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vendredi 14 septembre 2018

LE FOOTBALL-RUGBY AU PAYS BASQUE EN 1912

LE FOOTBALL-RUGBY EN 1912.


Avant 1914, le football-rugby a connu une large diffusion par le biais de clubs locaux en France.

bayonne autrefois
RUGBY AVIRON BAYONNAIS 1912 1913
PAYS BASQUE D'ANTAN

Il existait en France une équipe nationale qui participa au tournoi des Cinq Nations, dès 1910.



Le premier club à être fondé en 1872 à l'initiative de marins britanniques fut Le Havre 

Athlétique Club.


Ensuite, le rugby  va se développer principalement dans le Sud-Ouest et en région 

parisienne, où le stade de Colombes devient en 1907 un lieu de rencontre de football-rugby et 

de football-association.



Voici ce que rapporta la Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-Luz, dans son édition 

du 14 janvier 1912 :


"Football-Rugby.


Peu de sports ont eu, en France, une fortune à la fois si prodigieuse et si lente que le football rugby. Aujourd’hui, chaque dimanche, autour de champs éloignés, en général dénués de communications faciles, pourvus d’installations rudimentaires, près de 200 000 spectateurs se pressent pour applaudir nos athlètes. 



Et dans notre région notamment, c’est avec passion qu’on s’intéresse aux exploits de Biarritz-Stade, de l’Aviron Bayonnais, du Sporting-Club, etc... 

biarritz autrefois
RUGBY BIARRITZ STADE 1909 1910
COLL URQUIDI MUSEE HISTORIQUE DU B.O.
PAYS BASQUE D'ANTAN



Le jeu de football-rugby est avant tout une école d'abnégation, de discipline, en même temps que de jugement rapide et de décision prompte. Le développement des individualités y est intense, mais toute individualité qui ne subordonne pas avant tout l'orientation de son effort à l’effort commun de son équipe compromet le succès. En. France, le pays par excellence des individualités brillantes, les sports qui ajoutent à nos qualités de race incontestables et incontestées d'autres qualités qui ont fait la gloire et souvent le triomphe d’autres races sont précieux pour l'âme nationale comme des conquêtes, comme des découvertes. 




Je n’ai pas l'ambition, dans le cadre d’une chronique, d’apprendre ni à ceux qui le savent déjà, mieux que moi sans doute, ni même à ceux qui l’ignorent, à jouer le football-rugby. Je voudrais, simplement, mettre à même ceux, toujours plus nombreux, qui assistent aux parties chaque semaine, de se rendre compte de ce qu’ils voient, s'ils ne le savent pas encore. 




Il y a diverses sortes de footballs. Laissons d'abord de côté le football américain tout à fait particulier. En Europe, on joue au football-rugby et au football-association. Dans presque tous les pays, le football-association, qui se joue entre deux équipes de onze joueurs, a la grande faveur. En Angleterre, les finales de ces matches font des recettes de 150 000 francs. Mais, en France, la faveur du public va au rugby. Ne nous occupons que de lui aujourd’hui. 




Si le jeu de ballon date des Romains, si les Français du moyen Age le connurent, les règles du football, rugby et association, viennent d’Angleterre. Le rugby doit même son nom à la ville anglaise de Rugby, dont les élèves de la célèbre école imposèrent ce jeu et le codifèrent vers 1860.



rugby autrefois
VILLE DE RUGBY ANGLETERRE



Le rugby se joue entre deux équipes de 15 joueurs au maximum. Une fois les joueurs entrés sur le terrain, ils ne peuvent être remplacés de toute la partie. Si l’un ou plusieurs d’entre eux ne peuvent plus jouer, tant pis pour l'équipe. Elle est solidaire. Le terrain mesure au maximum 144 mètres de longueur, sur 70 mètres de largeur. Le sol est un gazon assez uni, et sans flaques d’eau ni trous. 




Ainsi qu’on le peut voir, le terrain est divisé dans le sens transversal par des bandes parallèles, tracées à la chaux. Ce sont : 

1° au centre, la ligne d'envoi ; 

2° de chaque côté et à 28 mètres de cette ligne, deux lignes dites de 22 mètres, parce qu’elles sont à 22 mètres chacune des lignes de but. Les deux lignes de but sont donc à 50 mètres de la ligne d’envoi, qui sépare ainsi le terrain en deux camps, et à 100 mètres l’une de l’autre. C’est entre elles que se joue la partie. Sur chacune d'elles est placé au centre le but formé de deux poteaux verticaux placés à 5 m. 50 l’un de l’autre, et reliés à 3 mètres du sol par une barre transversale. A 22 mètres derrière les buts est une ligne dite du ballon mort. Chaque fois que le ballon franchit celle ligne, il est mort, et doit être remis en jeu, soit par un coup de pied de renvoi, entre le but et la ligne de 22 mètres, soit par ce qu’on appelle une mêlée. 




