UN OURAGAN FRAPPE LE PAYS BASQUE EN JUIN 1933.
Dans sa longue histoire, le Pays Basque a été frappé par plusieurs tempêtes et/ou ouragans.
BIDART - BIDARTE 1933 PAYS BASQUE D'ANTAN |
Voici ce que rapporta sur la catastrophe météorologique survenue en 1933, la Gazette de
Bayonne, de Biarritz et du Pays Basque, dans son édition du 17 juin 1933 :
"L’Ouragan d’hier a pris, sur certains points de la Côte et du Pays, les proportions d’un véritable désastre.
A Bidart, une maison s’est écroulée, emportée par un torrent; à Saint-Jean-de-Luz, sept bateaux ont été coulés, des marins ont été en péril et un curieux s’est noyé. — Dans le reste de la région les dégâts sont également considérables.
Nous avons donné hier d'amples détails sur le formidable orage qui a sévi durant plus de quatorze heures sur la Côte et dans le Pays Basque.
Bayonne et le quartier de Beyris avaient été terriblement atteints.
Les renseignements que nous avons recueillis hier après-midi nous ont révélé les effets calamiteux de la trombe d’eau sur d'autres points de la Côte.
C’est un désastre sans précédent.
BIDART - BIDARTE PAYS BASQUE D'ANTAN |
Les méfaits de l'Ouhabia.
Une bonne partie de Bidart présente un aspect de désolation.
Les eaux descendant en trombe des hauteurs de la station en même temps qu'elles ont transformé les chemins en ravins, se sont abattues sur la route et y ont amassé une couche énorme de terre et de cailloux qui a terriblement gêné la circulation.
En de nombreux points, le tramway était bloqué et certaines voitures trop légères étaient déportées par le flot.
Mais ce fut surtout aux abords du ruisseau l’Ouhabia que se produisit un véritable drame. Sous l’action des eaux descendues de la montagne, l’Ouhabia gonflait puis sortant de son lit commença de submerger les terrains avoisinants, puis, à la grande terreur des riverains, s'étendait sans cesse.
OUHABIA BIDART - BIDARTE PAYS BASQUE D'ANTAN |
La nappe d'eau atteignait bientôt certaines maisons qui ne tardaient pas à être cernées. Quelques-unes étaient rapidement envahies et l’eau atteignait bientôt la toiture.
Dans les maisons les plus hautes, on se contentait de se réfugier aux étages supérieurs; les autres avaient été évacuées à temps ; les gens avaient fui sans oublier de lâcher les animaux de basse-cour; une centaine de cochons durent être mis en liberté ; dans d’autres maisons, on porta des veaux au premier étage.
BIDART - BIDARTE PAYS BASQUE D'ANTAN |
Mais bientôt, devant le flot de plus en plus envahissant, on allait quérir à Saint-Jean-de-Luz une barque dans laquelle prirent place ceux qui n’avaient pas voulu quitter à temps leur demeure.
Au quartier Chanchutenia, il fallut le secours d’une paire de bœufs pour tirer de sa tragique position une voiture conduite par un jeune Américain résidant à Bidart qui s'était imprudemment engagée dans un chemin situé dans les bas-fonds du quartier.
Le local de la Société Lyonnaise des Eaux n’a pas été épargné et les différents appareils ayant été détériorés il a fallu s’adresser à Biarritz et à Guéthary pour obtenir de l’eau potable.
Il y a là un effet assez inattendu de l’inondation.
Une maison emportée.
Les curieux venus en grand nombre allaient être vers 2 heures de l’après-midi les témoins d'un autre spectacle.
Le niveau des eaux augmentant toujours, l’Ouhabia prit à la sortie du pont l’allure d'un formidable torrent roulant avec fracas des eaux limoneuses qui atteignirent bientôt le niveau du dit pont et emportant tout ce qui se trouvait sur leur passage.
Les braves pêcheurs qui s'installent habituellement dans ces parages d’ailleurs charmants ne reconnaîtront plus les lieux. Le formidable débit d’eau emportant des pans de murs, empiéta sur le terrain qu’il désagrégea insensiblement pour former à son point culminant une nappe d’une largeur de 60 mètres. Et une maison située à proximité, minée à sa base, n’allait pas tarder à s’écrouler.
Les murs cédèrent, s’engloutirent dans les flots puis peu à peu les meubles allaient suivre le même chemin : une armoire, un fourneau, des chaises, une table ; la maison entière avait bientôt complètement disparu. Elle appartenait au docteur Lauga, de Bordeaux, qui ne l'habitait pas et elle abritait autrefois l’œuvre Maurice Pierre.
La maison voisine fut évacuée et M. Giraudel, de Biarritz, possédant une villa à proximité, était immédiatement avisé.
Fort heureusement et malgré une nouvelle averse, la force du torrent diminuait d’intensité et dans le courant de l'après-midi toute inquiétude disparaissait quant au sort des maisons voisines.
Un autre spectacle fut alors celui de la plage qui sur une largeur de 300 mètres avait été couverte par les eaux. Celles-ci, en diminuant leur étendue, y avaient laissé des centaines d’épaves ; on y voit des meubles disloqués, des volets, des albums de cartes et autres souvenirs de famille en piteux état.
