moitié du dix-huitième siècle. Elle compte 46 pages et s'ouvre par "la grande chanson des pèlerins qui vont à Saint-Jacques". 



Grande chanson, en effet, puisqu'elle se compose de 36 couplets de 8 vers ! Voici le premier couplet : 

Lorsque nous partîmes de France, 

Tristes et marris, 

Nous quittâmes pères et mères, 

Tous nos amis. 

Au cœur avions si grand désir 

De voir saint Jacques 

Avons laissé tous nos plaisirs 

Pour faire ce voyage. 


Les pèlerins, chemin faisant, racontent quelques-unes de leurs aventures de voyage, et donnent de brèves indications sur les pays ou ils se sont arrêtés. C'est d'abord la Saintonge, puis Blaye et Bordeaux : 


A Bordeaux nous nous promenâmes 

Tous compagnons, 

Et presque partout nous chantâmes, 

Cette chanson.

La métropole Saint-André

Est magnifique, 

Elle a un superbe clocher 

Et une tour antique, 


Ensuite les voyageurs traversent Castres, Langon, Bazas, Roquefort, Mont-de-Marsan, puis ils s'engagent dans les Landes : 


Pauvres pèlerins ! D'autres épreuves les attendit ; à Bayonne, ils changent avec regret en doublons leurs beaux louis d'or ; à Irun, leur vie est en danger, mais quand ils arrivent à Vitoria, les voilà tout réconfortés :

 

Près de la ville de Victoire, 

Ah ! quel bonheur

De rappeler dans ma mémoire 

La bonne odeur

Que nous donnait le romarin 

Et la lavande. 

Depuis le soir jusqu'au matin

Nous chantâmes louange. 


Ils passent à Saint-Dominique — ou Santo Domingo de la Calzada, — où se réunissaient tous les itinéraires suivis par les pèlerins qui venaient de France ; ils visitent la belle église des Augustins à Burgos, puis ils entrent dans la capitale du royaume de Léon : 


Quand nous passâmes dans la ville 

Nommée Lyon,

Nous chantâmes, d'un air agile,

Cette chanson. 

Les dames sortoient des maisons 

Avec décence, 

Pour voir chanter nos compagnons

À la mode de France. 


Ne seriez-vous pas désireux de savoir quel était l'air "à la mode de France", qui adoucit le voyage de ces braves gens ?... Quant aux paroles, nous ne pouvons les suivre plus loin. Vous saurez seulement que les pèlerins, enfin parvenus à Compostelle, courent à la basilique et confessent leurs péchés, dans la chapelle Saint-Louis, à un chapelain français qui est "rempli de zèle et bien rassis" ; puis ils vont à la Sainte-Table, pleins de ferveur. Ils vénèrent le corps de saint Jacques, et, parmi de nombreuses reliques, ils admirent son bourdon ; puis ils repartent pour la France, n'emportant "aucun butin", dépensant peu, et ne sentant que faiblement la misère, grâce à l'Esprit de Dieu. Ils repassent par Bayonne et par Bordeaux, et terminent ainsi :


De Blaye fîmes diligence

Vers nos parens, 

Qui nous croyoient pendant l'absence

 Morts ou mourans. 

Ils nous connurent à l'instant 

A nos cazaques. 

Nous leur donnâmes largement 

Des bijoux de Saint-Jacques. 


Laissons, les pèlerins à leurs effusions familiales et à leurs distributions de cadeaux, et remercions le chanoine Daranatz de nous avoir fait connaître un document aussi curieux sur les pieux voyages de nos pères."

 



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