Le ballon est de forme ovale, de 27 à 28 centimètres de long, recouvert de cuir et pesant 300 à 400 grammes. On tire au sort le choix du camp. Chaque équipe joue 40 minutes dans chaque camp, et en change à ce qu’on appelle la mi-temps, après un repos de cinq minutes. 



rugby autrefois
FINALE RUGBY 1912 TOULOUSE - RACING



La victoire est donnée à l’équipe qui a le plus grand nombre de points. Les points sont ainsi attribués : 

Un essai : 3 points. 

Un but après essai : 2 points. 

Un but sur coup franc ou arrêt de volée : 3 points. 

Un but sur coup tombé : 4 points.




Expliquons ce que cela veuf dire : 

Les quinze joueurs de chaque camp, portant les mêmes couleurs pour se reconnaître, sont divisés en quatre groupes ; huit avants, deux demis, quatre trois-quarts, un arrière. Leur nom vient de leur position sur le terrain, comme on peut le voir. Ils sont placés idéalement par lignes successives. 




Un joueur fait un essai lorsqu'il met la main le premier sur le ballon en contact avec le sol derrière la ligne de but ennemi. Si c’est, au contraire, un joueur de ce camp qui met la main le premier sur le ballon, il y a touché, et aucun point n’est marqué. 



rugby autrefois
FINALE RUGBY 1912 TOULOUSE - RACING

Par cette double définition, on comprend que, pour faire un essai, ce qui est la base même du jeu, il faut pénétrer derrière la ligne ennemie en portant le ballon et en se laissant tomber avec lui. Sinon, en l’envoyant devant soi, il y a toute chance pour qu’il y ait touché, les joueurs ennemis étant entre vous et leur but. En effet, un joueur est dit hors jeu, si volontairement ou non, le ballon a été joué ou touché en dernier lieu derrière lui, c’est-à-dire entre lui et son propre but par un joueur de son camp. Il s’ensuit que le ballon ne peut que précéder les joueurs ou être porté par eux. 




Le joueur a, en effet, le droit, non seulement de pousser le ballon avec le pied, mais de le porter et de courir avec. En revanche, tout joueur du camp adverse a le droit d’arrêter l’homme qui tient le ballon. Lorsqu’il l'arrête de façon à ce que celui-ci ne puisse le passer, c’est-à-dire en le faisant tomber dessus, il y a tenu. Le joueur, qui se voit arrêté ou qui va l’être, peut passer le ballon à l’un de ses camarades qui l’a suivi. Cela s’appelle une passe. La passe se fait à distance, tout en courant. Les joueurs du camp adverse ne sachant, dans ce cas, quel homme arrêter, — car il est interdit d’arrêter l’homme qui n’a pas le ballon — essaient d’arrêter le ballon au vol. Cela s’appelle intercepter la passe. On peut enfin essayer d’arriver sur la ligne de but avec le ballon, sans le porter, ce qui fait qu’on ne peut être tenu. 



rugby d antan
STADE TOULOUSAIN 1912

On court alors en faisant avancer devant soi le ballon par petits coups de pied, soit seul, soit en colonne. Cela s'appelle dribbler, art difficile, car, si le ballon vous échappe une seconde d’entre les chevilles, l’adversaire se couche à vos pieds et prend le ballon. Il arrête le dribbling, à moins que, d'un coup de pied, vous fassiez filer à votre voisin. C’est la passe au pied. 




Mais il ne suffît fias de courir et de passer le ballon. C’est parfait quand on est en nombre à cet endroit. Le contraire peut arriver. Vous avez le ballon, vous êtes seul soit que le ballon soit venu de votre côté, en arrière, soit que vous ayez couru et n’ayez pas été suivi. Trois robustes gaillards vous tombent dessus. Ils vont vous bousculer, vous prendre en vitesse le ballon et filer sur vos buts. C’est alors que vous donnerez un coup de pied de dégagement, soit pour déplacer le jeu, et donner à votre camp le temps de suivre, soit pour envoyer le ballon en touche, c’est-à-dire le faire sortir du terrain de jeu obliquement, à gauche et à droite des lignes de touche qui limitent le terrain de jeu. 



rugby avant
RUGBY 1912



Un juge, dit de touche, note l’endroit exact où est sorti le ballon, et la partie recommence en cet endroit par une remise en jeu. Il en est de même lorsqu’un joueur portant le ballon dépasse cette ligne. Il ne peut donc tourner ses adversaires. Il faut passer au travers d’eux.




