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jeudi 18 janvier 2018

LE CHÂTEAU D'URTUBIE À URRUGNE - URRUNA EN LABOURD AU PAYS BASQUE EN 1930


LE CHÂTEAU D'URTUBIE À URRUGNE EN 1930.


Parmi les domaines et les châteaux existant dans le Pays Basque d'Antan, le château d'Urtubie, un des plus anciens de la région, est intéressant non seulement par son admirable état de conservation mais aussi par son histoire qui se rattache à celle de toute la contrée. Des événements historiques ont marqué dans son enceinte le passage des siècles.



PAYS BASQUE AVANT
CHÂTEAU D'URTUBIE URRUGNE - URUNA
PAYS BASQUE D'ANTAN

Voici ce qu'en rapporte la presse locale, dans la Gazette de Bayonne, de Biarritz et du Pays 

Basque, le 26 avril 1930 :


"... Pour aujourd’hui, nous voudrions vous parler de ce château d’Urtubie que le promeneur, après avoir dépassé Saint-Jean-de-Luz, contemple et admire — tout au moins ce qu’on en peut voir de l’extérieur — sur la route d’Hendaye, près d’Urrugne. Nos pas nous y ont menés et vous en franchirez le seuil avec nous, lecteur. 


Le parc est magnifique et ombragé par des arbres plus que séculaires. Là pendant des années ont vécu, à partir du Xlle siècle, les seigneurs d’Urtubie, de Tartas, de Sault, de Mont-Réal, dont l’un, Tristan, fils de Jean, fit particulièrement parler de lui — pas toujours en bien, il faut le reconnaître. Il était querelleur et pillard, parait-il. Saint-Jean-de-Luz en sut quelque chose un jour où il s’empara de force de la cargaison d’un navire appartenant à un armateur de ce port. C’est M. Nogaret qui nous en parle dans son histoire des Châteaux historiques du Pays Basque français. Nous lui cédons d’ailleurs la parole. 



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CHÂTEAU D'URTUBIE URRUGNE - URUNA
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Malgré son caractère difficile. Tristan d’Urtubie avait rendu au pays de nombreux services dont un des plus appréciés concernait l’usage de la Bidassoa


Depuis la plus haute antiquité, les Espagnols prétendaient que la rivière leur appartenait et ils s’opposaient à ce que les Français y péchassent. De là de continuels conflits souvent suivis de rixes et de meurtres. Tristan s’appliqua à mettre un terme à un état de choses aussi regrettable, et, après des années de négociations et de pourparlers, il finit par faire reconnaître des droits égaux pour tous les riverains. C’était une question internationale avantageusement réglée et qui donna lieu, en 1683, à un traité encore en vigueur aujourd’hui. 


Pour ces motifs, Tristan était en faveur et son fils, Salvat, qui lui succéda, bénéficia, à son tour, des bonnes grâces du souverain. Aussi, lorsqu’il demanda à être nommé bailli du Labourd, il reçut satisfaction. Mais les Saint-Pée, qui se transmettaient cette charge de père en fils, depuis cent cinquante ans, en conçurent une grande déception et de là naquit une rivalité qui ne fut pas sans influence sur la tranquillité du pays. 


En 1654, le roi érigea en baronnie la seigneurie du nouveau bailli. 




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CHÂTEAU D'URTUBIE URRUGNE - URUNA
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Quelques temps après se produisirent des troubles auxquels Salvat ne fut pas étranger. Mais il n’en souffrit aucun dommage et, lorsqu'on 1660, le roi Louis XIV arriva à Saint-Jean-de-Luz pour son mariage, il lui rendit les honneurs à la tête du régiment qu’il commandait. 



Il intervint quelques années plus tard à l’occasion d'un soulèvement parmi les marins. L’inscription maritime avait été très mal accueillie par ces populations indépendantes qui refusèrent de se conformer aux nouveaux édits. Salvat chercha vainement à aplanir le conflit et, à la suite de son insuccès, Colbert chargea le comte de Guiche d’assurer la mise en vigueur de ce mode de recrutement. Le jeune comte n’ayant pu, lui non plus, faire entendre raison aux émeutiers, prit des mesures de rigueur; il demanda l’envoi d'un corps de troupe important et s’installa lui-même au château d’Urtubie où il séjourna jusqu’à ce que les édits fussent rigoureusement appliqués.



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CHÂTEAU D'URTUBIE URRUGNE - URUNA
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Cette famille fournit encore trois baillis, dont le dernier, André, mourut sans postérité, en 1767. Son cousin, I.aurent de Garro, lui succéda dans sa charge, tandis que ses biens passèrent à une sœur, Ursule, qui épousa Pierre de Raimont-de-Lalande marquis de Castelmoron. 



