LES CÔTES DE BISCAYE AU PAYS BASQUE EN 1863 (première partie)
LES CÔTES DE BISCAYE EN 1863.
La province de Biscaye, en Hego Alde, a environ 150 kilomètres de côtes.
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CÔTES DE BISCAYE 1748 |
Voici ce que rapporta à ce sujet le journal les Annales Hydrographiques, le 1er avril 1863 :
"Chapitre V.
De la Pointe de Onton à la Pointe Santurraran.
Variation : 20° 2' N. 0. en 1863.
La province de Biscaye, qui est limitée à l'O. par la rivière Sabiote ou de Onton, se termine à l'E. par la pointe de Santurraran, extrémité Ouest de l’embouchure de l’Ondarroa qui la sépare de la province de Guipuscoa. Elle comprend 52 milles de côte excessivement mauvaise, sans ports ni abri pour les bâtiments de grande dimension, à l’exception du havre de Bilbao, sur la barre duquel les navires d’un tirant d’eau de 3m 90 à 4m 24 peuvent passer lorsque le temps est beau.
Les petits havres et les ports qui s’y trouvent ne peuvent être utilisés que par les lanches des pêcheurs et par les barques de cabotage, et encore faut-il qu'elles profitent pour y entrer du moment de la haute mer avec un beau temps, parce qu'à marée basse toutes les barres sont fermées par les sables ou presqu’à sec.
Un seul port de refuge, praticable avec certains vents seulement et bon pour toute espèce de bâtiment, se trouve dans l’E. du cap Machicaco. Ce cap qui se prolonge vers le N. N. O. forme sous sa partie Est une baie dans laquelle la nécessité seule peut forcer un bâtiment surpris par un coup de vent de l'O. au S. O. d’aller chercher un mauvais abri ; car la presque certitude de perdre le navire, si on est surpris par une renverse du large, tiendra le capitaine dans une inquiétude perpétuelle.
Les coups de vent de N. O. apportent une grosse mer qui brise constamment avec fureur sur la côte des Biscayes. Les énormes vagues qu’ils soulèvent pénètrent dans toutes les criques et rendent impossible le mouvement commercial des rares ports qu’on y trouve. Heureusement la mer est profonde auprès de la terre ; les rochers qui la bordent sont tous peu éloignés du bord de l’eau, et on peut sans crainte laisser courir jusque sous la côte ou la prolonger à petite distance lorsque la mer n’est pas grosse au large.
Les terres sont en général montueuses et hachées. Lorsqu'on est au large, on voit les crêtes élevées des Cordillères pyrénéennes qui séparent la province de Biscaye de celles de Alava et de Guipuscoa ; elles sont reconnaissables par leurs escarpements, par les formes capricieuses de la roche de Gorbea qui s'élève à 1 560 mètres au-dessus de la mer, et par la roche Amboto haute de 1 380 mètres. Les épaulements de la Cordillère sont disposés en amphithéâtre jusqu’à la côte, présentant au marin une série de montagnes pointues, dont la plus grande partie ont la forme de cônes parfaits lorsqu’on les voit du N. O.
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Au bord de la mer les terres sont hachées et arides, avec des escarpements et des ravins. Dans une grande partie des coupures viennent s’amonceler les sables que la mer du N. O. jette sur les plages. Ce sont là les seules criques abordables lorsque le temps est beau.
Vents.
— En été les vents régnants sur la côte sont ceux du N.E. et de l’E. qui sont N. et N. N. O. dans le golfe de Bilbao. Ils alternent avec les vents de N. O. et O. qui cessent ordinairement la nuit pendant laquelle ils sont remplacés par la brise de terre.
En automne les vents de S. prédominent et sont généralement très violents. Ils soufflent pendant deux ou trois jours, et quelquefois huit ou neuf, la terre restant claire ; mais aussitôt qu’ils tournent au S. S. O., le ciel se couvre de nuages épais et presque immédiatement le vendaval ou les vents de S. O. à l'O. sales commencent à souiller. Ces derniers après quelques jours passent au N. O. avec de fortes averses et une mer tourmentée.
