LA RÉBELLION DU CLERGÉ BASQUE EN 1904.
Après la loi de 1901, et en particulier son titre III anticongréganiste, la loi du 5 juillet 1904 interdit aux congrégations religieuses le droit d'enseigner.
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Dans certaines régions de France, et en particulier au Pays Basque, certains religieux se
rebiffent contre ces lois.
Voici ce que rapporta le journal Le Siècle, dans son édition du 10 mars 1904 :
"Affaires religieuses.
La rébellion du clergé.
Après l'épiscopat, c'est le clergé qui manifeste sa rébellion.
Un desservant de Musculdy (Basses-Pyrénées) écrit à l'Univers une lettre dont nous détachons les passages suivants :
Musculdy, près Mauléon (Basses-Pyrénées), 23 février.
Très vénéré monsieur,
Voilà bien une semaine que tous les journaux catholiques de France et de Navarre publient, chacun à son tour, la liste de quinze prêtres basques spoliés de leur traitement "pour abus de l'emploi de la langue basque dans l'enseignement du catéchisme".
Je pourrais dire de cette liste qu'elle est inexacte ; j'ai le droit et le devoir de déclarer qu'elle est incomplète.
Elle est d'abord inexacte parce qu'elle peut laisser croire au public étranger au pays que les quinze noms sont ceux de quinze nouvelles victimes; la vérité est que, parmi les prêtres désignés, les uns sont « volés » depuis un an, les autres depuis neuf mois, quelques-uns depuis six mois, les derniers depuis trois mois seulement.
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Elle est ensuite incomplète; j'ai eu l'honneur de faire partie de la première "charretée" et, depuis lors, mon traitement est toujours retenu, pour employer l'expression, officielle. Or, mon nom ne figure pas dans la liste qui court par les journaux.
Ce fonctionnaire, qui éprouve le besoin de qualifier publiquement de "vol" une mesure prise par le gouvernement auquel il doit sa place, constitue déjà un curieux exemple de l'état d'esprit qui règne dans le clergé.
Mais il y a mieux : il veut dire leur fait à "ses spoliateurs" et il écrit :
J'aurais pu, avant ce jour, publier des détails fort intéressants sur l'histoire de la suppression de mon traitement ; j'ai cru mieux faire en gardant le silence. Devant le fait nouveau et public qui vient de se produire, mon silence, pourrait être mal interprété ; j'ai le devoir de réclamer une rectification publique.
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Cette rectification, je la dois d'abord à la conscience de mes spoliateurs, pour ne pas leur laisser l'illusion d'une renonciation, de ma part, à mes droits sacrés et inaliénables sur l'indemnité concordataire qu'ils me doivent au nom de la France, et dont ils auront à rendre compte devant Dieu, s'ils ne me la restituent pas jusqu'au dernier centime ; je la dois ensuite à mes amis connus ou inconnus dont les félicitations m'ont été précieuses, et, en particulier, à ceux d'entre eux qui, après m'avoir envoyé quelques subsides pour me venir en aide, pourraient se demander, en ne voyant pas mon nom sur la liste, s'ils n'auraient pas mal placé leur générosité ; je la dois encore à l'honneur traditionnel du clergé, du diocèse de Bayonne, qui aurait droit, avec raison, de s'offenser, si je manquais à mon devoir ! je la dois, enfin, à ma dignité personnelle que je n'ai pas voulu laisser ébranler, il y a un an, par la menace d'une suppression de traitement, et que la spoliation, même perpétuelle, il est bon qu'on le sache, n'ébranlerait pas davantage.
On peut arriver à bout de la résistance des citadelles les mieux fortifiées par la trahison et la famine, mais les cœurs vraiment chrétiens et vraiment basques sont inaccessibles à ces moyens, et je jure, moi, dans l'amour le plus ardent du Christ et dans la soumission la plus filiale au doux Pontife Pie X et à nos vénérés vicaires capitulaires, que, mes spoliateurs m'enlèveront tout, jusqu'à la vie inclusivement, avant d'obtenir de moi le sacrifice d'une seule des libertés, d'un seul des droits paroissiaux dont j'ai la garde !
La direction des cultes a sans doute épuisé ses moyens de répression contre ce prêtre rebelle; c'est peut-être pour cela qu'il ne prend plus aucun ménagement. Le Pape et l'Univers lui servent de garants !
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