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samedi 2 avril 2022

LA SOULE AU PAYS BASQUE EN 1881 (septième et dernière partie)

 

LA SOULE EN 1881.


La Soule est la plus petite des 7 provinces du Pays Basque. Située dans les Pyrénées-Atlantiques, elle est peuplée d'environ 15 000 habitants et a pour capitale Mauléon-Licharre (Maule).






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GORGES D'HOLZARTE LARRAU
SOULE D'ANTAN



Voici ce que rapporta Paul Perret dans son livre "les Pyrénées françaises" en 1881 :



"Le pays de la Soule



... La forêt d'Holçarté couronne un mont de ses sapins et de ses ifs noirs, et nous ne quitterons point Larrau sans être allés visiter la curiosité qu'elle doit nous offrir , car ce serait offenser nos hôtes. On n'est pas médiocrement fier à Larrau des crevasses d'Holçarté et "du pont en l'air", comme ils disent.




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GORGES D'HOLZARTE PASSERELLE DE LOGIBAR
SOULE D'ANTAN



La curiosité, en effet, est assez rare. Dans la forêt, au-dessus du confluent des deux Gaves d'Olhadu et de l'Arpune, coulant à une profondeur de deux cents mètres environ, entre des parois de roches verticales, les industriels qui exploitent les sapins ont suspendu un pont fait de deux énormes câbles qui forment des rails. Là passent des chariots qui portent les ouvriers ou transportent les pièces de bois. Il est inutile de vous dire que le pont va flottant, ondulant au-dessus de l'abîme...



Peut-être voudriez-vous savoir si nous l'avons franchi ?... Eh bien, non ! car tout ce que je viens de dire au présent, j'aurais dû le mettre au passé. Les travaux de l'exploitation sont arrêtés depuis un an, les chariots ne vont plus !...



C'est dans la forêt d'Holçarté que résidait naguère le Bassa-Jaon, le Seigneur Sauvage. "La taille du Bassa-Jaon est haute, sa force est prodigieuse, tout son corps est couvert d'un poil lisse qui ressemble à une chevelure ; il marche debout comme l'homme, un bâton à la main, et surpasse les cerfs en agilité. Le voyageur qui précipite sa marche dans le vallon, le berger qui ramène son troupeau à l'approche de l'orage, s'entend-il appeler par son nom répété de colline en colline ? c'est Bassa-Jaon. Des hurlements étranges viennent-ils se mêler au murmure des vents, aux gémissements sourds des bois, aux premiers éclats de la foudre ? C'est encore Bassa-Jaon. Un noir fantôme, illuminé par l'éclair rapide, se dresse-t-il au milieu des sapins, ou bien s'accroupit-il sur quelque tronc vermoulu, en écartant les longs crins à travers lesquels brillent ses yeux ? Bassa-Jaon. La marche d'un être invisible se fait-elle entendre derrière vous, son pas cadencé accompagne-t-il le bruit de vos pas ? Toujours Bassa-Jaon."




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BASA JAUN
PAYS BASQUE D'ANTAN



Il y a dans cette vaste région silvestre d'autres monstres qui n'ont point la face humaine, et qui sont moins chimériques que Bassa-Jaon ; ce sont des ours et des loups. De grandes chasses s'organisent chaque année ; les chasseurs arrivent de tous les points de la haute Soule ; le rendez-vous est à la forêt d'Iraty. La chasse est, d'ailleurs, un métier à Tardets et à Larrau ; les chevreuils et les isards abondent dans les sapinières, surtout dans les hêtrées d'Etchelu.



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CAPTURE D'ISARD
PYRENEES D'ANTAN



Devant nous, tandis que nous redescendons vers Tardets, marche un de ces chasseurs : son expédition a été assez heureuse : il porte un isard sur ses épaules ; il ne le vendra guère que vingt ou trente francs : c'est une somme à la montagne, où la vie n'est pas chère. Nous l'invitons à monter dans notre carriole, et il nous raconte la légende du mont aux cinq doigts, - car c'est un ancien soldat, un zouave, qui parle le français et même l'arabe. Il nous jure que "la langue des Bédouins" dérive du basque. Je lui réponds gravement que toutes les langues viennent de l'Escuara, car il est bien connu que nos premiers parents le parlèrent dans le paradis terrestre. - Je n'inventais rien en disant cela ; je ne faisais que répéter la thèse d'un écrivain national, l'abbé Ilharce.



Au moment où nous rentrons dans Tardets, les cloches sonnent un glas. On nous dit qu'une jeune fille est morte, consumée par le chagrin d'avoir perdu son fiancé. Je songe à une légende locale, mise en chanson, qui est devenue l'une des plus populaires du pays, sous ce titre : La Fiancée de Tardets. - Dans le manoir, sont deux jeunes filles, que le poète nous montre sous l'emblème de deux citrons, et il faut avouer qu'à nos yeux de Français, l'emblème est étrange. Ces deux fruits ont mûri, et l'un deux est promis à l'Espagnol Onriagaray ; mais Santa Klara, c'est le nom de la jeune fille, aime un jeune Souletin, plus beau que le jour. Onriagaray vient chercher sa promise, qui répand des plaintes touchantes : "Père, vous rentrerez à la maison le coeur chargé, les yeux noyés de larmes, après avoir descendu votre fille dans la tombe (son père l'accompagne). Et vous, ma soeur, allez vers la fenêtre, et si c'est le vent du nord qui souffle, chargez-le de porter mes regrets au bien-aîmé..." Le père ne s'attendrit point ; cet Oriangaray est riche, et Santa Klara va partir, assise sur un cheval "dont la selle est toute d'or". - Mais, autour d'elle, les serviteurs, qui aiment tendrement leur jeune maîtresse, s'habillent de noir...



Avant de quitter la haute Soule, nous allons faire une excursion rapide à Ahusquy, petite station d'eaux minérales  en renom, surtout parmi les habitants du pays, qui leur attribuent des propriétés merveilleuses. Il y avait même autrefois dans ce hameau une fête nationale ; les Basques s'y rendaient en foule le 18 août. Ahusquy n'est vraiment qu'un hameau, où se voient quelques hôtelleries, presque point de maisons.



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LIVRE AHÜZKI 
DE JULES ROUFFET



Seulement, il n'y a peut-être pas, dans toutes les Pyrénées, plus gracieux nid sauvage, mieux enveloppé de l'ombre des monts et de celle des bois. Ahusquy est situé à la même hauteur à peu près que Cauterets, à une altitude supérieure de plus de deux cents mètres à celle des Eaux-Chaudes et des Eaux-Bonnes, au-dessus du vallon de l'Aphourra, au milieu de pâturages et de sapinières immenses, en regard du pic des Escaliers et du Bostmendi. Les cinq doigts de Roland, ici, nous menacent de près. De la terrasse adossée à une montagne ronde, où le hameau est assis, nous passons deux heures à contempler le magnifique développement de la chaîne, la merveille dont on ne se lasse point. Au sud, c'est notre déjà vieille connaissance, le mont Orrhy, qui arrête nos yeux.




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LA SOURCE D AHUSQUY
PAYS BASQUE 1900


Un grand Béarnais qui passe vient troubler un peu mon plaisir. Il a le visage tout noir, ce qui est contraire aux habitudes de propreté de sa race, et me fait supposer qu'il est employé, un peu plus loin, aux forges de Mendive. Le robuste gaillard me dit d'un air narquois : Est-ce que vous êtes venu ici pour la fièvre ?



C'est la fièvre qu'on guérit surtout à Ahusquy. Je ne me la sens point, mais...



Aurais-je, enfin, l'air de l'avoir ?"





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