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mercredi 13 avril 2022

UN GUIDE POUR LE VOYAGEUR EN GUIPUSCOA AU PAYS BASQUE EN 1877 (onzième partie)

 

UN GUIDE DE VOYAGE EN 1877.


Vers la fin du 19ème siècle, apparaissent des guides de voyage pour les voyageurs désirant se rendre en Hego-Alde, dans les  provinces Basques du Sud.




pays basque autrefois guipuscoa cidre
ASTIGARRAGA GUIPUSCOA
PAYS BASQUE D'ANTAN







Voici ce que rapporta à ce sujet, M. L. Capistou, en 1877 :



"Province du Guipuzcoa.



... Itinéraire.



Astigarraga.—Hernani.— Urnieta. — Andoain.— Soravilla. — Aduna. — Villabona. — Irura.— Anoeta. — Tolosa.



Astigarraga.




pais vasco antes guipuzcoa
ARMOIRIE ASTIGARRAGA GUIPUSCOA
PAYS BASQUE D'ANTAN


Quatre voies différentes conduisent de Saint-Sébastien vers l'intérieur de la province ; trois d'entr'elles aboutissent à Hernani, l'autre laisse Hernani à gauche, passe à Lasarte et fait sa jonction dans Andoain avec la grande route nationale qui va à Madrid.



Il y a, de plus, la voie ferrée, qui est certainement la plus rapide, si elle n'est la plus agréable.



En sortant de la station de Saint-Sébastien ; la locomotive traverse la petite plaine de Loyola, souvent couverte par les eaux de l'Urumea, puis elle franchit un tunnel long de quelques cents mètres, pour déboucher ensuite dans une riante vallée. Astigarraga, que l'on laisse à gauche, est un bourg de 800 habitants, situé sur une petite hauteur dominée par la montagne de Santiago-mendi.




pais vasco antes rio guipuzcoa
RIO URUMEA LOYOLA GUIPUSCOA
PAYS BASQUE D'ANTAN



Son église, ainsi que le château qui l'avoisine, ont été, durant la dernière guerre civile, la propriété successive des libéraux et des carlistes. C'était une importante position stratégique, parce qu'elle commandait la route d'Oyarsun, la ligne du Nord et l'un des chemins qui relient Hernani à Saint-Sébastien. Trois kilomètres plus loin est la station d'Hernani qui fut incendiée par les carlistes et que l'on n'a pas encore reconstruite.



Hernani.


pais vasco antes guipuzcoa
HERNANI GUIPUSCOA
PAYS BASQUE D'ANTAN



Cette petite ville, bâtie sur un monticule, est l'une des plus antiques localités de la province.



Elle fut mentionnée, en 980, par Mgr Arsio, évêque de Bayonne, dans un acte de délimitation diocésaine. En 1150, elle devint dépendance de Saint-Sébastien. Un violent incendie la détruisit dans le courant de l'année 1490.



Elle fut reconstruite, puis brûlée de nouveau en 1512, par l'armée française. Sa population actuelle est d'environ 3 500 âmes. La majeure partie de ses maisons datent du XVIe siècle.



Quelques-unes d'entr'elles possèdent des façades magnifiques, richement sculptées et ornées d'écussons composés de la façon la plus étrange.



Comme dans d'autres endroits du pays basque, le blason est fort commun à Hernani, où il s'étale pompeusement et sans fausse honte, sur les casas solariegas, avec des attributs qui n'accusent certes pas une bien haute noblesse : ce sont, en effet, dans la plupart des cas, des animaux de différentes espèces, des bœufs, des béliers, des pourceaux, surtout des pourceaux, qui imagent ces blasons, avec accompagnement de marmites ou de chaudrons suspendus à des arbres. Souvent aussi le pal est entaché de bâtardise.




pais vasco antes guipuzcoa
ARMOIRIE D'HERNANI GUIPUSCOA
PAYS BASQUE D'ANTAN



Hernani a vu naître dans ses murs le célèbre Juan de Urbieta qui, le 24 février 1525, à la bataille de Pavie, fit prisonnier le roi de France François 1er, et le défendit ensuite de sa vaillante épée contre les reîtres, qui en voulaient surtout aux joyaux que portait sur lui le roi-chevalier.


histoire roi france pavie urbieta
BATAILLE DE PAVIE 1525
FRANCOIS 1ER


En récompense de sa loyale conduite, François 1er offrit une faveur au Basque ; celui-ci réclama simplement la liberté de Hugo de Moncada, dont il était le subordonné, et qui était à cette époque prisonnier des Français. Le roi accorda cette liberté et écrivit à Juan de Urbieta la lettre suivante :

"François, par la grâce de Dieu, roi de France, fais savoir à tous ceux à qui il appartiendra, que Juan de Urbieta, du seigneur Hugo de Moncada, fut l'un des premiers qui se mirent de notre côté lorsque nous fûmes fait prisonnier devant Pavia et qu'il nous aida à défendre notre vie, ce dont nous lui avons obligation, et il nous demanda de rendre la liberté au seigneur Don Hugo, son maître, notre prisonnier. Et pour que cela soit, nous avons signé la présente de notre main, à Pizzighione, le quatrième jour de mars de 1525.

François."



Le 20 mai 1530, l'empereur Charles-Quint octroya à Juan de Urbieta un escudo ou blason allégorique, qui existe dans l'église d'Hernani, à la gauche du maître-autel, au-dessus de l'endroit où le chevalier fut déposé à sa mort, qui eut lieu le 23 août 1553.