De ce mariage naquit un fils, Jean de Raimont de Castelmoron, avocat général au Parlement de Bordeaux qui mourut sur l’échafaud en 1793. Ses héritiers vendirent le château aux de Larralde-Diustéguy, famille originaire de la Navarre et fixée en Labourd depuis 1560. On pouvait voir, il y a encore quelques années, leur antique maison familiale, sur les bords du bassin, à Ciboure, à l’emplacement occupé aujourd'hui par la station du tramway. Le château n’est plus sorti de la famille et appartient à la baronne de Coral, née Labat, descendants par les femmes des Larralde Diustéguy.



Le château n'attire pas l’attention uniquement par les souvenirs qu’il évoque ; il présente le double intérêt d’être une belle résidence moderne en même temps qu’il conserve certains caractères d'une ancienne maison forte dont on peut encore distinguer les dispositions primitives.




Le corps principal, l’édifice rectangulaire muni de deux tours rondes contenant des escaliers, occupe le milieu d’une grande cour bordée de tous côtés par les anciennes murailles arasées à trois mètres environ du sol et qui constituaient l’enceinte extérieure. A l’un des angles, du côté  de l’ancien chemin, s’ouvre la porte d’entrée, encadrée de deux tours semi-circulaires en belles pierres de taille et percées aujourd’hui de larges fenêtres qui lui ont enlevé le caractère sévère et sombre qu’elle avait certainement autrefois. Sur la face méridionale, du côté d’Urrugne, on distingue des meurtrières à mousquet encore bien conservées. 



A l’époque où cette enceinte avait une valeur militaire, le séjour dans le château ne devait pas être des plus agréables. Lorsqu’il le fit reconstruire au commencement du seizième siècle, Mont-Réal mit sans doute à profit l’expérience des longues années de guerre auxquelles il avait pris part en Allemagne, dans les Flandres et en Italie pour en faire un ouvrage dans lequel se concilièrent les nécessités de la défense et les agréments de l’habitation. Il agit prudemment car il n’est pas douteux que le nouveau manoir subit de fréquents assauts rendus inévitables par sa situation. 



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Les troupes de Philibert de Chalon, en 1523, celles de Sanchez de Levia en 1542, l’armée espagnole qui réduisit Saint-Jean de-Luz en cendres en 1568, enfin l’occupation du pays par les Espagnols en 1636, pour ne rappeler que leurs principales incursions, ne furent pas certainement sans lui causer d’importants dommages. 



Les choses ont bien changé depuis ces événements éloignés et, avec le temps, à la maison forte, s’est substituée une élégante habitation qui n’a pas entièrement perdu son ancien caractère ; l’arasement des murs qui les a transformés en agréables promenoirs, la construction de nouveaux communs qui a permis de dégager les lices des bâtiments et appentis qu’il était d'usage d’y élever, la création de nouvelles dispositions ; à laquelle a présidé un goût très sûr, ont fait de l’ancien manoir du seizième siècle une résidence aussi élégante que confortable. 



Mais ce n’est pas seulement par son aspect extérieur que le château d'Urtubie séduit le visiteur. Sans insister sur ses dispositions intérieures, on ne saurait omettre de mentionner une collection de tapisseries remarquables et d’une conservation parfaite.

 


Le grand salon contient six belles pièces en série représentant les principales scènes de David et d’Abigaïl telle qu’elle est rapportée au chapitre XXV du Premier livre de Samuel, dans la salle à manger, un magnifique panneau reproduit la scène de David remettant des présents à Saül. Enfin dans un petit salon deux pièces d’Aubusson, tout à fait, remarquables, figurent, l’une un sauvage, l’autre François 1er et un second personnages, sans doute Charles-Quint. 



Voici dans quelles circonstances, si l’on en croit la tradition, le château d’Urtubie aurait acquis des œuvres d’art telle qu'on n’en voit habituellement que dans les musées nationaux. Lors du mariage de Louis XIV, en 1660, on avait fait venir de Paris un certain nombre de tapisseries destinées à décorer l’île des Faisans, l’église de Saint-Jean-de-Luz et les logements de certains grands personnages, sans doute Charles-Quint. 


Par reconnaissance envers les personnes qui avaient bien voulu mettre leur maison à la disposition des seigneurs de la cour, le roi ordonna de leur faire cadeau de ces tapisseries. Telle serait l’origine de celles du château d’Urtubie qui avait certainement reçu, à cette occasion, des hôtes de marque suivant une tradition déjà ancienne. Peut-être encore ornaient-elles la maison de Larralde de Ciboure, d’où elles furent transportées à Urtubie. 


On remarque aussi, dans le grand salon, des portraits de famille dont ceux de MM. de Larralde et Labat et une belle cheminée surmontée d’une inscription basque pouvant se traduire par les trois mots : réunissant, réchauffant, réjouissant. 


Et, pour terminer, un détail que sans doute ignorent bien des gens, même de chez nous : sait-on que parmi tant d’hôtes illustres qu’abrita le château d’Urtubie, figura le premier grenadier de France : La Tour d'Auvergne ?"






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