Ce vent, le plus redouté des navigateurs à cause de la grosse mer qu’il soulève et parce qu’il condamne les rares ports de la côte des Biscayes, souffle par longues séries. Il n’est pas rare de le voir régner pendant quinze jours de suite, interrompus seulement par deux ou trois jours de temps maniable. Cependant avec le vent de N. O. on n’a pas à craindre d'être affalé sur la côte qui n’est jamais entièrement cachée, et s’il souffle en fortes grenasses, il y a entre chaque grain des éclaircies assez prolongées pour que l’on puisse bien reconnaître la terre.
Il n’en est pas de même du N. et du N. N. E. ; ces vents sont perpendiculaires à la côte et ne permettent pas aux navires affalés sous la terre de s'élever au large ; ils cachent complètement les terres et ils sont accompagnés de grains de pluie et de grêle qui se succèdent presque sans interruption. Ils ne soufflent pas longtemps et règnent généralement depuis le milieu de décembre jusqu’à la fin de février ou au commencement de mars.
Il y a des hivers pendant lesquels on ne ressent sur la côte que deux ou trois forts coups de vent de N. ; mais il y en a d’antres pendant lesquels ils soufflent presque constamment.
Le N. E. n’est pas fréquent en hiver, mais il est souvent accompagné de brumes épaisses, auquel cas il souffle avec violence pendant deux ou trois jours ; on le nomme alors nordeste paro (N. E. sale). Quand il tombe, le vent passe à l’E. et dans ce cas il précède les vents de S.
Lorsque le vent de N. E. tourne au S. E. par l’E. on doit faire tout son possible pour rallier la côte, parce que le S. ne tardera pas à souffler, et avec ce vent il convient de se maintenir sous la terre si on est en croisière ou si l’on veut aller dans un port.
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Il n’en est pas de même lorsque, après deux ou trois jours de S., le vent tourne au S. O. ; dans ce cas il convient de s’éloigner de la terre ou d’entrer dans un port, parce que le vent de N.O. ne tardera pas à souffler.
Au printemps les vents sont ordinairement très faibles et presque toujours du N. O. ou du S. O. accompagnés de pluie : on a vu dans quelques années ces vents souffler jusqu’au mois de juillet.
La mer de N. O. qui vient de l’océan Atlantique est la plus grosse et la plus dangereuse ; elle pénètre dans tous les ports dans toutes les criques et on n’est à l’abri de la lame qu’elle porte que lorsqu’on est entré dans certains ports et encore au moment de la basse mer si la barre arrête la mer. On commence à la ressentir depuis le milieu de septembre ou le commencement d’octobre, avec de légères interruptions ; elle dure pendant les deux tiers de l’année. Elle annonce presque toujours que le vent va souffler de ce côté et elle le précède quelquefois de 24 heures.
On voit quelquefois en hiver d’énormes lames pendant un temps calme et serein ; elles ferment presque entièrement tous les ports et tous les havres, et elles déferlent sur les bancs qui bordent la côte comme d’énormes montagnes, ou elles brisent sur le sommet des plateaux sous-marins sur lesquels il y a de 42 à 85 mètres de fond.
Si le bâtiment est bien au large il flottera sur le sommet de ces montagnes marines ; mais s’il se trouve affalé sous la terre il sera grandement exposé à faire naufrage, car il aura beaucoup de peine à s’éloigner de la côte si un souffle providentiel de vent ne vient pas le favoriser dans ce moment.
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Renverses.
— En août on est exposé à rencontrer sous la côte des Biscayes de forts grains et des vents contrariés nommés galernas. Ces orages se forment sur la terre pendant l’ardeur du soleil ; ils tournent par le S. O. ; l’horizon s’obscurcit et ils commencent à monter lorsqu’ils arrivent à l’Ouest. Lorsque l’orage est arrivé à ce rumb, il faut être prêt à le recevoir, parce que presque aussitôt il passe au N. O. et il monte rapidement. Il ne faut pas hésiter à prendre de grandes précautions contre ces grains, qui sont excessivement violents et qui pourraient occasionner de grandes avaries. Leur plus grande force dure de trois à quatre heures ; ils amènent de la pluie, mais ils diminuent graduellement il se terminent par du N. O. maniable, puis du calme à la nuit. Dans quelques circonstances, surtout en été, la galerna est une renverse brusque du S. au N. O. sans aucun indice précurseur, et dans ce cas elle est très redoutable. Il est assez commun aussi de voir les vents de S. et de N. O. souffler en même temps ; ils sont alors séparés par une zone étroite de calme soulevant tous les deux une mer courte et agitée. Le navire qui se trouve entre ces deux vents doit naturellement garder le moins de voile possible et attendre ainsi la fin de la lutte.