Dans la pratique, d’ailleurs, l'arbitre chargé de veiller à la partie est souvent obligé d'arrêter le jeu par des coups de sifflet. Il applique alors des pénalités diverses, accordant l'avantage d'un coup franc, c’est-à-dire d’un coup de pied dans le ballon à l’endroit où a été commise la faute, ce qui fait regagner du terrain et rapproche le ballon des buts ennemis. Le plus souvent, pour une faible faute, on fait une mêlée. C’est le spectacle le plus bizarre, le plus incompréhensible pour le spectateur qui ne sait pas. A l’endroit indiqué par l’arbitre, seize hommes, huit de chaque camp, se placent face à face. Ce sont les avants. Chaque "huit" est sur trois lignes, trois devant les tètes de mêlée, deux derrière eux, trois encore derrière. Ils se courbent, se tenant par les bras, enlacés, formant tortue, et s’arc-boutent, les trois têtes des "têtes de mêlée" contre les épaules des trois têtes de mêlée adverses. Et l’on pousse pour faire reculer, et l’on essaie de se tourner. Un des demis, dit demi de mêlée, du camp opposé à celui qui a fait la faute, a le ballon. Il le place dans la mêlée, entre les jambes des avants, au centre, entre les deux camps. Autour de la mêlée, attendant la sortie du ballon pour s’en emparer, les demis, un peu plus loin les trois quarts, veillent. Les têtes de mêlée, essayant de s'équilibrer sur une jambe, prennent le ballon. Inutile de dire que le demi a essayé de le faire prendre aux siens. Ils le passent derrière eux et, de jambe en jambe, le ballon sort du côté voulu où le second demi, dit d'ouverture, s’en empare et, suivant les circonstances, s’enfuit, suivi des trois-quarts, qui passent entre eux, et toute la ligne essaie ainsi de déborder la ligne adverse. La mêlée est souvent le point du jeu où se déploie le plus de science. 




rugby autrefois
RUGBY 1912


Restent les buts. Quand un camp a fait un essai, il a le droit de le transformer en but. Pour cela, sur une ligne perpendiculaire à la ligne de but, ou point où a été touché le ballon, à l’intérieur du terrain de jeu, et à la distance qu’on veut, on pose le ballon. D’un coup de pied on l’envoie et, s'il passe entre les deux perches verticales et au-dessus de la perche transversale, le but est accordé, et l’essai vaut 5 points au lieu de 3. 




On peut également essayer le but sans avoir fait d'essai : 

1° quand on vous a accordé, comme nous disions, un coup franc ; 

2° quand le ballon, lancé d’un coup de pied par un de vos adversaires, vous tombe dans les mains et que vous pouvez le saisir sans bouger, en marquant du talon la place. C’est un arrêt de volée. Le but réussi après ces deux coups vaut 3 points. 




Enfin, si au cours de la partie, vous vous trouvez assez près du but ennemi et assez seul pour réussir le coup suivant : lancer le ballon à terre, le faire rebondir et, d'un coup de pied, le faire passer entre les deux poteaux, cela s’appelle un drop goal, et cela vaut 4 points. 



RUGBY 1912
RUGBY 1912



Et maintenant, ne croyez pas surtout que vous sachiez jouer au football. Vous pouvez simplement suivre et comprendre une partie. C'est d'ailleurs un plaisir énorme, sain, et dont on ne se lasse guère. Mais, pour jouer, il faut apprendre longtemps, il faut des semaines, et des mois, et des ans, et toujours, en ce jeu merveilleux, on trouve à apprendre encore. Et l'âge vient d’aller applaudir les jeunes, ceux qui peuvent faire la terrible débauche de muscles et de poumons qu’exige ce roi des sports."




(Source : http://rugby-pioneers.blogs.com/rugby et https://www.lemonde.fr/centenaire-14-18/article/2014/05/28/le-rugby-et-la-grande-guerre_4426796_3448834.html)


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