La mer houleuse et jaunâtre en ramenait d’autres ainsi que d’énormes troncs d’arbres.
M. le maire de Bidart passa plusieurs heures sur les lieux du désastre et s'occupa des sinistrés.
Il a tenu à nous dire que de mémoire d’homme pareil fait ne s'était jamais produit.
La gendarmerie de Biarritz assura la circulation sur ce point de la route qui fut sillonnée hier par de nombreuses voitures et des autobus qui durent réaliser une excellente journée.
On avait eu des craintes, un moment, pour la solidité du pont, mais ce dernier résista fort bien à la fantastique poussée des eaux.
Dans la matinée, la foudre était tombée au plateau de Bidart, sur l'hôtel de M. Conan, y occasionnant de sérieux dégâts.
Un quartier de St-Jean-de-Luz sous les eaux.
L’orage qui a éclaté sur la région jeudi soir s’est prolongé accompagné de torrents d'eau durant toute la nuit et toute la matinée de vendredi. Ce fut, comme on le verra par la suite, pour le port de Saint-Jean-de-Luz un véritable désastre.
En ville.
Comme toujours, c’est la rue Gambetta avec ses magasins en contre-bas, qui a le plus souffert du torrent d'eau déversé par les parties élevées de Bordatchoa. Beaucoup de magasins ont été inondés, heureusement sans dégâts trop sérieux et dans l'après-midi de jeudi les magasins étaient à sec.
A Errepira.
Ce malheureux quartier a été de nouveau complètement inondé, non du fait de la Nivelle, mais par les eaux descendant de la voie du chemin de fer et des hauteurs du quartier de Habas. A la gendarmerie, qui n’est pas dans la partie la plus basse d’Errepira, l’eau atteint 1 m. 50 environ et frôle la boite aux lettres. Dans nombre de maisons, le niveau de l’eau atteint deux mètres. Il est impossible à l’heure actuelle d’apprécier les dégâts, mais ils seront importants. De nombreuses familles ont dû évacuer leur domicile. Nous avons vu devant la mairie un groupe de douze personnes, logées dans une usine inondée, obligées de demander à être hospitalisées.
Sur l'autre rive de la Nivelle, on signale également des dégâts particulièrement sérieux dans l’usine Chancerelle.
Dans le port.
PORT ST JEAN DE LUZ - DONIBANE LOHIZUNE PAYS BASQUE D'ANTAN |
Mais dans le port c'est un vrai désastre. Vers dix heures du matin, le courant de la Nivelle qui avait atteint une force et une vitesse impressionnantes, a sévi sur la flottille de bateaux mouillés entre les deux ponts. Rompant leurs amarres, ils ont été se briser contre le pont de Ciboure. Sont complètement perdus les vapeurs de pêche : Saint-Charles, Saint-André-II, Socorri, Emilia et Cordilleta, soit cinq vapeurs complètement démolis.
Le vapeur Martotti, coincé en travers contre le pont, est considéré comme perdu. Le vapeur Alfredo s’est mis aussi en travers du pont.
PORT ST JEAN DE LUZ - DONIBANE LOHIZUNE PAYS BASQUE D'ANTAN |
Dans les bateaux à moteur, c’est une hécatombe. Il est encore impossible de se rendre compte de l’étendue des pertes de ce genre de bateaux, mais des marins nous disent qu’une dizaine sont brisés. Même à 4 heures de l’après-midi nous en avons vu un emporté par le courant, venir buter contre le pont d’où on essaie de le sauver.
Le moteur tout neuf Guigui Odette, de M. Arramendi, est complètement détruit. Le patron qui se trouvait à bord quand il a été entraîné a eu la chance de se sauver en empoignant une rambarde du pont.
PORT ST JEAN DE LUZ - DONIBANE LOHIZUNE PAYS BASQUE D'ANTAN |
Le patron Billac Joseph, en voulant avec le jeune Jésus Larretche sauver le moteur Mathilde, n'a pu empêcher le bateau drossé par le courant de venir se coller contre le pont. Le jeune Larretche a pu se sauver en grimpant sur le pont, mais le patron Billac a été jeté à l’eau par le choc et entraîné par le courant il a pu crocher la chaîne du vapeur Camille. Le mécanicien du Saint-Anne a pu lui jeter une amarre et le monter heureusement à bord.
La Nivelle transformée en torrent charrie des cadavres d'animaux et des débris qui attestent des dégâts causés dans le haut du fleuve. On voit passer entre autres presque ensemble les cadavres d’un âne et de quatre porcs.
LES DEUX PONTS ST JEAN DE LUZ - DONIBANE LOHIZUNE PAYS BASQUE D'ANTAN |
On nous dit que le petit pont qui se trouve à Ascain près de la villa Doria est emporté.
Un homme se noie.
Un cantonnier de Ciboure, qui se trouvait sur le pont de Ciboure parmi la foule des curieux, est tombé à l’eau et a disparu, entraîné par le courant. Il s’appelait Martin Subeldia.
ST JEAN DE LUZ - DONIBANE LOHIZUNE VU DE CIBOURE PAYS BASQUE D'ANTAN |
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