Les vents de S. sont annoncés par une atmosphère tellement claire que l’on peut voir les pics des terres le plus dans l’intérieur et distinguer les objets les plus éloignés comme s’ils étaient à une très petite distance.
Lorsque avec les vents d’E. ou du calme on aperçoit les terres élevées très claires et sur leur sommet une ligne de nuages isolés couleur cendrée, le vent de S. approche. Les marins reconnaissent quelquefois étant en calme qu’il va souffler aux tourbillons de poussière qu’il soulève dans l’intérieur des terres, ou par la direction que prend la fumée de quelque foyer allumé par les gardiens ou les pêcheurs et aussi par quelque incendie dans la montagne.
Les éclairs sont fréquents à l’approche et à la fin du mauvais temps et également pendant que la galerna se forme. Quand ils sillonnent l'horizon du N. à l’O. ils annoncent des vents violents de cette partie.
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Baromètre.
— Le mercure monte avec des vents d’O. ou de N. E. par le N. et il baisse avec tous les vents des rumbs opposés.
Courants.
— En hiver et au large, les courants portent vers l'E. et le N E. avec une très grande rapidité et par conséquent dans le golfe de Gascogne. On devra donc en tenir compte quand on naviguera ou lorsqu’on capeyera sur cette partie de la côte. Il est fort difficile de déterminer leur vitesse : cependant on peut l’évaluer à 3 milles à l’heure pendant un coup de vent de l’O. ou du N. O. En été ils sont peu sensibles et quelquefois ils portent à l’O. et au N. O.
Navigation.
— Les bâtiments qui ne vont pas à Bilbao ou dans les ports de la côte de Guipuscoa feront bien de passer très au large de la côte des Biscayes. Mais ceux qui vont dans un de ces ports doivent la rallier le plus vite possible. Comme les vents qui soufflent le plus souvent sont ceux du N. à l’O. et du S. à l'O., on ne court jamais de grands risques en se tenant près de la terre. On pourra en outre voir les phares et les objets les plus remarquables, ce qui permettra de rectifier souvent la position du navire. Les vents de N.O. en hiver mollissent en approchant de la terre et les courants ne sont pas aussi rapides que plus au large. On eût évité bien des naufrages sur les bancs d’Arcachon en naviguant à petite distance de la terre.
Le capitaine qui se lient beaucoup au large est exposé à avoir les vents plus violents et les courants plus rapides qui le portent dans le golfe de Gascogne. La brume et la distance l'empêchent souvent de reconnaître pendant le jour les points les plus saillants de la côte, et pendant la nuit il ne voit pas les feux qui pourraient lui faire reconnaître sa position ; et lorsque par l’estime il croit avoir évité tous les dangers, il se trouve quelquefois au milieu des bancs de sable qui entourent la côte de France, dangereuse dans cette partie. Une fois affalé dans ce golfe dangereux avec les vents du travers, on est exposé à un horrible naufrage si une brise de terre ne vient pas sauver à temps le navire. Ces bancs s’étendent à une grande distance au large. Les bâtiments d’un grand tirant d’eau s’échouent loin de la côte et par suite la vie des hommes est en danger.
Pour toutes ces raisons il faudra, lorsqu’on viendra de l’O. pour aller à Bilbao ou à San Sébastian, attaquer la côte aux environs de Santoña et ne jamais s'en écarter jusqu’à ce que l’on soit rendu au port dans lequel on veut aller."
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SANTOÑA CANTABRIE |
A suivre...
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