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dimanche 24 avril 2022

EDMOND DURANDEAU ARCHITECTE D'HENDAYE EN LABOURD AU PAYS BASQUE

EDMOND DURANDEAU ARCHITECTE D'HENDAYE.


Edmond Durandeau, né le 30 mars 1878 à Angoulême (Charente) et mort le 18 juin 1960 à Hendaye (Pyrénées-Atlantiques), est un architecte français dont l'essentiel des réalisations se trouvent dans les Pyrénées-Atlantiques et les Landes.





Edmond Durandeau se forme d'abord à l'école municipale des beaux-arts de Bordeaux, tout en dessinant pour des architectes bordelais comme Pierre Ferret et Bertrand Alfred-Duprat. Il rejoint ensuite l'atelier Scellier de Gisors à l'Ecole nationale des beaux-arts de Paris, où il a comme condisciples Paul Tournon, Raoul Perrier et Albert Pomade. Son sens de la perspective, sa grande sensibilité dans le rendu, la justesse de ses couleurs lui valent plusieurs médailles à l'Ecole des beaux-arts. En fin de seconde classe, son projet d'archéologie sur le thème "reconstitution d'une des portes de la mosquée de Mansourah" montre la virtuosité et la délicatesse de son talent. Il obtient son diplôme en 1908. Pendant ses études, il travaille au projet du Sacré-Coeur de Montmartre dans le cabinet de Paul Abadie que dirige Lucien Magne, avec le sculpteur Binquet, son condisciple à l'école des beaux-arts de Bordeaux, et il collabore pour l'agence d'Henry Martinet à la création de l'Hôtel du parc et du nouvel établissement thermal de La-Roche-Posay en 1905.




Son frère aîné passe ses vacances à Hendaye et il l'y rejoint fréquemment. Lors de l'un de ces séjours, il retrouve Henry Martinet, qui relance l'aménagement d'Hendaye-Plage. En 1907, celui-ci l'invite à participer au premier lotissement du Boulevard de la Mer. Le projet du diplôme d'Edmond Durandeau sera donc réalisé pour le peintre Ernest Bordes, ce sera la villa Etche Ferdia (la Maison verte).




VILLA ETCHE FERDIA HENDAYE
PAFR EDMOND DURANDEAU



En 1910, il épouse Berthe Berson, fille unique d'un entrepreneur de plomberie-zinguerie en charge de l'entretien du château de Versailles, dont il aura deux fils, Jacques et Jean-François ; ce dernier, urbaniste, occupera, trente-cinq ans durant, le poste de directeur des services techniques de la ville d'Hendaye.




En 1912, Edmond Durandeau construit sa propre maison à Hendaye et s'y installe définitivement après la guerre de 1914-1918. Il opte définitivement pour le Sud, au climat plus clément, après la Grande Guerre, où il a été gravement atteint par l'ypérite, comme André Pavlovsky, autre architecte de la Côte basque.




L'interprétation très personnelle que fait Edmond Durandeau du thème régionaliste sera remarquée par Robert Mallet-Stevens, en 1914, à propos de la villa Sesketan. Dès 1913, Louis Charles Boileau présente ses premières villas dans la revue L'Architecture. Edmond Durandeau construit pour les amis d'Henry Martinet qui participent à l'aventure d'Hendaye-Plage, puis rapidement, à partir de 1924, il se constitue sa propre clientèle.




On remarque à Hendaye son style rapin élégant avec sa barbiche, sa moustache, son chapeau aux larges bords roulés, son pied finement chaussé et son éternelle cravate blanche. il pratique l'aquarelle avec une grande sensibilité et reste très lié à des amis peintres tels que le peintre Félix Jobbé-Duval ou le graveur Raoul Bénard.




Comme la plupart des créateurs du néo-basque, Edmond Durandeau n'était pas basque, et si certaines de ses villas s'inspirent de la ferme labourdine, bien d'autres influences entrent en jeu dans sa production : sa formation académique d'abord, les publications architecturales, la découverte de l'oeuvre de Frank Lloyd Wright, ses voyages en Espagne et une abondante documentation sur l'architecture italienne traditionnelle. A l'instar de son confrère William Marcel, il photographie l'architecture espagnole, et notamment Fontarabie, recueille des photos de Toscane et d'Ombrie transmises par ses commanditaires, comme Mme d'Aramon ou Mme Maurette.




Son sens du simple, du vrai, son goût du rustique, voire de l'archaïsme, alliés à la volonté de créer des espaces pratiques pour la vie moderne, pour les vacances, son souci de relier ses constructions au site maritime, de ménager des vues sur l'océan, sur la baie, à l'abri des intempéries, la création de loggias et d'espaces extérieurs différenciés, patios, jardins, cours d'entrée, font que la plupart de ses oeuvres sont encore appréciées et même recherchées par les amateurs de villégiatures hendayaises soucieux de tradition et de confort.




