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mercredi 8 mars 2017

LA PRISON DE FEMMES DE SATURRARAN À MUTRIKU EN GUIPUSCOA AU PAYS BASQUE SOUS FRANCO


LA SINISTRE PRISON DE FEMMES DE SATURRARAN EN GUIPUSCOA.


C'est une période très triste de l'après Guerre Civile Espagnole dont je vais vous parler aujourd'hui.


pais vasco 1942 guerra mujeres guipuzcoa carcel
PRISONNIERES DE SATURRARAN EN SEPTEMBRE 1942
PAYS BASQUE D'ANTAN


C'est à l'occasion de la journée internationale des femmes (le 8 mars est devenu la journée 

internationale des femmes suite à une décision du congrès des femmes socialistes, à 

Copenhague en 1910) que je vous propose de découvrir ou de redécouvrir l'histoire de milliers 

de femmes Républicaines emprisonnées sous Franco.




La déroute de l'armée Républicaine dans les Asturies (21 octobre 1937) et la chute du Front 

Nord (octobre 1937) augmenta considérablement le nombre de femmes Républicaines 

prisonnières.

Cela satura les sections pour femmes que comptaient les prisons du gouvernement 

franquiste.



Ce fut la raison pour laquelle fut décidé le 29 décembre 1937 de créer une nouvelle prison à 

Saturraran, à seulement 80 kilomètres de la frontière Française.



Cette prison centrale pour Femmes était située dans la commune de Mutriku, en Guipuscoa.

Elle commença à fonctionner en 1938, en pleine guerre civile (18 juillet 1936 - 1 avril 1939), 

dans un ancien couvent.




La prison se spécialisa dans les cas de "femmes extrêmement rebelles et dangereuses" pour 

"l'ordre nouveau de l'Espagne".

Les conditions dans lesquelles devaient survivre les recluses étaient inhumaines.

Beaucoup de celles qui étaient enfermées dans cette prison, directement depuis la rue ou bien 

transférées depuis les autres prisons, arrivaient en même temps que leurs enfants en bas âge ou 

étaient enceintes.

Les naissances de plusieurs enfants furent enregistrées dans la prison.




Dans une entrevue publiée dans "le phare de Vigo" l'historienne Maria José Bernete Navarro 

faisait un résumé de l'excellent travail d'investigation sur Saturraran qu'avaient mené à bien 

l'archiviste de la paroisse Notre Dame de l'Assomption de Mutriku, Xavier Basterretxea 

Burgana et la professeur de l'Ecole Lea Artibai de Markina-Xemein.




Ceux-ci racontaient que : "de 1940 à 1944 fut décrété que les enfants de moins de trois ans ne 

pouvaient rester en prison et devaient être séparées de leurs mères. Ces enfants disparurent de 

la liste d'entrée de l'infirmerie de la prison  en étant séparés de leurs familles. 

Beaucoup d'entre eux  ne furent jamais récupérés par leurs mères (ou familles) faute d'avoir 

pu suivre leur cheminement.




Le nombre de morts dans la prison de Saturraran est difficile à évaluer avec exactitude.

Selon le registre de la prison, perdirent la vie dans cette prison 116 femmes et 56 enfants entre 

1937 et 1946.




Une des grandes difficultés d'évaluer le nombre de morts est la possibilité que beaucoup de 

femmes furent transférées dans les hôpitaux de proximité en raison de la gravité de leurs 

blessures et qu'elles y moururent sans que le registre de la prison en fasse mention.




Parmi celles qui furent enregistrées, nombreuses sont celles qui succombèrent avec des 

maladies comme la bronchite, la septicémie ou le thyphus.

Il est possible également que le registre ne mentionne pas les mortes, pour cacher quelque cas 

de quarantaine.

Les enfants étaient séparées de leur mère en atteignant un âge.




Le destin des petits pouvait être de rejoindre leur famille naturelle, ou d'aller dans des hospices 

ou d'être livrés à des familles d'adoption.

Devant la situation si terrible qui était vécue dans la prison, quelques femmes décidèrent 

volontairement de donner leurs enfants pour adoption à des familles d'Ondarroa et Mutriku.



Il faut  dire que la population civile de ces villes était solidaire avec les prisonnières et se 

préoccupait d'elles, la preuve en est que les pêcheurs d'Ondarroa sortirent en mer pêcher 

pour les prisonnières, conscients de la faim qui régnait dans ces sinistres lieux.




