UNE MESSE À AHUSQUY EN 1926.
De nombreux pèlerinages et cérémonies religieuses ont eu lieu depuis et pendant de nombreuses années au Pays Basque.
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| AHUSQUY SOULE PAYS BASQUE D'ANTAN |
Ce fut le cas à Ahusquy en Soule.
Voici ce que raconta le journal Le Gaulois, dans son édition du 14 juillet 1926, sous la signature
de Baude de Maurceley :
"Une Messe sur la Montagne.
Harribiribilia,
Vous chercheriez vainement ce nom sur la carte des Basses-Pyrénées et c'est tout au plus si vous pourriez découvrir Ahusquy source voisine sur les plans de l'état-major.
Jugez-en :
Nous sommes à douze cents mètres d'altitude, en pays basque. A l'ouest, le Béhorleguy au sud, le pic des Escaliers et le pic Ohry à l'est, la chaîne des Pyrénées, avec, en première ligne, le pic d'Anie enfin, au nord, le pic des Vautours le bien nommé et la forêt des Arbailles.
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| BEHORLEGUY BASSE NAVARRE PAYS BASQUE D'ANTAN |
Accrochées au flanc des montagnes, de rares cabanes de bergers, tandis que des troupeaux de moutons, disséminés, piquent leur note blanche sur les verdoyants pâturages. Des vaches, une clochette tintinnabulante au col, errent paisiblement autour d'Harribiribilia, unique maison du lieu puis, quelques pourceaux en liberté s'amusent, chassant devant eux les poules désignées pour être mangées le lendemain. Rosa Bonheur et Brascassat eussent été ravis de brosser une pareille page.
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| HARRIBIRIBILIA AHUSQUY SOULE PAYS BASQUE D'ANTAN |
Sur l'horizon, si proche qu'il vous semble à quelques centaines de pas, se profilent les montagnes, tantôt. roses, tantôt mauves ou vertes, selon les caresses capricieuses du soleil spectacle merveilleux qui enchanta le voyageur et le retient, immobilisé dans l'admiration.
Une trentaine d'hôtes pas davantage attirés par les bienfaits de la source d'Ahusquy véritable fontaine de Jouvence peuplent ce paysage d'un si primitif aspect. Puis, en descendant à quelque distance de cette eau quasi miraculeuse, une autre hôtellerie sort toute blanche de l'ombre de la montagne, ouverte à d'autres voyageurs.
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| FONTAINE AHUSQUY SOULE PAYS BASQUE D'ANTAN |
Tel est, exactement, sous cette forme réduite, l'aspect de la minuscule station connue des Basques et de certains Béarnais. (M. Léon Bérard et quelques amis, chasseurs intrépides, s'y rendent annuellement en octobre, lors du passage des palombes.)
Les hôtes habituels d'Harribiribilia qu'ils viennent d'Aussurucq ou de Mendive y arrivent, à dos de mulet, après quatre heures de marche dans la montagne ce sont des Basques établis depuis des années dans l'Amérique du Sud et qui, fortune faite, éprouvent le besoin de se refaire une santé à la source régénératrice d'Ahusquy d'autres "buveurs" montent de Saint-Jean-Pied-de-Port, de Bayonne, de Sault, de Navailles et d'Orthez, tous augurant bien de leur cure et acceptant joyeusement cette solitude haut perchée. Quelques rares Parisiens, nouveaux venus - dont je suis - imitent les anciens en rêvant d'une jeunesse reconquise. Et c'est charmant !
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| FONTAINE AHUSQUY SOULE PAYS BASQUE D'ANTAN |
Quelques jours avant l'Assomption, l'abbé de Coulomme, aumônier des Visitandines d'Orthez, nous annonçait, en prenant congé de nous, la prochaine visite de l'abbé Lambelin, futur Oratorien, qui, pourvu de l'autorisation de son évêque, dirait une messe en plein air sur le plus haut rocher du voisinage, le jour de la fête du pays basque et cette nouvelle se répandit bientôt dans les montagnes à dix lieues à la ronde. Au jour indiqua l'abbé Lambelin parut, et le souvenir de ce dimanche doublement férié du 16 août restera longtemps dans la mémoire de ceux qui le vécurent.