A partir des années trente, il complètera son activité d'architecte par la gestion des villas, qu'il entretient pour les propriétaires, en assurant les locations d'été. Cette disposition lui permettra de suivre lui-même l'évolution de ses constructions, conçues, pour certaines, de telle sorte que leurs extensions, par la fermeture des loggias notamment, paraissent couler de source, même si elles retirent beaucoup d'élégance et de de relief aux réalisations originales.




Maire-adjoint de 1947 à 1953, il tentera de développer le plan d'aménagement d'Hendaye et de la baie de Chingoudy sans toutefois atteindre les résultats escomptés, du fait d'une réglementation encore inadaptée.




A l'instar de plusieurs autres architectes, dont Henri Godbarge, il exploitera, pour répondre à la nouvelle commande de la villégiature, non seulement le substrat local - architecture vernaculaires et nobles des provinces basques françaises et espagnoles - mais toute une culture plus vaste , un sens artistique aigu, dans une synthèse qui lui est propre et demeure sensible aujourd'hui, quand on visite Hendaye-Plage, malgré de nombreuses transformations et destructions. Des colonnes toscanes soutenant porches et loggias sont le plus souvent les indices d'une oeuvre d'Edmond Durandeau.




Principaux édifices d'Hendaye-Plage construits par Edmond Durandeau :


En 1907, sur le Boulevard de la Mer, surgit la villa Etche Ferdia, la Maison verte. Ce projet de diplôme, adapté pour le peintre Ernest Bordes, est immédiatement présenté dans la presse spécialisée (La Construction moderne, 31 octobre 1908). Directement inspirée du modèle labourdin, cette villa servira de publicité pour le lotissement régionaliste que lance Henry Martinet.




VILLA ETCHE FERDIA HENDAYE
PAR EDMOND DURANDEAU


Egalement en 1907, Gure Kayola, Notre Cage, à côté d'Etche Ferdia, est construite pour Henri Faisans, maire de Pau, Sénateur des Basses-Pyrénées, à la demande duquel, Henry Martinet avait aménagé le parc Beaumont à Pau en 1898. Etche Ferdia et Gure Kayola seront réunies par Edmond Durandeau pour un même propriétaire en 1957-1958.


A côté d'Etche Ferdia, Etche Oria, la Maison jaune, destinée au professeur en médecine Brissaud, date des années 1907-1908.




VILLA ETCHE ORIA
PAR EDMOND DURANDEAU


Ces trois premières villas portent trois des cinq couleurs admises par la tradition dans les constructions côtières : le bleu et le jaune, s'ajoutant au vert, au rouge et au brun des villages basques de l'intérieur, évoquent en complément les couleurs des bateaux.


En 1909, Edmond Durandeau qui réside à Paris, se construit une petite villa de vacances au bord de la baie de Chingoudy : Nere Etchola, Ma Chaumière.





VILLA NERE ETCHOLA
PAR EDMOND DURANDEAU


C'est l'une des premières villas bâties sur la baie, les deux autres étant la villa Madrid (1882), appartenant au maître verrier Mauméjean, agrandie par Edmond Durandeau en 1924, et la villa Arthur (1890), propriété du marquis de Gestas, aujourd'hui démolie.


Pour Berthe Berson, son épouse, Edmond Durandeau construit la villa Esperanza, à côté de Nere Etchola, en 1909. Nere Etchola, ainsi qu'Uraldian, également conçue pour sa belle-famille, ont été détruites pour laisser place à une résidence de vacances. Cependant, le modèle extrêmement intéressant que constitue Nere Etchola par rapport au site de la baie n'a pas été perdu, puisqu'il sera repris pour la construction des villas de M. Samson, quelques années plus tard.


En 1910, Durandeau érige une première partie de la Maison rouge, qui deviendra son habitation permanente et son agence après la Grande Guerre. Elle sera agrandie plusieurs fois, notamment en 1927-1928 par la construction d'une galerie où il installe son cabinet, auparavant sis à Paris, rue Séguier.



Commanditaire fortuné et exigeant, le marquis d'Abreu donne à Edmond Durandeau, en 1910, l'occasion de produire un édifice plus complexe et plus coûteux que les précédents : la grande villa Itsas Mendi. Maison de villégiature pour trois familles avec leurs domestiques, elle est construite sur un terrain triangulaire de deux hectares et demi, bordé par trois rues, avec une façade sur le rond-point central. Sacrifiant au style pittoresque, elle offre de multiples agencements de volumes et de toitures ; sa décoration intérieure fait appel au savoir-faire des meilleurs artisans locaux. Elle a été détruite pour laisser place à un immeuble d'appartements au début des années 1990.


