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lundi 8 janvier 2018

L'USINE D'INCINÉRATION DES GADOUES À BIARRITZ EN LABOURD AU PAYS BASQUE EN DÉCEMBRE 1926


L'USINE D'INCINÉRATION DES GADOUES DE BIARRITZ EN 1926.


On désigne sous le nom de gadoue les balayures des rues mélangées aux ordures ménagères. 


pays basque 1926
MAIRIE BIARRITZ - MIARRITZE
PAYS BASQUE D'ANTAN


Il y a un peu de tout dans ces détritus : des épluchures de légumes, des débris de poissons, des intestins de volailles, des plumes, des cendres, etc. qui peuvent être utilisés comme engrais; des morceaux de verre et de porcelaine, des bouchons, des ustensiles brisés et autres objets qui n'ont absolument aucune valeur. 


Toutes ces matières, telles qu’on les recueille chaque jour dans les rues, constituent la gadoue verte; lorsqu’elles ont fermenté en tas pendant un certain temps, elles donnent ce que l’on appelle la gadoue noire. 


Dans les environs des villes, autour de Paris notamment, les gadoues sont employées depuis longtemps pour fumer les terres.


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Voici ce qu'en rapporte la presse locale, La Gazette de Bayonne, de Biarritz et du Pays Basque

sur ce sujet intéressant la ville de Biarritz, dans son édition du 24 décembre 1926 :



"L'hygiène et la propreté des villes.

L'usine d'incinération des gadoues de la ville de Biarritz.


Rendant compte de la séance du Conseil municipal qui s'est tenue à Biarritz avant-hier mercredi et à propos des égouts, nous avons fait allusion aux problèmes municipaux qui intéressent la santé publique. De ces problèmes-là fait assurément partie celui qui s'est posé à propos de l'installation de l'usine d'incinération des gadoues. 


L'enlèvement des ordures des villes, leur transport, leur utilisation, sont des questions qui préoccupent à juste titre les municipalités. C'est pourquoi il nous parait intéressant de rappeler avec des détails nouveaux la discussion qui eut lieu devant l’assemblée communale de Biarritz le 14 courant, à ce sujet. 


On se souvient qu'après avoir présenté son rapport sur la question, M. Petit, maire, donna connaissance à ses collègues de M. Laborde, premier adjoint, qui. souffrant, n'avait pu assister à la séance. 




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Voici quelle était la teneur de cette lettre : 


Monsieur le Maire, Mes Chers Collègues, 


Je comprends parfaitement la nécessité de la création d'une usine d'incinération pour ordures ménagères, suite du gros inconvénient occasionné aux riverains par les odeurs qui se dégagent et aussi au point de vue hygiène. Mais si l'on procède à l'incinération de toutes les gadoues, vous enlevez aux agriculteurs, jardiniers et maraîchers un des meilleurs éléments de fertilisation. En effet, ces ordures, très riches en humus, sont des engrais très actifs, particulièrement favorables à la production des légumes. Je vous demande, en conséquence, au nom des agriculteurs, jardiniers et maraîchers, que je représente, qu’ils soient autorisés à acheter à la ville la part des ordures dont ils ont besoin. Par exemple. un agriculteur pourrait s'inscrire à l'avance à la Mairie en demandant X mètres cubes de gadoues. Il s'engagerait à aller les prendre tel jour, à telle heure à l'usine d'incinération et les chargerait directement du camion avant leur déversement dans la fosse. 



Vous n'irez pas, je l'espère, Messieurs à l'encontre des intérêts de l’agriculture, surtout dans une ville comme Biarritz qui reçoit une grande clientèle de visiteurs, et qui vont être approvisionnée de très nombreux et beaux légumes. 


Malgré tout, je n'approuverai ce projet, quoique je reconnaisse que le système d’incinération donne des résultats appréciables, qu'à la condition que cette réserve soit faite en faveur de l'agriculture. 


Je vous prie de croire, Monsieur le Maire, etc. — Jean Laborde.




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Cette lecture ayant été donnée. M. Petit reprit la parole et s’exprima ainsi : 


Je crois que la mesure spéciale réclamée par M. Laborde, à très juste litre en sa qualité de président de la Société d'encouragement à l'Agriculture, doit être examinée avec une prudente attention si on ne veut pas qu'elle aille à l'encontre du but poursuivi par la ville qui vise à la suppression des dépôts de gadoues non seulement aux abords de la commune, mais aussi et surtout dans l'enceinte de l'usine d'incinération, placée, topographiquement au centre. La Commission municipale, dont faisait d'ailleurs partie M. Laborde, a récemment visité les usines de Tours et Paris. Elle a pu constater l'importance primordiale qui s'attache à la suppression es poussières au cours des diverses manutentions. Car si le problème de l'incinération proprement dite paraît résolu, celui de l'enlèvement, du transport et du déchargement dans les fours, n'est pas, à l'heure actuelle du moins, complètement au point. Aussi, nous avons été conduits à demander aux constructeurs éventuels de proposer l'application aux futurs services de notre ville, des procédés d'enlèvement par bennes conservées closes jusqu'au moment précis du déversement dans les trémis des fours, tels qu'ils sont en projet pour les villes d'Altona et de Moscou.