Avant d'arriver au lieu choisi pour y célébrer la messe, il nous fallut monter encore, en longeant, çà et là, des précipices. Les personnes sujettes au vertige durent se faire accompagner de près. Mais nous voici sur un plateau abrité par des hêtres magnifiques. Des rochers moussus serviront de siège aux assistants, venus de partout. Nous-sommes à l'orée de la forêt des Arbailles.
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| LES SOMMETS D'AHUSQUY SOULE PAYS BASQUE D'ANTAN |
Les bergers et les muletiers des environs sont là, le béret à la main, tandis que les femmes, agenouillées sur l'herbe, égrènent leur chapelet.
Gonzaletta, Gonzaletta ? - le joli nom ! - c'est un berger qui appelle sa petite fille, une enfant de cinq ans, et Gonzaletta, de blanc vêtue, prend place auprès de son père.
L'abbé Lambelin, qui nous a précédés sur la montagne, a dressé l'autel, aidé par quelques fidèles. Il a revêtu les habits sacerdotaux, et le Saint-Sacrement est en place.
L'office commence. Les hommes, debout, alignés- sur plusieurs rangs, composent le fond du tableau et les femmes, à genoux, figées dans leurs croyances, écoutent pieusement les chants liturgiques. C'est Mlle Paula Barbier, une enfant du pays basque, fille du barde Léon Barbier, célébrité régionale, qui, douée d'une voix superbe, chante l'O salutaris, le Tantum ergo et des strophes brasques accordées au texte latin, que l'assistance masculine accompagne gravement.
La messe dite, l'abbé Lambelin prend là parole.
Avec une éloquence d'apôtre, il célèbre d'abord la mère du Christ, dont c'était la fête puis il exalte l'âme basque, fait l'éloge ému de cette race basque qui depuis les âges les plus lointains a gardé la même foi robuste et ne s'est jamais écartée de ses devoirs religieux. Sa parole s'anime, inspirée et reconnaissante pour le peuple basque ; il connaît dans la montagne de modestes familles de bergers qui, le dimanche, font trois heures de marche pour assister à la messe dans une chapelle improvisée.
Je regarde ce prêtre, dont le visage, encore jeune, est d'une suprême distinction. Il a les mains et les attitudes d'un prélat. Le front découvert, que les rayons du soleil auréolent d'or, il évoque ainsi l'image des premiers disciples de l'Eglise. L'assistance qu'il tient recueillie, inclinée sous l'émotion communicative de sa parole vibrante, admire en lui la sublime simplicité du langage du geste, et, tout à l'heure, chacun voudra le remercier pour l'émotion ressentie, pour les croyances qu'il a ranimées.
L'abbé Lambelin émet le vœu de voir un jour s'élever là, sur le seuil de cette magnifique forêt des Arbailles, à proximité de ces pics imposants, une très humble chapelle, quelque chose comme Une "halte" de piété, où les bergers et les voyageurs, pèlerins bénévoles, viendraient se reposer dans la prière.
Que sa parole soit entendue !
Et tandis qu'il formule ce souhait en ce merveilleux décor, des vautours, les ailes toutes grandes, glissent, en vol plané, dans l'azur.
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| MONTAGNE DE BOHOCORTIA AHUSQUY SOULE PAYS BASQUE D'ANTAN |
Maintenant, il faut descendre aux hôtelleries de Harribiribilia et d'Ahusquy, où la fête se prolongera jusqu'au soir. Bergers, muletiers et pensionnaires déjeunent en présence de l'abbé. Lambelin, tout heureux de se trouver au milieu de ces Basques dont il vient d'exalter les vertus. Puis, ce seront des chants et des danses du pays. Un Basque déjà ancien, venu de l'Argentine, entonne un chant dont les couplets avaient bercé son enfance et tous les Basques présents, hommes et femmes, reprennent en choeur, l'âme attendrie, le refrain de cette bonne romance du temps passé.
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| AHUSQUY SOULE PAYS BASQUE D'ANTAN |
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