Toujours en 1910, l'industriel du réglisse M. Tur, dont l'usine se trouve à Saragosse, lui commande une villa, qu'il appellera Itsas Aldean, sur le boulevard de la Mer. Cette villa, agrandie en 1927, a conservé son environnement de beaux arbres et un portail monumental.





VILLA ITZAS ALDIAN
PAR EDMOND DURANDEAU


Sesketan, boulevard de la Mer, construite en 1911 pour Théodore Tissier, conseiller d'Etat, donne lieu à des commentaires élogieux de Robert Mallet-Stevens dans La Petite Illustration en 1914.


Suit une série de villas pour le baron de Scorbiac : Xaintrailles (1912), La Hire (1914), Dunois, qui deviendra Kabigocho (1928). Ce commanditaire, propriétaire terrien et agent de change originaire de Montauban, avec son cousin le comte de Pérignon et leur ami commun M. de Saint Vincent, ont acquis de nombreux lots en bordure du boulevard de la Mer. Ils confient les premières villas à un architecte de Montauban, Jules Germain Olivier. Elève de Raulin, diplômé en 1903, celui-ci a remporté le premier prix du concours de villas lancé par la Foncière d'Hendaye en 1907. La villa Jeanne d'Arc est d'inspiration italienne, les villas de MM. de Saint-Vincent et de Pérignon, plutôt anglo-normandes. La réalisation de ces villas hétéroclites exacerbe les critiques de Pierre Loti. Henry Martinet regrette alors d'avoir accepté ce mélange d'inspirations. La villa Jeanne d'Arc a été transformée depuis par Edmond Durandeau pour lui donner un style plus en harmonie avec les constructions du quartier.


En 1913, Edmond Durandeau donne les plans de Aize Alde, voisine de Sesketan sur le boulevard de la Mer, pour M. Rondeau, ingénieur en chef des Ponts et Chaussées.


Sa rencontre avec Lucien Samson, spécialiste de la grande distribution (La Ruche méridionale) lui apporte la commande de plusieurs villas en 1913 : Itsas Lorea (détruite) et Guereza, rue des Chèvrefeuilles, acquise par l'organiste André Marchal ; puis Etche Urdina (la Maison bleue) en 1922, Gozzoenea en 1923, Nere Ederra et Hare Lilia en 1924, quatre villas identiques sur le modèle de Nere Etchola.





VILLA ITSAS LOREA HENDAYE
PAR EDMOND DURANDEAU


Le président de la Compagnie des chemins de fer du Midi, M. Teissier, qui a favorisé le développement de la ville en faisant construire la halte-station d'Hendaye-Plage, lui commande Larroun en 1914, sur un domaine de quatre hectares situé au sommet d'une colline dominant Hendaye.



VILLA LARROUN HENDAYE
PAR EDMOND DURANDEAU


Cette année-là, le docteur Vaerla, riche Vénézuélien qui passe ses vacances à Biarritz, acquiert le terrain contigu à celui d'Itsas Lorea et fait élever Zampaquita, dans un style plus classique "à l'italienne". Elle sera détruite pour faire place à l'immeuble Le Grand Large.



Pour la famille de Jacques de Lapparent, géologue, Durandeau entreprend une série de villas entre 1909 et 1914 : La Cassine, Nere Pausoa et Ohantzea. La première abrite bureau et bibliothèque, la deuxième est consacrée à l'habitation principale, et la troisième à ses neuf enfants. Remarquablement entretenu, l'ensemble a gardé la saveur de sa conception d'origine.



Les villas Lanarteac, Aldamio, Etchetoa, Polita, avenue des Mimosas et boulevard de la Mer, sont réalisées entre 1908 et 1914 pour la famille Boutet de Monvel et sont publiées dans La Construction moderne.



Etchetoa deviendra propriété de Mme Noémie Revelin, grand-mère de Roland Barthes, qui résidait à Bayonne, aux allées Paulmy. Très attaché au Pays Basque, Roland Barthes fait à Hendaye des séjours réguliers jusque dans les années soixante, où les bruits du boulevard de la Mer le chassent vers Urt, sur la rive gauche de l'Adour.




VUE ARRIERE DES VILLAS ETCHETOA, ETCHE ORIA,
ETCHE FERDIA ET GURE KAYOLA A HENDAYE EN 1920



La villa Sainte-Anne est édifiée en 1920 pour la famille Legasse-Camino. Le docteur Camino est maire d'Hendaye entre 1912 et 1919. Il habite la villa Mauresque, construite pour la famille de Polignac, contiguë à la villa Bakar Etchea de Pierre Loti. La villa Gravelina, rue des Chèvrefeuilles, construite en 1920 (aujourd'hui détruite), a été habitée quelque temps par la famille du maréchal Pétain, alors que celui-ci était ambassadeur à Madrid.


