L'AVENIR DU PORT DE PÊCHE DE SAINT-JEAN-DE-LUZ EN 1919.
Depuis plusieurs siècles, il existe à Saint-Jean-de-Luz un port de pêche actif, qui a connu de nombreuses vicissitudes, avec des hauts et des bas, au cours de l'Histoire.
PORT DE PÊCHE SAINT JEAN DE LUZ - DONIBANE LOHIZUNE PAYS BASQUE D'ANTAN |
Voici ce que rapporta le journal L'Ouest Eclair, dans son édition du 19 septembre 1919, sous la
plume de René Moreux :
"L'avenir des ports de pêche français.
Le journal de la "Marine Marchande" reçoit de son correspondant de Saint-Jean de-Luz la nouvelle suivante :
"Le 7 septembre le "Bordagain" est entré en rade avec 3 000 kilos de poisson. C'est le premier grand chalutier qui ait débarqué sa pêche dans la baie de Saint-Jean-de-Luz.
L'événement a fait sensation dans le pays.
Le "Bordagain" a repris la mer le lendemain et est revenu, après trois jours passés au large, avec 3 500 kilos de poisson.
C'est la démonstration irréfutable que le golfe de Gascogne est extrêmement riche. On s'en doutait assez, car les amateurs de notre port voient avec amertume depuis longtemps de petits vapeurs de Saint-Sébastien et de Pasages profiter de la marée pour apporter sur nos quais les cargaisons de leurs chalutiers espagnols.
Ceux-ci ont, en effet, à Saint-Sébastien et Pasages des rades sûres, profondes, où ils peuvent accoster en tout temps et par toutes les mers.
PASAJES - PASAIA PAYS BASQUE D'ANTAN |
Or, chez nous, rien.
Le "Bordagain" qui est arrivé au Socoa dans la baie de St-Jean-de-Luz, a été obligé de débarquer son poisson en rade au moyen de gabares et d'embarquer son charbon, son eau et sa glace de la même façon.
Le "Bordagain" ne cale pourtant que 3 m. 50 en charge.
Dès l'achèvement des travaux projetés dans le petit port actuel du Socoa, d'autres chalutiers sont attendus ici.
On peut prédire qu'à ce moment-là, les pécheurs espagnols ne viendront plus améliorer leur change national en vendant leur poisson en France.
Toute la côte basque se réjouit de cette éventualité."
PORT DE PÊCHE SAINT JEAN DE LUZ - DONIBANE LOHIZUNE PAYS BASQUE D'ANTAN |
Cet événement n'a pas une portée purement locale. En un certain sens, c'est tonte la politique du pays pour la pêche qu'il met en relief.
Jusqu'ici, la France qui pourtant a des milliers de kilomètres de côte, n'avait, à vrai dire, qu'un seul grand port de pèche : Boulogne.
Car un grand port de pêche demande d'abord que les chalutiers modernes, qui calent parfois 5 mètres, puissent entrer et sortir à toute heure. Il faut donc qu'ils y trouvent le long des quais une cote -5 au-dessous des plus basses mers.
Il faut ensuite que ces quais soient outillés avec les perfectionnements les plus récents pour débarquer le poisson ou le resserrer, avec rapidité, dans des frigos, car le poisson est une denrée essentiellement périssable.
Toutes les installations qui le reçoivent doivent être propres, à portée de la main, d'un fonctionnement facile.
Les quais doivent surtout avoir des rails sur lesquels attendent des wagons spéciaux qui s'attelleront aux rapides ou formeront des trains spéciaux à vitesse accélérée, car l'idéal, c'est que la clientèle puisse manger du poisson frais.
PORT DE PÊCHE SAINT JEAN DE LUZ - DONIBANE LOHIZUNE PAYS BASQUE D'ANTAN |
Les quais du port de pêche doivent être également orientés de telle façon que la manutention du charbon, de l'eau, de la glace et la mise à terre du poisson se fasse sans que les poussières de houille polluent la pèche et la glace.
En arrière de ces quais doivent s'élever des cales de radoub, des ateliers pour la réparation de machines, puis des usines à conserves suffisamment agencées pour toujours absorber le tonnage ramené de la mer, quelle que sot son importance.
A 1 ou 2 kilomètres de ces usines, assez loin pour ne pas empester la ville, sont enfin bâties les fabriques qui utilisent les déchets de poisson.
Le port de pêche constitue ainsi un tout qui ne ressemble aucunement au port de commerce et qui doit en être nettement séparé.
UN COIN DU PORT SAINT JEAN DE LUZ - DONIBANE LOHIZUNE PAYS BASQUE D'ANTAN |
M. Bouisson, très documenté par ses collaborateurs immédiats, MM. Grunbaum-Ballin et de Kerzoncuf, a parfaitement vu le problème. Je le dis en toute impartialité.
Ici, nous ne connaissons que l'intérêt général et, de même que j'ai vivement blâmé la campagne de calomnies que l'ancien sous-secrétaire d'Etat a menée contre les armateurs, je félicite le député des Bouches-du-Rhône d'avoir arrêté, dans ses grandes lignes, le programme de la pêche, que le pays attendait jusqu'ici.
PORT DE PÊCHE SAINT JEAN DE LUZ - DONIBANE LOHIZUNE PAYS BASQUE D'ANTAN |
On peut discuter - et le cas échéant je n'y manquerai pas - sur la politique de M. Bouisson à l'égard de l'armement, on ne lui enlèvera jamais le mérite d'avoir convaincu M. Claveille qu'il fallait tenter cette grande oeuvre de pêche maritime.
Une commission interministérielle présidée par M. de Volontat et où siègent également MM. Grunbaum-Ballin et de Kerzoncuf, travaille silencieusement, mais ardemment à cette tâche passionnante.
Il a été décidé que quatre grands ports modernes de pêche seraient créés; trois sur la Manche et l'Atlantique, un quatrième sur la Méditerranée. Boulogne et Lorient seront les deux premiers, le troisième sur l'Océan n'est pas encore désigné.
Pour celui de la Méditerranée, M. Bouisson penche pour Marseille, cela va de soi, mais rien n'est arrêté non plus.
Un crédit spécial - de 40 à 60 millions - permettra, tout en créant ces grands ports de pêche, d'améliorer les autres. Il en sera ainsi du Socoa à Saint-Jean-de-Luz. Avec un peu d'argent nous nous rendrons indépendants de l'Espagne pour le chalutage dans le golfe de Gascogne.
SOCOA 1914 PAYS BASQUE D'ANTAN |
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire