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samedi 30 avril 2022

LE QUARTIER SAINT-ESPRIT DE BAYONNE EN LABOURD AU PAYS BASQUE DE 1789 À 1823 (deuxième et dernière partie)

 

LE QUARTIER SAINT-ESPRIT DE BAYONNE.


Pendant la Révolution française, Saint-Esprit devient une commune libre et reçoit, en 1793, le nom de Jean-Jacques Rousseau.



pays basque autrefois saint-esprit landes labourd
PLACE SAINT-ESPRIT BAYONNE
PAYS BASQUE D'ANTAN


Voici ce que rapporta à ce sujet La Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-Luz, le 6 

janvier 1933, sous la plume de René Bayland :



"Quelques bribes de l'Histoire de Bayonne Saint-Esprit de 1789 à 1823.



II — Avec 1793, nous entrons dans l’ère de la Terreur et de la guerre espagnole. Le 21 juillet 1793, une Assemblée primaire unique a réuni 472 votants des communes d’Ondres, Tarnos, Saint-Etienne et Saint-Esprit, qui ont plébiscité la Constitution de l’an I aux cris de : "Vive la République une et indivisible !" Le 1er octobre 1793, les surveillants de la police, entendus par les agents, sont "décorés du chaperon tricolore". 



Le 25 juillet 1793, les officiers espagnols prisonniers à la Citadelle reçoivent la permission d'écrire, à condition de ne pas cacheter leurs lettres. Ils y sont rejoints par de nombreux suspects dont les biens sont mis sous séquestre. Le directeur des douanes Dormillière est accusé d’incivisme. Saint-Ursule regorge aussi de détenus : en brumaire an II, on songe un moment à transformer par un appentis la terrasse du couvent pour y faire un magasin militaire à fourrages, mais ce projet est abandonné. Un Molina se trouve parmi les suspects. Un moment arrêté lors des premières arrestations. Etienne réclame la restitution des objets à lui séquestrés à Montaigud. Dès le 13 août 1793, une lettre du conventionnel Garrau flétrit les accapareurs. 



Et lorsque arrivent les terribles représentants en mission Pinet aîné et Monestier, c’est à Saint-Esprit qu’ils se renseignent avant de passer le pont et de venir jacobiniser Bayonne : "Nous partons à l’instant, écrivent-ils à la Société Populaire de Saint-Esprit (alors dans le département des Landes), pour nous rendre à la maison commune de Bayonne et y terminer le grand œuvre de régénération." 



Durant l’hiver de 1793-94, un arrêté de Pinet confisque avoine et fèves trouvées chez le citoyen Dutoy (14 pluviôse an II) ; une proclamation de Monestier "aux bons habitants des campagnes et aux ministres des divers cultes qui sont encore parmi eux" tend aux déprêtrisations (17 pluviôse). Le 23 ventôse an II, "considérant que l’Etre Suprême est la vraie lumière qui conduit les hommes dans le véritable sentier de la vertu et que par conséquent les lampes qui brûlent tous les vendredis au soir deviennent inutiles", le Comité de surveillance de Saint-Esprit, s’adressant aux Juifs fidèles, "arrête que tous les citoyens qui auront des lampes sabbatiques les porteront en dépôt". Il est défendu de jouer au billard ou à la chandelle, ou de vendre dragées et sucre d’orge, car "la gourmandise offense l’œil du républicain". La vente des biens d’émigrés se donne libre cours. 



Quelques mois plus tard cependant, le chef de bataillon Harispe doit effectivement demander une autorisation spéciale aux citoyens de la municipalité de la section ci-devant Saint-Etienne pour que le voiturier Errécalde puisse avoir huile et savon pour sa troupe (21 floréal an II). Il faut de même le 21 prairial un arrêté spécial du conventionnel en mission Cavaignac, pour que Vignes, chef d’état-major de l’armée des Pyrénées-Occidentales, puisse acheter "la moitié d’un cochon" à Catherine Boulangère. Il est vrai que le 3 prairial, un arrêté de Pinet aîné accorde "permission" et exemption au citoyen Nunes au sujet de ses ustensiles de cuisine (sans doute à l'occasion de quelque collecte des objets de métal). Ce qui n’empêche pas le Comité d’ordonner le 11 prairial de "faire un bûcher des effets qui à raison de leur inutilité ou de l'image du fanatisme doivent être brûlés décadi prochain, jour consacré à l’Etre Suprême". Pendant ce temps, les suspects meurent de faim, détenus à la citadelle, les généraux Deprez et Willon réclament au moins de la méture (17 prairial an II). 