La villa Aguerre Mendi accueille Fernand Maurette, géographe. Cette délicieuse villa réalisée en deux campagnes de travaux (1923 et 1928) donnait directement sur la baie de Chingoudy. Elle a été récemment réhabilitée, et deux villas ont été bâties dans son parc.


La villa Chairy, construite pour le professeur en médecine Chairy en 1926-1927, comportait à l'origine une vaste terrasse-galerie abritée des vents d'ouest.


L'ermitage d'Orio, réalisé entre 1927 et 1931 à la périphérie d'Hendaye pour M. et Mme d'Aramon, est conçu à la manière d'une hacienda et inspiré d'un prieuré toscan.




ERMITAGE D'ORIO
PAR EDMOND DURANDEAU


Pour la famille Larrieu-Estelle, la villa Beira-Mendi, sur la Bidassoa, est commandée à Durandeau en 1933 par Mme Larrieu-Estelle. Sa fille épouse le graveur en médailles Raoul Bénard, un ami d'Edmond Durandeau, dont il réalisera le portrait au fusain en 1932. Suit, en 1934, la villa Tu et You, rue du Commerce, dont la grande loggia domine la baie de Chingoudy.



C'est à cette époque que Durandeau réalise le théâtre du Bourdon, qui constitue un épisode marquant dans son oeuvre. Claude Duboscq, né en 1897, riche sylviculteur des Landes, compositeur d'avant-garde influencé par Erik Satie, loue à Edmond Durandeau la maison que celui-ci avait fait construire pour son épouse. Il s'ensuit une amitié et une collaboration pour la construction d'un théâtre de plein air dans la propriété de Claude Duboscq à Onesse-Laharie, dans les Landes. La première représentation, une tragédie de Claude Duboscq, Colombe la Petite, a lieu le 31 août 1930. Mais la crise économique ruinera le négoce de Claude Duboscq, qui meurt en 1938, laissant le théâtre inachevé.



Si la construction et l'entretien des villas constituera l'occupation principale de l'architecte, il projette ou modifie également plusieurs bâtiments publics à Hendaye. En 1923, il donne les premiers dessins pour le Théâtre des variétés, avec balcon et déambulatoire, qui sera réalisé en 1924 et transformé plus tard en cinéma. Après la guerre, en 1953-1954, associé à Maurice Darroquy, il surélève le groupe scolaire d'Hendaye-Ville, édifié par Gustave Huguenin entre 1924 et 1928. A la même époque, Edmond Durandeau agrandit le groupe scolaire d'Hendaye-Plage, qui avait été réalisé par Louis Adamski en 1936.





GROUPE SCOLAIRE HENDAYE-VILLE
PAYS BASQUE D'ANTAN



Le monument aux morts de la guerre de 1914-1918 avait été initialement étudié par Edmond Durandeau et par le peintre basque espagnol Ignacio Zuloaga. Mais, en 1919, la municipalité change et le projet, jugé trop coûteux, sera remplacé en 1924 par un simple mur en pierre de la Rhune, conçu par Henry Martinet et Adamski, avec une oeuvre de Ducuing, statuaire que Martinet avait déjà fait travailler à Pau (pour le parc Beaumont et la villa Sorrento).



Après la Seconde Guerre mondiale, la municipalité confie à Edmond Durandeau l'agrandissement de ce monument, pour y intégrer les noms des soldats morts dans ce nouveau conflit. Si son intervention améliore la qualité de l'ensemble, elle ne fait pas oublier son premier projet, d'un symbolisme basque affirmé, qui comportait des salles de réunion pour les anciens combattants.




MONUMENT AUX MORTS HENDAYE
PAYS BASQUE D'ANTAN


Sur un important terrain laissé libre à proximité de la chapelle Sainte-Anne, entre la rue des Néfliers et la rue des Jasmins, le curé Paul Simon commande à Edmond Durandeau un centre paroissial qui devait comprendre un presbytère, des salles de travail et des salles de réunion. Une partie seulement du programme sera réalisée en 1940, sur un plan semi-circulaire.


Si quelques architectes, comme Jules Germain Olivier et plus tard les frères Darroquy, ont participé à la création des nouveaux édifices d'Hendaye-Plage, c'est sans conteste Edmond Durandeau qui a le mieux compris le désir d'Henry Martinet et l'a interprété durablement.



(Source : Wikipédia et livre Hendaye Irun Fontarrabie de l'Institut Français d'Architecture)







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