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dimanche 3 avril 2022

UNE PARTIE DE PELOTE AU REBOT AU PAYS BASQUE EN 1934

UNE PARTIE DE REBOT EN 1934.


Les années 1930 ont été de très grandes années pour cette spécialité de la pelote Basque, le rebot.




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PARTIE DE REBOT
PAYS BASQUE D'ANTAN


Voici ce que rapporta à ce sujet le journal Courrier Royal, le 10 février 1935 :



"Le Pays Basque.



L'année 1934 mérite d’être inscrite dans les annales du Pays Basque français. Elle a consacré la renaissance d’un vieux jeu, du roi des jeux de pelote, le "rebot". Elle a montré en même temps que la race n'entend laisser déchoir aucune des coutumes du passé. Certes, le jeu de pelote, jeu national, n’était pas en péril, car on n’a jamais cessé de voir le Basque, dès sa plus tendre enfance, lancer une pelote contre toute espèce de mur, mais ce qui avait été de plus en plus délaissé, c'est cette forme magnifique de jeu appelée "rebot", où le Basque développe au maximum ses qualités physiques de force, d’endurance, d’agilité, d’adresse, d’unité de vue, soutenus par un admirable mélange de fougue et de maîtrise de soi.



La "Grande Semaine Basque" avait dès septembre 1934, vu décerner le championnat du monde de renom, à l'équipe basque-française contre l'équipe basque-espagnole. Quelques jours plus tard, une équipe composée de Bas-Navarrais et de Souletins lançait un défi au rebot, contre une équipe de Labourdins. Il n’en fallait pas davantage pour retenir l’attention passionnée de tout le pays basque. Joute sensationnelle que l'on n’avait pas revue depuis de nombreuses années.



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GRANDE SEMAINE DE SPORTS BASQUES
PAYS BASQUE D'ANTAN



Au jour fixé, le 7 octobre, le fronton de St Jean de Luz mettait aux prises les deux camps rivaux : le Labourd remportait de haute lutte la première manche. Le dimanche suivant, c’était au tour des Bas-Navarrais et Souletins à prendre leur revanche, à St Palais. Enfin le 21 octobre, la finale donnait définitivement la victoire aux Labourdins, sur la place d’Hasparren. Ces trois magnifiques parties ont été suivies avec passion par près de 10 000 Basques venus des points les plus reculés des trois provinces.



Spectacle enthousiasmant pour tous, et certainement curieux pour ceux venus du dehors qui avaient voulu saisir sur le vif un coin du caractère basque. Ici, rien d’arrangé d’avance, rien de frelaté, ainsi qu’il arrive trop souvent dans les soi-disant grandes parties présentées aux touristes comme le "fin du fin". En spectateurs, presque autant de femmes que d'hommes ; pour la quasi totalité, des paysans basques.



Les femmes, la plupart jeunes l’œil vif et beau, dans leurs toilettes distinguées, quoique simples, s’étaient rendues sur les gradins en faisant valoir leur taille cambrée par une démarche à la fois ferme et souple qui est le secret de la Basquaise.



Coiffés du béret mi-ample — mais non pas de cette minuscule et caricaturale calotte enfoncée jusqu’aux oreilles que l'on appelle faussement un béret basque —, chaussé de sandales d’un blanc immaculé, les hommes portaient, les uns la petite blouse, s'ils venaient de la Basse Navarre ou de la Soule, les autres le veston noir, avec ou sans col, s’ils étaient Labourdins. Tous, la face osseuse et glabre au nez accusé, le buste puissant aux larges épaules, le regard net, l’allure grave — signes de la race — suivaient les péripéties de la lutte presque en silence, se contentant de pousser quelques exclamations aux moments sensationnels.



Cette gravité pour se livrer à un divertissement, étonne toujours ceux qui pour la première fois se trouvent mêlés à des Basques. Rien que de normal cependant : le Basque est un taciturne. Ceci ne veut pas dire qu’il n’aime pas à se distraire ; au contraire, il goûte le plaisir à l’extrême, et. soit qu’il assiste, soit qu’il joue à son jeu favori, la pelote. il fait montre d’une passion intense. Il l’aime tellement, ce jeu, qu’il y risque des paris fort onéreux et que, malgré cela, il applaudira si le "pelotari" contre lequel il a parié, a réussi un coup difficile.


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PARTIE DE REBOT A FONTARABIE DE GUTAVE COLIN
PAYS BASQUE D'ANTAN

Ce que tout le monde a apprécié dans les récentes rencontres au rebot entre joueurs de haute valeur, c’est qu’une vieille tradition un moment chancelante a été sauvée. Une telle satisfaction générale pour un fait qu’ailleurs on trouverait peut-être banal, est normale dans un pays aussi traditionaliste, où le jeu de pelote fait partie intégrante de la vie de chacun, et qui ne souffre pas que la moindre atteinte soit portée à ses vieilles coutumes. Le Basque a du reste l'habitude de la lutte quand il s’agit d’assurer le maintien de tout ce qui lui est cher. Les attaques contre tout ce qu’il considère comme un bien sacré sont continuelles, et elles se font de plus en plus agressives à mesure que les institutions démocratiques exercent leurs méfaits. Il y répond par une passivité irréductible.



Aussi est-ce de cette façon qu’il se défend dans le tragique combat qu’il a engagé depuis plus de cent ans, contre les forces légales qui tendent à la dissolution de la famille : famille de type patriarcal, même encore de nos jours. L’autorité paternelle s’y exerce sans contestation, sans heurts, parce que sur le plan familial, comme sur le plan religieux, le Basque est naturellement respectueux, ordonné et hiérarchisé.



Il n’y a guère qu’un point sur lequel le Basque n’a pas su réagir : c’est quand il s’est laissé dépouiller de ses libertés locales, comme beaucoup d’autres, par la Révolution. De ces libertés, il conserve cependant le sens, le goût et une tenace nostalgie. Mais assez indifférent, en général, aux diverses formes politiques, il ne s’inquiète pas assez de rechercher s’il n’y a pas incompatibilité entre certaines d’entre-elles et les libertés après lesquelles il aspire. Dans ce peuple, en majorité agricole et pastoral, on trouve néanmoins quelques esprits que ce problème préoccupe. C’est ainsi qu’un simple paysan, sans culture, interrogé sur ce sujet, répondait, il n’y a pas bien longtemps à peu près en ces termes : "Les affaires du pays ne peuvent pas marcher quand plusieurs commandent. Est-ce que ma maison serait bien gouvernée si je n’étais pas seul à commander ? Il ne nous faut pas de République, il nous faut un Roi." Vérité de bon sens, vieille comme le monde, et sobrement exprimée, mais que tout Basque devrait méditer."




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