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Or, adopter la proposition de M. Laborde, ce serait créer dans l'usine même un dépôt permanent d’ordures, devant motiver le va et vient des bouviers et des manutentions périodiques, avec tous les inconvénients qui doivent en résulter. 


Ceci n'est pas pour écarter définitivement l'idée émise par M. Laborde, mais pour observer que de toute façon. on ne pourrait songer qu'à un dépôt d'une importance très limitée, avec un enlèvement très régulier, soumis à des règles sévères, dans un local spécial à l'écart du corps principal de l’usine. Mais je le confesse, c’est avec une bien vive satisfaction, que je verrais s’établir l’usine exempte de toute sujétion. J'aimerais mieux, à tout prendre, que la ville accordât aux agriculteurs dont je suis le premier à vouloir défendre les intérêts, une subvention qui vienne les dédommager en partie de leur dépense pour achat d'engrais chimiques. Mais ce qui importe, c’est qu’une décision rapide en ce qui concerne le projet lui-même, intervienne pour qu’il soit mis fin à la situation actuelle, qui est intolérable.


Un échange de vues suivit cette déclaration. 




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Voici, d’après le compte-rendu analytique les observations qui furent présentées : 


M. Labat : Je crois, pour ma part, devoir déclarer que les gadoues actuellement entreposées du côté de Brindos séjournent là en totalité sans que personne ou à peu près songe à diminuer le tas ; c’est une infection, un nid à rats. La ville a été même obligée de dépenser une certaine somme pour se débarrasser de ces animaux dangereux par leur nombre considérable. Si les gadoues étaient nécessaires aux agriculteurs, nous n'en aurions pas suffisamment à mettre à leur disposition. Cette constatation est de nature à tranquilliser M. Laborde. 


M. Duplantier : La question qui est posée n’est pas nouvelle. Il y a déjà six ans, j'avais déposé un vœu concernant l'usine d'incinération. J'avais à ce moment là contre moi l'Administration et M. Laborde : ce dernier faisait valoir des raisons analogues à celles contenues dans sa lettre ; il avait en outre apporté à l’appui de sa demande des formules chimiques établissant la valeur des gadoues. C'est sa thèse qui, alors, avait prévalu. Il avait même, contribué à obtenir l'engagement de trois ou quatre preneurs principaux : il n’est rien resté de tout cela. Ces dépôts sont demeurés dans un état épouvantable; aussi est-il temps d’en arriver à une solution nouvelle ; les agriculteurs auront le loisir d'acheter des engrais, qui d'ailleurs sont supérieures aux gadoues. Pour moi, la question est résolue.




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M. le Maire ne peut que confirmer ces déclarations car il sait à quelles difficultés insurmontables et inattendues il s’est buté pour l’écoulement des gadoues. Il insiste sur la nécessité de prendre une décision d'urgence ; il rappelle la détermination qu’il a prise de faire bénéficier l'installation projetée non seulement des perfectionnements acquis par ailleurs, mais de ceux que l'Administration municipale elle-même compte suggérer aux ingénieurs constructeurs, de façon que le système adopté représente le maximum de progrès actuellement réalisés dans cet ordre d'idée. 




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M. Lacour est également d'avis qu'il y a lieu d’éviter tout nouveau dépôt de gadoues, ce qui aurait pour résultat de détruire le projet. 


M. Raulet pense que les deux questions doivent être disjointes. Pour le moment, il n’y à qu’à voter pour l'usine telle que le projet la présente et plus tard, on verra dans quelle mesure la suggestion de M. Laborde peut être retenue. 


M. Giraudel : M. Raulet a dit ce qu'il fallait ; les deux questions sont disjointes, d'autant plus que l'avenir des agriculteurs représentés par M. Laborde est sauvegardé, car ils n'enlèveront pas de longtemps les mètres cubes de gadoues qui sont déjà en dépôt.


C'est après cet échange d'observations que le projet fut adopté à l'unanimité des membres présents, tel qu'il venait d'être présenté par le rapporteur."







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