En ce qui concerne les exécutions qui eurent lieu dans la prison, l'historienne Bernete en relève

un nombre de 11 sans justification pendant la période de fonctionnement de cette prison.

Bernete ajoute que bien que les châtiments, les tortures et les passages à tabac n'étaient pas 

systématiques, à chaque fois qu'il y en eut, ils furent extrêmement cruels.




De fait, vers 1944, quelques femmes qui se virent obliger de livrer leurs enfants furent 

brutalement châtiées pour avoir protesté.

La prison de Saturraran avait une capacité de 700 places, mais le nombre de prisonnières 

ne descendit jamais en dessous de 1 500 et alla jusqu'à 2 000 prisonnières.



Le fonctionnement interne était à la charge des nonnes, pendant que les soldats et les gardes

civils se chargeaient de la surveillance extérieure.



Les travaux de recherche de Basterretxea, Ugarte et Laruelo relatent la cruauté avec laquelle 

les nonnes traitaient les prisonnières.

En premier lieu était Soeur Maria Aranzazu Velez de Mendizabal, connue comme "la panthère

blanche", qui soumettait les prisonnières à des châtiments de manière continue.



Plus de détails sur cette prison peuvent être retrouvés dans le travail de Arantza Ugarte intitulé

"Preso Central de Saturraran" (Prison Centrale de Saturraran)  http://www.coordinadoramh.org/publicacionsmh/REVISTA_RETROBAMENT4.pdf ou 

http://www.gara.net/paperezkoa/20070319/8819/es/Carcel/Saturraran/prision/franquista par exemple.

C'est un épisode très douloureux de l'époque franquiste et que pour ma part, j'ignorais totalement.








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GROUPE DE PRISONNIERES AVEC LEURS GARDIENNES NONNES
 ET LE CURE CHEF DE LA PRISON
PAYS BASQUE D'ANTAN



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DES PRISONNIERES A SATURRARAN
PAYS BASQUE D'ANTAN




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RETOUR DE PROMENADE DES PRISONNIERES SATURRARAN
PAYS BASQUE D'ANTAN



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6  PRISONNIERES DANS UNE REPRESENTATION THEATRALE A SATURRARAN
PAYS BASQUE D'ANTAN


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URANIA MELLA UNE DE DEUX MAIRES REPUBLICAINES D ESPAGNE ET MARIA GOMEZ
PAYS BASQUE D'ANTAN


URANIA MELLA SERRANO était une deux seules femmes républicaines maires de leur commune. 

Elle fut détenue pendant plus de 8 ans à Saturraran et mourut à 46 ans, en 1945, un mois après 

avoir été libérée.




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PRISONNIERES DE SATURRARAN EN 1942
PAYS BASQUE D'ANTAN


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PRISONNIERES AVEC LEURS ENFANTS A SATURRARAN
PAYS BASQUE D'ANTAN





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GROUPE DE PRISONNIERES DE SATURRARAN
PAYS BASQUE D'ANTAN


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PROCESSION DANS LA PRISON DE SATURRARAN
PAYS BASQUE D'ANTAN



pais vasco 1942 guerra mujeres guipuzcoa carcel
PRISONNIERES DE SATURRARAN EN SEPTEMBRE 1942
PAYS BASQUE D'ANTAN



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PRISONNIERES AVEC 6  NONNES GARDIENNES SATURRARAN SEPTEMBRE 1942
PAYS BASQUE D'ANTAN




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CELEBRATION DE FÊTE RELIGIEUSE SATURRARAN
PAYS BASQUE D'ANTAN



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ATELIER DE TRAVAIL SATURRARAN
PAYS BASQUE D'ANTAN



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CELEBRATION DE LA MESSE A SATURRARAN
PAYS BASQUE D'ANTAN







En 1945, après la fermeture de cette horrible prison, ce fut de nouveau un couvent "ordinaire" qui fonctionna...

5 rescapées vivent encore aujourd'hui, nonagénaires...




Le 1er avril 2007, un hommage fut rendu à la mémoire de toutes ces prisonnières et de leurs 

enfants  par le Gouvernement Basque.







(Source : http://todoslosrostros.blogspot.fr/2008/07/116-mujeres-y-56-nios-muertos-en-la.html)







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