L'église paroissiale d'Hernani fut reconstruite au XVIe siècle. Elle possède un magnifique retable. Dans sa sacristie existent quelques vieilles peintures, entr'autres un Ecce Homo, vu de dos, qui est une œuvre vraiment impressionnable ; les chairs du Christ, ensanglantées et tuméfiées sous la flagellation, sont d'un horrible réalisme.



Pendant la dernière guerre civile, cette église a été transformée en hospice et aussi en forteresse. Elle a été criblée par les projectiles carlistes.



La Casa consistorial, adjacente à l'église, n'est plus qu'un monceau de ruines. Servant de dépôt de munitions de guerre, elle sauta dans une explosion formidable vers la fin de 1875.



pais vasco antes guipuzcoa ayuntamiento
MAIRIE ET EGLISE HERNANI GUIPUSCOA
PAYS BASQUE D'ANTAN



Hernani a souffert deux bombardements terribles durant cette malheureuse guerre, et ses demeures portent toutes des traces vivantes de la fureur des carlistes, qui ne purent jamais obtenir sa reddition. La vaillante petite ville était défendue par une faible garnison et par ses volontaires. Elle était aussi protégée par le fort de Santa Barbara, posé comme un nid d'aigle sur le pic d'une montagne qui fait partie de la sierra de Burunza-mendi. Ce fort de Santa Barbara a subi de nombreuses transformations depuis un siècle ; il a été successivement relevé et détruit, et finalement il est devenu une position stratégique importante, qui commande la vallée d'Hernani et celle de l'Oria.



Urnieta.



Le chemin de fer ne s'arrête pas à Urnieta, petit village de 1 200 habitants, situé à environ trois mille mètres d'Hernani, sur le bord de la grande route. Le 8 décembre 1874, une bataille sanglante, dans laquelle les carlistes eurent l'avantage, fut livrée dans ce village, qui depuis a été presque entièrement détruit par le canon de Santa Barbara.



Andoain.


pais vasco antes guipuzcoa
ARMOIRIE D'ANDOAIN GUIPUSCOA
PAYS BASQUE D'ANTAN



On y arrive après avoir franchi le tunnel de Azconovieta, est une industrieuse petite ville, bâtie sur la rive droite de l'Oria, à la jonction de la route de Saint-Sébastien par Lasarte avec celle d'Hernani. La station est à peu de distance du centre de la localité. Son église, toute en granit et en jaspe, n'a que peu de mérite quant à son architecture. La Casa consistorial est aussi une construction fort ordinaire et, en somme, l'aspect général de la ville est assez pauvre. Elle est peuplée par environ 2 500 habitants.



Andoain a été, durant la première guerre carliste, le centre d'opérations des armées du prétendant. Il s'est livré de rudes combats dans ses environs. Le général isabelliste Manuel Gurrea y perdit la vie le 20 mai 1837 en traversant le vieux pont qui existe encore sur l'Oria ; la légion anglaise y fut fort maltraitée ce même jour, et les prisonniers faits par les carlistes furent massacrés dans l'église, où on les avait enfermés la nuit qui suivit la bataille.



L'auteur s'est laissé raconter par un ancien carliste la scène suivante de cette terrible journée. Vers le soir, les troupes anglo-espagnoles, refoulées sur tous les points, durent battre en retraite sur Urnieta et Hernani, protégées par de l'artillerie et par quelques forces restées en réserve sur la montagne de Burunza. Les carlistes, emportés par leurs succès, tentèrent deux fois, mais inutilement, de couper cette retraite. Un moment ils furent aux prises avec des highlanders, qu'ils voyaient pour la première fois, et ils furent stupéfaits en face de pareils hommes ; néanmoins, ils les chargèrent à la bayonnette et en firent un véritable carnage. Après la bataille, un vigoureux carliste, achevant sans doute les blessés, soulevait du bout de sa bayonnette un énorme chasseur écossais et remarquait l'étrangeté de son costume. — Vois-tu, disait-il à un de ses camarades, ce gaillard était si pressé de venir nous faire du mal, qu'il n'avait même pas eu le temps de mettre une culotte.



Andoain a vu naître le célèbre jésuite Manuel de Larramendi, auteur du grand dictionnaire castillan-vasco-latin.



religion langue basque jésuite andoain
PERE MANUEL LARRAMENDI


A un kilomètre en amont de la ville a été construite une importante fabrique de tissus de coton, filature, tissage et impression, qui est habilement dirigée par M. Ramon Fernandez, ex-alcalde de Saint-Sébastien. Cette fabrique occupe journellement 800 ouvriers des deux sexes.



En quittant Andoain, la ligne ferrée suit la route et le cours de l'Oria, laissant à sa droite les petits villages si pittoresques de Soraville et Aduna, puis elle franchit l'Oria, sur un pont métallique, en face de Villabona, industrieuse petite ville de 1 800 habitants, que domine le village de Amasa, assis sur une colline. On s'étonne qu'il n'y ait pas une station à Villabona, où cependant on compte quatre fabriques importantes de tissus, de papiers et d'allumettes-bougies.



Villabona est la patrie de Diego de San Pedro, confesseur de Charles-Quint, qui refusa diverses fois l'opulent évêché de Tolède.



Irura et Anoeta sont deux petites localités situées l'une à droite, l'autre à gauche de l'Oria. Irura possède une importante fabrique de papiers.



Le village de Hernialde, où le curé Manuel Santa-Cruz était desservant au début de la guerre civile, en 1872, est bâti sur une colline, à un kilomètre environ d'Anoeta, au pied du mont Hernio."



A suivre...










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