Mais le 9 thermidor an II-27 juillet 1794 voit la chute de Robespierre. Gare à la réaction thermidorienne ! En nivôse an III, avec le rude hiver, ont lieu de nombreuses mises en liberté de reclus. Le secrétaire de la commune, Caumont fils, est appelé à fournir diverses explications. Cinq citoyens, désarmés pour avoir participé "aux horreurs qui précédèrent le 9 thermidor" et été "au service de la tyrannie", adressent une pétition le 29 floréal an III. Peyrecave de Saubrigues, un mois auparavant, réclame "l’original de l’estat de son cheval" (11 germinal) ; voici qu’on dégrade la statue de Jean-Jacques Rousseau placée au milieu de la place et que le représentant Bô doit écrire une lettre aux habitants (11 floréal an III). Le nom révolutionnaire de la commune disparait-il déjà ? Voici que le 23 messidor an III le député girondin de Bayonne, Meillan, sorti de sa cachette, autorise la municipalité de Saint-Esprit à fournir au directeur de l'hôpital militaire Bidaubigue de petits assignats en échange de deux assignats de 10 000 livres.



Mais le catholicisme est toujours honni. Et c’est l’an III que le peintre Rainier reçoit cent louis (il n’est pas question d’assignats !) pour le tableau de l’Etre Suprême placé dans le Temple du même nom, sans doute l'église Saint-Esprit ?



Arrivons au Consulat et à l’Empire. 

Le 25 fructidor an VIII (en septembre 1800) des réjouissances publiques ont lieu "pour l’anniversaire de la fondation de la République" : courses à pied, à cheval, sur échasses, de taureaux, bal public et globe aérostatique. A l’automne de cette même année, le 9 brumaire an IX, l’église Saint-Etienne est rendue au culte. Un an plus tard, quelques prêtres réfractaires déportés, c’est-à-dire exilés, rentrent. 



Le 2 décembre 1804, Napoléon est sacré Empereur à Notre-Dame. Gens de Bayonne et de Saint-Esprit donnent en commun de grandes fêtes à ce sujet, avec discours du maire Joseph Laborde-Noguez (7 pluviôse an XIII). En 1806, le commandant Crouzet, commandant d’armes, de la Citadelle, fait un grand discours à sa garnison, c’est-à-dire deux compagnies de vétérans... et un dépôt de conscrits réfractaires ! 



En 1810, le géomètre Brun lève le plan de Saint-Esprit. Mais voici que l’invasion menace : dès juillet 1813, un emprunt de 100 000 francs — c’était alors beaucoup — est fait pour l’armée et la défense. A la fin de 1813, on se bat sous Bayonne. Le blocus commence ; le 27 avril 1814, le général Thouvenot "accompagne l'ordre du jour de la place (toujours assiégée) de l’annonce de la déchéance de l’empereur Napoléon et de la proclamation de Louis XVIII". Les hostilités vont cesser ! 




napoleon general
GENERAL PIERRE THOUVENOT
Par Antoine-Claude Fleury — Christie's, LotFinder : entrée 5504492, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=17575869



Le 16 juillet 1814, il fait donner deux cents fusils à la garde nationale de Saint-Esprit pour accueillir le duc d’Angoulême. 



Voici qu’éclate la période troublée des Cent Jours. Le 10 avril 1815, des Juifs "sont bâtonnés pour avoir hué les volontaires royalistes à leur retour de Bazas". La vieille hostilité renaissante multiplie les coups de cailloux. Dix-huit israélites pétitionnent en faveur de leurs compatriotes. 



En 1816, les sinistrés du blocus de 1814 évaluent leurs pertes : à la mairie de Saint-Esprit, il est réclamé la somme alors considérable de 571 175 fr. 25 pour indemnités diverses. En 1816-1818, la Société d’agriculture des Landes s’occupe de Saint-Esprit. En 1817-18, nous trouvons une "pétition contre le remplacement à quatre francs (une somme alors ! ) pour le service de la garde nationale". En 1823, un conflit éclate entre la commune et le sieur Desclaux, de la maison Dugué. au sujet de l’œil de la houn (de la fontaine). 



Et voilà les quelques broutilles qu’un malin hasard nous a permis de recueillir sur le Saint-Esprit du temps de nos arrière-grands-pères."













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